La prise en compte de la dynamique dans les systèmes économiques est un élément primordial du concept de causalité en économie. Depuis les années quatre-vingt, l'économétrie semble se livrer à une importante investigation multidirectionnelle, sous l'impulsion d'un constat d'échec relatif des modèles macroéconométriques prévisionnels dans les années soixante-dix. Nous proposons une réflexion épistémologique sur l'intérêt et la légitimité de l'évolution de la macroéconométrie contemporaine, notamment dans le domaine de la modélisation non structurelle. Il est fait référence aux extensions possibles des modèles VAR, ainsi qu'aux nouvelles méthodes de modélisation macroéconométriques.
Cet article rappelle d'abord les spécificités du marché mondial du sucre et leurs conséquences sur son fonctionnement, en particulier les liens ambigus entre l'instabilité des prix mondiaux et les politiques de protection. Dans un second temps, les auteurs analysent et comparent les résultats et les limites de deux modèles de représentation du fonctionnement des marchés sucriers : le modèle SUGABARE (Australie) favorable à la libéralisation du secteur et un modèle alternatif récent développé en France (Boussard et Piketty, 2000) qui vise à rendre compte plus particulièrement des conséquences de l'instabilité des prix sur le comportement des agents de la filière
The current trade negotiations' round has been called the development round in order to emphasize ambitious objectives in terms of poverty alleviation: halving the number of poor by 2015. However estimates from world economic models show little improvement for the Less Developed Countries. Moreover several models assumptions may overestimate gains and underestimate losses, especially in the poorest countries where numerous markets imperfections hold. It seems then necessary to avoid that poverty reduction be restricted to emerging countries that development policies and their funding in LDC be discussed simultaneously to trade negotiations.
Cette thèse a pour objet l'étude d'une économie agricole pauvre, celle de Madagascar, par l'utilisation de trois outils complémentaires : la microéconométrie, la modélisation d'équilibre général calculable et la microsimulation. Après avoir décrit dans un premier temps les caractéristiques de l'économie de ce pays depuis la mise en oeuvre des plans de stabilisation et d'ajustement structurel avec les principales analyses des économistes du développement, le travail est présenté en 6 chapitres. Le chapitre1 expose différentes approches de la modélisation de l'offre agricole au niveau microéconomique et fait ressortir l'intérêt d'une approche en termes de modèle de ménage. Le chapitre 2 est consacré à une étude économétrique à partir d'enquêtes transversales portant sur l'offre de riz des ménages agricoles malgaches. Le chapitre 3 présente et étudie les résultats de l'application de modèles d'équilibre général calculables (MEGC) aux économies rurales en développement ainsi que leur utilité dans l'analyse de l'impact des politiques de libéralisation du secteur agricole (le tableau de l'annexe 3.1 récapitule la description des modèles) . Le chapitre 4 présente la construction d'un modèle d'équilibre général calculable pour le cas de l'économie malgache en 4 sections : structure de la matrice de comptabilité sociale, équations du modèle, paramètres et principe de calibration du modèle, résultats et évaluation de quelques simulations. Le chapitre 5 s'attache à la réconciliation des données microéconomiques d'enquêtes de ménages et de celles, macroéconomiques, provenant des comptes nationaux de Madagascar, par une approche basée sur un critère de mesure de l'information. Le chapitre 6 décrit un modèle de microsimulation en équilibre général appliqué au cas malgache pour étudier les liens entre croissance économique, pauvreté et distribution du revenu. Il comprend 6 parties : modélisation de la distribution des revenus, spécifications microéconomique du modèle, description du cadre d'équilibre général, résultats des estimations des fonctions de comportement et calibration du modèle, analyse de l'impact de différents chocs de croissance sur la pauvreté, analyse de l'impact de différents programmes sociaux. En conclusion, les résultats des simulations confirment l'intérêt de l'approche choisie pour cette analyse. Ils mettent également en évidence la complexité des mécanismes reliant chocs macroéconomiques et distribution des revenus, complexité qui suggère d'introduire un certain nombre d'extensions possibles au modèle de microsimulation élaboré dans le cadre de ce travail
Despite recent yet fragile economic growth, structural change in Africa has been slow and the continent is faced with the need for more inclusive and sustainable growth. This challenge implies rethinking development strategies and adopting multi-sectoral and place-based approaches.
L'évaluation des besoins en formation pour les partenaires du DMP a été faite par le biais d'un questionnaire et d'entretiens individuels avec les coordinateurs nationaux du DMP. Les thèmes et les pays choisis pour réaliser les formations sont les suivants: - Economie de l'environnement (Sénégal et Afrique du Sud). - Modèles bioéconomiques pour les politiques de GRN (Burkina Faso). - Interactions agriculture-élevage-environnement (Mali). - Comment contribuer au cycle des politiques (Afrique du Sud). Bien que chaque pays et chaque thème ait ses propres spécificités, des règles générales pour les modules de formation se dégagent: - Formations de deux semaines, 50% théorie, 50% pratique, avec une composante substantielle in-situ. - Doivent viser un public large (scientifiques, décideurs, ONGs, etc.). - Doivent stimuler la multidiciplinarité. - Les prérequis de la part des participants doivent être très faibles. Pour chaque module des termes de références spécifiques sont élaborés.
Ce document, en exécution d'un contrat de recherche, fait le point des essais menés avec un modèle économétrique de l'économie mondiale dans le but d'évaluer les bénéfices liés à la libéralisation de l'agriculture, tels que l'envisagent les autorités de l'OMC. Une première version du modèle est similaire aux modèles développés par les grandes institutions internationales, telles que l'OCDE ou la Banque mondiale, et donne les mêmes résultats : la libéralisation produit en général des résultats bénéfiques quoique faibles (de l'ordre de quelques pour cent du revenu mondial, ce qui est peu, bien que cela se compte en milliards de dollars), et bien répartis en faveur des "pauvres". Le modèle est ensuite corrigé pour prendre en considération des phénomènes ignorés par ces grand organismes internationaux, en particulier le fait qu'il est difficile à un entrepreneur de prévoir avec exactitude quel sera le prix qui régnera sur les marchés lorsque l'investissement qu'il envisage arrivera à maturité. Alors, les conséquences de la libéralisation agricole sont à la fois beaucoup plus fortes (avec des écarts qui peuvent atteindre 10 à 20 % du revenu mondial dans certains cas) et beaucoup moins régulièrement favorables, avec des alternatives de "booms" et de dépressions. Les bénéfices, lorsqu'ils existent, arrivent beaucoup plus souvent entre les mains des "riches" que des "pauvres". Ces résultats conduisent à remettre en question la philosophie qui se trouve à la base des négociations actuellement menées à l'OMC, selon laquelle la libéralisation est toujours favorable à la croissance et au développement durable. (résumé d'auteur)
Mesurer, comprendre et prévoir les changements de la volatilité des cours d'un produit de base, l'huile de palme, est l'objet de ce travail. L'hypothèse est que les deux paramètres de l'ajustement walrasien, la taille du marché et la vitesse d'ajustement, sont les déterminants des changements de la volatilité dans le temps. La vérification a lieu en trois temps. Une analyse économétrique présente d'abord les grandes propriétés statistiques d'une série temporelle des cours mensuels de l'huile de palme enregistrés à Liverpool puis à Rotterdam, de janvier 1818 à janvier 1998. Au terme de l'analyse, un modèle de changements de régime de la volatilité sous chaînes de Markov est estimé, qui fournit une datation des changements de la volatilité survenus depuis 1818. Une analyse retrace l'histoire du marché mondial des huiles et graisses depuis le XIXe siècle. Les deux paramètres de l'ajustement walrasien sont mesurés : le premier, la taille du marché, par la part relative de l'huile de palme dans le commerce des huiles et graisses, le second, la vitesse d'ajustement, par la distance séparant l'offre d'exportation de la demande d'importation. Pour vérifier l'existence d'une relation déterministe entre les changements des paramètres de l'ajustement walrasien et les changements de la volatilité, deux modèles de comportement de négociant sont écrits, le premier à un produit et deux horizons d'échanges, le second à deux produits substituables et deux horizons d'échanges. Ils reproduisent toutes les propriétés statistiques mesurées en première partie et génèrent une chronique proche de la série réelle, confirmant l'hypothèse. Les implications politiques, au premier rang desquelles on trouve la remise en cause de l'idée que la libéralisation du commerce et l'accroissement de la taille d'un marché de matières premières réduiraient la volatilité, sont discutées en conclusion
Dans la zone cotonnière du Cameroun, la pression foncière croissante a conduit à une augmentation des superficies cultivées et accentué l'érosion des sols causée par l'intensité des pluies sur des sols mal protégés. Depuis deux décennies, les aménagements antiérosifs ont été diffusés, mais peu d'études ont analysé les facteurs favorisant leur adoption. L'objectif de cette étude a été d'identifier les facteurs qui ont influé sur l'adoption et l'intensité d'adoption des aménagements antiérosifs par les agriculteurs. Une enquête a été effectuée dans le cadre du projet Eau-Sol-Arbre (ESA) entre 2008 et 2009 auprès de 303 agriculteurs de la zone cotonnière. Les données de cette enquête ont été analysées à l'aide d'un modèle Tobit II. Les résultats ont montré que, parmi les variables étudiées, celles qui ont influencé la décision d'adoption des aménagements antiérosifs par les agriculteurs ont été (a) l'âge des agriculteurs, (b) la perception des problèmes d'érosion par l'agriculteur, (c) leur appartenance à un groupe (religion, ethnie), (d) la disponibilité en main d'oeuvre et (e) la tenure foncière. Les facteurs expliquant l'intensité de cette adoption par les agriculteurs ont été le nombre d'années écoulées depuis leur adoption des aménagements et leur mode d'accès au foncier. Le niveau d'instruction n'a influé ni sur l'adoption ni sur l'intensité de cette adoption. Afin de mieux orienter les actions futures, les programmes de lutte contre l'érosion doivent tenir compte de ces résultats dans leurs méthodes d'intervention, mais aussi dans les évaluations d'impacts socio-économiques.
La problématique de ce numéro interroge les interactions entre les changements de modèles d'innovation, l'écologisation de la fonction de production et leurs conséquen ces sociales. Six processus d'innovation sont analysés respectivement dans les agricultures du Burkina Faso, Cameroun, Haïti, Madagascar Sénégal. Ces situations convergent en démontrant l'utilit é pour le développement de modèles d'inno vation collaboratifs qui adaptent les processus étudiés aux besoins locaux. Ces modèles impliquent plus d'engagement des politiques publiques d'innovation.
Le Cycle de Doha, lancé en 2001, achoppe sur le volet agricole, en particulier sur le dossier coton. Cette communication vise à aider à évoluer vers le consensus recherché. À cette fin, nous avons analysé les impacts des scénarios proposés et d'un scénario nouveau qui tient compte du traitement différencié en faveur des pays en développement. Face au scénario 1 de statu quo de l'Accord de l'Uruguay Round, les scénarios actuels sont ceux de Falconner 2008, du C4, de l'Union Européenne et des États-Unis. Nous proposons un scénario original (scénario 6) qui intègre l'amélioration de l'accès du coton des pays africains au marché chinois et autorise un soutien domestique renforcé dans les pays cotonniers d'Afrique. Ce scénario est aussi original par l'affectation des économies réalisées par les pays développés, dans la réduction de leurs soutiens domestiques, pour constituer un fonds de solidarité internationale de soutien à la filière coton des pays en développement. Enfin, nous avons, le scénario 7 peu probable de libéralisation totale des échanges. Nous avons utilisé le modèle ATPSM (Agricultural Trade Policy Simulation Model) pour mesurer les impacts des sept scénarios et utilisé l'approche d'Adams pour mesurer l'équité. Nos résultats ont montré que le scénario nouveau augmente le prix aux producteurs de coton de 10,8%, mieux que les propositions du C4 (9,0%) et des USA (6,1%). Le scénario nouveau d'accords augmente le prix mondial (8,1%), le prix aux consommateurs (7,4%) et le volume des exportations (2,3%), certes à un degré moindre que celle du C4 mais davantage que la proposition américaine. Au regard du critère d'équité, il est aussi favorable que les autres scénarios en comparaison du statu quo de l'Uruguay Round. Le scénario nouveau présente les éléments favorables à un compromis pour conclure le Cycle de Doha, avec des effets bénéfiques pour les pays en développement et l'introduction d'un mécanisme nouveau de solidarité internationale.
Cet article analyse les raisons des faibles performances dans la lutte contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté au Burkina Faso malgré les performances macroéconomiques enregistrées par le pays au cours des dernières décennies. Il analyse ensuite, à l'aide d'un modèle d'Équilibre Général Calculable, la capacité d'un investissement public dans l'agriculture à améliorer la situation actuelle des pauvres. Plusieurs éléments se conjuguent pour expliquer la persistance de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire : la forte croissance démographique qui implique une faible croissance du PIB (Produit Intérieur Brut) par tête ; la faible contribution de l'agriculture à la croissance globale ; la persistance d'un chômage urbain ; et une répartition des fruits de la croissance peu favorable aux pauvres. L'investissement public dans l'agriculture, en augmentant la productivité dans les activités agricoles, permet des progrès en milieu rural et surtout en milieu urbain.
The central role of land-use change in the Earth System and its implications for food security, biodiversity and climate has spurred the development of global models that combine economical and agro-ecological drivers and constraints. With such a development of integrated approaches, evaluating the performance of global models of landuse against observed historical changes recorded by agricultural data becomes increasingly challenging. The Nexus Land-Use model is an example of land-use model integrating both biophysical and economical processes and constraints. This paper is an attempt to evaluate its ability to simulate historical agricultural land-use changes over 12 large but economically coherent regions of the world since 1961. The evaluation focuses on the intensification vs. extensification response of crop and livestock production in response to changes of socio-economic drivers over time, such as fertiliser price, population and diet. We examine how well the Nexus model can reproduce annual observation-based estimates of cropland vs. pasture areas from 1961 to 2006. Food trade, consumption of fertilisers and food price are also evaluated against historical data. Over the 12 regions considered, the total relative error on simulated cropland area is 2%yr?1 over 1980-2006. During the period 1961-2006, the error is larger (4%yr?1) due to an overestimation of the cropland area in China and Former Soviet Union over 1961-1980. Food prices tend to be underestimated while the performances of the trade module vary widely among regions (net imports are underestimated in Western countries at the expense of Brazil and Asia). Finally, a sensitivity analysis over a sample of input datasets provides some insights on the robustness of this evaluation.
Pour contribuer au débat concernant les impacts des grandes options de politiques économiques sur la sécurité alimentaire, leur évaluation avec un modèle d'équilibre général calculable est présentée pour le cas du Mali. Afin de rendre compte de la diversité des situations économiques, dix types de ménages sont considérés, répartis selon leur mode de vie, rural ou urbain, et leur niveau de revenus. On teste ensuite l'impact de trois scénarii reflétant les recommandations le plus souvent émises depuis deux décennies en matière d'amélioration de la situation alimentaire : le scénario 1 libéralise le commerce extérieur tandis qu'à l'opposé, le scénario 2 protège l'ensemble des produits agricoles des importations. Le scénario 3 ajoute au scénario 1 des prix particulièrement intéressants pour les deux principaux produits d'exportation (coton et or). Dans chaque cas, les niveaux de consommation de céréales et de viandes et poissons des groupes de ménages en insécurité alimentaire sont comparés. Face à la faiblesse des impacts obtenus dans ces 3 scénarii, un scénario d'investissement dans l'activité agricole est testé. Les résultats obtenus montrent son efficacité dans la lutte contre l'insécurité alimentaire. Trois scénarii supplémentaires sont alors élaborés pour explorer l'efficacité relative d'un investissement en zone irriguée et non irriguée et les conséquences de financements externes moins importants.
Le développement des biocarburants soutenu par la communauté internationale connait un essor depuis le début des années 2000 à l'échelle mondiale, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, répondre aux préoccupations énergétiques des pays industriels et diminuer la pauvreté énergétique dans les pays du Sud. Cette stratégie rencontre plusieurs controverses qui portent sur les impacts socio-économiques des biocarburants et les trajectoires technologiques les mieux adaptées aux besoins de développement des pays d'Afrique sub-saharienne. L'objectif de la thèse est de comprendre les déterminants des processus d'innovation technologique sur la production des biocarburants. La thèse pose pour cela deux hypothèses. La première hypothèse structurée par le croisement entre les théories de la transition et les analyses systémiques de l'innovation repose sur le déterminisme institutionnel des processus d'innovation qui structure l'émergence du secteur des biocarburants. La seconde hypothèse suppose que l'émergence et le développement du secteur bioénergétique résulte des conditions d'adoption micro-économiques et territoriales de la production des cultures énergétiques. Le test de ces hypothèses est réalisé en mobilisant un référentiel d'analyse en termes de système d'innovation dans le cas de la filière Jatropha au Burkina Faso. Les résultats soulignent que l'émergence des technologies biocarburants dans les pays d'Afrique subsaharienne est liée aux changements institutionnels induits par les crises énergétiques et environnementales. Ces changements institutionnels activent des ressources favorables à l'émergence et à la dissémination des technologies sur les biocarburants. Au Burkina Faso, ces changements sont impulsés par les politiques européennes et celles d'organisations sous régionales telles que l'UEMOA et la CEDEAO. Une modélisation économétrique permet de manière complémentaire de tester les conditions d'adoption micro-économique et d'implémentation des innovations technologiques sur les biocarburants. Les facteurs structurels de l'exploitation agricole (capital foncier, situation alimentaire, perception) ; la proximité des acteurs de la filière ; ainsi que les variables institutionnelles inhérentes au renforcement des capacités et compétences apparaissent structurants de ces processus d'adoption sur le Jatropha. Cette adoption dépend enfin des modèles technologiques qui permettent d'intégrer d'un point de vue territorial les phases de production de la matière première, transformation et utilisation dans un mécanisme de réponse aux besoins prioritaires du développement du Burkina Faso.