(re)Médiations numériques et perturbations des sciences sociales contemporaines
In: Sociologie et sociétés, Band 49, Heft 2, S. 83-111
Abstract
La traçabilité sans précédent des pratiques sociales réactive des clivages qui ont divisé les sciences depuis lexixesiècle. L'abondance des données et la puissance de leur traitement semblent fragiliser la sociologie, alors même que la physique ou l'informatique investissent activement ses problématiques de prédilection. La sociologie n'aurait plus le monopole du social, dont les relations ne seraient pas si singulières, et pourrait faire l'objet de traitements éprouvés par les sciences de la nature. Afin de mieux saisir les enjeux relatifs au déploiement des dispositifs numériques à l'ensemble des pratiques contemporaines, nous proposons de distinguer l'évolution des relations sociales de l'observation de ces relations, de la production de connaissances et, enfin, de la production de sens, comme autant de « remédiations numériques ».Nous n'assisterions ainsi pas tant à une crise de la sociologie empirique qu'à la résurgence de l'idéal d'une physique sociale opposant aux qualités de l'interprétation la puissance de l'efficience. En faisant l'économie de plus d'un siècle de sciences sociales, ce projet promu par une science sociale computationnelle entretient pourtant de nombreux malentendus et une négligence surprenante de la réflexivité, récusant activement le propre de l'humain au profit de lois supposées universelles.
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