La fiction comme cadre de socialisation: Regarder Plus belle la vie en famille ou entre ami·es
In: Politiques de communication: la revue, Band 17, Heft 2, S. 79-111
En s'appuyant sur une enquête collective sur la réception de la série Plus belle la vie , cet article montre que le visionnage du feuilleton, pratique récurrente et au long cours, a peu d'effets socialisateurs propres et fonctionne davantage comme un cadre de socialisation venant entretenir et renforcer les dispositions des téléspectateur·trices. Tout d'abord, les téléspectateur·trices ne sont pas seul·es face aux médias comme l'ont montré de nombreux travaux. La réception du feuilleton, son visionnage comme les discussions qu'il suscite, comporte une forte dimension collective, ancrée dans les groupes d'appartenance des individus (famille, ami·es). Le feuilleton est le support et le prétexte de nombreuses interactions, la pratique prolongeant ou accompagnant alors les effets socialisateurs de la famille ou du groupe de pairs. Ce cadre socialisateur peut même se maintenir et continuer à entretenir les effets de la socialisation familiale ou amicale, quand la pratique devient individuelle. Ces effets de confirmation concernent en particulier deux domaines de pratiques : le rapport à la culture et aux biens culturels et le rapport à la politique. Les manières de regarder le feuilleton et la façon dont on en parle à ses proches confirment les rapports à la culture des enquêté·es. De même, la réception de ce feuilleton qui traite de l'actualité tend à renforcer leur socialisation politique, prenant des modalités différentes selon la compétence et l'engagement politique des individus.