Ce chapitre se propose de documenter et de comprendre la montée d'un double discours critique sur l'Ecole – portant d'une part sur la forme scolaire, d'autre part sur l'imaginaire social moderne qui l'a historiquement portée. Le chapitre commence par brosser un rapide tableau des principales manifestations discursives de cette critique contemporaine de la forme scolaire, telles qu'elles sont énoncées par différents acteurs clés (1). Dans un second temps, on revient sur la genèse et l'histoire de la « forme scolaire » moderne, sur ses caractéristiques et sur les principaux imaginaires sociaux qui en ont fondé le projet (2), pour discuter et situer les critiques contemporaines au regard du portrait type ainsi dressé. (3). Différents indices de rupture et de discontinuité par rapport à la forme et au projet scolaire sont ainsi systématiquement discutés, puis éclairés d'une part par la thèse critique de la « nouvelle école capitaliste » (C. Laval) et d'autre part par la thèse sur le déclin des institutions proposée par le sociologue F. Dubet. En conclusion, un certain nombre d'interrogations politiques quant à la « nature des critiques » dont est l'objet l'école contemporaine sont suggérées(4).
Ce chapitre se propose de documenter et de comprendre la montée d'un double discours critique sur l'Ecole – portant d'une part sur la forme scolaire, d'autre part sur l'imaginaire social moderne qui l'a historiquement portée. Le chapitre commence par brosser un rapide tableau des principales manifestations discursives de cette critique contemporaine de la forme scolaire, telles qu'elles sont énoncées par différents acteurs clés (1). Dans un second temps, on revient sur la genèse et l'histoire de la « forme scolaire » moderne, sur ses caractéristiques et sur les principaux imaginaires sociaux qui en ont fondé le projet (2), pour discuter et situer les critiques contemporaines au regard du portrait type ainsi dressé. (3). Différents indices de rupture et de discontinuité par rapport à la forme et au projet scolaire sont ainsi systématiquement discutés, puis éclairés d'une part par la thèse critique de la « nouvelle école capitaliste » (C. Laval) et d'autre part par la thèse sur le déclin des institutions proposée par le sociologue F. Dubet. En conclusion, un certain nombre d'interrogations politiques quant à la « nature des critiques » dont est l'objet l'école contemporaine sont suggérées(4).
In: Lien social et politiques: revue internationale et interdisciplinaire de sciences humaines consacrée aux thèmes du lien social, de la sociabilité, des problèmes sociaux et des politiques publiques, Heft 53, S. 105-115
À partir d'entretiens socio-biographiques menés en Angleterre (Birmingham) et en Belgique (Bruxelles) auprès de jeunes en fin de scolarité secondaire issus des groupes d'immigration les plus significatifs, cet article développe un certain nombre d'hypothèses concernant les processus de construction identitaire de cette génération. L'équation traditionnelle entre réussite scolaire et assimilation, d'une part, et échec et postures « essentialistes », d'autre part, est partiellement mise en cause à partir d'une conception non totalisante des identités. Ainsi, les stratégies identitaires mises au jour, allant d'une posture « essentialiste » à une posture « assimilationniste » en passant par une série de postures intermédiaires plus complexes, sont analysées comme autant de « répertoires identitaires » mobilisables selon les contextes. Les jeux ne sont toutefois pas totalement ouverts, puisque les contraintes spécifiques aux différents contextes scolaires pèsent sur les répertoires mobilisables. L'article aborde enfin la question des ressources (socio-cognitives, socioculturelles et socio-biographiques) nécessaires à l'individu pour construire un rapport réflexif à son « identité dans plusieurs mondes ».
Based on the results of a research and action carried out in 2016-2017 in French-speaking Belgium, this article looks at how different schools translate (i.e. interpret and materialise) the contemporary political injunction to make school a place of citizenship education. Research leads to the hypothesis of a shift away from the modern concept of citizenship education, towards a more pragmatic model, more rooted in experience, and designing the common good as a horizon to be built from diversity. Next, the article refers to three translations of the mission, reflecting local specificities and organisational identities of the institutions. In normative indetermination and school fragmentation, the school is now acting as a mediator between general political order and local challenges. The perceived fragmentation of socialisation projects is at the forefront of the planned reconstruction of a common political community. ; S'appuyant sur les résultats d'une recherche-action réalisée en 2016-2017 en Belgique francophone, cet article examine la manière dont différents établissements scolaires traduisent (c'est-à-dire interprètent et concrétisent) l'injonction politique contemporaine de faire de l'école un lieu d'éducation à la citoyenneté. La recherche conduit à formuler l'hypothèse du recul de la conception moderne de l'éducation à la citoyenneté, au profit d'un modèle à la fois plus pragmatique, plus ancré dans l'expérience, et concevant le bien commun comme un horizon à construire à partir des diversités. Ensuite, l'article fait état de trois traductions de la mission, faisant écho aux spécificités locales et aux identités organisationnelles des établissements. Dans une indétermination normative et une fragmentation scolaire, l'établissement opère bel et bien aujourd'hui comme un médiateur entre l'injonction politique générale et les défis locaux. La fragmentation constatée des projets de socialisation est aux antipodes du projet visé de reconstruction d'une communauté politique commune.
S'appuyant sur les résultats d'une recherche-action réalisée en 2016-2017 en Belgique francophone, cet article examine la manière dont différents établissements scolaires traduisent (c'est-à-dire interprètent et concrétisent) l'injonction politique contemporaine de faire de l'école un lieu d'éducation à la citoyenneté. La recherche conduit à formuler l'hypothèse du recul de la conception moderne de l'éducation à la citoyenneté, au profit d'un modèle à la fois plus pragmatique, plus ancré dans l'expérience, et concevant le bien commun comme un horizon à construire à partir des diversités. Ensuite, l'article fait état de trois traductions de la mission, faisant écho aux spécificités locales et aux identités organisationnelles des établissements. Dans une indétermination normative et une fragmentation scolaire, l'établissement opère bel et bien aujourd'hui comme un médiateur entre l'injonction politique générale et les défis locaux. La fragmentation constatée des projets de socialisation est aux antipodes du projet visé de reconstruction d'une communauté politique commune.
S'appuyant sur les résultats d'une recherche-action réalisée en 2016-2017 en Belgique francophone, cet article examine la manière dont différents établissements scolaires traduisent (c'est-à-dire interprètent et concrétisent) l'injonction politique contemporaine de faire de l'école un lieu d'éducation à la citoyenneté. La recherche conduit à formuler l'hypothèse du recul de la conception moderne de l'éducation à la citoyenneté, au profit d'un modèle à la fois plus pragmatique, plus ancré dans l'expérience, et concevant le bien commun comme un horizon à construire à partir des diversités. Ensuite, l'article fait état de trois traductions de la mission, faisant écho aux spécificités locales et aux identités organisationnelles des établissements. Dans une indétermination normative et une fragmentation scolaire, l'établissement opère bel et bien aujourd'hui comme un médiateur entre l'injonction politique générale et les défis locaux. La fragmentation constatée des projets de socialisation est aux antipodes du projet visé de reconstruction d'une communauté politique commune.
Ce chapitre part du constat de la montée, au sein des recommandations européennes en matière éducative, d'une "rhétorique inclusive" valorisant la reconnaissance de la diversité. Les auteures se proposent d'interroger les conditions de la « traduction » (Akrich, Callon et Latour, 2006) d'un tel modèle au sein de systèmes éducatifs concrets, en prenant appui sur le cas de la Communauté française de Belgique (CFB). Une fois étayée l'hypothèse de la cristallisation d'une telle rhétorique inclusive au niveau des référentiels politiques européens, nous soutiendrons que cette injonction politique, notamment parce qu'elle est médiée par des modes de gouvernance « soft » (Lawn, 2006 ; Dubois-Shaik, 2014), ne parvient que très marginalement à enrayer les mécanismes producteurs de différenciation. Nous alimenterons cette thèse en nous appuyant sur notre connaissance du cas de la CFB, à partir de nos aires d'expertises croisées . En conclusion, nous prendrons appui sur les obstacles identifiés pour formuler quelques recommandations en vue d'une politique d'inclusion en éducation plus ambitieuse en termes de justice sociale
Ce chapitre part du constat de la montée, au sein des recommandations européennes en matière éducative, d'une "rhétorique inclusive" valorisant la reconnaissance de la diversité. Les auteures se proposent d'interroger les conditions de la « traduction » (Akrich, Callon et Latour, 2006) d'un tel modèle au sein de systèmes éducatifs concrets, en prenant appui sur le cas de la Communauté française de Belgique (CFB). Une fois étayée l'hypothèse de la cristallisation d'une telle rhétorique inclusive au niveau des référentiels politiques européens, nous soutiendrons que cette injonction politique, notamment parce qu'elle est médiée par des modes de gouvernance « soft » (Lawn, 2006 ; Dubois-Shaik, 2014), ne parvient que très marginalement à enrayer les mécanismes producteurs de différenciation. Nous alimenterons cette thèse en nous appuyant sur notre connaissance du cas de la CFB, à partir de nos aires d'expertises croisées . En conclusion, nous prendrons appui sur les obstacles identifiés pour formuler quelques recommandations en vue d'une politique d'inclusion en éducation plus ambitieuse en termes de justice sociale
Notwithstanding more than a century of policies aimed at school democratisation, the education system in French-speaking Belgium is characterised by the persistence of sharp social inequalities in outcomes. These inequalities reflect considerable phenomena of segregation observed between streams and between schools (Lafontaine, 2005; Lafontaine et al., 2003; Jacobs et al., 2009). The structural causes of this situation are well documented in the literature (see in particular Lafontaine and Monseur, 2011; Dumay, Dupriez and Maroy, 2010; Danhier et al., 2014) and researchers generally agree that segregation between school environments can be attributed in large part to the combined effects of a quasi-market regulation of the system and a considerable institutional differentiation of educational provision. Following a brief presentation of the definition of school segregation that will be used in this chapter, we review these two main mechanisms and their political and socio-historical roots. We then describe several indicators of social, academic (i.e., according to students' educational attainment) and ethnic segregation in the education system in French-speaking Belgium and bring out how, paralleling the spread of such indicators, the concept of segregation has gradually entered public debate on the school. In the final section we address the policies that have been adopted to combat school segregation and the accompanying social inequalities.
Notwithstanding more than a century of policies aimed at school democratisation, the education system in French-speaking Belgium is characterised by the persistence of sharp social inequalities in outcomes. These inequalities reflect considerable phenomena of segregation observed between streams and between schools (Lafontaine, 2005; Lafontaine et al., 2003; Jacobs et al., 2009). The structural causes of this situation are well documented in the literature (see in particular Lafontaine and Monseur, 2011; Dumay, Dupriez and Maroy, 2010; Danhier et al., 2014) and researchers generally agree that segregation between school environments can be attributed in large part to the combined effects of a quasi-market regulation of the system and a considerable institutional differentiation of educational provision. Following a brief presentation of the definition of school segregation that will be used in this chapter, we review these two main mechanisms and their political and socio-historical roots. We then describe several indicators of social, academic (i.e., according to students' educational attainment) and ethnic segregation in the education system in French-speaking Belgium and bring out how, paralleling the spread of such indicators, the concept of segregation has gradually entered public debate on the school. In the final section we address the policies that have been adopted to combat school segregation and the accompanying social inequalities.
Using a societal analysis perspective that articulates structural, institutional and cognitive dimensions, this article outlines a model examining the contribution made by the schooling system to the social construction of elites. The model is put to the test by a comparative study of elitist educational pathways and their contrasting organisational modes in France, Belgium and Chile. The article shows that both the education of elites, and the role played by school in providing access to privileged social positions, continue to be marked by the distinctive historical construction of each society and education system, despite cross-cutting trends that are linked to globalisation.