In 2011, Sweden released its first-ever Arctic strategy, in preparation for taking over the chairmanship of the Arctic Council, an eight-state cooperation organization. The recent political development that will include Sweden more extensively in Arctic regional cooperation makes it relevant to review and comment on the image of the areas involved from a Swedish viewpoint and to improve the often very brief descriptions of northernmost Sweden in Arctic literature. In this paper, we contrast descriptions of the Arctic in the Arctic Human Development Report (AHDR) with descriptions of northern Sweden in established domestic demographic and regional development research. The study shows that many of the assumptions in the first AHDR to the effect that the eight "Arctic" regions are rather directly comparable in fact reveal substantial differences between areas, with northern Sweden standing in sharp contrast to many of the descriptions. Instead of having a population that is very small, young, and rapidly growing because of a high birth rate, northern Sweden is characterized by relatively dense habitation with a stable and aging population of long-term residents. Moreover, it has a very small and relatively integrated indigenous population with largely the same health situation as in Sweden overall. While depopulation and urbanization are evident in its less populated areas, migration from the region is partly directed at the larger regional centres in the area, following a pattern seen in the Western world at large. ; En 2011, au moment où elle se préparait à assumer la présidence du Conseil de l'Arctique, un organisme de collaboration entre huit pays, la Suède a mis en oeuvre sa toute première politique relative à l'Arctique. L'événement politique récent qui a fait en sorte que la Suède devra jouer un rôle plus grand dans la collaboration régionale de l'Arctique incite à analyser l'image des régions qui entrent en jeu du point de vue de la Suède, à porter des commentaires sur cette image ainsi qu'à améliorer les descriptions souvent très brèves de la partie la plus au nord de la Suède que l'on retrouve dans la documentation au sujet de l'Arctique. Dans cet article, nous contrastons les descriptions de l'Arctique figurant dans l'Arctic Human Development Report (AHDR) avec les descriptions du nord de la Suède émanant de travaux de recherche établis sur le développement régional et la démographie intérieure. Cette étude permet de constater que de nombreuses hypothèses du premier rapport AHDR selon lesquelles les huit régions « arctiques » sont plutôt directement comparables révèlent en fait des différences considérables entre les régions, le nord de la Suède représentant un contraste marqué par rapport à grand nombre des autres descriptions. Au lieu d'être doté d'une population très petite, jeune et en croissance rapide attribuable à un taux de natalité élevé, le nord de la Suède est caractérisé par une habitation relativement dense et une population stable et vieillissante composée de résidents de longue date. Par ailleurs, le nord de la Suède comprend une population indigène très petite et relativement intégrée affichant à peu près la même situation de santé que l'ensemble de la Suède. Bien que le dépeuplement et l'urbanisation s'avèrent évidents dans les zones moins peuplées, la migration en partance de cette région est partiellement orientée vers les plus grands centres régionaux de la région, conformément à la tendance générale enregistrée dans le monde occidental.
In 2011, Sweden released its first-ever Arctic strategy, in preparation for taking over the chairmanship of the Arctic Council, an eight-state cooperation organization. The recent political development that will include Sweden more extensively in Arctic regional cooperation makes it relevant to review and comment on the image of the areas involved from a Swedish viewpoint and to improve the often very brief descriptions of northernmost Sweden in Arctic literature. In this paper, we contrast descriptions of the Arctic in the Arctic Human Development Report (AHDR) with descriptions of northern Sweden in established domestic demographic and regional development research. The study shows that many of the assumptions in the first AHDR to the effect that the eight "Arctic" regions are rather directly comparable in fact reveal substantial differences between areas, with northern Sweden standing in sharp contrast to many of the descriptions. Instead of having a population that is very small, young, and rapidly growing because of a high birth rate, northern Sweden is characterized by relatively dense habitation with a stable and aging population of long-term residents. Moreover, it has a very small and relatively integrated indigenous population with largely the same health situation as in Sweden overall. While depopulation and urbanization are evident in its less populated areas, migration from the region is partly directed at the larger regional centres in the area, following a pattern seen in the Western world at large. ; En 2011, au moment où elle se préparait à assumer la présidence du Conseil de l'Arctique, un organisme de collaboration entre huit pays, la Suède a mis en oeuvre sa toute première politique relative à l'Arctique. L'événement politique récent qui a fait en sorte que la Suède devra jouer un rôle plus grand dans la collaboration régionale de l'Arctique incite à analyser l'image des régions qui entrent en jeu du point de vue de la Suède, à porter des commentaires sur cette image ainsi qu'à améliorer les descriptions souvent très brèves de la partie la plus au nord de la Suède que l'on retrouve dans la documentation au sujet de l'Arctique. Dans cet article, nous contrastons les descriptions de l'Arctique figurant dans l'Arctic Human Development Report (AHDR) avec les descriptions du nord de la Suède émanant de travaux de recherche établis sur le développement régional et la démographie intérieure. Cette étude permet de constater que de nombreuses hypothèses du premier rapport AHDR selon lesquelles les huit régions « arctiques » sont plutôt directement comparables révèlent en fait des différences considérables entre les régions, le nord de la Suède représentant un contraste marqué par rapport à grand nombre des autres descriptions. Au lieu d'être doté d'une population très petite, jeune et en croissance rapide attribuable à un taux de natalité élevé, le nord de la Suède est caractérisé par une habitation relativement dense et une population stable et vieillissante composée de résidents de longue date. Par ailleurs, le nord de la Suède comprend une population indigène très petite et relativement intégrée affichant à peu près la même situation de santé que l'ensemble de la Suède. Bien que le dépeuplement et l'urbanisation s'avèrent évidents dans les zones moins peuplées, la migration en partance de cette région est partiellement orientée vers les plus grands centres régionaux de la région, conformément à la tendance générale enregistrée dans le monde occidental.
Introduction: France has the highest birth rate of the European Union. However, as childbirth could represent a potential risk, women tend to go more easily to hospitals, but this tendency is changing in some cases. In this context, France experiments since 2015 9 « birth centers ». Thosehouses welcome women with low risk pregnancies. In Lormont (Aquitania), the MAC « Maison Arc en Ciel » (« rainbow house ») is an example of this kind of structures. Objective: The main objective of my study is to analyze the characteristics of women choosing Lormont's maternity wards and those choosing the « MAC ». Method: A quantitative, cross-sectional, descriptive and comparative study has been conducted using an enquiry gived to all patients from those structures during the 3rd trimester of their pregnancy from June to December 2017. Results: In total, 109 women took part in the enquiry : 45 of them chose the MAC, the other 64 chose maternity wards. The patients who decided to give birth at the MAC were mostly primiparas, with a higher socio-demographic level, and "alternative" habits concerning their health before pregnancy (natural contraceptive method or condom, specific diets or medical follow-up less " classics ".), but with more frequent use of alcohol and cannabis. They had decided to be followed by a midwife, whom they consulted more frequently during follow-up. They expressed more their wish to be an actress of their birth, to breastfeed their child, not to vaccinate him, and to resume a professional activity after a longer leave than a regular maternity one. Conclusion: Populations differ according to the structures. A better knowledge of the characteristics of those patients is essential in order to give better and more appropriate health cares. ; Introduction : la France se classe en première position des pays de l'Union Européenne en terme de natalité. Cependant, l'accouchement représentant un événement potentiellement risqué, l'hôpital y est devenu le lieu de prédilection, ce qui est parfois remis en cause. Ainsi, depuis 2015, 9 « maisons de naissances » sont en expérimentation en France, pour accueillir les femmes présentant une grossesse jugée à bas risque. La structure s'en rapprochant le plus en Nouvelle-Aquitaine est la MAC (Maison Arc en Ciel) de Lormont. Objectif : l'objectif principal de mon étude est d'analyser les caractéristiques des femmes choisissant la maternité de Lormont et celles choisissant la MAC. Méthode : une étude quantitative, transversale, descriptive et comparative a été réalisée à l'aide d'un questionnaire distribué aux patientes consultant ces structures au cours de leur 3ème trimestre de grossesse entre juin et décembre 2017. Résultats : au total, 109 femmes y ont répondu : 45 suivies à la MAC et 64 à la maternité. Les patientes ayant décidé d'accoucher à la MAC étaient majoritairement des primipares avec un niveau socio-démographique plus élevé, et des habitudes « alternatives » concernant leur santé avant leur grossesse (méthode de contraception naturelle ou préservatif, mode alimentaire ou suivi médical moins « classiques ».), mais avec une consommation d'alcool et de cannabis plus fréquente. Elles avaient décidé d'être suivi par une sage-femme, qu'elles consultaient plus fréquemment au cours du suivi. Elles exprimaient d'avantage leur souhait d'être actrice de leur accouchement , d'allaiter leur enfant, de ne pas le vacciner, et de reprendre une activité professionnelle après un congé de plus longue durée qu'un simple congé maternité. Conclusion : les populations diffèrent en fonction de la structure. La meilleure connaissance des caractéristiques de nos patientes est primordial, afin de fournir des soins de qualité, et adaptés.
La demande alimentaire indienne va vraisemblablement décupler dans les prochaines décennies. La population croît encore de 1,8% par an et atteindra 1,3 milliards d'habitant vers 2030. La croissance économique, même si elle déçoit, dépasse toujours 4% par an ce qui induira une forte croissance des revenus et donc de la demande alimentaire d'une bonne partie de la population. De plus le niveau alimentaire des indiens est actuellement faible, ce qui implique qu'une fraction importante des revenus supplémentaires sera dépensée en aliments. Malgré une certaine amélioration du niveau de vie et presque 40 ans de Révolution Verte, la majorité des Indiens ne disposent actuellement pas aujourd'hui d'une alimentation adéquate. Les carences se révèlent au niveau calorique, protéique, lipidique, et aussi sur le plan des apports en vitamines et éléments minéraux recommandés. La situation agroalimentaire indienne est aussi très contrastée entre classes sociales, urbains et ruraux, entre états. Plusieurs causes expliquent la persistance de la malnutrition en Inde. D'abord le faible niveau économique du pays qui se traduit par un faible pouvoir d'achat des consommateurs. Avec un PIB de $460 par personne et par an le pays se classe au 162ème rang mondial loin derrière les pays de l'Asie du Sud Est et de la Chine. Les gains de la croissance économique sont aussi contrariés par la croissance démographique, même si la natalité a commencé à baisser. Dans les campagnes cette croissance provoque la diminution de la taille des exploitations agricoles familiales déjà très petites. La population des salariés agricoles, la plus vulnérable, augmente rapidement et atteint aujourd'hui 46% de la population active agricole. Une autre raison de la malnutrition est le mauvais fonctionnement du système national de distribution d'aliments subventionnés aux plus pauvres. Les stocks de céréales atteignent aujourd'hui 70 millions de tonnes et le soutien du gouvernement indien à la production et à la consommation de céréales continue à favoriser la production de surplus qui en déprimant les prix du marché libre rend toujours plus cher le soutien aux producteurs. Les stocks devenus ingérables sont de mauvaise qualité. Certains estiment qu'une bonne partie des carences alimentaires observées sont la conséquence du soutien excessif accordé par l'Etat à la production céréalière au détriment des autres productions tels que les protéagineux. Par ailleurs le nouveau ciblage des plus pauvres serait mal fait et laisserait des millions de nécessiteux de côté. Une dernière cause de la persistance de la malnutrition en Inde est que la Révolution Verte n'a pas atteint tous les états, comme dans l'est du pays et sur le plateau du Deccan. Le déficit budgétaire dépassant 5% du PIB, l'état a aujourd'hui peu de moyens pour investir dans ces zones. La consommation alimentaire commence à se diversifier. Elle est plus accentuée en zones urbaines et dans les classes plus aisées. La diversification se fait des céréales vers les produits de l'élevage, les fruits et les légumes. La consommation de céréales par habitant commence même à baisser. La demande en viande devrait augmenter rapidement car le végétarisme ne concerne pas tous les Hindous et paraît pas être une contrainte forcément très rigide au moins en ce qui concerne la viande blanche, le poisson et les oeufs. Concernant la capacité de l'agriculture indienne à répondre à la croissance et à la diversification de la demande domestique, les avis sont partagés. La productivité totale des facteurs tend à baisser. Les sols s'appauvrissent ou se salinisent. Les nappes phréatiques baissent. Les structures d'irrigations vieillissent. Les possibilités d'extension des surfaces agricoles sont aujourd'hui très limitées. Beaucoup estiment que les marges de progression de l'agriculture indienne sont surestimées. La situation est encore plus pessimiste si on considère les pays de l'Asie du Sud tel que le Pakistan, le Bengladesh, le Népal et le Sri
Este estudo analisa a consistência do módulo demográfico do Sistema de Informação da Atenção da Saúde Indígena para o Distrito Especial Indígena Xavante (DSEI), Mato Grosso, no período de 1999 a 2004. Os dados foram obtidos através de relatórios disponibilizados pelo SIASIWEB. A base de dados foi investigada com vistas a detectar inconsistências, incluindo mais de um registro para um mesmo evento. Para todo o DSEI, a taxa de mortalidade infantil (TMI) no período passou de 89,2 para 83,8 por mil após as correções na base de dados. Ao se analisar por polo-base, as alterações foram ainda mais substanciais. No caso do Polo-base de Água Boa, a redução da TMI foi de 43,3 para 21,3 por mil. As taxas brutas de mortalidade e de natalidade também experimentaram redução após as correções. Esses achados evidenciam problemas significativos na base de dados sobre saúde do povo Xavante, com a geração de indicadores demográficos que se distanciam da situação real da população. Os autores destacam a necessidade de aprimoramento da coleta e análise dos dados demográficos no âmbito do sistema de informação sobre a saúde indígena. PALAVRAS-CHAVE: Xavante, demografia indígena, sistema de informação, indicadores demográficos, índios sul-americanos. DEMOGRAPHIC COMPONENT OF THE INFORMATION SYSTEM OF THE ATTENTION TO INDIGENOUS HEALTH, DSEI-XAVÁNTE, MATO GROSSO, BRAZIL Luciene Guimarães de Souza Ricardo Ventura Santos This study analyzes the consistence of the demographic module of the System of Information of Attention to Indigenous Health for the Shavante Indian Indigenous Special District (in Portuguese, DSEI), Mato Grosso, from 1999 to 2004. The data were obtained through reports made available by SIASIWEB. The database was investigated trying to detect inconsistencies, including more than a single registration for the same event. For the whole DSEI, the infant mortality rate (in Portuguese, TMI) in the period went from 89,2 to 83,8 per thousand after the corrections in the database. Analyzing by base headquarters, the alterations were even more substantial. In the case of the Água Boa base headquarters, the reduction of TMI went from 43,3 to 21,3 per thousand. The gross mortality and birth rates also experienced reduction after the corrections. Those discoveries evidence significant problems in the database on the health of the Shavante people, generating demographic indicators that are distant of the real situation of the population. The authors point out the need of enhancement of the collection and analysis of the demographic data in the extent of the system of information about the indigenous health. KEYWORDS: Shavante Indian, indigenous demography, information system, demographic indicators, South American Indians. COMPOSANTE DEMOGRAPHIQUE DU SYSTEME D'INFORMATION A L'ATTENTION DE LA SANTE INDIGENE, DSEI-XAVÁNTE, MATO GROSSO, BRESIL Luciene Guimarães de Souza Ricardo Ventura Santos Cette étude analyse la consistance du module démographique du Système d'Information et d'Attention attribué à la Santé Indigène dans le District Spécial Indigène Xavante (Sistema de Informação da Atenção da Saúde Indígena para o Distrito Especial Indígena Xavante - DSEI), dans le Mato Grosso, de 1999 à 2004. Les données ont été obtenues à partir des rapports fournis par le SIASIWEB. La base des données a été étudiée afin d'y détecter les incohérences, y compris le fait d'avoir divers rapports pour un même événement. Dans tout le DSEI, le taux de mortalité infantile (TMI) de cette période, est passé de 89,2 à 83,8 pour mille, après qu'on ait corrigé la base de données. Si l'on analyse par pôle de base, les changements ont été encore plus substantiels. Dans le cas du Pôle de base de Agua-Boa, la réduction du TMI est passée de 43,3 à 21,3 pour mille. Les taux bruts de mortalité et de natalité ont également été réduits après corrections. Ces résultats mettent en évidence d'importants problèmes concernant la base des données relatives à la santé du peuple Xavante, avec une production d'indicateurs démographiques qui s'éloignent de la situation réelle de la population. Les auteurs soulignent le besoin d'améliorer la collecte et l'analyse des données démographiques au sein du système d'information sur la santé des indigènes. MOTS-CLÉS: Xavante, démographie indigène, système d'information, indicateurs démographiques, indiens sud-américains. Publicação Online do Caderno CRH: http://www.cadernocrh.ufba.br
In: Population and development review, Band 26, Heft 1, S. 145-152
ISSN: 1728-4457
Fertility declined in France earlier than in the rest of Western Europe and remained lower than that of its neighbors throughout the nineteenth century and into the twentieth. France's birth rate in 1900 was around 22 per 1000, compared to about 29 in Britain and 35 in Germany. Worry over depopulation, absolute or relative, has long been a staple element of French population thought. In the late nineteenth century, that concern was expressed in scholarly but vigorous works like Arsène Dumont's Dépopulation et civilisation (1890) and Natalité et démocratic (1898) and in political activism through the National Alliance for the Growth of the French Population. Other population ideas, not always compatible, were current as well—most notably, variants of Malthusianism. This was also a time of ferment in social policy debate over the implications of new ideas about public health and hygiene and about heredity and environment.While supporters and opponents of Malthusian views could often be identified with the political right and left, combating depopulation was the cause of all. Equally, imperial ambition was not confined to one side of politics: few contradictions were seen between socialism at home and colonization abroad. (French territorial ambitions at this time looked particularly to North and West Africa.)Unsurprisingly, many of these themes also cropped up in contemporary novels—among them, those of Emile Zola. Born in 1840 of Italian and French parents, Zola was one of the best‐known writers of his time. His many novels include Nana (1880) and Germinal (1885). He is most celebrated, however, for his passionate open letter J'accuse (1898), denouncing the French high command over the Dreyfus Affair. (Alfred Dreyfus, an army officer, was wrongfully convicted of treason in an atmosphere of anti‐Semitism—a judgment eventually reversed.)Always somewhat of a propagandist, Zola, in temporary exile in the aftermath of this intervention, embarked on a cycle of four novels on the themes of fertility, work, truth, and justice. Fécondité (Paris: Charpentier‐Fasquelle, 1899) was the first of these. Two others were completed: Travail (1901) and Vérité (1903). Justice had barely been begun before his death in 1902. An English translation of Fécondité, by Ernest A. Vizetelly, was published under the euphemistic title Fruitfulness (London: Chatto and Windus; New York: Doubleday, Page, 1900). (Zola often skirted the margins of what was then considered acceptable language and subject matter, and Vizetelly had been jailed in England for an earlier Zola translation.) Fécondité is a didactic moral fable rather than a significant work of fiction. The Fortnightly Review (London) of January 1900 wrote of it: "The tale is a simple one: the cheerful conquest of fortune and the continual birth of offspring." Mathieu and Marianne Froment, the central characters, convey Zola's anti‐Malthusian views through their life story—the meaning of which is underlined in the author's fulsome commentary. At the start of the novel, they are poor but already have four children. By its end, still stalwart and celebrating 70 years of marriage, they have had twelve, seven surviving, together with innumerable grandchildren and great grandchildren. Over the same period, through hard work and prudence, they have gradually amassed a large and highly productive landed estate, Chantebled, much of it acquired from once‐rich but feckless (and unprolific) neighbors whose decline in fortune mirrors the Froments' rise and whose depopulationist views are thereby shown to be groundless. (A fuller précis, also describing the novel's gothic subplots, is given in Michael S. Teitelbaum and Jay M. Winter, The Fear of Population Decline (Academic Press, 1985), pp. 25–27.)The excerpts below are taken from the 1900 translation. (The page numbers refer to the more accessible 1925 reprint.) The characters mentioned, aside from Mathieu, are:
Beauchêne, a relative of Marianne, owner of a farm equipment factory Boutan, family physician and friend of Mathieu Moineaud, a mechanic in Beauchêne's factory Santerre, a fashionable novelist Séguin, "a rich, elegant idler" whose estate is gradually lost to the Froments
The absence of a female voice on the matters discussed is faithful to the novel.
Résumé Combien y aura-t-il de naissances dans Tannée ? Gérard Calot et Robert Nadot Dans le système statistique français, trois sortes de données mensuelles se rapportant à la natalité sont élaborées : 1) Les résultats définitifs à l'échelle nationale sont établis par traitement informatique de l'ensemble des renseignements figurant sur les bulletins de naissance ; les douze données mensuelles définitives de l'année n sont disponibles simultanément à la fin de septembre de l'année n + 1 ; 2) Des résultats provisoires pour l'ensemble du pays sont obtenus par décompte manuel des bulletins de naissance expédiés par les mairies ; les trois données mensuelles d'un trimestre sont disponibles simultanément à la fin du trimestre suivant ; 3) Des résultats partiels, portant sur un ensemble de villes qui représentent environ le tiers du total national des naissances, sont établis mensuellement et disponibles à la fin du mois suivant. Le problème que nous étudions dans cet article est celui de la prévision, en cours d'année, du nombre de naissances qui sera observé au total durant l'année dans l'ensemble de la France : prévision ponctuelle mais aussi prévision par intervalles, fondées chaque mois sur les données qui sont alors disponibles. La méthode de prévision repose sur la combinaison des extrapolations linéaires des deux séries mensuelles ci-après, préalablement corrigées des variations saisonnières : la série "Villes" indiquée en (3) et la série obtenue en faisant le rapport terme à terme des éléments de la série (1), prolongée par la série (2), aux éléments de la série (3). Chaque extrapolation linéaire est effectuée par ajustement d'une droite des moindres carrés sur un nombre déterminé d'observations les plus récentes. Le nombre optimum d'observations les plus récentes à prendre en compte, selon l'étendue de la prévision, résulte de la confrontation, au cours de la période 1960-1974, entre prévisions et réalisations correspondantes et de la minimisation de l'erreur quadratique moyenne de prévision. On établit, en outre, l'absence de biais de la méthode et la normalité des erreurs de prévision, ce qui permet d'associer à chaque prévision ponctuelle un intervalle de confiance à 0,95. La méthode de prévision est appliquée à la période 1975-1976 qui se caractérise par un brutal retournement de tendance. Le graphique 1 se rapporte à l'extrapolation linéaire de la série (1) prolongée par la série (2), après correction des variations saisonnières (série DF) : il montre comment varie l'erreur quadratique moyenne de prévision en fonction du nombre p d'observations les plus récentes sur lesquelles on ajuste une droite des moindres carrés, pour différentes étendues h de prévision. Le graphique 2 est analogue au graphique 1 mais se rapporte à la série des sommes mobiles sur douze mois consécutifs de la série (1) prolongée par la série (2) : série S F. Les graphiques 3 et 4 sont équivalents aux graphiques 1 et 2, les rôles de p et h étant simplement permutés. Les graphiques 5 à 9 portent sur la période 1972-1976. Le graphique 5 figure l'évolution réelle de la série des sommes mobiles sur douze mois consécutifs et les "fuseaux" de prévision établis à la fin mars de chaque année sur la base des informations qui étaient alors disponibles. Le graphique 6 représente les prévisions, qui ont été successivement établies en cours d'année, du nombre total de naissances de l'année 1974. Le graphique 7 est l'homologue du graphique 6, pour l'année 1976, la dernière prévision étant celle établie fin septembre 1976 au moment où cet article a été rédigé. Les diverses prévisions ponctuelles de la somme des naissances au cours de la période annuelle se terminant à la fin du mois X, établies un certain nombre de mois auparavant, sont illustrées par les graphiques 8 (prévisions ponctuelles elles-mêmes) et 9 (erreurs de prévision exprimées en nombre d'écarts-types). Enfin, les graphiques A, ?, ? placés en annexe décrivent l'évolution depuis 1960 des séries brutes (A), des séries désaisonnalisées (B),des sommes mobiles (C), correspondant au nombre des naissances "France entière", au nombre des naissances "Villes" et au rapport de ces deux nombres.
The French-speaking right wing in Belgium has always granted a paramount place to France in its ideological cosmography. The concept of everlasting France, of her "mission", of the part she could play on the international scene are topics wondered about constantly in intellectual and middle-class circles. The thirties and mostly the Popular Front era provide the Conservatives with a splendid opportunity to describe the future of their cultural icon with awe: the more the international context is threatening, the more France seems to have become fragile, isolated and going down the slope. Using the news given by the national papers or the widely circulated Parisian press, right-wing Belgians brood, of course, about the eclipse of France's might, but point chiefly to the moral crisis as its cause. Very often they feel some nostalgia for the "Ancien Régime" and see the origin of the worrying current phenomenon in the hated French Revolution. Lot of factors are intertwined in the definition of the moral decay, but some are particularly highlighted. France is accused to be invaded by foreigners (their Jewish origins and Marxist creeds being stressed); Free-Masonry has a bad influence, as well as laic teaching, perverting youth by its pacifist and internationalist leanings. The degeneration of the religious spirit is lamented on account of its influence on the birth rate: the "Elder Daughter of the Church" gets emptier and emptier, whereas the populations of Fascist Italy and Nazi Germany are blooming. Opposition to parliamentary system is to the fore, as the politico-financial scandals, the governmental instability, the disreputable ways of the politicians themselves contribute all to the idea of the moral crisis. A cultural decline is parallel, with a loss of spirituality in the French society, engulfed in materialism and coarseness. Their stinging attacks, their bombastic style show how deeply rooted is the "decay of France" thesis among Belgian Conservatives. Beyond the French case, they fear a possible contamination of Belgium and the disappearance of their own traditional but vanishing values. Their fears and frights have certainly played a part in the 1936 turn-around towards the so-called Belgian "politique d'indépendance" in foreign affairs. ; De tout temps, la droite belge francophone a accordé à la France une place primordiale dans son univers idéologique. Les concepts de France éternelle, de sa « mission », de son rôle sur la scène internationale sont autant de sujets sur lesquels l'opinion bourgeoise et intellectuelle s'interroge de façon récurrente. Les années trente, et surtout l'époque du Front populaire, donnent aux conservateurs plus d'une occasion de se pencher avec anxiété sur l'avenir de leur référent culturel parce que le climat international est menaçant, parce que la France semble fragilisée, isolée, déclinante. Confrontés à l'actualité française à longueur de colonnes de leurs journaux nationaux et par l'intermédiaire d'une presse parisienne très répandue chez eux, les Belges de droite déplorent évidemment l'éclipse de la puissance française mais stigmatisent avant tout la profonde crise morale qu'ils estiment en être la cause. Souvent nostalgiques de l'Ancien Régime, ils voient dans la Révolution abhorrée l'origine de ce phénomène inquiétant. Si de nombreux facteurs se conjuguent dans la définition de cette crise morale, certains sont particulièrement mis en exergue. On dénonce une France envahie par les étrangers, en insistant sur leur origine sémite et leur marxisme. On vilipende l'influence néfaste de la franc-maçonnerie et cet enseignement laïque dont le pacifisme et l'internationalisme pervertissent la jeunesse. On déplore la déliquescence de l'esprit religieux qui se répercute sur la natalité: la « Fille aînée de l'Eglise » se dépeuple tandis que l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie jouissent d'une démographie florissante. A l'heure où l'antiparlementarisme est monnaie courante, les scandales politico-financiers, l'instabilité ministérielle, les mœurs des députés elles-mêmes viennent renforcer l'idée d'une crise morale. Enfin, celle-ci se double d'un déclin culturel, d'une perte de substance spirituelle de la société française, embourbée dans le matérialisme et la trivialité. La virulence de leurs attaques, le lyrisme de leur style prouvent combien les conservateurs belges sont persuadés d'une réelle décadence de la France. Derrière chacun de leurs mots perce la peur d'une contamination de la Belgique, l'angoisse d'y voir disparaître des valeurs traditionnelles déjà bien écornées. Cette angoisse a sans nul doute joué un rôle dans l'évolution de 1936 vers une politique d'indépendance. ; Peer reviewed
Abstract: This contribution discusses the pragmatic effects of different rhetoric strategies conveying evidence of past ingroup violence after a long lasting social denial (Cohen, 2001). In particular, a case study is presented on the making of a civic discourse on controversial historical past: war crimes committed by the Italian Army during the colonial invasion of Ethiopia (1935-36). Although very well proved (Del Boca, 2005), these facts were only recently inserted in Italian history textbooks (Leone Mastrovito, 2010; Cajani, 2013). In this same period, evidence of these crimes was officially presented during discussions of the Italian Parliament. In spite of these recent acknowledgments of the Italian responsibilities for these crimes, a social myth is still widely shared by the public opinion, representing Italians as good fellows (Italiani, brava gente: cfr. Del Boca, 2005), unable to be cruel both in everyday life and in wartimes (Volpato et al., 2012). This specific situation, denying even the reality of facts happened, has been defined literal social denial, i.e. the deepest among the three possible states of denial (literal, interpretive, implicative: cfr. Cohen, 2001). The issue of literal social denial of past ingroup violence is at the intersection among theories on narratives on national past (László, 2003), social representations of history (Liu et al., 2014), conflict ethos (Bar-Tal et al., 2012; Kelman, 2008), group-based emotions (Allpress et al., 2010; Leone, 2000) and intergroup reconciliation processes (Nadler et al., 2008). Namely, understanding how a social denial could break down implies the theorization of human mind's reflexivity as grounded on historical awareness (Ortega y Gasset, 1930), and the notion of social change as primarily rooted in natality, i.e. the fact that each birth represents a new beginning (Arendt, 1958). Drawing on this theoretical background, we will present an ongoing research program (Leone, in press) on the literal social denial (Cohen, 2001) of war crimes committed by the Italian army during colonial period and on the pragmatic effects of different kinds of communication on this controversial past. In order to address this issue, we will particularly focus on the concept of parrhesia as defined by Foucault (1983): the communicative choice of «frankness instead of persuasion, truth instead of falsehood or silence, [.] the moral duty instead of self-interest and moral apathy » (Foucault, 2001, p.19). Studies we conducted in this line tested the change in beliefs and the emotional reactions of young citizens confronted with mild or parrhesiastic descriptions of socially denied war crimes (Leone Sarrica, 2014, 2012). Empirical evidence will be discussed in order to reflect on our core idea: that a parrhesiastic communication is a risky tough necessary pragmatic move to break long lasting denial of ingroup wrongdoings, to trigger critical civic discourse in the place of social myths and to start reconciliation processes. Keywords : social denial, communication, reconciliation, parrhesia, war crimes***Résumé: L'article traite des effets pragmatiques de différentes stratégies rhétoriques qui témoignent, suite à un déni social durable, de la violence perpétrée par un groupe social (Cohen, 2001). En particulier, une étude de cas est présentée sur la réalisation d'un discours civique sur un passé historique controversé, c'est-à-dire les crimes de guerre commis par l'armée italienne lors de l'invasion coloniale de l'Éthiopie (1935-36). Bien que très connus parmi les historiens (Del Boca, 2005), ces faits ne soient que récemment insérés dans les manuels d'histoire italienne (Leone Mastrovito, 2010; Cajani, 2013). Dans cette même période, la preuve de ces crimes a été officiellement présentée lors des discussions dans le Parlement italien. Malgré ces reconnaissances récentes des responsabilités italiennes pour ces crimes, un mythe social est encore largement partagé par l'opinion publique, représentant les Italiens comme de bons camarades (Italiani, brava gente: cf. Del Boca, 2005), incapables d'être cruels à la fois dans la vie quotidienne et en temps de guerre (Volpato et al., 2012). Cette situation spécifique, en supprimant même la réalité des faits, a été définie comme un refus social littéral, c'est-à-dire le plus profond parmi les trois états possibles de déni (littéral, interprétatif, implicatif: cf. Cohen, 2001). La question du déni social littéral de la violence dont son groupe est responsable se pose à l'intersection des théories concernant les récits sur le passé national (László, 2003), les représentations sociales de l'histoire (Liu et al., 2014), l'ethos de conflit (Bar-Tal et al., 2012; Kelman, 2008), les émotions basées sur le groupe (Allpress et al., 2010; Leone, 2000) et les processus de réconciliation des groupes (Nadler et al., 2008). À savoir, comprendre comment un déni social pourrait s'écrouler implique une théorisation de la réflexivité de l'esprit humain qui soit fondée sur la conscience historique (Ortega y Gasset, 1930) et la notion que le changement social soit principalement enraciné dans la natalité, alors que chaque naissance représente un nouveau départ (Arendt, 1958). En nous appuyant sur ce contexte théorique, nous présenterons un programme de recherche en cours (Leone, sous presse) portant sur le déni social littéral (Cohen, 2001) des crimes de guerre commis par l'armée italienne pendant la période coloniale et sur les effets pragmatiques de différents types de communication sur ce passé controversé. Pour aborder cette question, nous nous concentrerons particulièrement sur le concept de parrhésie tel qu'il est défini par Foucault (1983): c'est-à-dire le choix communicatif de «la franchise au lieu de la persuasion, de la vérité au lieu du mensonge ou du silence, [.] du devoir moral à la place de l'intérêt personnel et de l'apathie morale» (Foucault, 2001, p. 19). Les études que nous avons menées dans cette ligne de recherche ont exploré le changement des croyances et des réactions émotionnelles des jeunes citoyens Italiens confrontés à des descriptions légères ou parrhésiastiques de ces crimes de guerre socialement démentis (Leone Sarrica, 2014, 2012). Des preuves empiriques seront discutées afin de réfléchir à notre idée fondamentale: proposant que une communication parrhésiastique, tout en déclenchant des réactions dangereuses et difficiles à gérer, soit néanmoins la plus utile pour briser un déni durable des actes répréhensibles commis par le groupe, et soit l'unique solution viable pour provoquer un discours civique critique sur les mythes sociaux d'un passé idéalisé du groupe, favorisant le commencement des processus sociaux nécessaires pour une véritable réconciliation. Mots-clés: déni social, communication, réconciliation, parrhésie, guerre, crime
Dans le domaine des sciences de l'homme, la démographie historique est l'une des préoccupations les plus neuves. Bien que l'intérêt pour les populations du passé ne date pas d'hier — les généalogistes et les historiens ont précédé les démographes sur ce terrain — l'analyse scientifique des phénomènes démographiques de l'ère préstatistique remonte à peine à l'après-guerre. C'est en 1954 que parut le premier ouvrage de démographie historique portant sur la population canadienne.1 L'auteur, le démographe Jacques Henripin, y montra pour la première fois tout le parti qu'on pouvait tirer des généalogies et des registres paroissiaux. Déjà au XIXe siècle, l'abbé Cyprien Tanguay avait su profiter de la qualité de ces derniers pour faire son Dictionnaire généalogique des familles canadiennes. Une utilisation ingénieuse de cet ouvrage permit à Henripin de soulever le voile sur la population du XVIIIe siècle. Il révélait ainsi au monde entier l'intérêt de cette petite société dont il avait pu mesurer la natalité, la nuptialité et la fécondité. Depuis ce temps, les études de démographie historique se sont multipliées, en Europe surtout et en France en particulier. À côté des monographies de paroisses, fleurissent aujourd'hui des travaux sur les populations urbaines ou régionales et les groupes sociaux, d'autres sur des phénomènes tels la fécondité, la limitation des naissances et les migrations, d'autres encore sur des institutions comme la famille et le ménage.2 Deux articles récents, l'un de l'historien Pierre Goubert et l'autre du démographe Louis Henry, soulignent d'ailleurs les rapports fructueux entretenus en France par les historiens et les démographes depuis vingt-cinq ans et l'enrichissement apporté aux deux parties par cette collaboration interdisciplinaire. Au Québec, c'est à Hubert Charbonneau que revient l'honneur d'avoir introduit la démographie historique à l'université. Pour enrichir le cours d'histoire de la population canadienne qu'il donnait au Département de démographie de l'Université de Montréal, Charbonneau se pencha sur le recensement de 1666 dont il souligna le tricentenaire dans une note de recherche. À la suggestion de son collègue Jacques Légaré et avec la collaboration de celui-ci, il entreprit ensuite le traitement par ordinateur des trois recensements nominatifs du Canada au XVIIe siècle. Deux historiens et un économiste s'intéressèrent à cette initiative et les discussions entre les cinq chercheurs aboutirent à l'élaboration d'un projet de recherche. À l'origine, ce projet impliquait la constitution d'une banque de données démographiques et voulait déboucher sur des réponses précises à de nombreuses questions d'ordre démographique, économique et historique. Il demandait qu'on définisse des techniques permettant la mise sur pied de la banque de données et qu'on utilise les renseignements ainsi recueillis pour vérifier certaines hypothèses, avant d'aboutir à une étude d'ensemble de la population canadienne ayant vécu au Québec, depuis le XVIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe. Devant l'impossibilité d'atteindre à court terme les objectifs fixés, les trois collaborateurs non-démographes ont été amenés, en raison de leurs intérêts scientifiques, à remettre à plus tard leur éventuelle collaboration. Avec le temps cependant, trois nouveaux associés se sont joints aux promoteurs du projet: un démographe, un informaticien et un historien. Les travaux dans lesquels l'équipe est engagée — constitution d'une banque de données, élaboration de méthodes de traitement originales pour ces données et analyse démographique proprement dite — demandent en effet de longues années de travail et doivent être envisagés sous plusieurs angles à la fois. Après six ans d'existence, les objectifs de notre programme de recherche sont restés les mêmes, soit le dépouillement et l'exploitation de tous les registres paroissiaux du Québec antérieurs à 1850. Dans une première étape, toutefois, nous nous concentrons sur la période avant 1765, débordant ainsi légèrement le régime français à cause des sources et de l'évolution démographique. Pourquoi nos efforts vont-ils d'abord aux XVIIe et XVIIIe siècles et non aux XIXe? C'est qu'en travaillant sur cette époque éloignée, la probabilité est grande que la conjugaison de plusieurs facteurs, dont l'existence et la qualité des sources dès le XVIIe siècle, les effectifs peu considérables de la population sous le régime français et la possibilité de travailler sur l'ensemble des habitants d'un pays depuis ses origines, conduise une équipe de recherche à un optimum de rendement. Commencer les dépouillements par les documents de 1760 ou de 1800 nous aurait par ailleurs pénalisés en nous privant de la connaissance de la population de base et en nous amenant à manipuler dès le départ des masses considérables de données. L'originalité de notre projet est de vouloir mettre au point une fiche propre à chaque individu, qui soit élaborée par l'ordinateur. Sur cette fiche apparaîtra la liste des événements démographiques auxquels un individu a participé, soit comme sujet d'acte soit comme témoin ; cette liste sera complétée par un certain nombre de caractéristiques provenant des sources exploitées : sexe, âge, état matrimonial, profession, relation de parenté, lieux de résidence et d'origine. La somme de ces fiches biographiques permettra de constituer sur bande magnétique un registre de population fait de dossiers individuels. C'est ce registre qui permettra de reconstituer la population de l'ensemble du territoire étudié à une date donnée. L'expérience nous a montré toutefois que l'élaboration d'un tel registre ne va pas sans une opération préalable qui consiste à situer un individu d'abord par rapport à ses parents et ensuite, par rapport à son conjoint, opération qui fait partie de ce qu'on appelle en démographie historique la « reconstitution des familles ». Or, comme nous travaillons sur une population qui compte au-delà de 4000 personnes au recensement de 1666, environ 20000 en 1700 et 200000 un siècle plus tard, il ne nous est plus possible de recourir aux méthodes manuelles de reconstitution des familles. Nous devons pour cela utiliser l'ordinateur, ce qui nous amène là encore à des innovations méthodologiques, puisque la reconstitution automatique des familles nous entraîne dans le couplage de l'information. La mise sur pied d'un registre de population et le couplage automatique de l'information sont nos objectifs les plus immédiats ; on ne saurait cependant les atteindre sans une longue et patiente collecte des données exécutée selon des méthodes rigoureuses. Ces deux pôles d'activité de notre programme de recherche déterminent le plan de cet exposé où nous montrons comment, après plus de six ans de labeur, a évolué notre recherche, quel est le travail accompli, celui qui est en cours et celui qui reste à faire.
From July 1915 onwards, leave granted to the front fighters allowed them to spend a few days in the rear. From 6 days in 1915, these leaves increased to 7 days in 1916, then to 10 days in October 1917. Approached from a global perspective, this research seeks to link the social and cultural history of war through the methods of cultural anthropology of social facts, without neglecting the political or military dimensions. The plan followed articulates three levels of analysis, the real, the symbolic and the imaginary, using a very varied corpus of sources. The research is based in particular on the analysis of 200 directories of police station reports in Paris (known as "mains courantes"), which have made it possible to build up a database of some 6,000 pass-holders and 6,000 deserters. Analyses of the social and cultural phenomena linked to permission in the capital use the quantitative study of this abundant source, which provides information on many aspects of the lives of individuals and Parisian neighbourhoods, and is not limited to delinquency. This source thus makes it possible to place the reflection in the perspective of social changes over time. The database has also made it possible to map certain phenomena, such as prostitution, desertion or the relations of soldiers on leave with civilians, women or allied soldiers. Finally, the police reports, which are often consistent, give flesh to an individualised social micro-history.The first part retraces the military, political and administrative construction of the permissions, as well as the logistical stakes of their transport by train, which is also studied from an anthropological perspective. It uses mainly classical military and political sources, but integrates testimonies and representations. The permissions regime set up in 1915 in France was marked throughout the war by permanent improvisation, but evolved and underwent a major reform in October 1916 when the French HQG made permissions a statutory allowance of seven days granted three times a year. Although decisions on permissions were the responsibility of the High Command, citizens and politicians played an important role in successive reforms by putting pressure on the government to grant fairer and longer permissions to men. The ideological stakes of permissions are evident in committees or in debates in the Assembly, in which left-wing MPs give a speech on the rights of republican citizens and the social stakes of recreational leave, which reinforces F. Bock's conclusions on the involvement of parliamentarians in the conduct of the war. At the individual level, the combatants have become involved through demands which show that for them there is a close relationship between the rights and duties of soldiers, and that their sacrifice is not without retribution, if only symbolic. In the context of a dehumanizing industrial war, leave had a great role to play in sustaining combatant morale over the long term. The calamitous management of the permissions in 1915 and 1916 explains the place taken by the permissions in the claims of the mutinees during Spring 1917, whereas they were now more regular and distributed with equity: it is especially as a symbol of the condition of the citizen-soldier and of his rights and duties that they are brandished by some combatants, confirming the study of L.V. Smith on the Vth ID. In this respect, leave is part of the evolution of the relations between the Army, the Republic and the citizens.It should be pointed out here that the theoretical weight of discipline is constantly called into question by the transgressive practices of furloughers, which are particularly evident during train journeys: defying authority, ridiculing employees, travelling first class in disregard of regulations, or seeking to illegally extend their leave.In the long term of the war, furloughs also provided a waiting horizon for a long overdue peace, and played a decisive role in men's ability to endure the war. The cycle of anticipation, experience and recollection of leave thus feeds into family letters or conversations between soldiers, and allows individuals to develop plans, even if the leaves arouse very ambivalent feelings. The second part focuses on the experience of being on leave in the capital, where Parisians rediscover a familiar world, while uprooted and isolated combatants from invaded regions, colonies or allied countries discover a mythical city as tourists. Paris was thus the main centre for furloughs in France, and probably of all the countries at war, receiving about 100,000 men per month, for a cumulative total of about 4 million furloughs between 1915 and 1918. The study conducted is based primarily on a statistical analysis of the directories of the minutes of the Paris police stations. The combatants' stay in the capital reveals the entrenchment of the combatant identity, confirming what is known about the importance of a specific culture born of shared experience, but it also combines with the signs of a lingering civilian identity. While political or working communities have not been studied, the strength of family ties, domestic habits, work gestures or neighbourhood sociability indicate that men are resettling into a familiar daily routine, despite the upheavals caused by the war in Paris. The subject lends itself to an analysis of gender identities through the reunion of couples and the confrontation of male and female communities. Relations between men and women have remained good, mainly thanks to the women in the family, but those of the couples are more tense, due to the suspicion that hangs over the companions. Generally speaking, male-female relations are part of banal practices whose cyclical dimension is mainly reflected in the symbolism surrounding certain gestures or words. The study of leave has also shown that female emancipation is limited, as indicated by women's resistance to the sexual solicitations of those on leave. Finally, the demographic stakes of furloughs can be seen in their impact on nuptiality, but their effects are more modest on the birth rate, which they do not compensate for. The relations of the soldiers on leave with the various components of Parisian society during the war (women, foreigners, allied soldiers) testify to the great credit enjoyed by the soldiers at the rear, even if the importance of theatricalization in Parisian space led them to sometimes violent transgressions of the social order, particularly towards police officers, underlining the redefinition of moral standards while invalidating the thesis of widespread "brutalization", since these practices were part of long-term conscriptive and popular Parisian traditions.The soldiers' stay was also an opportunity to identify the social and cultural circulation between the front and the rear, which contributed to the renewal of the distended links between civilians and combatants between 1914 and 1915. The expression of a need for recognition by the soldiers is coupled with a desire to forget the war, which underlines the complexity of individual reactions to the tension of war. Soldiers on leave sought to become exhilarated and to enjoy the pleasures of Parisian life such as the cinema, café-concert and prostitution, behaviours that contrasted with the puritanical norms of wartime. Permissions take their place here in the movement for the democratisation of leisure and holidays that has been underway since the end of the 19th century and confirm the relevance of drawing a parallel between the world of work and the war from the point of view of combatant mobilization factors. This question was explored in depth through the role of furlough in the mobilization of civilians and combatants. The stay of combatants in the rear presented risks from the point of view of controlling public opinion and the movements of soldiers. However, the complexity of the political and military stakes, particularly in 1917, the conditions for carrying out surveys on the state of mind of the Parisian population, and the weight of rumours during the war, made the study of public opinion delicate. On the other hand, permissions do appear to be one of the ways of desertion during the war, even if police sources do not allow for an exhaustive study of this subject, which is still poorly documented in France. The motivations put forward by the suspects indicate the wide variety of conditions in which men became deserters and it is difficult to say what effect the fear of punishment had on their actions. Police sources also make it possible to trace the modalities of the desertion experience, as well as the social profile of late deserters. The third part is devoted to the representations of furlough and furlough-holders that it confronts with the realities described above, based on the study of the press from the rear and the "newspapers from the front", postcards, novels, plays or songs, and with an emphasis on distinguishing the effects of transmitter and medium on the images produced. The stereotype of the combatant perceptible through the images of permission thus contributes to structuring the gap between civilians and combatants in a Parisian setting that crystallizes ambivalent representations. Indeed, soldiers on leave played an important role in the evolution of the wartime system of social representations by embodying the relationship between the combatant community and the civilian community. The figure of the permissionnaire illustrates the fundamental role of ethics in the identity processes of the First World War and in the construction of a social and cultural field specific to "combatants". The logics of civilian guilt on the one hand, and the need for recognition of combatants on the other, are articulated to give substance to combatant stereotypes. In many cases, the relationship of representation is perverted when the values for which combatants are recognized at the rear differ from those to which they aspire. Numerous, highly stereotypical and enduring, civilian representations carry the myths of heroism and virility attributed to warriors. Those constructed by the combatants are more intermittent and deferred, but their persuasive force is usually greater, due to the weight of the testimony between 1914 and 1918, which is perpetuated after the war, carried by the veterans' speeches. Several systems of representation thus coexist, become contaminated and evolve over the course of the war. In all cases, there is a great contrast between combatant myths and the social practices of the furloughers, particularly in their relations with women. ; A partir de juillet 1915, des permissions accordées aux combattants du front leur permettent de passer quelques jours à l'arrière. D'une durée de 6 jours en 1915, ces congés passent à 7 jours en 1916, puis à 10 jours en octobre 1917. Abordé dans une perspective globale, ce travail cherche à relier l'histoire sociale et l'histoire culturelle de la guerre grâce aux méthodes de l'anthropologie culturelle des faits sociaux, sans négliger les dimensions politiques ou militaires. Le plan suivi articule trois niveaux d'analyse, le réel, le symbolique et l'imaginaire, en utilisant un corpus de sources très varié. Celui-ci s'appuie en particulier sur l'analyse de 200 répertoires de procès-verbaux des commissariats parisiens (connus sous le nom de "mains courantes"), qui ont permis la constitution d'une base de données d'environ 6 000 permissionnaires et 6 000 déserteurs. Les analyses des phénomènes sociaux et culturels liés à la permission dans la capitale utilisent l'étude quantitative de cette source foisonnante, qui renseigne sur de nombreux aspects de la vie des individus et des quartiers parisiens, et ne se limite pas à la délinquance. Cette source permet ainsi d'inscrire la réflexion dans la perspective du temps long des évolutions sociales. La base de données a aussi permis la cartographie de certains phénomènes, comme la prostitution, la désertion ou les relations des permissionnaires avec les civils, les femmes ou les soldats alliés. Enfin, les comptes-rendus de la police, souvent consistants, donnent chair à une micro-histoire sociale individualisée.La première partie retrace la construction militaire, politique et administrative des permissions, ainsi que les enjeux logistiques de leur transport en train, qui est aussi étudié dans une perspective anthropologique. Elle utilise principalement des sources militaires et politiques classiques, mais intègre témoignages et représentations. Le régime des permissions mis en place en 1915 est marqué pendant toute la guerre par une improvisation permanente, mais évolue et connaît une réforme majeure en octobre 1916 lorsque le GQG fait des permissions une allocation réglementaire de sept jours accordée trois fois par an. Bien que les décisions en matière de permissions relèvent du Haut Commandement, les citoyens et les politiques ont joué un rôle important dans les réformes successives en faisant pression sur le gouvernement pour accorder des permissions plus équitables et plus longues aux hommes. Les enjeux idéologiques des permissions sont évidents dans les commissions ou lors des débats à l'Assemblée, au sein desquels les députés de gauche portent un discours sur les droits des citoyens républicains et les enjeux sociaux des congés de détente, qui conforte les conclusions de F. Bock sur la participation des parlementaires à la conduite de la guerre. A l'échelle individuelle, les combattants se sont impliqués par des revendications qui témoignent qu'il y a pour eux une relation étroite entre les droits et les devoirs des soldats, et que leur sacrifice ne va pas sans rétributions, ne seraient-elles que symboliques. Dans le contexte d'une guerre industrielle déshumanisante, les permissions avaient un grand rôle à jouer pour soutenir le moral combattant dans la durée. La gestion calamiteuse des permissions en 1915 et 1916 explique la place prise par les permissions dans les revendications des révoltés du printemps 1917, alors même qu'elles étaient désormais plus régulières et distribuées avec équité : c'est surtout comme symbole de la condition du soldat-citoyen et des droits et des devoirs de celui-ci qu'elles sont brandies par certains combattants, confirmant l'étude de L.V. Smith sur la Vème DI. A ce titre, les permissions s'inscrivent dans l'évolution des relations entre l'Armée, la République et les citoyens.Il faut souligner ici que le poids théorique de la discipline est constamment remis en cause par les pratiques transgressives des permissionnaires, qui sont particulièrement manifestes pendant les trajets en train : défiant l'autorité, tournant en ridicule les employés, voyageant en première classe au mépris des règlements, ou cherchant à prolonger illégalement leur permission.Dans le long terme de la guerre, les permissions ont aussi constitué un horizon d'attente qui s'est substitué à celui d'une paix qui se faisait attendre, et ont joué un rôle décisif dans la capacité des hommes à "tenir". Le cycle de l'anticipation, de l'expérience et de la remémoration des permissions alimente ainsi les lettres familiales ou les conversations entre soldats, et permet aux individus d'élaborer des projets, même si les permissions suscitent des sentiments très ambivalents. La seconde partie s'attache à l'expérience de la permission dans la capitale, où les Parisiens retrouvent un univers familier, tandis que les combattants déracinés et isolés, originaires des régions envahies, des colonies ou des pays alliés, découvrent en touristes une ville mythique. Paris est ainsi le principal centre de permissionnaires en France, et vraisemblablement de tous les pays en guerre, accueillant environ 100 000 hommes par mois, soit un total cumulé d'environ 4 millions de permissionnaires entre 1915 et 1918. L'étude s'appuie ici principalement sur l'analyse statistique des répertoires des procès-verbaux des commissariats parisiens. Le séjour des combattants dans la capitale révèle l'enracinement de l'identité combattante, confirmant ce que l'on sait de l'importance d'une culture spécifique née d'une expérience partagée, mais celle-ci se combine aussi aux signes d'une identité civile rémanente. Si les communautés politiques ou de travail n'ont pas été étudiées, la force des liens familiaux, les habitudes domestiques, les gestes du travail ou la sociabilité de voisinage, indiquent que les hommes se réinstallent dans un quotidien familier, malgré les bouleversements occasionnés par la guerre à Paris. Le sujet se prête à une analyse des identités de genre à travers les retrouvailles des couples et la confrontation des communautés masculines et féminines. Les relations entre hommes et femmes sont restées bonnes, principalement grâce aux femmes de la famille, mais celles des couples sont plus tendues, en raison du soupçon qui pèse sur les compagnes. D'une manière générale, les relations hommes – femmes s'inscrivent dans des pratiques banales dont la dimension conjoncturelle se traduit surtout par la symbolique qui entoure certains gestes ou paroles. L'étude des permissions a aussi permis de montrer que l'émancipation féminine est limitée, comme l'indiquent les résistances des femmes aux sollicitations sexuelles des permissionnaires. Enfin, les enjeux démographiques des permissions se manifestent dans l'incidence de celles-ci sur la nuptialité, mais leurs effets sont plus modestes sur la natalité, dont elles ne permettent pas de compenser la chute. Les relations des permissionnaires avec les différentes composantes de la société parisienne du temps de guerre (femmes, étrangers, militaires alliés) témoignent du grand crédit dont bénéficient les soldats à l'arrière, même si l'importance de la théâtralisation dans l'espace parisien les conduit à des transgressions parfois violentes de l'ordre social, notamment envers les agents de police, soulignant la redéfinition des normes morales tout en infirmant la thèse d'une "brutalisation" généralisée, puisque ces pratiques s'inscrivent dans des traditions conscriptives et des traditions populaires parisiennes de long terme. Le séjour des soldats est aussi l'occasion de repérer les circulations sociales et culturelles entre le front et l'arrière, qui contribuent à renouer entre civils et combattants des liens distendus entre 1914 et 1915. L'expression d'un besoin de reconnaissance par les soldats se double d'une volonté d'oublier la guerre qui souligne la complexité des réactions individuelles à la tension de la guerre. Les permissionnaires cherchent à se griser et à profiter des plaisirs de la vie parisienne comme le cinéma, le café-concert ou la prostitution, des comportements qui contrastent avec les normes puritaines du temps de guerre. Les permissions prennent ici place dans le mouvement de démocratisation des loisirs et des vacances engagé depuis la fin du XIXème siècle et confirment la pertinence d'une mise en parallèle du monde du travail et de la guerre du point de vue des ressorts de la mobilisation combattante. Cette question a été approfondie à travers le rôle de la permission dans la mobilisation des civils et des combattants. Le séjour de combattants à l'arrière présentait des risques du point de vue du contrôle de l'opinion publique et des mouvements des soldats. La complexité des enjeux politiques et militaires, notamment en 1917, les conditions de réalisation des enquêtes sur l'état d'esprit de la population parisienne ou encore le poids des rumeurs pendant la guerre, rendent toutefois l'étude des opinions publiques délicates. En revanche, les permissions apparaissent bien comme une des voies de la désertion pendant la guerre, même si les sources policières ne permettent pas une étude exhaustive de ce sujet, encore peu documenté dans le cas français. Les motivations avancées par les suspects indiquent la grande diversité des conditions dans lesquelles les hommes deviennent déserteurs et il est difficile de se prononcer sur l'effet de la peur de la sanction sur leurs actes. Les sources policières permettent aussi de retracer les modalités de l'expérience de la désertion, ainsi que le profil social des permissionnaires en retard. La troisième partie est consacrée aux représentations de la permission et des permissionnaires qu'elle confronte aux réalités précédemment décrites en se fondant sur l'étude de la presse de l'arrière et des "journaux du front", des cartes postales, des romans, des pièces de théâtre ou des chansons et en s'attachant à distinguer les effets d'émetteur et de support sur les images produites. Le stéréotype du combattant perceptible à travers les images de la permission contribue ainsi à structurer le fossé entre civils et combattants dans un cadre parisien qui cristallise des représentations ambivalentes. En effet, les permissionnaires jouent un rôle important dans l'évolution du système de représentations sociales du temps de guerre en incarnant les relations de la communauté combattante à la communauté civile. La figure du permissionnaire illustre le rôle fondamental de l'éthique dans les processus identitaires de la Première Guerre mondiale et dans la construction d'un champ social et culturel propre aux "combattants". Les logiques de la culpabilité des civils d'une part, et du besoin reconnaissance des combattants, d'autre part, s'articulent pour donner corps aux stéréotypes combattants. Dans bien des cas, la relation de représentation est pervertie quand les valeurs pour lesquelles les combattants sont reconnus à l'arrière diffèrent de celles auxquelles ils aspirent. Nombreuses, très stéréotypées et durables, les représentations civiles drainent avec elles tout le poids des mythes de l'héroïsme et de la virilité attribués aux guerriers. Celles construites par les combattants sont davantage intermittentes et différées, mais leur force de persuasion est a priori plus grande, en raison du poids du témoignage entre 1914 et 1918, qui se perpétue après guerre, porté par les discours anciens combattants. Plusieurs systèmes de représentations coexistent donc, se contaminent et évoluent au fil de la guerre. Dans tous les cas, on relève un grand contraste entre les mythes combattants et les pratiques sociales des permissionnaires, en particulier dans leurs relations avec les femmes.