Une géopolitique de la Corse : entre autonomisme « triomphant » et violences sociétales
In: Hérodote: revue de géographie et de géopolitique, Volume 187, Issue 4, p. 99-128
Abstract
Le cycle électoral de l'année 2022 consolide une nouvelle fois depuis 2015 l'hégémonie des partis nationalistes dans le paysage politique insulaire. La majorité absolue obtenue par Femu a Corsica aux élections territoriales de 2021 autour du charismatique Gilles Siméoni permet à l'exécutif et à l'Assemblée de Corse de négocier désormais avec le pouvoir central, mené par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, une autonomie institutionnelle. Pourtant cet « autonomisme triomphant », soucieux de négocier un statut proche des autres grandes îles de Méditerranée occidentale, dissimule mal les profondes fragilités de cette stabilisation du système politique corse. À la veille d'être une nouvelle fois le laboratoire d'une dévolution de pouvoirs « à la française », la Corse figure parmi les périphéries les plus contestataires du territoire français où le vote en faveur du Rassemblement national et l'abstentionnisme sont particulièrement élevés. Le malaise affiché par une partie importante de la jeunesse insulaire renouvelle les cycles de violence et il traduit les doutes identitaires d'une génération confrontée à une seule alternative entre une économie de la rente publique et celle moins sécurisée de l'économie résidentielle et touristique, et de moins en moins encline à s'intégrer dans la nouvelle société française des métropoles multiculturelles.
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