L'intime dans la langue et la langue de bois
In: Empan, Band 77, Heft 1, S. 62-68
Résumé Dans notre société moderne de la « communication », les barrières entre le public et le privé s'abolissent. Toujours branché, toujours connecté, l'homme moderne ignore la solitude, la mise à distance nécessaire à l'« intériorité », au « retour sur soi ». Le manque – fondateur du désir et par là même de la parole – vient à manquer, illusoirement comblé par des objets indéfiniment promis comme objets de jouissance par la Technologie. Il ne faut pas s'étonner alors de voir se développer toutes les pathologies du langage et des apprentissages – « dys » de toutes sortes –, rejetons d'un univers qui évacue la question de la castration. Les lieux où nous recevons ces personnes en souffrance sont peut-être les derniers refuges où du silence peut s'instaurer, une mise à distance, un décalage recréant du manque, et ramenant le sujet vers l'intime en renouant le fil de son histoire et de son désir, en renouant avec la langue maternelle pour s'en séparer. Mais cela n'est possible que si nos lieux de travail restent dégagés de la langue de bois de l'administratif de plus en plus soumis aux injonctions objectivantes de l'économique.