De parent à résidant : le passage en maison de retraite médicalisée
In: Retraite et société, Band 53, Heft 1, S. 167-182
Abstract
Fondé sur l'étude du cas valaisan (Suisse), cet article rendra compte de l'aide à domicile accordée par des proches à un parent âgé dépendant et de son placement définitif en maison de retraite. Dans un premier temps, l'accent portera sur les aspects problématiques de l'aide. Les impératifs de survie quotidienne d'un des membres du collectif de résidence menacent dans certains cas la survie symbolique du groupe. Une fois les limites de l'aide à domicile atteintes, le placement du parent âgé est sans alternative et sera définitif. Dans un deuxième temps, une modalité d'entrée en institution sera examinée. Franchir le seuil de la maison de retraite s'apparente à un rite familial – un repas d'accueil – organisé par l'établissement. De par la proximité avec la mort, ce repas d'accueil revêt les attributs d'un repas funéraire et remet au premier plan la dimension symbolique du groupe de filiation. Dans un troisième temps, l'analyse d'une pratique soignante – « faire l'entrée » – nous renseignera sur la nécessité de réécrire l'histoire du résident. Bien qu'ils s'en défendent, les soignants remplacent les proches, jusqu'au moment de la séparation définitive. Mais surtout, en rétablissant la continuité menacée, ils restaurent une possible inscription de ceux-ci dans la lignée. Du domicile à l'entrée en maison de retraite, deux logiques collectives coexistent sans s'opposer : la logique de la survie quotidienne des vivants et celle de la continuité symbolique avec les morts.
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