Depuis leur création, les réseaux APM Afrique et RIAD, ont identifié la question des organisations paysannes et indigènes, de la structuration du milieu rural, comme un thème stratégique devant être abordé simultanément et de façon articulée aux niveaux local, national, sous-régional, continental et international. [.] L'atelier a permis de prendre connaissance des questions centrales qui préoccupent les responsables paysans ainsi que les responsables techniques et politiques en Afrique du Sud, en matière d'appui aux agricultures familiales. - plusieurs exposés ont eu lieu sur la réforme foncière (dont un fait par le Ministre de l'Agriculture); - les visites ont mis en évidence la diversité des initiatives en matière d'appui à l'agriculture, l'importance des défis (absence de tradition agricole dans les communautés visitées, faiblesse de la structuration sociale, poids du modèle des grands fermiers, etc.).
L'île de Mayotte, où dominent encore des règles musulmanes et coutumières privilégiant les dynamiques collectives aux initiatives individuelles, est engagée dans une série de réformes institutionnelles devant la conduire au statut de département français. L'ancrage dans l'ensemble français entretient un fort développement économique mais remet aussi en cause les institutions anciennes de régulation, fondées sur la réciprocité et la solidarité familiale et villageoise. En s'appuyant sur l'exemple du secteur agricole, l'article examine conjointement les mécanismes de pénétration marchande et les contre mouvements de nature non marchande que les acteurs locaux mettent en oeuvre pour gérer cette situation de pluralisme institutionnel.
Les espaces ruraux d'Asie du Sud-Est sont à un tournant. D'une part, leur pic démographique est passé et ils sont confrontés à une transition urbaine modifiant les régimes alimentaires, augmentant la pression sur le sol, réduisant la main d'oeuvre disponible. D'autre part, les défis à relever sont considérables : nourrir une population urbaine croissante et soutenir l'émergence économique, mais sans hypothéquer l'avenir par des pratiques aux effets négatifs au plan environnemental et sanitaire.
Du fait de la rapidité et l'ampleur des changements qu'il induit en Afrique subsaharienne, le numérique transforme les modèles politiques, économiques, sociaux et culturels traditionnels. Mais à qui ces changements profitent-ils ? Ces technologies participent-elles à une transformation structurelle profonde des économies et sociétés ouest-africaine, en rupture avec les modèles de développement observés jusqu'alors ? Cet article synthétise l'état des connaissances mobilisables sur la nature des relations entre le numérique et la transformation structurelle des économies africaines (mise en commun des ressources, industrialisation des services, risques d'une gouvernance globalisée) et sur l'émergence à plusieurs niveaux de cadres de régulation de ce secteur technologique. Nous mobilisons pour ce faire différentes expériences empiriques dans la gouvernance de l'espace francophone, dans l'accompagnement des politiques de recherche et d'innovation nationales et dans l'analyse des conditions du développement du numérique dans le secteur agricole. Nous documentons ainsi le champ des opportunités et des risques que constitue l'exploitation de ces technologies dans le cadre du développement de l'Afrique francophone.
This paper makes use of a recursive agricultural sector model to assess the impact of the economic and agricultural reforms undertaken under different Structural Adjustment Programmes (SAP) on food security in Benin. The most relevant food security indicators included in the model are food production and its consequences with regard to rural income changes, changes in food composition at the rural level and the caloric intake of urban consumers. The results show that while the reforms improved nominal income for almost all types of farmers, especially cotton producers and among them particularly those with animal traction, the social costs in terms of urban welfare decline have been high, notably for low and medium-income groups. Simulated food prices under reforms are higher than those without, which has led to a decrease in urban consumers'caloric intake (as a percentage of FAO recommended caloric requirements), especially that of low and medium-income households. The results show the high vulnerability of poor consumers: since their intake was very close to the FAO minimum requirements, any external shock in the form of higher food prices endangers their food security. The results have been confirmed by our findings from the survey carried out in 1997 in the Borgou Province, the most important agricultural production area of the country, where the reforms have contributed to a decrease in food production and marketing in favour of cotton production. To mitigate the negative effects of SAP on poor urban consumers, who are the main losers, vitally important measures which could be recommended include employment or food for work programmes, and promotion of private sector development (résumé des auteurs)
La politique agricole réunionnaise accorde une grande importance à la filière canne. Cette domination de la canne à sucre sur les autres filières est une conséquence du passé colonial, lorsque la Réunion était une " île à sucre ". Aujourd'hui, le contexte a changé. La Réunion et les activités économiques qui s'y développent sont insérées dans des systèmes imbriqués qui surimposent d'autres niveaux d'organisation aux potentialités et contraintes locales. Alors que les politiques agricoles productivistes sont remises en cause et que l'on cherche à valoriser les fonctions non productives et non marchandes de l'agriculture, la politique agricole cannière reste empreinte du passé colonial et évolue difficilement. L'observation des pratiques institutionnelles relatives au maintien de la filière et à la protection du foncier agricole témoigne de la difficulté de concilier approche productiviste et développement territorial.
Mayotte, île française de l'océan Indien, est engagée dans un processus de transition institutionnelle, économique et sociale majeure pour obtenir le statut de département en 2010. L'alignement sur la métropole s'accompagne de nouvelles opportunités de revenus et d'un accès facilité aux subventions agricoles, mais induit également une réforme du système de propriété foncière. L'objectif de cet article est d'identifier les impacts de ce changement institutionnel sur la gestion de l'activité agricole des ménages ruraux.
L'analyse de l'efficacité des marchés agricoles ne peut se faire qu'en se référant à une théorie permettant une représentation de ces marchés. Elle suppose la comparaison entre des situations réelles et des représentations stylisées que la théorie propose. Il existe plusieurs théories de référence. Certaines sont brièvement rappelées. Aucune ne suffit à embrasser la complexité des phénomènes économiques et sociaux à l'oeuvre dans le fonctionnement des marchés. Mais chacune offre un angle de vue particulier utile pour la connaissance et pour préparer des décisions publiques visant à l'amélioration de l'efficacité. En Afrique, la grande diversité des formes de marché amène aussi à utiliser ces théories en vue d'élaborer des typologies permettant de représenter les différents aspects de cette diversité et de faciliter la compréhension des économies de marché dans leur ensemble. Cinq cas de filières ont été analysés ce qui est très insuffisant pour tirer des conclusions. D'autres références d'études de filières et de marchés ont été utilisées en complément. L'analyse conforte l'idée que l'efficacité d'un marché ne peut d'abord se concevoir que dans les cadres institutionnels propres aux sociétés dans lequel il se situe. Mais tout système de marché peut changer de cadre institutionnel au cours du temps, en vue, notamment, de satisfaire à de nouveaux critères d'efficacité qui servent alors de critères de jugement. C'est actuellement le cas en Afrique où s'impose peu à peu un cadre de marché basé sur la référence de concurrence parfaite qui fait émerger des formes plus libérales de fonctionnement des marchés. Dans ce contexte, il reste que, pour comprendre les phénomènes en cours, le cadre d'analyse de la concurrence parfaite est insuffisant et qu'il est utile d'en utiliser plusieurs de manière éclectique afin de limiter les risques de définition d'application de politiques inappropriées.
In Vietnam, the dairy sector has emerged since the 2000s, in response to the rapid growth of the demand for dairy products. After having supported small-scale dairy production farms, the national policies since 2008 (the "2020 Livestock Development Strategy" in 2008, and the "Livestock sector Restructuring Action Plan towards greater Added Value and Sustainable Development" in 2014) highlighted the government's priorities for large-scale and industrial farms. Those recent programs focused on reducing the import dependency to meet the increasing domestic demand and improving price competitiveness vis-à-vis imported dairy products. However, in the context of a rapid transition of the economy and of the ecosystems, smallholder and family farms are still the mainstay of the agricultural sector and continue to play an important role in sustainable development. The present study raises the question of the viability, sustainability and inclusiveness of different dairy farming models, taking into account the land constraint (farmland availability: 0.8 ha per farm, 0.12 ha per capita), labor abundance, especially in agriculture (50% of the total active population) as well as the environmental challenges related to animal products value chains. This thesis aims to contribute to the current policy debates in Vietnam in order to know whether the future dairy sector should be based on family farming or on large-scale production. The first section is dedicated to the analysis of the structural and agrarian transformation in relation to the ongoing dynamics of the livestock and dairy sector more weighted on the larger commercial farms. To better understand the market dynamics, the second section characterizes the governance of the dairy value chain in the largest milk-shed in the Red River Delta (Ba Vi district, Ha Noi). Based on interviews with 70 actors involved in local dairy value chain, the thesis underlines factors shaping a mixed relational-captive governance and the close connection between the local authorities and firms that might threaten the inclusion of smallholder dairy farmers in the chain. In the third section, we report on a participatory scenario planning exercise conducted with stakeholders of the dairy sector (one scenario planning seminar at district level, two seminars at the national level) to discuss about future policy orientations. In support to this participatory scenario planning, a quantitative simulation was done. 4 potential plausible scenarios for the Vietnamese dairy sector until 2030 were drawn up. In all scenarios, Vietnam still has to import large quantities of milk products and animal feed raw materials from abroad, but the 4 proposed scenarios differ on policy implications upon labor absorption, land availability and efficiency, and environmental impact. In particular, a "Dual System" scenario is discussed to accommodate different farm models (private mega-farms, specialized family farms and mixed crops-livestock farms) in view of balancing supply and demand as well as adapting to the puzzles of local land, labor and environment. Taking into account the co-existence and cohabitation of the different farms, appropriate policy actions are needed to ensure the sustainable and inclusive development of the dairy sector.
Dans les pays d'Afrique subsaharienne, la transition démo-économique se traduit par une croissance de la population inégalée à l'échelle historique ce qui questionne la capacité des cadres de production actuels à assurer les moyens d'existence des populations, ainsi que leur renouvellement qui permet aux sociétés de perdurer dans le temps. Dans un monde globalisé devant faire face au changement climatique et à ses conséquences environnementales, cette situation remet au goût du jour les débats sur les modalités du changement structurel qui supporteront les transitions démo-économiques des pays d'Afrique subsaharienne. Parmi ces modalités, cette thèse fait le choix d'explorer la trajectoire rurale et agricole. Pour renseigner les conditions de réalisation de cette trajectoire, la thèse adopte une approche singulière qui considère le changement structurel comme celui de l'évolution, dans le temps long, des modalités de la reproduction socio-économique des ménages ruraux. Pour étudier cet objet, l'originalité de la thèse est d'articuler une approche institutionnaliste du changement structurel avec une méthodologie comparative et historique qui utilise les trajectoires d'insertion socio-économique d'une succession de générations de jeunes ruraux pour représenter le temps long. Ces trajectoires ont été reconstituées à partir de données biographiques originales collectées dans quatre zones rurales du Sénégal et de la Zambie auprès de 525 ménages. Après avoir élaboré un modèle théorique institutionnaliste, la thèse produit tout d'abord une typologie des trajectoires d'activité et de mobilité des jeunes ruraux à partir de laquelle sont identifiés des changements d'ordre générationnel dans les modalités d'insertion des jeunes. La mise en relation de ces changements avec le cadre institutionnel dans lequel chaque génération s'insère aboutit à l'identification des institutions déterminantes des modalités de reproduction socio-économique des ménages ruraux en fonction de différentes situations agricoles et socio-économiques en Afrique rurale. Ensuite, la thèse identifie les relations de dépendance entre le modèle agricole familial et la manière dont les générations successives de jeunes ruraux mobilisent l'activité agricole pour s'insérer dans le système productif. La thèse affirme que le modèle agricole familial, modalité historique de la reproduction des ménages ruraux caractérisé par des liens organiques entre la famille et l'unité de production, se recompose sans cesse pour continuer à être le support de l'insertion des jeunes ruraux. Cette recomposition passe par des ajustements institutionnels dans la relation au capital et au savoir des jeunes mais implique une crise plus profonde des institutions sur l'accès à la terre et les modalités de la prévoyance collective ce qui suggère la recherche de nouveaux mécanismes de régulation impliquant différents niveaux d'autorité politique. Ces nouveaux mécanismes sont une des conditions indispensables de la transformation des économies rurales pour qu'elles puissent supporter les transitions démo-économiques des pays d'Afrique subsaharienne.
Au-delà de la transition idéologique, les réformes foncières, agraires et territoriales sont souvent présentées comme des conditions préalables de stabilisation politique, sociale et économique en Afrique du Sud. Cependant, 16 ans après la fin de l'apartheid, le pays n'a pu effacer les dualités agricoles et territoriales - construites lors de la période d'apartheid. Cet article défend la thèse qu'ils se sont même renforcées, en montrant que les instruments basés sur une libéralisation et une restructuration du secteur accompagnés de quelques mesures au cas par cas n'ont que très peu contribué à supprimer les inégalités territoriales, foncières et agricoles existantes. Il soutient par ailleurs que le renouveau de l'intérêt agricole au niveau global et sud-africain en particulier conduit au développement d'une agriculture capitaliste et industrielle au sein des territoires traditionnellement blancs, se traduisant par une concentration poussée du secteur, ce qui tend à renforcer la dualité des structures agricoles et territoriales sud-africaines.
La marge de manoeuvre des politiques agricoles africaines a été considérablement réduite ou cours des années 1990, du fait de l'existence de nombreuses contraintes issues de l'environnement économique international. Parmi celles-ci, les conditionnalités liées aux Programmes d'Ajustement Structurel ont pesé de manière déterminante sur l'évolution des modalités de l'intervention publique dans le secteur agricole. L'État s'est largement désengagé des activités de commercialisation et de transformation de la production agricole, mais peine à définir une nouvelle stratégie de développement prenant en compte les intérêts du secteur. L'appui à la professionnalisation du monde paysan et à Ia formation d'interprofessions reste timide, et le chemin menant à la réorganisation de filières agricoles centrées sur l'initiative privée reste long et difficile.
During the period of 1950 through 2000, a green-revolution-based model mostly for commodities boosted global agricultural production. From the 70's, this design became consolidated in Brazil and other countries because of policies and strategies by states and private groups. However, some doubts has been raised on its environmental and socioeconomic issues, in special for family farming. This study aimed to contribute by identifying changes and resistance in agricultural structures, systems and demographic aspects of this model and its adoption by farmers. It was carried out in the state of Paraná - Brazil, within the microregion of Toledo and in the northern pioneer area, which represent the history and diversity of this state about socioeconomic and human aspects, as well as technical development. It was based on statistics of agricultural censuses (1970, 1975, 1980, 1985, 1996 and 2006), population censuses (1970, 1980, 1991, 2000 and 2010) and municipal agricultural production data (1980-2012). Data from both areas were compared to each other and analyzed in face of state changes. There has been a decrease in farming properties and rural population, with an outstanding decline in the number of young people and women. Moreover, results showed a large reduction of properties with 20 to 50 ha, and an increase in those of up to 2 ha. Such decline is due to technological standard changes throughout the period, as well as recent grants offered to rural areas, as housing and leisure spaces. Both regions showed expansion of soybean plantations, but integrating distinctively to agriculture and, finally, family farming continuity, despite the intense changes.
The objective of this paper is to discuss Africa's structural transformation, its food and employment challenges, in light of renewed dynamics, more particularly China's involvement in the continent's agricultural sector. Data is scarce and often very contradictory, but what becomes evident is that China's role in agriculture in Africa, and particularly related to the land grab phenomenon, is not as significant as initially put to the fore. China promotes an uncertain "aid, business, and trade" model where the "business and trade" components seem to increasingly take the lead and which are often disconnected from the characteristics of the African context. As such, the paper, besides highlighting the lasting importance of the rural sector for food security and poverty alleviation in a context of Africa's limited economic diversification, it suggests possible stronger Chinese contribution to the policy debate through experience sharing and dialogue within Africa and at the global level.
La récente crise des prix des matières premières agricoles a été utilisée par certains investisseurs publics ou privés pour justifier la course aux terres en Afrique sub-saharienne. Elle a simultanément relancé le débat sur les modèles de développement agricole et remis en avant l'opposition entre small-scale et large-scale farming. Après avoir rappelé un contexte où les discussions sont compliquées par les effets d'annonce et l'estimation très imprécise de l'ampleur de cette course aux terres, l'article propose une clarification du débat sur les enjeux des modèles agricoles. Les agricultures familiales sont la forme d'agriculture dominante dans le monde et leur diversité exprime un " continuum " de situations qui illustre les réalités des systèmes agraires et des marchés. Leur permanence s'explique par leurs atouts face à l'agriculture d'entreprise et l'histoire agricole mondiale a montré leur remarquable capacité d'innovation, largement déterminée par les conditions de l'environnement économique et institutionnel. En Afrique, la faiblesse des moyens techniques et financiers des agriculteurs et leur pauvreté constituent de lourds handicaps exacerbés par un environnement peu favorable. Pourtant, contrairement aux mirages de l'agriculture d'entreprise à grande échelle qui pourrait apparaître comme une solution facile, ce sont les agricultures familiales, qui concernent le plus grand nombre, qui doivent être soutenues. Ce choix constitue une réponse appropriée à la faible diversification des économies africaines et au poids considérable des emplois agricoles dans leur structure d'activité.