Cette contribution prend place dans des réflexions en cours sur la grammaire transnationale des droits humains et les liens avec la rationalité fictionnelle du politique. Elle vise à montrer comment les déplacés et assiégés de Sarajevo (1992-1996) ont été inscrits dans des structures narratives, et comment les usages politiques, mémoriels et patrimoniaux ont créé un univers sémiologique propre, soit une poétique, au sens aristotélicien du terme, dans un rapport ambivalent avec les pratiques ordinaires du politique.
La question de la vraisemblance et de ses différents avatars est rarement explorée avec les petits enfants. Elle est pourtant constitutive de la capacité à articuler l'expérience vécue et l'expérience narrée, et donc à interpréter un récit. Dans cette contribution, il est fait état de différentes situations où de jeunes élèves ont pu construire le concept de récit avec la souplesse requise. Ces situations montrent qu'il n'est pas prématuré de poser ce genre de problème (l'offre éditoriale est assez diverse pour qu'on y trouve des œuvres adaptées) et que ces jeunes élèves sont capables de goûter la force des « histoires ».
En su libro juvenil Nu (1934), Eugène Ionesco intercaló varios breves intermezzos independientes, entre los cuales destaca el titulado El trébol de cuatro hojas («Trifoiul cu patru foi») por su cuestionamiento humorístico del pensamiento lógico, paralelo al ejercicio de desacralización de la crítica que caracteriza a Nu, pero con una intención inconformista clara en contra del nacionalismo y las políticas totalitarias que estaban llevando a la guerra. El absurdo de lo narrado contrasta con el tono estrictamente objetivo de su escritura al servicio de una parábola de la historia real, cuya eficacia resulta quizá mayor por su presentación en forma historiográfica. Así, «Trifoiul cu patru foi» se enmarca en el género muy poco estudiado de la historia ficticia, esto es, el conjunto de textos de ficción que recurren a las técnicas de escritura de los libros de historia, dentro de cuya serie esta obrilla se distingue por su originalidad y tensión ética. ; Eugène Ionesco a inséré dans son livre juvénile Nu (1934) plusieurs textes brefs et indépendants, dénommés intermezzos. Parmi eux se détache «Trifoiul cu patru foi» pour son questionnement humoristique de la pensée logique, qui est à mettre en parallèle avec la désacralisation de la critique qui est l'objet principal de Nu, mais avec une claire volonté d'inconformisme face au nationalisme et aux politiques totalitaires qui étaient en train de provoquer la guerre. L'absurdité de ce qui est reconté contraste avec le ton rigoureusement objectif de son écriture au service d'une parabole de l'histoire réelle, dont l'efficacité est peut-être plus grande grâce à sa mise en forme historiographique. «Trifoiul cu patru foi» fait ainsi part du genre très peu étudié de l'histoire fictionnelle, qu'on peut définir comme l'ensemble de textes de fiction qui ont recours aux techniques d'écriture des manuels d'histoire. Ce court ouvrage s'inscrit dans ce genre avec originalité et un fort engagement éthique.
National audience ; L'histoire de Rome abonde en conspirations, complots et conjurations depuis la révocation des rois et le début de la lutte entre le patriciat et la plèbe, au début du V e siècle avant notre ère. Toutefois une conjuration et une figure dominent les autres : Lucius Sergius Catilina (108-62). Comment expliquer cette place ? La conjuration de Catilina se constitue pendant une période particuliè-rement violente et perturbée pour la République romaine. Des hommes politiques émergent et se disputent les faveurs des deux partis-optimates et populares ; peut-être y avait-il un troisième parti, comme le suggère Walter Allen. Les causalités politiques, économiques et morales sont indissociables. En effet, pour un Romain, le mos majorum, référence suprême, conditionne la pérennité ou la décadence de la Ville. Pour le regard moderne en revanche les causes morales semblent brouiller les autres. Cependant, dans le cas de la conjuration de Catilina, ces concepts moraux n'ont-ils pas été, pour Cicéron et Salluste en particulier, une façon de biaiser le problème politique, social et économique de fond, à savoir le sentiment d'humiliation et d'impuissance éprouvé par les populares, et d'occulter la terrible question des dettes (aes alienum) et de ses conséquences sur la société, et plus particulièrement sur la citoyenneté ? Les historiens modernes de l'école anglo-américaine, au XX e siècle, se sont interrogés sur cette représentation de l'événement. L'Américain Steven Saylor (né en 1957) dans son roman L'énigme de Catilina (Catilina's Riddle), paru en 1993, indique la bibliographie antique, classique et moderne qui lui a donné envie d'écrire sur la conjuration de Catilina. Si, dit-il, ce personnage l'a toujours intrigué à la lecture des sources anciennes, ce sont des travaux du XX e siècle qui l'ont fait passer à la rédaction, et en particulier l'article fondamental de l'Américain Walter Allen Junior, In Defense of Catiline, paru en 1938 et dont notre traduction inédite suit cet exposé. Diplômé d'histoire, S. Saylor s'est orienté vers l'écriture journa-listique, puis fictionnelle. Et justement il attire l'attention sur l'avantage du statut romanesque : « Par bonheur, le romancier qui écrit à la première personne, libéré de toute prétention à l'omniscience (ce qui est bien commode), peut suivre de près la trame serrée des événements historiques, sans pour autant renoncer aux broderies d'une interprétation subjective » (p. 446).
L'ouvrage collectif Historietas por la identidad, publié en 2015 par la Biblioteca Nacional de Buenos Aires, est le fruit d'un travail mené par l'association Abuela de la Plaza de Mayo qui s'est associée à plusieurs auteurs (scénaristes et dessinateurs) de bandes dessinées. Á travers l'analyse de deux histoires courtes, nous pourrons voir que cette historieta documental rejoint la littérature non-fictionnelle et la creative nonfiction en intégrant au sein même du récit des faits avérés, des éléments fictifs et réels ainsi que le reflet du regard de l'auteur sur cette histoire singulière. L'hybridité narrative propre au Neuvième art, associée à la potentialité graphique du média, produit un savoir historique dans la mesure où ces bandes dessinées deviennent à la fois représentation des histoires et de l'Histoire. La médiation artistique permet de raconter et montrer les horreurs de la dictature argentine (1976-1983), mais aussi de raconter l'histoire des persécutés. L'emploi du « tu » et du « nous » nous interroge également sur la place du lecteur/récepteur qui devient témoin d'une Histoire, mais qui peut aussi devenir acteur de sa propre histoire.
International audience ; This introductive article aims to question historiography deployed by TV shows, and the ways in which fiction can seize History. In various forms: political use of fition, playing with history and memory, and proposition for a new form of historiography. The main idea is to analyze the effects sought by this historian narrative, their various receptions, and the explicit will to transform fiction into en specific reading of an event or a time period. Because TV series can also criticize the historian common sense, impose meanings, and become tools of an artistic soft power toward abroad audience. What is the vision of history in TV shows? How is the past re-presented in these fictions? And its serialized and fictional counterpart how challenge History? ; Cet article introductif a pour ambition d'interroger l'historiographie conduite par les séries historiques, et les manières dont la fiction peut s'emparer de l'Histoire, sous de multiples formes : usages politiques de la fiction, jeu sur l'histoire et la mémoire, et proposition d'une nouvelle forme d'historiographie. L'idée est d'analyser les effets recherchés de cette écriture de l'Histoire, les réceptions différenciées, et la volonté souvent assumée de transformer la fiction en une proposition de lecture orientée d'un événement ou d'une période. Les séries peuvent en effet dénoncer le sens historien commun, imposer des significations, mais aussi se faire l'outil d'un softpower artistique à destination de publics étrangers. Pour quelle vision de l'histoire optent les séries télévisées ? Comment le passé est-il re-présenté dans ces fictions ? Et comment l'Histoire est-elle mise à l'épreuve de sa fictionnalisation sérielle ?
International audience ; This introductive article aims to question historiography deployed by TV shows, and the ways in which fiction can seize History. In various forms: political use of fition, playing with history and memory, and proposition for a new form of historiography. The main idea is to analyze the effects sought by this historian narrative, their various receptions, and the explicit will to transform fiction into en specific reading of an event or a time period. Because TV series can also criticize the historian common sense, impose meanings, and become tools of an artistic soft power toward abroad audience. What is the vision of history in TV shows? How is the past re-presented in these fictions? And its serialized and fictional counterpart how challenge History? ; Cet article introductif a pour ambition d'interroger l'historiographie conduite par les séries historiques, et les manières dont la fiction peut s'emparer de l'Histoire, sous de multiples formes : usages politiques de la fiction, jeu sur l'histoire et la mémoire, et proposition d'une nouvelle forme d'historiographie. L'idée est d'analyser les effets recherchés de cette écriture de l'Histoire, les réceptions différenciées, et la volonté souvent assumée de transformer la fiction en une proposition de lecture orientée d'un événement ou d'une période. Les séries peuvent en effet dénoncer le sens historien commun, imposer des significations, mais aussi se faire l'outil d'un softpower artistique à destination de publics étrangers. Pour quelle vision de l'histoire optent les séries télévisées ? Comment le passé est-il re-présenté dans ces fictions ? Et comment l'Histoire est-elle mise à l'épreuve de sa fictionnalisation sérielle ?
International audience ; This introductive article aims to question historiography deployed by TV shows, and the ways in which fiction can seize History. In various forms: political use of fition, playing with history and memory, and proposition for a new form of historiography. The main idea is to analyze the effects sought by this historian narrative, their various receptions, and the explicit will to transform fiction into en specific reading of an event or a time period. Because TV series can also criticize the historian common sense, impose meanings, and become tools of an artistic soft power toward abroad audience. What is the vision of history in TV shows? How is the past re-presented in these fictions? And its serialized and fictional counterpart how challenge History? ; Cet article introductif a pour ambition d'interroger l'historiographie conduite par les séries historiques, et les manières dont la fiction peut s'emparer de l'Histoire, sous de multiples formes : usages politiques de la fiction, jeu sur l'histoire et la mémoire, et proposition d'une nouvelle forme d'historiographie. L'idée est d'analyser les effets recherchés de cette écriture de l'Histoire, les réceptions différenciées, et la volonté souvent assumée de transformer la fiction en une proposition de lecture orientée d'un événement ou d'une période. Les séries peuvent en effet dénoncer le sens historien commun, imposer des significations, mais aussi se faire l'outil d'un softpower artistique à destination de publics étrangers. Pour quelle vision de l'histoire optent les séries télévisées ? Comment le passé est-il re-présenté dans ces fictions ? Et comment l'Histoire est-elle mise à l'épreuve de sa fictionnalisation sérielle ?
International audience ; This introductive article aims to question historiography deployed by TV shows, and the ways in which fiction can seize History. In various forms: political use of fition, playing with history and memory, and proposition for a new form of historiography. The main idea is to analyze the effects sought by this historian narrative, their various receptions, and the explicit will to transform fiction into en specific reading of an event or a time period. Because TV series can also criticize the historian common sense, impose meanings, and become tools of an artistic soft power toward abroad audience. What is the vision of history in TV shows? How is the past re-presented in these fictions? And its serialized and fictional counterpart how challenge History? ; Cet article introductif a pour ambition d'interroger l'historiographie conduite par les séries historiques, et les manières dont la fiction peut s'emparer de l'Histoire, sous de multiples formes : usages politiques de la fiction, jeu sur l'histoire et la mémoire, et proposition d'une nouvelle forme d'historiographie. L'idée est d'analyser les effets recherchés de cette écriture de l'Histoire, les réceptions différenciées, et la volonté souvent assumée de transformer la fiction en une proposition de lecture orientée d'un événement ou d'une période. Les séries peuvent en effet dénoncer le sens historien commun, imposer des significations, mais aussi se faire l'outil d'un softpower artistique à destination de publics étrangers. Pour quelle vision de l'histoire optent les séries télévisées ? Comment le passé est-il re-présenté dans ces fictions ? Et comment l'Histoire est-elle mise à l'épreuve de sa fictionnalisation sérielle ?
Venu à la chanson sous l'Empire, Pierre-Jean de Béranger est consacré suite à son succès dans les goguettes – lieu d'une parole engagée et opposée aux pouvoirs en place – comme le « chansonnier du peuple ». Il n'en est pas moins prisé du public bourgeois, qui lit ses chansons comme de la poésie, véritable tour de force, qu'il accomplit en appariant en des termes uniques les vers recherchés du Caveau, société littéraire et épicurienne, au message politique de la chanson de goguette. Le présent article cherchera à déployer les modalités de la représentation par le chansonnier des pouvoirs d'Ancien Régime, mobilisés comme les symboles d'un arbitraire anachronique pour mieux mettre en garde l'opinion contre les dangers de la réaction cléricale et nobiliaire qui a cours dès les premières années de la Restauration.
Venu à la chanson sous l'Empire, Pierre-Jean de Béranger est consacré suite à son succès dans les goguettes – lieu d'une parole engagée et opposée aux pouvoirs en place – comme le « chansonnier du peuple ». Il n'en est pas moins prisé du public bourgeois, qui lit ses chansons comme de la poésie, véritable tour de force, qu'il accomplit en appariant en des termes uniques les vers recherchés du Caveau, société littéraire et épicurienne, au message politique de la chanson de goguette. Le présent article cherchera à déployer les modalités de la représentation par le chansonnier des pouvoirs d'Ancien Régime, mobilisés comme les symboles d'un arbitraire anachronique pour mieux mettre en garde l'opinion contre les dangers de la réaction cléricale et nobiliaire qui a cours dès les premières années de la Restauration.
The late twentieth century and early twenty-first century have seen revived the debate about the relationship between history and literature, understood as fiction, in the sense of a blurring of boundaries between the two. Based on this premise, our study at the crossroads of these two concepts aims to show the links between contemporary Central American history and fiction in novels of Honduras-Salvadoran author Horacio Castellanos Moya. Indeed, the history of several Central American countries, marked by years of dictatorship, civil wars and political or economic violence has had a significant impact on many local authors. The fictional work of Horacio Castellanos Moya bears evident traces. To identify, understand their issues and how they appear in the novels, the study was divided into three main parts. The first deals with the biographical data Horacio Castellanos Moya as man and writer; the second, the main historical facts themed and the last of their stage in the work. ; La fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle ont vu renaître le débat sur les rapports entre l'histoire et la littérature, entendue comme fiction, dans le sens d'un effacement des frontières entre les deux. Partant de ce postulat, notre étude, à la croisée de ces deux notions, a pour objectif de montrer les liens qui existent entre l'histoire centraméricaine contemporaine et la fiction dans les romans de l'auteur honduro-salvadorien Horacio Castellanos Moya. En effet, l'histoire de plusieurs pays d'Amérique centrale, marquée par des années de dictature, de guerres civiles et de violences politiques ou économiques, a eu un impact considérable sur de nombreux auteurs de la région. L'œuvre fictionnelle de Horacio Castellanos Moya en porte des traces évidentes. Pour les déceler, comprendre leurs enjeux et la manière dont elles figurent dans les romans, l'étude a été divisée en trois grandes parties. La première traite les données biographiques de Horacio Castellanos Moya en tant qu'homme et écrivain ; la deuxième, des principaux faits ...
The late twentieth century and early twenty-first century have seen revived the debate about the relationship between history and literature, understood as fiction, in the sense of a blurring of boundaries between the two. Based on this premise, our study at the crossroads of these two concepts aims to show the links between contemporary Central American history and fiction in novels of Honduras-Salvadoran author Horacio Castellanos Moya. Indeed, the history of several Central American countries, marked by years of dictatorship, civil wars and political or economic violence has had a significant impact on many local authors. The fictional work of Horacio Castellanos Moya bears evident traces. To identify, understand their issues and how they appear in the novels, the study was divided into three main parts. The first deals with the biographical data Horacio Castellanos Moya as man and writer; the second, the main historical facts themed and the last of their stage in the work. ; La fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle ont vu renaître le débat sur les rapports entre l'histoire et la littérature, entendue comme fiction, dans le sens d'un effacement des frontières entre les deux. Partant de ce postulat, notre étude, à la croisée de ces deux notions, a pour objectif de montrer les liens qui existent entre l'histoire centraméricaine contemporaine et la fiction dans les romans de l'auteur honduro-salvadorien Horacio Castellanos Moya. En effet, l'histoire de plusieurs pays d'Amérique centrale, marquée par des années de dictature, de guerres civiles et de violences politiques ou économiques, a eu un impact considérable sur de nombreux auteurs de la région. L'œuvre fictionnelle de Horacio Castellanos Moya en porte des traces évidentes. Pour les déceler, comprendre leurs enjeux et la manière dont elles figurent dans les romans, l'étude a été divisée en trois grandes parties. La première traite les données biographiques de Horacio Castellanos Moya en tant qu'homme et écrivain ; la deuxième, des principaux faits historiques thématisés et la dernière de leur mise en scène dans l'œuvre.
Résumé Cet article commence par faire le point sur les derniers stades du face à face entre Ricœur et White autour de la question de l'écriture du réel. Il esquisse ensuite une histoire des liens entre l'histoire et les genres littéraires, pour envisager l'écriture d'une histoire « indisciplinée », en interaction avec le registre des émotions. Ce registre ne permet pas en effet d'établir une ligne de démarcation entre littérature fictionnelle et factuelle. L'article évoque ensuite les contacts actuels de la théorie littéraire avec l'histoire, via le New Historicism et le projet d'une corporeal narratology . La conclusion considère des mondes textuels émergents : l'ère digitale annonce de nouveaux modes d'écriture du réel et du fictionnel, notions qui auront à s'affronter au virtuel.
L'histoire nationale mexicaine est narrée aux enfants et aux adolescents par le biais de deux séries où l'introduction d'intrigues fictionnelles et d'images les rend plus attractives. La première série est l'œuvre d'un écrivain déjà expert dans l'art de mêler histoire et fiction (H. Frías) et d'un illustrateur bien connu (J. G. Posada) ; elle est publiée par un éditeur privé et présentée comme un instrument d'éducation, bénéfique aussi bien pour l'enfant que pour la nation. La seconde est illustrée par plusieurs équipes de dessinateurs (il s'agit de bandes dessinées), guidés par des équipes interdisciplinaires de chercheurs en histoire et autres sciences sociales, et publiée par le ministère de l'éducation : son objectif initial est de donner à tous (enfants et adultes) l'accès à la vérité historique. Fruit de deux époques séparées par la révolution mexicaine, ces deux collections, fondamentalement différentes, pourraient bien présenter plus de points communs que l'on ne l'imagine.