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Plus ambitieux que le pouvoir d'achat, le pouvoir de vivre invite à repenser ce à quoi nous donnons de la valeur, en questionnant la place de la monnaie dans nos sociétés. Mais un tel bouleversement n'est pas sans risques et suppose le renforcement de l'exigence démocratique.

Une démocratie véritablement convivialiste suppose non seulement de renoncer à la violence, qu'elle soit verbale ou physique, mais surtout de comprendre que le désaccord – voire la divergence – est source d'enrichissement pour la communauté humaine.

Futuribles a lancé en 2017 une série d'articles visant à se pencher sur le manque de vision régulièrement dénoncé dans les commentaires de la vie politique. Ce déficit est-il réel, quelles en sont les raisons et comment pourrait-on y remédier ? Trois articles ont déjà été publiés dans le cadre de cette série 1 , nous poursuivons l'exercice avec Patrick Viveret qui propose ici trois clefs pour réinventer la façon de faire la politique, correspondant à trois piliers institutionnels majeurs : la légitimité de la fonction politique, son rapport à l'économie et son rapport aux citoyens. Il montre ici l'importance de passer du paradigme de puissance dominatrice à celui de puissance créatrice, en particulier dans le contexte actuel d'urgence climatique. Sur le plan économique, il appelle le politique à regarder les finalités (le bien commun) et à se réinventer en s'appuyant sur les métiers, et non sur l'emploi considéré de manière plus globale ; ceci implique évidemment des changements en matière d'éducation, de formation et de temps politique (il faut raisonner à long terme et réhabiliter l'avenir). Enfin, il souligne l'importance pour les hommes politiques, afin de renouer avec des citoyens désabusés ayant perdu confiance en leurs représentants, de cesser de raisonner en chefs et de revenir à leur fonction de ministère au sens premier du terme (accompagner, mettre en relation, bref : favoriser les synergies). Un bien vaste programme attendant sa mise en œuvre…

Considérer la question humaine, et sa difficulté, comme la première question politique, tel est l'enjeu d'un mouvement convivialiste. C'est bien en effet la difficulté du « vivre ensemble » la condition humaine qui conduit aux formes multiples de maltraitance par lesquelles l'humanité se mutile elle-même et entretient un rapport guerrier à la nature et aux autres êtres vivants. Cet article propose de placer la coopération autour de la joie de vivre comme moteur de stratégies alternatives aux logiques de dominance et de maltraitance. Tel est l'enjeu d'une dynamique organisée autour du trépied du REV, entendu comme le lien entre Résistance, Expérimentation et Vision transformatrice.

En clôturant le séminaire, Patrick Viveret insiste sur cette volonté que nous avons manifestée de redonner sens à l'État social que définit notre Constitution. Cela suppose que nous ne nous laissions pas dominer par les impératifs économiques basés sur la production, qu'elle soit d'objets ou de services. L'éducation, la participation à la vie économique et sociale des personnes « exclues » sont des investissements humains qui, sur un long terme, permettent le progrès et répondent aux impératifs contenus dans la Déclaration universelle des droits de l'homme que nous avons contribuée à écrire antérieurement et que nous avons signée.

La démesure dans les rapports à la nature ou à la richesse a remplacé celle du rapport au pouvoir. La logique de toujours plus accentue la rareté ou la frustration. Le défi aujourd'hui pour l'humanité : devenir vraiment « sapiens ».