To clarify the role of bats in the ecology of Ebola viruses, we assessed the prevalence of Ebola virus antibodies in a large-scale sample of bats collected during 2015–2017 from countries in Africa that have had previous Ebola outbreaks (Guinea, the Democratic Republic of the Congo) or are at high risk for outbreaks (Cameroon). We analyzed 4,022 blood samples of bats from >12 frugivorous and 27 insectivorous species; 2–37 (0.05%–0.92%) bats were seropositive for Zaire and 0–30 (0%–0.75%) bats for Sudan Ebola viruses. We observed Ebola virus antibodies in 1 insectivorous bat genus and 6 frugivorous bat species. Certain bat species widespread across Africa had serologic evidence of Zaire and Sudan Ebola viruses. No viral RNA was detected in the subset of samples tested (n = 665). Ongoing surveillance of bats and other potential animal reservoirs are required to predict and prepare for future outbreaks.
La filière palmier à huile est une filière rentable et compétitive. Des techniques agronomiques respectueuses de l'environnement existent et offrent un potentiel d'amélioration de la durabilité de la production des palmeraies villageoises. Un développement durable de la filière est donc possible à condition de repenser le schéma de développement actuel afin d'inciter l'implantation d'huileries industrielles de taille moyenne dans des zones de forêts dégradées ou déjà défrichées, où le développement de palmeraies villageoises serait encadré par l'agro-industrie. Pour ce faire, la définition d'un cadre politique adapté est une condition sine qua non pour que la trajectoire du développement de la filière soit durable, c'est-à-dire favorise des modes de production à la fois viables économiquement (amélioration des rendements à l'hectare, lutte préventive contre la fusariose, etc.), équitables socialement (respect du droit des travailleurs, consultation des populations locales, etc.) et protège l'environnement (protection de la biodiversité, atténuation du changement climatique, etc.). L'adaptation des politiques doit s'opérer à deux niveaux : d'une part, au niveau local avec le développement de synergies entre plantations villageoises et agro-industrielles et la garantie de l'accès au foncier pour les populations les plus démunies n'ayant pas les capacités financières nécessaires pour la mise en valeur des terres ; d'autre part, au niveau national avec le renforcement des capacités de l'État et de sa gouvernance afin de mieux faire appliquer les lois et d'insuffler davantage de durabilité aux différents maillons de la filière.
L'Observatoire du Foncier réalisé par le projet Développement Paysannal et Gestion de Terroirs (DPGT) et l'Institut de Recherches pour le Développement (IRD) depuis 1997 a révélé l'importance de la compétition pour l'accès à la terre, tant dans les anciens terroirs que dans les terres d'immigration, et une dérégulation due à la superposition de systèmes juridiques. Il en résulte une généralisation de la précarité foncière ayant des incidences sur la durabilité des systèmes de production. Le cadre réglementaire de l'Etat camerounais n'est sollicité que dans les zones urbaines: le recours à l'immatriculation foncière reste un privilège réservé aux "élites" tandis que les commissions consultatives et agro-pastorales, sensées reconnaître les occupations et arbitrer les litiges, ont perdu l'essentiel de leur capacité d'intervention. La pression migratoire, la superposition d'usages sur le sol et l'abandon de la gestion foncière aux chefferies provoquent aujourd'hui des conflits d'intérêt entre des communautés dont les pratiques et les stratégies s'opposent. Il conviendrait de les traiter avant que ces litiges ne dégénèrent en des affrontements plus violents. Diverses expériences sont en cours. Le Comité Diocésain de Développement (CDD) essaie de formaliser les droits des agriculteurs montagnards sur les piémonts des Mandara. DPGT et TERDEL (Territoires & Développement Local) ont engagé des expériences de médiation dans différentes situations: des négociations pour la préservation d'aires pastorales et de couloirs à bétail pour désamorcer les conflits agropastoraux dans le lamidat de Tcheboa, des démarcations foncières entre villages migrants dans le Sud-Est Benoue pour apaiser les compétitions entre migrants et "autochtones" et entre migrants, et enfin, une intervention plus globale de sécurisation foncière par une action de gestion concertée du territoire à Touroua. Malgré un contexte politique peu propice, ces expériences à l'échelle de petits territoires ruraux témoignent de la possibilité d'une intervention publique en matière de foncier, sans recours systématique au Code foncier et proche des "arrangements" usuels.
La faible productivité des exploitations agricoles en Afrique subsaharienne notamment au Cameroun est due en partie aux faibles taux d'adoption des innovations proposées par la recherche agricole. Cet article est une étude de cas de l'adoption du paquet technique (semences de variétés améliorées, engrais chimiques, pesticides, mono- culture) pour la culture du maïs à l'ouest du Cameroun. L'analyse économétrique, à l'aide d'un modèle logit, des données d'un échantillon de 52 exploitants agricoles a permis d'identifier les facteurs qui déterminent la probabilité d'avoir recours au paquet technique: la superficie cultivée en maïs, l'orientation marchande de la production, le contact avec les serv ices de vulgarisation agricole et le mode d'accès à la terre. Le paquet technique vulgarisé est adopté par moins de 20% des exploitants de l'échantillon, les autres exploitants ne l'adoptent qu'en partie (1, 2 ou 3 éléments) selon leurs besoins et stratégies spécifiques. Ces résultats interpellent la recherche et la vulgarisation agricoles à adapter leurs pro- positions aux besoins diversifiés des exploitants agricoles et à expliquer les raisons de la non adoption du paquet technique dans son ensemble.
Cameroonian community forests were designed and implemented to meet the general objectives of forest management decentralization for democratic and community management. The spread of management conflicts all over the country has shown that these broad expectations have not been met. We describe conflicts occurring in 20 community forests by types of actors and processes involved. We argue that a number of external (community vs. external actors) and internal (intra-community) conflicts are part of the causes blocking the expected outcome of Cameroonian community forests, fostering bad governance and loss of confidence. Rent appropriation and control of forest resources appear as systemic or generalized conflicts. While community forest support projects have tended to focus on capacity building activities, less direct attention has been given to these systemic problems. We conclude that some factors like appropriate leadership, and spending of logging receipts on collective benefits (direct and indirect) are needed to minimize conflicts. Government and development agencies should concentrate efforts on designing concrete tools for improving financial transparency while privileging communities with credible leaders.
Les termes de références de l'étude préparatoire aux interventions d'appui aux communautés rurales du Nord-Cameroun dans le cadre du fonds bilatéral pour l'initiative Ppte" présentent une étude sur un territoire particulier du Nord-Cameroun, à savoir les piémonts Mofu de la province Extrême-Nord, complétée par un exercice de planification locale dont l'objectif est de permettre aux élus locaux et à divers représentants de la société civile de prendre part aux choix de développement. L'auteur développe dans ce chapitre : choix du territoire : pourquoi retenir les piémonts Mofu ? ; le diagnostic territorial ; la démarche de planification locale
Ce document présente l'état des lieux des informations et connaissances sur le changement climatique échangées entre acteurs dans quatre pays du Bassin du Congo, à savoir au Cameroun, au Congo, au Gabon et en République démocratique du Congo. Il ressort de cette étude les observations suivantes : la REDD + et plus particulièrement le MNV sont au centre des discussions concernant la réduction des émissions de CO 2 du fait de leurs liens avec les politiques forestières ; l'adaptation est dominée par l'évaluation de la vulnérabilité des communautés locales et, dans une moindre mesure, des systèmes naturels ; les politiques et pratiques d'adaptation des communautés et des écosystèmes sont inséparables des politiques générales de développement et de lutte contre la pauvreté ; les séminaires et les ateliers, principaux canaux de transmission et de partage de l'information et connaissances utilisés dans la région, sont peu appropriés du fait qu'ils ciblent un nombre très réduit d'acteurs ; laissant la plupart en dehors du circuit de l'information ; on note également une insuffisance des compétences nationales, ce qui oblige généralement les pays à recourir aux compétences extérieures et à compter en majorité sur les organisations internationales, tant de recherche que de coopération, ainsi que sur les partenaires au développement pour obtenir des informations nécessaires. Afin de réduire les écarts existants entre les informations disponibles au niveau mondial sur la REDD + et l'adaptation et celles circulant dans les pays du Bassin du Congo, il est important de 1) mettre sur pied des mécanismes de coordination, de gestion stratégique et de dissémination des informations et connaissances ; 2) d'adapter aux contextes spécifiques les informations venant de la sphère mondiale et 3) d'utiliser autant que faire se peut, les canaux d'information et le langage adaptés aux besoins et capacités des différents acteurs.
La recherche agronomique s'interroge de plus en plus sur la façon de développer de nouvelles propositions techniques et organisationnelles dans le but d'améliorer la production et le niveau de vie des populations. La Recherche-Action en Partenariat (RAP) est une démarche de recherche qui associe les acteurs locaux (ONG, groupes de producteurs, chercheurs, étudiants etc.) à la construction d'innovations. Elle a comme objectif dual : la production de connaissances génériques et la résolution des problèmes des acteurs (Liu, 1997). Cette démarche nécessite donc une co-construction entre tous les acteurs capables de produire des pratiques et des savoirs scientifiques actionnables impliqués dans une situation de changement. Pratiquée de façon informelle et instinctive depuis les années 1970 par quelques chercheurs de la Recherche pour le Développement (Chia, 1992 ; Dulcire, 1996 ; Doray et al., 2002), cette démarche se formalise dans les années 1990 pour une meilleure reconnaissance institutionnelle et efficacité dans la production de savoirs et de techniques. Face au caractère imprévisible des stratégies des acteurs participant à cette démarche, et à la nécessité d'atteindre les objectifs de la RAP, les chercheurs mettent en place des dispositifs techniques et organisationnels plus ou moins formalisés et adaptés à la situation locale rencontrée (Chia, 2004 ; Chia et al., 2008 ; Faure et al., 2009 ; Vall et Bayala, 2010). Ces dispositifs (formels) sont conçus pour créer de nouveaux savoirs et de nouvelles pratiques, mais aussi pour faire face à des événements (informels) qui peuvent être perçus comme un frein au bon déroulement de la démarche de recherche (Soulard et al., 2007). En s'appuyant sur une étude de cas qui s'est déroulée au Cameroun entre 2005 et 2008, l'objectif est d'appréhender le rôle des dispositifs et des événements ainsi que les causalités et les modalités de leurs émergences réciproques, leurs conséquences sur la production des savoirs et la modification des pratiques propres à une situation structurée. La démarche retenue vise à rendre compte de la place qu'occupe le formel (dispositifs) et l'informel (événements) dans la création de nouveaux savoirs et comment ils favorisent l'autonomie des acteurs locaux. L'un des résultats majeur de cette démarche est de fournir aux acteurs locaux des clés telles que : des nouveaux savoirs, l'ouverture, l'autonomie ou bien la confiance pour développer leur activité, et de fait, leur territoire.
La réforme du secteur forêt-bois lancée au Cameroun, dans les années 1990, avait pour objectifs de mettre en place la gestion durable des forêts et développer un secteur industriel performant. Deux mesures fondamentales ont été adoptées: l'obligation, dès 1997, de créer une industrie du bois pour chaque unité forestière d'aménagement (Ufa) exploitée et l'interdiction, depuis juin 1999, d'exporter en grume la plupart des essences traditionnelles. L'évolution de la structure du secteur industriel montre un impact fort de ces mesures sur le nombre d'usines et la capacité de transformation installée au Cameroun (85 usines pour 3 millions de m3/an, en 2000). Cependant, ces nouvelles usines sont petites et risquent d'être fragiles en cas de baisse des cours du bois. Elles pourraient aussi manquer d'assise financière pour réaliser les investissements nécessaires à l'amélioration de leur compétitivité. D'autre part, une analyse comparative entre le volume de bois exploité actuellement et la potentialité durable des forêts montre un risque de déséquilibre entre l'offre et la demande. Cette dernière s'accroît fortement sous l'effet du développement voulu du secteur industriel, et du développement constaté du secteur informel (dont la consommation atteindrait un million de m3 de grume/an). Pour finir, plusieurs pistes d'action sont proposées pour adapter la politique sectorielle et atteindre les objectifs originels de la réforme du secteur forestier.
Fish farming can be an important source of feed, employment and income for the rural populations of Africa. However, in most cases fish farming does not constitute a full time farming activity, and the fish farming systems put in place by rural populations have not been able to prove their economic profitability. Presently, if sustainable fish farming is to be promoted, it would be a prerequisite to work on the socio-technical and organisational innovations. This hypothesis is being tested within the context of a research programme on the Conception of Innovations and the Role of Partnership, being undertaken by researchers from CIRAD, IRAD and the University of Dschang, Cameroon. The current work consisted in the elaboration of an action-research programme in partnership with producers focusing technical and organisational concerns, in the aim of identifying and facing problematic issues which remain a cause of concern for the various key stakeholders. Paradigms sustaining sociology of translation and sciences suggest that innovations are built on social pillars. It is within the ambit of this theoretical reasoning that we would like to situate the approach developed here. Two groups of producers (Common Initiative Groups) in the west of Cameroon following "Action-Research" and "Partnership" principles were involved in the process. Work protocols (in the form of written contracts) were jointly defined (researchers and each of the producers' group) and dealt with the construction and management of fish ponds and the supply of fingerlings. The principal methods used were regular meetings aimed at programming activities, resituating the results so far obtained and following up of experimental protocols. This was done together with all the members of the Common Initiative Groups. The main result was the successful formation of the Common Initiative Groups (GIC), where it was possible not only to programme the experimental protocols, but also to agree upon a common working language and representation; these tools are necessary for any socio-technical and organisational innovation. Another result not less important is the role of the written action protocols in the formalisation of the code of ethics necessary for working in partnership. Members modified the representation and together shared the first elements of a localised fish farming model. In this process, strategies of each group of the partnership could be appraised and adjusted accordingly based on sustainability of the fish farming activity, which was put beforehand as the commonly shared target of all. In conclusion we would like to draw the methodological lessons so far derived from this piece of work (ongoing), and particularly on the type of competence which participating researchers need to employ. These researchers are supposed to serve as mediators, facilitators and translators; and also as a mouthpiece of groups which hitherto belonged to varied schools of thought. This needs a big deal of humanism, humility and patience.
Les différentes structures opérationnelles de l'IRAD accueillent chaque année des stagiaires venant des universités et grandes écoles camerounaises et étrangères qui sont encadrés par les chercheurs. Ces derniers participent ainsi à la formation dans le domaine agricole, de nombreux ingénieurs, hauts cadres de l'administration, enseignants et techniciens divers. Par ailleurs, certains chercheurs réalisent aussi des enseignements dans des universités et écoles de formation agricole au Cameroun et à l'étranger. Au cours des dix dernières années (1997-2006), les centres et stations de I'IRAD ont accueilli 610 étudiants et stagiaires, dont 22% de sexe féminin. Ces stagiaires sont de 19 nationalités différentes á savoir des camerounais (90%), mais aussi des européens (français, allemands, suisses, hollandais, belges, autrichiens, suédois, danois, etc), quelques canadiens et des ressortissants d'autres pays africains (Tchad, Centrafrique, Gabon, Burundi, Togo, Nigéria, Guinée, etc.). Ils proviennent de 65 universités et écoles, essentiellement du Cameroun, mais aussi des pays suivants: Allemagne, Angleterre, Belgique, Egypte, France, Gabon, Hollande, Nigéria, République Démocratique du Congo, Suisse, Tchad, etc. Parmi ces stagiaires, 441 étaient dans des cursus universitaires (Doctorat, PhD, DEA, MSc, DESS, Maîtrises, Diplôme d'ingénieur, Professeur de Lycée, etc.), et 169 dans des cursus de formation professionnelle ou non diplômante (stage de pre-insertion en 4ième année à la FASA de Dschang, divers stages de courte durée, Techniciens, etc.). Les différents stagiaires ont été encadrés par 117 chercheurs sur les 300 chercheurs environ (expatriés compris) présents durant cette période, soit en moyenne 2 stagiaires par chercheur. Ils ont mené leurs travaux dans les cinq coordinations scientifiques de l'IRAD (94 en cultures annuelles, 90 en cultures pérennes, 134 en forêt et environnement, 171 en productions animales et halieutiques et 121 en systèmes de production, économie et sociologie rurales). Ils ont été accueillis dans les cinq centres régionaux de recherche agricole de l'IRAD (188 à Bambui, zone III, 86 à Ekona, zone IV, 148 à Maroua, zone I, 167 à Nkolbisson, zone V, et 21 à Wakwa, zone II). Au total 35 chercheurs (12%) de l'IRAD ont dispensé des cours dans six universités et grandes écoles nationales et dans trois établissements étrangers, démontrant ainsi que l'enseignement est un bon moyen pour les chercheurs de mieux valoriser leurs travaux de recherche. Enfin, cette étude montre que I'IRAD apporte une contribution très significative au renforcement des capacités des cadres du développement agricole tant au niveau national, régional qu'international. Il est souhaitable que cette contribution soit reconnue à sa juste valeur, notamment lors des négociations des accords de collaboration avec les différentes institutions universitaires ou professionnelles. De plus, les chercheurs de I'IRAD doivent s'intéresser plus à ces formes de valorisation des résultats de leurs travaux que sont l'accueil de stagiaires et l'enseignement.
La sédentarisation des familles d'éleveurs Peul Mbororo dans la province du Nord (Cameroun) s'explique par leur souci de mieux s'intégrer à la vie socio-économique de cette région et d'assurer leur approvisionnement en céréales en les cultivant. Les éleveurs Mbororo ont aussi obtenu certains droits fonciers. Mais les espaces de parcours dans les territoires de sédentarisation sont trop petits pour assurer l'alimentation de tout le bétail. De ce fait la transhumance saisonnière reste indispensable aux éleveurs. Mais ces systèmes de production agropastoraux sont aujourd'hui fragilisés par diverses formes d'insécurité. Il s'agit d'abord d'insécurité foncière concernant les espaces dédiés à l'élevage: morcellement des parcours, remise en cause du bornage des parcours sécurisés, etc. Ensuite, l'insécurité fiscale limite les performances économiques des systèmes de production du fait de d'une taxation abusive par certaines autorités. L'insécurité juridique touche aussi ces éleveurs qui ont du mal à se défendre en cas de conflits avec des tiers. Enfin, nous assistons ces dernières années les éleveurs sont devenus une cible privilégiée du banditisme "rural". Du fait de la valeur monétaire de leur bétail, leurs familles constituent une proie de choix des bandits qui kidnappent en premier lieu leurs enfants. Cette forme d'insécurité est actuellement entrain de déstabiliser ces systèmes pastoraux basés sur la transhumance et par conséquence, l'approvisionnement des marchés en produits animaux. La difficulté à résoudre les différentes formes insécurités provient de l'affaiblissement de l'administration et des services techniques qui ne reçoivent pas les moyens nécessaires de l'Etat pour y faire face.
L'agronomie s'interroge sur la façon de co-développer de nouvelles propositions techniques et organisationnelles pour améliorer la production et le niveau de vie des populations. La Recherche-Action en Partenariat (RAP) est une démarche de recherche qui associe les acteurs locaux à la construction d'innovations. Le caractère imprévisible des stratégies des acteurs et la nécessité d'atteindre les objectifs de la RAP incitent les chercheurs à mettre en place des dispositifs adaptés à la situation locale. En s'appuyant sur l'étude d'un projet qui s'est déroulé au Cameroun entre 2005 et 2008, nous verrons le rôle des dispositifs et des événements, ainsi que les conditions de leurs émergences, leurs conséquences sur la production des savoirs et la modification des pratiques locales.
Plantée de 1979 à 1987, la forêt de Mogodé (Province de l'Extrême Nord - Cameroun) porte des peuplements d'Eucalyptus camaldulensis et de Cassia siamea. Après 15 ans de politique conservatoire, en partie responsable de l'image relativement négative qu'ont les habitants de leur forêt, la population aspire à bénéficier de cet espace qu'elle a contribué à créer. Pour autant, l'objet de la présente étude, n'était pas de définir la future gestion de la forêt, mais de procéder à une évaluation, ainsi qu'à l'étude sommaire de quelques scénarios envisageables pour l'aménagement. Pour cela, elle a été inventoriée de manière à établir des fiches parcellaires, qui ont servi de base à une typologie détaillée des peuplements, dont les principaux sont des taillis d'Isoberlinia doka sous futaies d'essences plantées. Les propositions sylvicoles, qui ont été établies à la suite de ce travail d'identification, reposent également sur un travail d'enquête qui a permis de déterminer la perception de la forêt par les habitants, ainsi que leurs réactions par rapport à ces mêmes propositions. Mais le choix définitif d'options sylvicoles dépend du futur gestionnaire et de l'optique dans laquelle il souhaitera gérer sa forêt. Elles seront en effet très différentes selon qu'il privilégiera la vente de bois ou la diversification des produits par exemple. Le présent rapport ne développera que l'un des scénarios possibles, et uniquement à titre d'exemple. In fine, l'élaboration d'un plan complet d'aménagement reste subordonnée à une décision politique des autorités camerounaises quant au statut futur de la forêt, mais aussi à la réalisation de quelques études techniques complémentaires.
L'accroissement des populations urbaines dans la région soudano sahélienne du Cameroun modifie les stratégies productives sur la diversification des productions vivrières. Le maïs et le niébé comptent parmi les cultures dont le niveau actuel de production est l'un des plus remarquables. Si l'autoconsommation contribue à absorber plus de la moitié de la production suivant les localités et les habitudes alimentaires, les marchés urbains par hypothèse constituent les principaux points d'acheminement de la production commercialisée qui génère des revenus aux producteurs, et créée des conditions favorables à des changements technologiques. Quelle est la réalité de cette hypothèse ? Pour la tester nous mobilisons une enquête de consommation réalisée en août 2007 à Ngaoundéré, Garoua et Maroua, principales villes des savanes du Cameroun, sur un échantillon de 450 ménages. Cette enquête montre que c'est en période de soudure qu'apparaissent les principaux problèmes d'insécurité alimentaire qui de fait, rendent les productions de riz et de maïs incoutournables. Deux explications sont soulignées. La première porte sur le caractère limité des surplus de céréales locales des zones rurales pendant cette période difficile. La deuxième porte sur l'innovation des producteurs qui diversifient leurs systèmes vivriers.