Herbert Marcuse et le deuil de la Raison : contribution aux prémisses d'une rationalité sensible
In: http://hdl.handle.net/20.500.11794/37613
Abstract
Le développement de la pensée d'Herbert Marcuse peut se comprendre comme le résultat d'un effort pour trouver un fondement de la critique autre que celui, absolument inévitable en philosophie, de la Raison. De son adhésion initiale à l'inspiration hégélienne de la Théorie critique jusqu'au renversement de ses fondements au courant de la Seconde Guerre mondiale, Marcuse a refusé obstinément de nuancer son analyse du déclin des capacités de négation de l'ordre établi dans la société industrielle avancée, mais sans pour autant renoncer à identifier ce qui, « de l'intérieur », pouvait encore receler un potentiel de transformation. Marcuse tente en effet d'échapper à l'aporie inhérente à sa critique radicale de la Raison en s'efforçant de trouver dans les différentes sphères de l'existence humaine une dimension encore capable de résister à son intégration totalitaire dans le capitalisme avancé. Ce projet de recherche vise donc à établir, à travers une incursion dans la conception moderne de la Raison et la critique fondamentale que Marcuse lui adresse, s'il existe dans son oeuvre une alternative théorique pour une critique sociale qui ne prétendrait plus trouver dans la Raison ses fondements. Trois « moments » de la pensée de Marcuse seront examinés : d'abord celui de son engagement en faveur d'une « organisation rationnelle de la société », où se dévoilent ses attaches à Hegel et au projet initial de la Théorie critique ; ensuite celui de la critique de la Raison, où Marcuse brise ses liens avec cet idéal moderne et expose la relation qui arrime étroitement la Raison à la « logique de la domination » ; puis, finalement, celui où s'esquisse la possibilité de fonder, sur le terrain de la sensibilité, une autre forme de rationalité. ; The development of Herbert Marcuse's thought can be understood as the result of an effort to look for a ground for critique other than Reason, the cornerstone of philosophical thought. From his initial adhesion to the Hegelian inspirations of critical theory until the overturning of their foundations during World War II, Marcuse stubbornly refused to temper his observations on the weakening ability to reject the establishment in advanced industrial societies while still searching for that which could, "from the inside", harbor potential for transformation. Marcuse strives indeed to avoid the inherent aporias of his radical critique of Reason by searching for a dimension of human existence still capable of resisting its totalitarian integration to late capitalism. Through an incursion into the modern understanding of Reason and its Marcusian critique, our study thereby aims to determine if a theoretical alternative exists within Marcuse's thought for a socio-critical standpoint that no longer relies on the traditional grounds of Reason. Three "moments" of Marcuse's thought will be analyzed: firstly, his theoretical involvement in favor of a "rational organization of society", where Marcuse's ties to Hegel and the original project of critical theory appear more clearly; secondly, his critique of Reason, where Marcuse moves away from this modern ideal and exposes the link that inextricably relates Reason to the "logic of domination"; and, lastly, his sketch of the possibility of establishing another form of rationality rooted in the field of sensibility.
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Französisch
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Université Laval
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