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La méthodologie de conduite de réunion que G. Palmade a conçue et développée avait pour objet principal une pédagogie de l'étude de problème. Notre conception du travail de groupe s'est enrichie et a changé d'objet, à la fois par des choix d'orientation psychanalytique et par une pratique dans le champ de la santé et du travail social. En nous référant aux concepts de « groupe de travail » de W.R. Bion, c'est la notion de « tâche » qui est devenue le critère à partir duquel les différents types de dispositifs de groupe sont répertoriés. Tout en gardant le fondement solide du cadre méthodologique, le travail de groupe peut concerner aussi bien des groupes thérapeutiques, des supervisions, des groupes à médiation, des groupes de formation ou d'intervention en institution. Le dispositif détermine l'espace analytique, la conduite du groupe et la place d'où l'on intervient. La topique de Bion ( work group, basic assumption, protomental ) donne une profondeur rationnelle, émotionnelle, somatopsychique à la conception de la conduite de groupe.

Lorsque nous avons commencé, dans le cadre de Transition , une action-recherche sur les adolescents en grande difficulté avec six associations liées à la Sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence en Bretagne, la dimension intergénérationnelle était l'un des principaux facteurs, source de lacunes éducatives graves et de traumatismes dans la petite enfance et à la période de latence en particulier. Nous avons été étonnés de découvrir dans plusieurs cas l'héritage d'une honte intergénérationnelle pouvant provoquer l'inclusion d'une crypte ou d'un fantôme, l'adolescent devenant acteur à son insu d'un mort enterré en lui, porteur de secrets inavouables de viol, de meurtre, d'inceste... en référence aux travaux de N. Abraham et M. Torok. Ces hypothèses ouvrent de nouvelles voies de recherche sur la clinique du fantôme à l'adolescence.

Pour passer du domaine intrapsychique de l'identification à celui psychosocial de l'identité, il est nécessaire de se référer aux groupes d'appartenance dans l'espace transitionnel desquels s'effectuent la métabolisation de la réalité psychique et du monde extérieur, la différenciation du Moi et du non-Moi, du narcissisme et de l'investissement d'objets. Le groupe constitue ainsi le chaînon manquant pour saisir à la fois les rapports du singulier au collectif et leur imbrication réciproque et permet de rendre compte de l'histoire transgénérationnelle. Selon les travaux de Nicolas Abraham et Maria Torok, le concept de fantôme postule que certaines personnes héritent de la substance psychique de secrets de leurs ancêtres. Les exemples cliniques de transmission cachée conduisent au postulat d'un lien entre la structure psychique du sujet endocryptique et de celle du groupe d'appartenance primaire.

Former des analystes de groupe est une visée paradoxale, car il s'agit d'un cheminement personnel et non essentiellement d'acquisition de connaissances ou de techniques. Instituer des normes et un cursus conduit à la question de l'habilitation. Le dispositif de formation sur quatre ans de Transition est présenté. Peut-on déterminer des critères d'évaluation ? Peut-on éviter cette question ? Qu'en est-il du projet de la Fédération européenne de psychothérapie psychanalytique ( EFPP ) de créer un certificat de psycho-thérapeute psychanalytique de groupe ?

Après 1968 et à la suite de changements au sein de l' arip (l'Association pour la recherche et l'intervention psychosociologique) aboutissant à la conception d'une psychosociologie analytique, Connexions a été fondée à un moment de grande effervescence intellectuelle où différentes orientations se sont dégagées à la suite d'échanges et de confrontations animées surtout avec Crozier et Sainsaulieu, avec Lapassade et Lourau, ou encore avec Anzieu et Kaës. La création de la revue a donné une autre dimension à ces échanges, un essor à un esprit de recherche, une exigence de rigueur en rapport à la pratique et à la clinique. Ce pari était risqué étant donné l'originalité de la démarche, le non-conformisme et l'ouverture à des approches différentes. C'est aussi sans doute la cause de sa pérennité et de l'actualité de textes publiés il y a quelques décennies. Ce dialogue entre les deux rédacteurs en chef à l'origine de sa fondation en retrace l'histoire.

Résumé Après 1968 et à la suite de changements au sein de l'ARIP aboutissant à la conception d'une psychosociologie analytique, Connexions a été fondée à un moment de grande effervescence intellectuelle où différentes orientations se sont dégagées à la suite d'échanges et de confrontations animées surtout avec Crozier et Sainsaulieu, avec Lapassade et Lourau, ou encore avec Anzieu et Kaës. La création de la revue a donné une autre dimension à ces échanges, un essor à un esprit de recherche, une exigence de rigueur en rapport à la pratique et à la clinique. Ce pari était risqué étant donné l'originalité de la démarche, le non-conformisme et l'ouverture à des approches différentes. C'est aussi sans doute la cause de sa pérennité et de l'actualité de textes publiés il y a quelques décennies. Ce dialogue entre les deux rédacteurs en chef à l'origine de sa fondation en retrace l'histoire.

La prise en charge d'adolescents difficiles, ou en grande difficulté, réactionnels, violents, dans l'agir, faisant éclater les structures d'accueil, pose à la fois des problèmes cliniques et de cadre institutionnel de façon indissociable. Une action-recherche a été menée pendant deux ans par Transition avec six Associations spécialisées dans ce domaine de l'UNASEA Bretagne, afin de travailler à la fois sur l'histoire et les traumas subis par ces adolescents et sur les dispositifs de prise en charge et l'évolution des structures institutionnelles. Ce texte est un résumé du compte rendu de cette action. Les questions que posent ces états-limites ne peuvent trouver de réponses singulières que dans un travail collectif, pluridisciplinaire, de groupes de travail en réseau, inter-institutionnel, aux limites de cadres institutionnels contenants et flexibles. L'objectif est d'abandonner enfin les représentations fondées sur les logiques de rupture et d'exclusion ou sur certaines notions comme celles de jeunes dits « incasable ».