Taqiyya and the Fast of Ramadan: some Ismā'īli Reflexions on the Esoteric Meaning of the Sharī'a ; La taqiyya et le jeûne du Ramadan : quelques réflexions ismaéliennes sur le sens ésotérique de la charia
This article explores the concepts of taqiyya and kitmān as they were developed by Ismā'īli authors of the 10th and 11th centuries. In the present « cycle of occultation » « true knowledge » is veiled under the wordings of revealed texts and laws. Only the imāms and their disciples have access to this knowledge, but they are supposed to keep it secret. This obligation of secrecy is part of the oath of allegiance that every Ismā'īli has to take prior to his initiation. But even the imāms were forced to act with care and in secret. At certain moments, they had to go into occultation (satr, istitār), hiding their true identity and their abode. The practice of taqiyya and kitmān is presented as the hidden sense of the Qur'ānic prescriptions about fasting during Ramadan. Breaking the fast illegally means transgressing the rules of taqiyya, whereas 'Id al-fiṭr symbolizes the final abolition of taqiyya. Fatimid authors interpret the rise of 'Abd Allāh al-Mahdī and the foundation of the Fatimid state in Ifrīqiya as a sign announcing Id al-fiṭr,which will occur with the advent of the Qā'im on the day of the Great Resurrection. By opening a new « cycle of manifestation » he will abrogate all exoteric religions and laws. Knowledge will be directly accessible, without zāhir nor bāṭin. Hence, there will be no longer a need to observe taqiyya or kitmān. As Ismā'īlism is a messianic movement with strong political aims, it makes no sense to distinguish prudential and esoteric aspects of secrecy in its theory of taqiyya. ; [fr] En cet article nous analysons les notions de taqiyya et kitmān telles qu'elles ont été élaborées par des auteurs ismaéliens des 10e et 11e siècles. Tout au long du présent « cycle d'occultation », la « science véritable » est voilée sous la lettre des textes révélés et des lois qui en découlent. Seuls les imāms et leurs disciples ont accès à cette science, mais ils n'ont pas le droit de la divulguer au tout venant. Cette obligation de garder le secret fait partie du sermon d'allégeance que chaque Ismaélien doit prêter avant le début de son initiation. Mais même les imams ont été forcés d'agir avec prudence et en secret. À certains moments, ils ont été obligés d'entrer en occultation (satr, istitār), en cachant leur véritable identité et leur lieu de résidence. Cette pratique de taqiyya et kitmān est présentée comme le sens caché des prescriptions coraniques relatives au jeûne du Ramadan. La rupture illicite du jeûne signifie la transgression des règles de la taqiyya, tandis que le 'Id al-fiṭr symbolise l'abolition finale de l'obligation de la taqiyya. Les auteurs fatimides interprètent l'avènement de 'Abd Allāh al-Mahdi et la fondation de l'état fatimide en Ifrīqiya comme un signe annoncant le 'Id al-fiṭr, qui aura lieu avec l'apparition du Qā'im lors de la Grande Résurrection. En ouvrant un nouveau « cycle de manifestation », il abrogera toutes les eligions et les lois exotériques. La science sera alors directement accessible, sans zāhir ni bāṭin. Par conséquent, il ne sera plus nécessaire d'observer la taqiyya et le kitmān. L'ismaélisme étant un mouvement messianique avec des objectifs éminemment politiques, il n'y a pas lieu de dissocier l'aspect sécuritaire de l'aspect ésotérique dans sa théorie de la taqiyya.