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La guerre froide a eu une dimension sous-marine particulièrement intense, bien que peu connue. La supériorité technologique américaine a été considérable, même si l'URSS a pu bénéficier notamment de renseignements issus de ses réseaux d'espions aux États-Unis. Cet affrontement silencieux a largement affaibli Moscou.

La puissance navale chinoise connaît un essor sans équivalent pour toutes ses composantes. Plus que jamais, la dimension maritime fait l'objet d'une attention particulière de Pékin avec des projets qui doivent s'inscrire dans la durée, permettant d'envisager à terme une présence mondiale qui s'imposera aux autres.

L'activité maritime est devenue vitale pour la croissance économique mondiale. La fin de la bipolarisation a permis l'émergence de revendications régionales qui s'expriment par la violence. Elles accompagnent la renaissance d'un puissant islamisme dont les adeptes ont élargi leur champ d'action au globe tout entier. Tous ces mouvements pratiquent un terrorisme stratégique susceptible de créer un état latent d'incertitude économique et sociale en perturbant l'économie. Sa composante maritime a progressé à bas bruit, masquée par des attentats terrestres beaucoup plus spectaculaires et fréquents. Localement, des savoir-faire spécifiques particulièrement efficaces ont été élaborés. Des échanges tactiques et techniques entre des mouvements ne partageant pas les mêmes objectifs politiques sont avérés. Peuvent-ils faire gagner en efficacité les groupes terroristes islamistes au point de représenter une menace pour la stabilité du monde ?

Les groupes irréguliers – en particulier terroristes – développent des modes d'action de plus en plus efficaces qui s'appuient sur des savoir-faire qu'ils améliorent continûment. Trois types de mouvements sont représentatifs de cette capacité : le terrorisme islamiste autour d' al Qaïda , le narcotrafic colombien et les Tigres tamouls du Sri Lanka. Alliant utilisation des moyens technologiques duaux les plus récents, accroissement très important des capacités de financement, collusions et utilisation des moyens sociaux pour recruter des spécialistes à l'échelle mondiale, cette tendance ne peut que s'accentuer dans l'avenir.

La Chine et la Russie, puissances continentales par essence, se sont engagées dans des politiques maritimes ambitieuses, en développant de nouvelles capacités, obligeant les puissances maritimes traditionnelles comme les États-Unis à revoir leur propre stratégie.

La Chine, première puissance économique mondiale en 1820, a perdu son rang sous l'effet de violentes luttes intestines et des interventions occidentales et japonaises de 1839 à 1911. Depuis 1978, année marquant l'ouverture économique du pays, son redressement est spectaculaire. Il est dû en majeure partie à la mondialisation de l'économie et à sa maritimisation qui permet à cette « île géopolitique » d'effectuer les échanges indispensables à son ascension au premier rang mondial quelle a retrouvé en 2014. Ses dirigeants ont compris que la stabilité du pays repose sur la poursuite de cette croissance économique, elle-même soumise au « dilemme de Malacca ». Pour s'en prémunir, ils n'ont pas d'autre choix que de faire de la Chine une puissance maritime, au sens qu'entendait Mahan, quelles qu'en soient les conséquences géostratégiques, en particulier en mer de Chine.