Open Access BASE2003

L'idole brisée : la droite belge francophone et la crise morale de la France (1934-1938) ; The broken idol: the Belgian French-speaking right wing and the moral crisis in France (1934-1938)

Abstract

The French-speaking right wing in Belgium has always granted a paramount place to France in its ideological cosmography. The concept of everlasting France, of her "mission", of the part she could play on the international scene are topics wondered about constantly in intellectual and middle-class circles. The thirties and mostly the Popular Front era provide the Conservatives with a splendid opportunity to describe the future of their cultural icon with awe: the more the international context is threatening, the more France seems to have become fragile, isolated and going down the slope. Using the news given by the national papers or the widely circulated Parisian press, right-wing Belgians brood, of course, about the eclipse of France's might, but point chiefly to the moral crisis as its cause. Very often they feel some nostalgia for the "Ancien Régime" and see the origin of the worrying current phenomenon in the hated French Revolution. Lot of factors are intertwined in the definition of the moral decay, but some are particularly highlighted. France is accused to be invaded by foreigners (their Jewish origins and Marxist creeds being stressed); Free-Masonry has a bad influence, as well as laic teaching, perverting youth by its pacifist and internationalist leanings. The degeneration of the religious spirit is lamented on account of its influence on the birth rate: the "Elder Daughter of the Church" gets emptier and emptier, whereas the populations of Fascist Italy and Nazi Germany are blooming. Opposition to parliamentary system is to the fore, as the politico-financial scandals, the governmental instability, the disreputable ways of the politicians themselves contribute all to the idea of the moral crisis. A cultural decline is parallel, with a loss of spirituality in the French society, engulfed in materialism and coarseness. Their stinging attacks, their bombastic style show how deeply rooted is the "decay of France" thesis among Belgian Conservatives. Beyond the French case, they fear a possible contamination of Belgium and the disappearance of their own traditional but vanishing values. Their fears and frights have certainly played a part in the 1936 turn-around towards the so-called Belgian "politique d'indépendance" in foreign affairs. ; De tout temps, la droite belge francophone a accordé à la France une place primordiale dans son univers idéologique. Les concepts de France éternelle, de sa « mission », de son rôle sur la scène internationale sont autant de sujets sur lesquels l'opinion bourgeoise et intellectuelle s'interroge de façon récurrente. Les années trente, et surtout l'époque du Front populaire, donnent aux conservateurs plus d'une occasion de se pencher avec anxiété sur l'avenir de leur référent culturel parce que le climat international est menaçant, parce que la France semble fragilisée, isolée, déclinante. Confrontés à l'actualité française à longueur de colonnes de leurs journaux nationaux et par l'intermédiaire d'une presse parisienne très répandue chez eux, les Belges de droite déplorent évidemment l'éclipse de la puissance française mais stigmatisent avant tout la profonde crise morale qu'ils estiment en être la cause. Souvent nostalgiques de l'Ancien Régime, ils voient dans la Révolution abhorrée l'origine de ce phénomène inquiétant. Si de nombreux facteurs se conjuguent dans la définition de cette crise morale, certains sont particulièrement mis en exergue. On dénonce une France envahie par les étrangers, en insistant sur leur origine sémite et leur marxisme. On vilipende l'influence néfaste de la franc-maçonnerie et cet enseignement laïque dont le pacifisme et l'internationalisme pervertissent la jeunesse. On déplore la déliquescence de l'esprit religieux qui se répercute sur la natalité: la « Fille aînée de l'Eglise » se dépeuple tandis que l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie jouissent d'une démographie florissante. A l'heure où l'antiparlementarisme est monnaie courante, les scandales politico-financiers, l'instabilité ministérielle, les mœurs des députés elles-mêmes viennent renforcer l'idée d'une crise morale. Enfin, celle-ci se double d'un déclin culturel, d'une perte de substance spirituelle de la société française, embourbée dans le matérialisme et la trivialité. La virulence de leurs attaques, le lyrisme de leur style prouvent combien les conservateurs belges sont persuadés d'une réelle décadence de la France. Derrière chacun de leurs mots perce la peur d'une contamination de la Belgique, l'angoisse d'y voir disparaître des valeurs traditionnelles déjà bien écornées. Cette angoisse a sans nul doute joué un rôle dans l'évolution de 1936 vers une politique d'indépendance. ; Peer reviewed

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