« "Brûler" les frontières : fuite ou contestation »

Abstract

International audience ; À partir d'une enquête ethnographique dans le quartier de Bab Jdid à Tunis, d'une analyse des réseaux sociaux et des productions culturelles, ce chapitre analyse le rapport que les Tunisiens ayant migré sans passeport ni visa depuis 2011 entretiennent à la Révolution et à la contestation. La réflexion porte en priorité sur l'échelle individuelle ce qui permet de restituer la perspective de ces acteurs de la migration. Cette migration apparaît à la première lecture comme une fuite qui a pris de l'amplitude et est devenue plus visible en 2011. Cependant, cela ne signifie pas que les « brûleurs » sont restés en marge de la séquence protestataire. Beaucoup se revendiquent comme en acteur de la Révolution tout en regrettant de ne pas en avoir bénéficié. Surtout, la harga porte une parole contestataire puisque certaines « brûleurs » contestent l'ordre socio-économique et politique en Tunisie. Par leur acte, « brûler » les frontières, ils contestent le système de mobilité légale qui les exclut. Ils remettent en question la légitimité du système de visa. Bien que ce phénomène en soit encore à ses balbutiements et implique relativement peu les « brûleurs », le droit à mobilité devient un objet de revendication