Suchergebnisse

La firme Michelin, multinationale qui rassemble plus de 110 000 salariés dans le monde, a toujours maintenu son siège social dans la ville où elle est née : Clermont-Ferrand. L'entreprise est ainsi caractérisée par un degré élevé d'ancrage territorial qui trouve ses origines dans la mise en œuvre, durant la première moitié du XX e siècle, d'un système paternaliste d'encadrement de la force de travail. En résulte l'existence d'une organisation sociale spécifique au service de la production, qui va perdurer jusque dans les années 1990. Depuis deux décennies, Michelin fait face à la nécessité d'attirer une main-d'œuvre hautement qualifiée. La firme a ainsi défini une nouvelle stratégie d'encadrement de la force de travail qui s'inspire notamment du concept de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ce dernier traduirait alors un effort de perpétuation du capitalisme et des profits qu'il génère, qui, dans le cas de Michelin, s'exprimerait à travers l'émergence d'un « capitalisme territorial ».

La question patrimoniale et les enjeux de l'identité locale ont pris un rôle croissant dans les politiques symboliques et les politiques d'image des villes. L'objet de cet article est de rendre compte des usages sociaux de la mémoire et du patrimoine dans les projets urbains actuels. Partant d'une dynamique de production et de valorisation d'une image globale de la localité (Appaduraï, 2005) dans les trois villes de Saint-Étienne, Nantes et Clermont-Ferrand, nous comprenons que les choix opérés par les professionnels de la ville dans les références et les mémoires urbaines participent d'un travail d'imagination autour de la spécificité locale qui détermine grandement l'enjeu d'une visibilité et d'une reconnaissance globale.