Summary: Fondé sur le dépouillement de documents publics inédits conservés à l'Archivio di Stato di Napoli, ce livre propose une histoire politique de l'opéra à Naples, depuis l'avènement de Ferdinand IV jusqu'à la chute des Napoléonides
Longtemps négligé par l'historiographie, l'épisode de la République napolitaine (23 janvier-19 juin 1799) révèle des enjeux politiques et idéologiques qui dépassent la brièveté de l'événement. On se propose de les mesurer ici à l'aune des pratiques musicales et théâtrales de la métropole méridionale, qui s'impose d'abord comme capitale culturelle. Documents privés, journaux républicains, archives de la répression bourbonienne forment le socle documentaire de cette étude. À Naples comme ailleurs, les Révolutionnaires usent du théâtre comme d'un moyen de régénération de l'esprit public et de promotion d'une véritable culture populaire républicaine. Parallèlement à l'étude institutionnelle du contrôle politique sur les spectacles, on tente de saisir la manière dont un milieu social - celui des artistes - mais aussi un répertoire réagissent à l'événement politique. Au-delà de l'instrumentalisation directe (« une république des hymnes »), c'est à la multiplicité des stratégies individuelles et collectives d'appropriation des lieux et des formes culturels que l'historien est confronté. La Restauration bourbonienne, qui passe aussi par l'épuration des milieux du spectacle, confirme le lien étroit et polysémique entre théâtre et politique - lien noué au XVIIIe siècle par la monarchie napolitaine, et que la République n'a fait que resserrer.