La recherche agricole ne peut rester à l'écart des débats internationaux sur les distorsions de concurrence induites par les subventions accordées aux producteurs ou aux filières cotonnières des pays industrialisés. Elle ne peut non plus ignorer les impacts environnementaux négatifs de la culture, ou les rémunérations modestes qu'en tirent les agricultures familiales au sein de filières en quête de légitimité sociale. Traditionnellement questionnée sur les systèmes de culture et la productivité de la terre, la recherche cotonnière doit se saisir de questions plus complexes qui se posent au niveau des exploitations agricoles, des bassins de collecte des usines d'égrenage, des périmètres irrigués ou des bassins-versants, voire des marchés internationaux. L'identification des nouveaux acteurs issus de la privatisation des filières intégrées, l'analyse de leurs pratiques et de leurs relations, le cas échéant au sein d'interprofessions, sont des défis nouveaux qui justifient l'appel à des disciplines encore faiblement mobilisées par la recherche agricole et relevant de l'écologie, des sciences humaines et de gestion, de la géographie et de l'histoire. Ces ouvertures sur la complexité requièrent de nouveaux outils conceptuels, de nouvelles échelles spatiales, de nouveaux pas de temps, de nouveaux partenariats et de nouveaux systèmes d'information. Ces approches renouvelées devraient permettre de produire des informations sur les principaux systèmes de production cotonniers mis en concurrence, sur la recomposition planétaire des flux commerciaux, sur les enjeux écologiques de la culture et de la filière de transformation. Ces informations doivent être formulées de façon à leur donner du sens pour l'ensemble des acteurs des sphères publiques, privées et associatives, notamment les petits producteurs du Sud.
La production cotonnière dans les pays de l'Afrique Zone Franc (AZF) procède exclusivement des exploitations familiales d'une taille moyenne inférieure à 5 ha. A partir du début des années 1990, les pays de l'AZF globalement se sont hissés au troisième voire second rang à l'exportation du coton dans le monde. Un tel aboutissement peut être considéré comme le résultat de quatre décennies de construction institutionnelle pour tenir compte des contraintes et des objectifs des paysans. Depuis le milieu des années 1990, ces pays sont engagés dans un processus de privatisation/libéralisation, suivant des modalités variables, dans le cadre d'une adaptation des politiques économiques à la mondialisation. Des changements drastiques sont aujourd'hui observés dans les domaines de mécanisme de fixation de prix, d'approvisionnement des producteurs en intrants et de fourniture de crédit. etc. Ces changements ont induit des modifications dans le partage des responsabilités entre les acteurs des secteurs coton, avec des modalités qui ont engendré dissension et incertitude au sein des secteurs. Tout cela est illustratif du caractère construit des arrangements institutionnels qui peuvent difficilement être acceptables d'emblée pour tous. Cet article propose une analyse de la construction institutionnelle pour appréhender les principales contraintes et/ou préoccupations des paysans producteurs des pays de l'AZF.
Multiple-factor adoption of GM Cotton in China: Influence of conventional technology development and rural change in Jiangsu Province Abstract The large diffusion of Genetically Modified Cotton (GMC) in China, namely Bt-Cotton, has been well evidenced but recent report on its reduced profitability raises the issue of long term adoption. This paper targets to point out that the adoption of Bt-Cotton in China has not depended only on its specific advantages in controlling pests. It focuses on the specific case of Jiangsu Province, along the Yangtze River Valley, for which the use of GMC is little reported in publications accessible to most scientists of the international community. The paper synthesizes the recent analyses published in Chinese from people involved either in research or in extension activities and it exploits the results of a survey implemented in 2005 as well as the data of the network of multi-location experiments of cotton varieties in the Yangtze River Valley. It comes out that in Jiangsu Province, the diffusion of GMC has benefited a lot from the modernization of the seed sector which has integrated Bt trait into hybrid cultivars which are perfectly adapted and profitable to the transplanting technique. In spite of a rather limited reduction in the cost of pest control, farmers should not abandon using Bt-Cotton, because the evolution of Chinese farming does not push cotton growers to be so much vigilant in optimizing their production costs, unless seed prices keeps on tremendously increasing. The continuation of a profitable use of GMC should require some move to better regulate the seed sector.
Dans les savanes d'Afrique centrale, la culture cotonnière, stratégiquement importante dans les économies nationales et les revenus des producteurs, et inséparable des actions Etatiques à travers les Sociétés cotonnières, est en crise. Cette communication porte sur l'évolution des politiques cotonnières, les stratégies adaptives et l'accompagnement des agriculteurs à cette crise à partir d'études sur les exploitations agricoles et les stratégies des producteurs, et d'activités d'appui-conseil réalisées en zone cotonnière au Cameroun, au Tchad et en Centrafrique entre 2000 et 2007 dans le cadre du PRASAC. Cette crise est due aux dysfonctionnements du système en place et à la baisse des prix du coton qui ont amené des déficits financiers importants conduisant à un processus de restructuration des filières en cours visant le désengagement de l'Etat et la promotion des organismes professionnels. Dans ce contexte, les superficies en coton diminuent globalement et les agriculteurs développent des stratégies de recomposition de leurs activités, allant de l'augmentation à l'abandon de la culture du coton dans l'assolement. Ces stratégies défensives ont un coût social que les agriculteurs cherchent à minimiser en développant des stratégies offensives basées sur une solidarité de groupe, mais leur marge de manoeuvre est limitée. Le devenir de leurs exploitations dépend de leur degré de dépendance du coton et de leurs capacités à diversifier leurs activités. Dans cette période d'incertitude, les changements dans les exploitations doivent être accompagnés et un appui doit être apporté aux organisations paysannes.
Même si le secteur primaire tchadien est dominé depuis 2003 par les activités d'exploitation pétrolière qui contribuent à hauteur de 64,6% de la valeur ajoutée, l'agriculture avec le coton demeure prépondérante dans la mesure où 338 500 exploitations soit 80% des 423 000 exploitations agricoles de la zone soudanienne en cultivent. Environ 2 millions de personnes en dépendent en terme de revenu. Depuis plusieurs années, le secteur coton va mal, mais la politique de libéralisation de la filière cotonnière, prônée par la Banque mondiale depuis 1999, a encore du mal à aboutir car elle butte sur deux réalités : l'enclavement du pays et le marasme économique que connaît la société cotonnière tchadienne. Les modalités de privatisation de la société cotonnière restent indécises, plusieurs scenarii sont envisagés mais aucun ne semble emporter l'adhésion des acteurs impliqués. Les producteurs de coton manifestent pour le moins une circonspection par rapport au processus de libéralisation. Cela est révélé par les résultats de l'étude menée essentiellement, mais pas exclusivement, dans deux villages (Ngoko et Nguétté). La productivité actuelle en culture cotonnière est limitée par la faiblesse de l'équipement et de l'usage d'intrants. Les paysans expriment le besoin de subventions à l'intensification, cela est cependant peu compatible avec l'orientation de la libéralisation. La résorption de l'appui technique aux producteurs et de la recherche n'est pas un problème réellement abordé dans la réforme proposée. Aussi, l'aboutissement du processus de réforme demeure incertain.
Le coton est une fibre végétale tissée depuis plus de 8000 ans. Il est cultivé en Afrique de l'Ouest depuis le début du XXième siècle. Il représente une source de devises étrangères et d'emploi rurale important pour ces pays. Depuis les années 90, le coton africain subit une crise engendrées par des distorsions du marché provoquées par les politiques de soutien de quelques pays. Une manière de limiter les effets de ces évolutions serait de développer un label de qualité du coton produit en Afrique. Un des points sur lesquels pourrait se fonder ce label est l'aspect environnemental: le coton a besoin de traitements insecticides fréquents, mais les insectes présents en Afrique sont beaucoup moins virulents que les insectes présents en Amérique. Au Mali, la culture du coton est peu intensive et récoltée manuellement, en comparaison aux grosses exploitations entièrement mécanisées du Brésil ou des Etats-Unis. La protection du cotonnier demande plus de 15 traitements insecticides en Amérique contre 5 au Mali à des doses bien inférieures. Afin d'évaluer quantitativement l'impact environnemental de la culture du coton, l'étude s'appuie sur un indicateur agro-environnemental. Cet indicateur adapté aux différentes pratiques agricoles et conditions du milieu montre un impact acceptable de la culture de coton au Mali, à l'inverse de celles des Etats-Unis et du Brésil. Malgré tout, un effort reste à fournir pour adapter les campagnes de traitements du cotonnier au Mali, qui restent trop souvent dangereuses pour l'opérateur.
Les secteurs coton de par le monde font face à de nombreux problèmes qui sont tout à fait bien rapportés par les journaux en ligne. Beaucoup de ces problèmes sont propres au fonctionnement interne de ces secteurs dans les pays concernés. Ils sont peu liés à la question internationale de distorsion de marché, correspondant au "dossier coton" de l'OMC. Un grand nombre de ces problèmes est commun à de nombreux pays. Le manque de fourniture de service de base pour la production n'est pas un handicap spécifique aux pays les moins avancés (PMA). Le coton souffre généralement de coût élevé de production, que l'on recourt ou pas aux variétés transgéniques. Cette observation générale devrait nous interpeller sur le choix du mode de production. Il est étonnant de constater que tant de pays soient confrontés au problème de semences sous diverses formes. Dans certains pays, ce problème est accentué depuis l'adoption du coton transgénique. Au regard de la multitude de problèmes, une grande palette de solutions possibles est mise en oeuvre, essentiellement à l'initiative des gouvernements. Il peut y avoir des réactions provenant des opérateurs privés mais elles visent des domaines très ciblés et elles sont d'ampleur limitée. Certaines mesures mises en oeuvre sont très innovantes ou imaginatives, elles émanent de pays émergents tels que la Chine, l'Inde et le Brésil, en fait des pays qui ont les moyens de la politique qu'ils décident.
La dynamique du système coton au Mali, est défini comme l'ensemble de tous les acteurs impliqués de manière opérationnelle ou institutionnelle dans la production et la transformation du coton. Elle est le résultat de la succession de contradictions et de résolutions de ces dernières. Elle correspond à la liberté de maneuvre des acteurs perçus qui peut les amener à choisir des solutions proposées. Le mécanisme proposé contient son propre influx, en particulier du fait de la possibilité des acteurs non perçus par les décideurs à un moment de revendiquer à être vus, afin que leurs propres intérêts soient pris en compte, lorsque des changements de contexte leur laissent cette opportunité. Il a été procédé à la validation de cette hypothèse en se référant à près d'un siècle d'histoire de développement de la culture du coton au Mali. Il a été mis en évidence les capacités endogènes d'adaptation lorsque le contexte autorisait l'apprentissage avec sa contrainte de durée
L'histoire de l'IRCT, des débuts de la recherche à la coordination de réseaux, à travers les différentes étapes : la mise en place de stations de recherche en Afrique, l'expansion géographique, et l'adaptation continue des programmes. Rentabilité de cet investissement pour les pays bénéficiaires. Un enseignement pour l'avenir de la recherche cotonnière et la coopération scientifique
La Chine est premier producteur mondial de coton depuis plus de 20 ans. L'adoption du coton transgénique, dès 1997, à travers de nombreuses variétés, lui a permis de maintenir son rang en surmontant le problème de résistance aux insecticides. La contribution variétale a résulté d'un changement radical du cadre légal pour promouvoir les marchés des variétés et des semences. Néanmoins, aujourd'hui, tous les acteurs du secteur coton admettent qu'il y a un gros problème de concurrence excessive à partir d'un grand nombre de variétés, responsable des mélanges de variétés et de semences. Cette situation a conduit le gouvernement chinois à décider une nouvelle politique de soutien à l'utilisation des semences de qualité. L'évolution de la politique chinoise dans le domaine des variétés et des semences offre un cas intéressant d'interaction entre l'Etat et le marché en l'espace de vingt ans. Notre papier est une contribution pour analyser le développement des marchés des variétés et des semences en nous penchant sur les interactions entre Etat et marché. Un changement dans la politique cotonnière, consistant à libérer les marchés des variétés et des semences, peut se révéler efficace quand les compétences et les capacités d'investissements existent au moment du changement de politique. Le succès qui en résulte serait de courte durée en absence de régulation pour protéger le développement des marchés d'une concurrence excessive et déloyale. Le cas étudié est une illustration des limites d'une concurrence non régulée. Il est cependant inefficace de réguler en imposant ce que les paysans doivent utiliser. Une telle approche induit déjà des effets pervers en menaçant la viabilité des sociétés semencières.
Dans les zones de savanes d'Afrique, le coton est la principale culture de rente. Cette culture destinée essentiellement à l'exportation occupe au Cameroun environ 360000 planteurs pour une production estimée depuis 2000 à 250000 tonnes de coton graines. Son essor a joué un rôle moteur dans la diffusion des innovations techniques et dans le développement agricole de la zone. Sa production a évolué à travers l'organisation des producteurs dans la gestion du crédit intrants sous l'influence des ajustements de politique cotonnière. Deux périodes ont marqué le développement associatif local. Lors de la phase positive (jusqu'en 2002), la société cotonnière a bénéficié d'une organisation efficace des groupements de producteurs, et inversement. Dans ce fonctionnement appuyé par le financement externe, le principe de caution solidaire a joué un rôle primordial assurant à la société cotonnière un risque de non remboursement fortement réduit. Suite aux politiques de libéralisation du secteur, le processus associatif précédemment fonctionnel avec les GIC s'est réorganisé avec la création de l'OPCC_GIE (Organisation de Producteurs de Coton du Cameroun). L'insuffisance de moyens, pénalisée par un marché mondial défavorable, n'a pas permis à cette organisation nationale de s'acquitter correctement de sa fonction d'approvisionnement en intrants devenus plus chers, livrés en quantités insuffisantes et souvent avec retard. Ainsi apparaît la phase négative, qui perdure avec une tendance à l'aggravation. Le processus associatif paraît chancelant, et de fait rendrait plus difficile la relance de la filière cotonnière.
La mission a permis d'avoir des discussions approfondies avec les chercheurs et/ou enseignants de l'Université agricole du Hebei (HEBAU) et du Research Institute of Industrial Crops (RIIC) de l'Académie des sciences agricoles de la Province du Jiangsu, ainsi qu'avec l'Institute of Soil Science Academia Sinica (ISSAS). Les séjours de terrain ont permis de visiter les champs de coton dans plusieurs comtés des deux provinces et de discuter avec les acteurs impliqués dans la production cotonnière. Les discussions avec les interlocuteurs chinois mettent en évidence une prise de conscience de l'évolution de l'agriculture chinoise dont les problématiques se rapprochent de celles des pays européens. En procédant, pour la première fois, au paiement direct pour soutenir le revenu des paysans des principales provinces céréalières, la Chine commence aussi à converger sur les modalités de soutien aux agriculteurs. Les institutions de recherche et d'enseignement supérieur, si l'on se réfère à celles qui ont été visitées lors de la mission, ont connu une modernisation qui place les collègues chinois dans des conditions tout à fait satisfaisantes de travail. Cette modernisation se concrétise par une mise à niveau des équipements, une amélioration des infrastructures, mais aussi par de nouveaux modes de fonctionnement. Le fonctionnement par projet et la recherche de financement par le montage de projets nouveaux est un autre facteur de rapprochement des institutions chinoises avec leurs homologues européennes. Le système d'incitation financière qui est en vigueur en Chine engendre une forte adhésion des collègues chinois au fonctionnement actuel favorisé par ailleurs par une certaine diversité des sources chinoises de financement. Dans la logique de ce fonctionnement par projet, les institutions rencontrées sont ouvertes à la coopération avec le CIRAD, sous la condition que des moyens additionnels de fonctionnement soient obtenus à travers de nouveaux projets à monter. On peut donc dire que la coopération en recherche avec les collègues doit commencer d'abord par la collaboration pour le montage de projets nouveaux. La production cotonnière en 2004 est très bonne, sans atteindre cependant le record de 1984. Mais comme le prix a beaucoup baissé, la rentabilité de cette production est réduite dans certaines provinces. Les producteurs chinois réagissent à la baisse des prix en réduisant déjà les surfaces cotonnières de 2005. La production chinoise devrait baisser substantiellement l'année prochaine, ce qui peut faire remonter le prix mondial. Sans même attendre la prochaine saison, il est possible que la démarche actuelle de rétention assez généralisée de la production cotonnière se traduise par une remontée des cours, ce qui indiquerait le pouvoir de price-maker des petits producteurs chinois. L'utilisation de variétés de Cotonnier Génétiquement Modifié (CGM) est très répandue, tant dans les provinces de la Vallée du Fleuve Jaune que dans celles de la Vallée du Fleuve Yangse où cette utilisation n'est pas officiellement autorisée. Les modalités de cette utilisation dans la Vallée du Yangse, peu étudiée, sont cependant très différentes, avec notamment un recours très important aux variétés hybrides. La Chine n'est pas seulement intéressante pour l'utilisation massive de CGM, elle l'est aussi pour une certaine diversité des modalités, cela rend davantage attrayante l'étude de cette expérience pour bien d'autres pays. Au niveau de la coopération de recherche cotonnière, la proposition du Jiangsu pour une collaboration avec le CIRAD sur plusieurs années est très prometteuse. Cette proposition donne justement l'opportunité de saisir une image de l'adoption du CGM dans la Vallée du Jiangse, autre que celle rapportée jusqu'à maintenant. Elle ne peut se concrétiser que si les deux parties parviennent à faire face aux engagements de partage des coûts, d'ici l'échéance de fin janvier 2005. Il y a lieu d'être relativement optimiste sur ce point. Dans la Pr
La Chine est le premier pays producteur de coton dans le monde mais sa forte consommation la place en position d'importateur structurel. La production chinoise est issue d'une agriculture familiale, avec une sole cotonnière d'environ 0,3 hectare par exploitation, dont le niveau d'intensification lui permet d'atteindre l'un des rendements les plus élevés au monde. C'est le résultat d'une volonté politique pendant près d'un demi-siècle, à partir d'une recherche dynamique et d'un soutien aux producteurs à travers subvention aux intrants et garantie de prix d'achat. Dès la veille de l'entrée de la Chine à l'OMC, il n'y a plus de subvention directe aux producteurs de coton et la production cotonnière se poursuit dans une filière de plus en plus libéralisée. Le mode d'intensification persiste en raison du développement du marché des intrants; l'utilisation de variétés de coton génétiquement modifié (CGM) s'inscrit comme une nouvelle étape de l'intensification. L'absence de velléité de coordination pour mener des actions collectives pénalise cependant la rentabilité de la production cotonnière et peut hypothéquer la durabilité de l'utilisation du CGM. Les fortes fluctuations de prix découragent les paysans à s'engager dans une spécialisation cotonnière accrue et elles se répercutent dans une production instable. La Chine devrait rester importatrice nette de coton, surtout dans un contexte de déclin de l'activité agricole.
IFDC, CIRAD et leurs partenaires Africains proposent un passage à grande échelle du transfert des technologies qui visent une utilisation plus efficace et plus rentable des intrants externes. Dans l'espace de quelques années, l'introduction participative de la gestion intégrée de la fertilités des sols et des nuisances augmentera la marge des producteurs de coton après remboursement d'intrants de près de 60.000 F CFA/ha/an; à terme une augmentation de 75.000 F CFA peut être envisagé. En d'autres termes, la marge des producteurs pourrait être augmentée de 50% sur la base des prix de 2003.
La sélection cotonnière s'oriente vers l'accroissement de la productivité et des qualités technologiques. Des variétés rustiques, assurant une certaine stabilité du rendement, doivent être sélectionnées. Les besoins des paysans doivent être pris en compte, comme les caractéristiques facilitant larécolte : capsules plus grosses, carpelles non piquants. En protection phytosanitaire, la pulvérisation à très bas volume et la lutte étagée ciblée ont permis de réduire les coûts. Les contraintes au développement de la lutte chimique raisonnée ont été évoquées, en particulier la formation et le suivi. La dégradation de la fertilité des sols est étudiée grâce à une typologie des parcelles fondée sur la réponse à la fertilisation et sur trois indicateurs (capacité d'échange cationique, pH, taux de matière organique). Plusieurs solutions peuvent améliorer la gestion de la fertilité : fertilisation raisonnée; valorisation des résidus ou sous-produits des cultures et des déjections animales; politique des engrais; culture encourbes de niveau et dispositifs antiérosifs; légumineus- es; couvertures végétales et semis direct; jachères naturelles et améliorées. La filière cotonnière camerounaise contribue fortement à l'économie régionale; cependant, avec 190 000 hectares, les surfaces cotonnières restent inférieures aux potentialités. La SODECOTON assure le développement de la culture. L'essentiel de la fibre produite est exportée majoritairement vers l'Asie du Sud-Est. Le principal souci actuel est la privatisation de la SODECOTON, imposée au Cameroun par les institutions financières internationales. La disparition éventuelle d'une société cotonnière intégrée demandera à la recherche cotonnière de s'impliquer davantage dans des opérations de type recherche-action.