Au delà de la querelle entre partisans de la protection des marchés et ceux de l'ouverture, on assiste à une pénétration structurelle des importations de riz en Afrique de l'Ouest, presque insensible aux changements de politiques et de contextes. Cette réalité impose de comprendre le comportement des consommateurs envers le riz importé.
Les émeutes de la faim de février 2008 ont révélé la fragilité de la sécurité alimentaire du Cameroun. Toutefois, les importations massives de certaines denrées de première nécessité, telles que le riz, ne pourraient s'interpréter comme une dégradation constante du taux de couverture des besoins alimentaires et une dépendance accrue à l'égard de l'extérieur. Cette dégradation n'est pas confirmée par les chiffres, dès lors qu'on prend en compte la mondialisation des échanges agricoles. Notre analyse s'appuie sur les données de l'Institut camerounais de la statistique et de FAOSTAT, et prend en compte lorsque c'est possible l'articulation instituée par l'Etat Camerounais entre l'achat extérieur et les autres moyens de sa politique alimentaire. Cet article traite de la place de l'alimentation dans les importations, du poids des grandes denrées et de leur part dans l'approvisionnement local avant d'analyser le rôle des importations comme instrument de la politique alimentaire du Cameroun.
Pour préciser la grande diversité des échanges et des consommations à l'intérieur de l'Afrique subsaharienne, un zonage en sept sous-régions (Ouest, Centre-Ouest, Centre-Nord, Est, Centre, Sud, Madagascar) a été réalisé à partir de la demande en produits animaux, de l'homogénéité et de la complémentarité des échanges, et en considérant les unions politiques. Importations et exportations portent en majorité sur les viandes avec une grande diversité selon les zones : solde excédentaire pour la zone orientale, solde déficitaire en Afrique centrale. Toutes les sous-régions identifiées sont déficitaires en produits laitiers avec un déficit global de 428 millions de dollars américains en 1994. Les cuirs et les peaux représentent 15 p. 100 des exportations, et 67 p. 100 de celles-ci sont réalisées par l'Afrique australe. Elles représentent un solde positif et compensent les importations nettes de volailles. Les consommations examinées par sous-régions montrent plusieurs types de consommation et une grande diversité dans les quantités de protéines animales consommées par jour et par habitant allant de 4,2 g en zone centrale à 13,8 g clans la zone de l'Igad (intergovernmental Authority on Drought). Les évolutions des consommations montrent une forte augmentation de la consommation des viandes blanches dans les régimes alimentaires dans la plupart des zones. L'offre montre une grande diversité entre les sept zones tant dans la composition et les effectifs des espèces animales et des produits que dans les importations. Les deux grandes sous-régions importatrices sont l'Afrique centrale et l'Afrique australe.
Au XIXe siècle, l'empire des Indes était le premier producteur mondial de teck. À l'époque anglaise, cette essence était très largement exportée vers l'Europe et servait notamment à la construction navale et à l'ameublement de luxe. Cependant, après l'indépendance, en 1947, les menaces sur les ressources forestières se sont accentuées, poussant le gouvernement central à interdire l'exploitation des forêts en 1980. Ainsi, la production indienne a considérablement diminué et une importation massive l'a supplantée. Actuellement, la filière du teck en Inde est fortement dépendante de la production du Myanmar et de l'Afrique de l'Ouest. Parallèlement, depuis le début des années 1990, une dynamique de plantation de teck est apparue au niveau privé. De grandes compagnies financières ont d'abord lancé le mouvement, suivies par des planteurs individuels, agriculteurs ou non. Ainsi, en Inde du Sud (Karnataka, Kerala, Tamil Nadu), les paysages ruraux ont été modifiés, et il n'est plus rare aujourd'hui de voir des plantations de teck au milieu de champs. Cet article présente l'organisation actuelle de la filière teck en Inde du Sud, décrit et analyse les motivations de ces planteurs privés, et propose une réflexion sur l'avenir de cette filière, notamment la place future de la foresterie paysanne du teck.
Même si les discussions ont été plus denses que lors des précédentes éditions (Australie 2000 et Costa Rica 2002), c'est encore une fois la banane qui a sorti de son apathie toute diplomatique les participants au groupe intergouvernemental de là FAO sur la banane et les fruits tropicaux (Canaries, 2004). Il est vrai que les échéances à venir sont primordiales pour tous les pays fournisseurs. Côté fruits tropicaux, la quasi absence de professionnels du secteur n'a pas permis de sortir des sentiers (re)battus. C'est promis, la prochaine session (Equateur, 2005) s'ouvrira davantage au monde professionnel.
Le riz est devenu une céréale importante dans les modes de consommation en Afrique de l'Ouest, notamment à Bamako, au Mali, et Abidjan, en Côte d'Ivoire. La consommation devrait continuer à croître et se pose alors la question de l'adéquation entre l'offre de riz local et la demande. La qualité du riz est l'un des critères pris en compte par les consommateurs. C'est alors un élément incontournable pour comprendre l'adéquation entre l'offre et la demande ainsi que l'efficacité des politiques rizicoles successives qui ont toujours visé à développer la production nationale pour satisfaire les besoins nationaux. Les filières riz en Afrique de l'Ouest ont été libéralisées dans les années 1990 après plus d'une décennie d'intervention de l'Etat. Le Mali et la Côte d'Ivoire présentent cependant des situations contrastées quant à la consommation de riz qui est essentiellement satisfaite par le riz local artisanal au Mali alors que la Côte d'Ivoire est marquée par des habitudes d'importation. L'évolution de la structure de l'offre est analysée en termes de qualité de riz présent sur les marchés et de préférence des consommateurs. Les stratégies des commerçants et les changements de comportement des consommateurs sont décrits. Quelques pistes de réflexion pour les politiques rizicoles sont identifiées.
Au Sénégal, la dévaluation du FCFA est intervenue dans un contexte de profonde mutation de la filière rizicole, avec la libéralisation de la commercialisation et de la transformation du paddy, et le resserrement du crédit. L'évolution des résultats économiques et des comportements des opérateurs de la filière résulte ainsi d'une combinaison complexe des effets de la dévaluation, de la libéralisation et de la poursuite d'un assainissement financier qui, avant 1994, avait déjà entraîné un repli de la production. L'analyse présentée a été centrée sur une comparaison des conditions de production, transformation et commercialisation du riz dans le delta du fleuve Sénégal, entre les campagnes 1993/94 et 1994/95 qui encadrent la dévaluation. Avec le système de prix du riz qui a prévalu en 1994/95, la plupart des catégories d'opérateurs ont subi une baisse sensible de leur revenu. Malgré l'adoption par les pouvoirs publics d'une politique de protection significative, les perspectives restent très incertaines
La société Pomona est une société familiale française de distribution de fruits et légumes, de 11 milliards de francs de chiffre d'affaires. Concernant la filière banane, Pomona est importateur de bananes vertes, environ 150000 tonnes, plus particulièrement d'origine antillaise, et mûrisseur de bananes, quasiment 140000 tonnes. Toutes leurs mûrisseries sont certifiées et environ 60 % des bananes mûries sont antillaises. Les initiatives de Pomona en matière de segmentation de marché sont présentées : la segmentation variétale banane, la segmentation en mode de production (la banane bio, la banane fair trade ou commerce équitable), l'agriculture raisonnée) et la segmentation utilisation (la petite banane en sachet, la banane gustative : la banane des Canaries)
Les importations mondiales de thé se sont développées de manière régulière et relativement soutenue (3 % par an) au cours de ces deux dernières décennies mais la structure du marché a profondément changé. Autrefois le marché était organisé autour d'un face à face entre le Royaume-Uni et le couple Inde-Sri Lanka. Désormais quatre pays se disputent la place de premier exportateur (Inde, Sri Lanka, Chine et Kenya) tandis que les importations sont dispersées entre un grand nombre d'acheteurs au comportement souvent peu prévisible (Russie, pays du Golfe). De plus le développement de la consommation dans les pays producteurs asiatiques est lourd de conséquence pour le fonctionnement du marché. Les échanges mondiaux qui représentaient 75 % de la production mondiale dans l'immédiat après-guerre, n'en représentent plus que 42 %. Or, le développement dans les pays producteurs, les conduit, à adopter des politiques visant à isoler le marché intérieur du marché international
Les importations de riz en Afrique connaissent une forte augmentation depuis le milieu des années 70. La production locale ne permet pas de satisfaire l'expansion rapide de la demande et le riz local est souvent concurrencé par le riz importé. Le travail cherche à apporter des éléments d'explication à cette croissance des importations, en analysant les déterminants de la compétitivité du riz importé par rapport au riz local. Après avoir resitué les importations africaines dans le cadre général des échanges mondiaux de riz, une analyse comparative est menée entre les quatre pays étudiés selon trois axes : - Les conditions de production, de transformation et de commercialisation (en terme de structures et de coûts). - L'évolution des politiques rizicoles et leur impact sur le développement de la production et des échanges avec le marché international. - Le rôle des opérateurs privés dans le développement des échanges et dans les orientations des politiques rizicoles
Longtemps principal producteur et exportateur de soja, la Chine a perdu sa position de leader mondial au bénéfice des Etats-Unis dans les années 5O. Bien que ce grain n'ait pas été concerné par la Révolution Verte comme le riz, le maïs ou le blé, la production de soja a doublé en Chine ou cours du dernier quart de siècle. Pourtant les besoins du pays - notamment pour l'alimentation animale - progressent plus vite que la production de soja : Ia Chine est devenue importatrice nette de graine, de tourteau et d'huile au milieu des années 90. A l'intérieur de son territoire, les systèmes de production diffèrent selon les régions et la superficie emblavée en soja varie beaucoup en fonction de son prix relatif avec le maïs. Suite à la désétatisation de cette filière dans le pays et à la libéralisation du commerce extérieur, on assiste actuellement à une modernisation de l'industrie de trituration dont les effets en termes de compétitivité pourraient se faire sentir dans les autres pays producteurs.
Live animal trade is considered a major mode of introduction of viruses from enzootic foci into disease-free areas. Due to societal and behavioural changes, some wild animal species may nowadays be considered as pet species. The species diversity of animals involved in international trade is thus increasing. This could benefit pathogens that have a broad host range such as arboviruses. The objective of this study was to analyze the risk posed by live animal imports for the introduction, in the European Union (EU), of four arboviruses that affect human and horses: Eastern and Western equine encephalomyelitis, Venezuelan equine encephalitis and Japanese encephalitis. Importation data for a five-years period (2005-2009, extracted from the EU TRACES database), environmental data (used as a proxy for the presence of vectors) and horses and human population density data (impacting the occurrence of clinical cases) were combined to derive spatially explicit risk indicators for virus introduction and for the potential consequences of such introductions. Results showed the existence of hotspots where the introduction risk was the highest in Belgium, in the Netherlands and in the north of Italy. This risk was higher for Eastern equine encephalomyelitis (EEE) than for the three other diseases. It was mainly attributed to exotic pet species such as rodents, reptiles or cage birds, imported in small-sized containments from a wide variety of geographic origins. The increasing species and origin diversity of these animals may have in the future a strong impact on the risk of introduction of arboviruses in the EU.
La hausse généralisée des prix des céréales sur le marché international en 2007 à 2008 a remis en cause les politiques de libéralisation, dont les détracteurs soulignent qu'elles ont accentué l'insécurité alimentaire des pays les plus vulnérables. En prenant l'exemple du riz en Afrique de l'Ouest, nous mettons en perspective les effets des changements de politiques de soutien à la riziculture, passant de l'intervention publique à la libéralisation, et l'évolution des importations en riz de la région. On constate que la détérioration régulière de l'équilibre production-importation est d'abord liée à un changement de style alimentaire de la population plutôt qu'à un déclin de la production. En comparant l'évolution de la production dans six pays de la sous-région, dont trois ont largement ouvert leur marché du riz à la concurrence internationale, alors que les autres ont maintenu un niveau de protection plus élevé, on constate qu'il est difficile d'associer de façon univoque une amélioration de la production de riz par tête à une politique commerciale. Au-delà du débat opposant les promoteurs de la libéralisation aux partisans de la protection, les décideurs devraient donc être attentifs au renforcement des processus d'adéquation, quantitatifs et qualitatifs, entre production rizicole locale et demande urbaine, car ils jouent un rôle crucial pour que les riziculteurs ouest-africains répondent aux incitations de ces deux options de politique.
Le riz occupe une place prépondérante dans la diète alimentaire des Africains. Il représente plus de 25 % du total des céréales consommées, se plaçant au deuxième rang derrière le maïs. C'est en Afrique de l'Ouest que le riz a connu l'essor le plus important au cours des 20 dernières années. Malgré les progrès observés, en termes d'extension des surfaces rizicoles et d'intensification, la production rizicole africaine reste insuffisante pour faire face aux besoins qui progressent sous la triple pression de la croissance démographique, de l'urbanisation et de l'augmentation de la consommation par habitant. Le taux de couverture de ces besoins est de 60 % seulement, contre 80 % au début des années 1960. Les importations de riz ont donc fortement augmenté durant les 20 dernières années, en particulier en Afrique de l'Ouest. Du fait de sa dépendance extérieure, cette région est soumise à l'instabilité des marchés internationaux. La crise des prix mondiaux des denrées alimentaires en 2008 a constitué un choc conséquent, surtout pour les catégories sociales les plus démunies. Elle a aussi donné lieu à des réactions positives de la part des acteurs privés et publics, avec notamment un retour sur scène des États par le biais de nouvelles politiques de soutien à la production rizicole. Des initiatives de relance plus ou moins ambitieuses ont aussi été prises, avec une certaine réussite. Toutefois, ces dynamiques semblent s'essouffler et l'on constate une reprise de l'augmentation des importations de riz depuis 2010. Aujourd'hui, l'Afrique de l'Ouest constitue le premier pôle d'importation avec près de 20 % du total mondial.
Alors que des importations céréalières devraient permettre de combler les déficits de l'offre locale et favoriser ainsi une stabilisation des prix, elles s'ajoutent aux excédents des dernières années et n'empêchent pas une forte instabilité de se manifeester sur les marchés ruraux structurellement excédentaires. Les conditions de régulation des marchés de biens agricoles de base sont discutées afin de juger de la nature des déséquilibres qui s'y exercent. Une instabilité des prix partiellement construite par le fonctionnement du marché (décision en situation d'incertitude) amène à reconsidérer la mise en oeuvre des importations. Une représentation fine des contraintes de l'économie locale s'avère indispensable pour juger de leur impact (stabilisation ou concurrence) sur l'économie locale. Une analyse statistique permet de définir les hypothèses de la recherche. L'analyse de l'intervention des institutions étatiques et para-étatiques participant à la gestion des importations permet alors d'expliquer leur dynamisme. Elle souligne les biais et contradictions d'une politique centralisatrice, tiraillée entre des objectifs contraires, et les impasses d'une gestion autoritaire des marchés, incapable de respecter les contraintes des acteurs privés. Cette analyse conduit à préciser les objectifs et contraintes essentiels des acteurs privés pour juger d'une gestion optimale des importations. Les déterminants de l'instabilité des prix des zones rurales excédentaires et l'incicdence des importations sur les circuits d'échange privés sont précisés