La mission s'est déroulée à Niono (région de Ségou) auprès de l'URDOC (Unité de Recherche-Développement/Observatoire du Changement). Le rapport résume les supports préparés pour la journée de réflexion sur l'avenir de l'URDOC le 14 octobre 1996. Il aborde successivement la conception et les objectifs de l'URDOC, les activités menées, les attentes des partenaires. Il propose enfin un programme de travail qui prévoit une plus grande implication sur des thèmes de recherche liés au conseil de gestion individuel et collectif
The aim of this study is to investigate the impact of indirect land tenure on irrigated farms sustainability in Tunisia. This analysis is based on the farm sustainability assessing method (IDEA-Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles= Farm Sustainability Indicators) adapted to the Tunisian context. It is based on the calculation of indicators scores for the three sustainability dimensions: agro-ecological, socio-territorial and economic.Faced with land constraints, 40% of farmers sort to indirect land tenure through diverse a range of land contracts (rental and sharecropping). Our results showed that the lowest sustainability scores are found for indirect farming (31/100) and are related to the agro-ecological and socio-territorial dimensions. Conversely, these exploitations showed the highest score (72/100) for the economic dimension, much better than those obtained by landowners, with incomes reaching 3 times the Tunisian Guaranteed Agricultural Minimum Wage and an economic efficiency reaching 80%. Thus, access to land, through indirect tenure, leads, on the one hand, to improve the economic sustainability, but on the other hand, to low agro-ecological performances and negative externalities (soil degradation and overexploitation of resources). These findings reflect a degree of "conflicts" between both the economic and agro-ecological objectives. In fact, lessees seek to maximize their production in the short term and neglect the agro-ecological dimension, knowing that they will exploit these lands only for a few years. Conversely, landowners are more concerned with the agro-ecological dimension, as their lands and they are sure to keep them.
Drawing from the experience of the Limpopo River Basin in Mozambique, the paper analyses the articulation of a water rights framework in the context of decentralised river basin governance and IWRM-inspired reforms. The nexus between financial autonomy, service provision, stakeholder participation and the resultant allocation of water within the river basin is explored by scrutinising the newly instituted system of water permits and payments. Three cases are examined: (1) parastatal agencies managing large perimeters of irrigated land; (2) large-scale commercial companies irrigating land; and (3) so-called focal points representing groups of smallholder irrigators. The three presented cases show that structural challenges, local geographies and power relations shape the final outcome of water reforms in relation to decentralised river basin management, stakeholders' participation and accountability. Rather than improving accountability to users and securing the financial basis for sustainable infrastructure operation and maintenance, the permit system in place reinforces existing inequalities.
L'agriculture irriguée constitue en milieu sahélien un recours privilégié pour réduire le déficit céréalier du pays et sécuriser les revenus agricoles. Actuellement, si l'on fait exception des 7.000 ha de canne à sucre cultivés par la CSS (Compagnie Sucrière Sénégalaise), 90 % des surfaces irriguées sont consacrées au riz. La politique de désengagement de l'Etat et de privatisation de la filière riz va conduire à une baisse des revenus des producteurs. Face à cela, deux alternatives ont été proposées dans le Plan de Développement de la Rive Gauche (PDRG) : d'une part l'intensification de la culture du riz, d'autre part le développement des cultures irriguées de diversification par rapport au riz. Ces alternatives doivent être compatibles : d'une part avec la durabilité des systèmes de culture et de production, et d'autre part avec la préservation des ressources naturelles. Seul le développement des cultures irriguées de diversification est pris en compte ici
Des systèmes de culture irriguée assez variés se sont développés, en fonction des caractéristiques du milieu naturel, des objectifs de l'Etat et de ceux des paysans. Ils se caractérisent par des successions culturales et des itinéraires relativement diversifiés, malgré un nombre d'espèces cultivées assez restreint. le fonctionnement de ces systèmes, en particulier le choix des successions et des itinéraires, pose un certain nombre de problèmes, qui limitent les performances des systèmes irrigués. Entrent en jeu des facteurs agronomiques (terrain, climat, . .), le type d'aménagement, l'organisation collective, les décisions de l'encadrement et, enfin, les contraintes et les objectifs propres à chaque unité de production paysanne. A u-delà des différences de structure, des mécanismes de fonctionnement vo1S1ns rapprochent des situations a priori dissemblables alors qu'au sein de zones "homogènes" se révèlent des différences profondes d'objectifs et de fonctionnement. Avec la mise en service des barrages et l'extension des surfaces, la place de l'irrigué au sein des systèmes devrait augmenter et l'Etat compte sur une forte augmentation des productions et de l'intensité culturale, ce qui ne constitue pas en soi un objectif pour les paysans. les choix de ces derniers dépendront largement de la politique choisie en matière de prix, de crédit et d'accès à la terre.
Située en zone sahélienne, dans le delta intérieur du fleuve Niger (Mali), la zone Office du Niger était initialement vouée à l'élevage transhumant. Elle offre aujourd'hui un environnement propice au développement des cultures irriguées où l'intégration de l'élevage apparaît comme un facteur de gestion de la fertilité des sols et du maintien des rendements. Pourtant le fragile équilibre est aujourd'hui remis en cause. Au cours des années 1990, l'intensification de la riziculture s'est accompagnée de l'introduction de la double culture du riz puis du maraîchage, pratiqué en contre-saison (janvier à juin) après la récolte du riz d'hivernage (juin à décembre) (Jamin et Coulibaly, 2002). A l'origine, les cultures de contre-saison se trouvaient sur des parcelles jouxtant le village. Elles sont aujourd'hui atomisées sur tout le parcellaire villageois, sous la pression démographique et foncière (figure 1). L'étude traite des mutations agro-pastorales survenues dans les systèmes de production, suite à l'extension des aménagements hydro-agricoles et au développement des cultures de contre-saison.
Cette étude présente une démarche participative utilisée pour aider les acteurs de la profession agricole de la plaine de la Mitidja en Algérie à réfléchir sur le futur de leur agriculture, et en particulier sur l'utilisation de l'eau et du foncier. Plusieurs ateliers participatifs ont réuni des agriculteurs et des représentants d'institutions agricoles locales. S'inscrivant dans une optique d'apprentissage social, cette démarche que nous proposons d'appeler " scénariologie participative " a permis d'identifier les contraintes actuelles au développement agricole de la région et de construire des scénarios d'évolution permettant une visualisation commune de l'avenir. Ce travail révèle la nécessité, pour les agriculteurs travaillant des terres publiques, de s'organiser de manière dynamique autour de l'eau et du foncier à travers des arrangements informels qui aménagent les règles officielles. L'utilisation de la " scénariologie participative " permet également de lancer des débats constructifs entre les différents acteurs du monde agricole, échange qui semble primordial pour amorcer une cogestion de l'agriculture dans la zone étudiée.
Au nord du Mali, les dépressions naturelles submergées au moment de la crue du fleuve Niger présentent de grandes potentialités agricoles. Dans cette région à forts enjeux sociaux et politiques, le gouvernement a choisi la réalisation d'infrastructures d'irrigation comme moyen privilégié de développement. Même s'il s'agit d'une priorité politique et économique nationale, le lac Horo est pour l'instant la seule dépression lacustre du Mali à avoir été effectivement aménagée pour l'irrigation. L'étude de l'histoire des aménagements, et de leurs conséquences sur le milieu et les populations, permet d'analyser les effets de cette stratégie de développement des cultures irriguées. Elle permet aussi de mettre en regard les avantages que présentent les cultures de décrue contrôlée dans ce type de milieu.
Les périmètres de grande hydraulique au Maroc utilisent pour l'essentiel l'irrigation gravitaire ou l'aspersion. Dans ces périmètres, plusieurs projets pilotes de reconversion collective à l'irrigation localisée sont en cours. Nous avons mené une étude sur la participation des agriculteurs à la conception d'un projet pilote dans le périmètre du Tadla. Le projet ne prévoyait pas initialement de gérer l'aménagement de l'irrigation localisée au niveau des parcelles, mais cet aspect a été inclus par la suite. Les associations d'usagers de l'eau ont été redynamisées, avec notamment la nomination de chefs de bloc, qui doivent jouer le rôle d'intermédiaires entre les agriculteurs et le conseil d'administration. De nombreuses réunions d'information et de coordination ont été organisées. Ces différentes initiatives ont permis une bonne qualité de dialogue entre une minorité d'agriculteurs et les acteurs de développement en charge du projet. Cependant, une majorité d'agriculteurs n'ont pas ou peu participé aux réunions et aux visites de formation sur l'irrigation localisée, et ce, pour trois principales raisons : 1) une majorité des exploitations enquêtées sont gérées par plusieurs héritiers qui exploitent de façon indépendante des lots séparés, mais utilisent la même borne et ainsi sont peu visibles pour l'administration ; 2) l'absence de définition initiale d'une méthode explicite pour s'assurer d'une large participation ; et 3) le rôle limité qu'a joué les associations d'irrigants dans la circulation de l'information. Malgré ces limites, l'expérience a aussi été un lieu important d'apprentissage pour l'ensemble des acteurs, avec une amélioration progressive des conditions et résultats de la participation des agriculteurs.
Les petites exploitations agricoles adoptent souvent des systèmes d'irrigation en goutte-à-goutte simplifiés, à faible coût, au lieu des systèmes sophistiqués promus conventionnellement. Nous étudions ici les processus d'adoption du goutte-à-goutte à travers des initiatives locales ou des programmes étatiques dans les exploitations du Gharb au Maroc. On distingue trois types d'installations : celles qui sont conformes aux normes internationales, subventionnées par l'État, dans les grandes exploitations ; celles qui sont réalisées à partir de l'expertise locale, plus simples, moins coûteuses, dans les petites exploitations maraîchères ; et celles qui sont réalisées à partir d'un matériel d'occasion, à faible coût et très mobiles, utilisées sur de petites parcelles dispersées. Ces deux derniers systèmes sont installés par des intermédiaires informels. Nous montrons que les dynamiques issues des initiatives locales et étatiques se croisent et se renforcent. Si ce sont les grands exploitants qui ont impulsé la diffusion du goutte-à-goutte conforme, ce sont les programmes étatiques qui ont conforté ce développement en attirant les investisseurs à travers les subventions. Ces grands exploitants sont aussi à l'origine du développement du goutte-à-goutte par des initiatives locales, en ayant permis la multiplication d'intermédiaires. Enfin, en transformant le goutte-à-goutte, les initiatives locales ont permis de déconstruire l'objet de l'innovation et ainsi de le reconstruire en l'adaptant à différents contextes, multipliant les possibilités d'adoption par le plus grand nombre.
Mettre en évidence la diversité des situations agricoles et les défis auxquels sont confrontées les sociétés sahéliennes, analyser les apports de la recherche aux processus de développement afin de suggérer de nouvelles orientations et, enfin, réfléchir sur les processus d'innovations, tels sont les principaux objectifs de cette synthèse. "Terrains et innovations", le troisième tome comporte onze études de cas sur des situations de changements techniques et organisationnels dans différents milieux sahéliens et sahélo-soudanien s. Elles présentent un aperçu de la diversité des milieux physiques et humains et prennent en compte la diversité des formes d'intervention en milieu rural sahélien. Elles font référence à des problématiques de développement significatives pour l'ensemble du Sahel : agriculture pluviale, pastoralisme et élevage, aquaculture, agriculture irriguée et agroforesterie. L'analyse porte plus particulièrement sur la confrontation entre les milieux et les actions de développement, les réactions des producteurs et les effets des actions proposées
In addition to producing food products, irrigated agroecosystems provide important services that contribute to societal well-being but are often not taken into account by policy-makers. This paper investigates how the public in Northeast Thailand values these services. A choice experiment approach was developed to elicit the implicit prices of these services. We also investigate heterogeneity of respondents using a latent class (LC) approach. The results indicated that individuals are willing to pay for irrigated agricultural services that provide drought mitigation, preserves water quality and environment, and rural landscapes (RL). However, we observed important willingness-to-pay (WTP) heterogeneity related to gender, age, and income. Our results suggest that a society's demand for the nonmarket services of irrigated agriculture especially drought mitigation, water quality, and RL is significant, even in a middle-income country in Southeast Asia. Therefore, agricultural policies should balance or trade-off between these different services. In short, results from this research could be applied as a useful informative component for the future development of irrigated agricultural policy.
À l'échelle mondiale, un tiers des superficies irriguées pour l'agriculture est basé sur l'exploitation des ressources souterraines, grâce au développement fulgurant des puits et des forages. En sécurisant l'irrigation, l'accès à l'eau souterraine permet d'augmenter les rendements et les volumes de production. Il s'accompagne également d'un changement des assolements avec l'introduction de cultures à haute valeur ajoutée, comme les cultures maraîchères. Ces changements ont des conséquences, en aval, sur les filières agricoles, qui se structurent et s'organisent autour de la mise en marché des produits. Au Maroc, comme dans beaucoup de pays du Sud, ces changements rapides s'effectuent dans un contexte de forte informalité et certaines filières, quoique d'ampleur nationale, restent mal connues. C'est le cas de la filière d'oignon d'été dans le Saïs, dont la production a fortement augmenté ces dernières années, grâce à l'irrigation privée. Autour de cette production agricole se sont développées un ensemble d'activités, souvent informelles, liées notamment à la commercialisation. Cet article vise à montrer (i) comment la filière s'est organisée suite à l'explosion de l'irrigation privée et de la production, (ii) quels sont les acteurs concernés, leur rôle et leurs relations, puis (iii) quelle est la répartition des coûts et des marges bénéficiaires le long de la chaîne de production et de commercialisation. Nombreux sont ceux qui, attirés par le dynamisme économique de la région et de la filière, se lancent dans cette activité. Toutefois, l'augmentation des coûts de production et la baisse apparente des prix de vente, liée à la saturation du marché, questionnent l'avenir de ces filières, tout autant que la baisse des ressources disponibles.
L'eau souterraine est une importante source de vie en Afrique du Nord et redessine aujourd'hui les frontières de l'irrigation. Cependant, plus de la moitié des nappes sont en forte baisse et l'eau souterraine est utilisée par une minorité d'agriculteurs. Réfléchir l'utilisation qui est faite de l'eau souterraine devient donc un enjeu majeur.
En Afrique du Nord, de nombreux aquifères sont surexploités, principalement du fait d'une agriculture irriguée intensive. Cependant, les politiques publiques qui ont cherché à réguler cet usage se sont montrées jusqu'à maintenant peu efficaces, du fait du manque de moyens et parce que les agriculteurs les considèrent comme peu légitimes. L'article analyse un cas de gestion collective de l'usage des eaux souterraines par les agriculteurs eux-mêmes, dans le cadre d'une association au Sud de la Tunisie. Dans la zone de Bsissi Oued El Akarit, l'administration multipliait dans les années 1990 les procédures de contrôle des puits, conduisant à de nombreux conflits. En 1999, les agriculteurs et l'administration se sont mis d'accord pour qu'un groupement de développement agricole soit créé spécifiquement pour contrôler les puits et forages dans cette zone. Depuis, le groupement a effectivement réussi à mettre en oeuvre un tel contrôle, mais reste toujours fragile financièrement car il ne s'auto-finance pas. Le processus de concertation qui a conduit à ce dispositif de gestion a réussi grâce à : i) la posture de l'administration, à la fois ferme en matière d'application des lois en vigueurs, et ouverte à la concertation avec les agriculteurs, et ii) aux compétences et à la légitimité des leaders du groupement. Cette expérience montre que, dans certains cas, les agriculteurs peuvent devenir partie prenante d'une cogestion des eaux souterraines pour un usage durable de cette ressource.