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Comme pour les juges aux affaires familiales en première instance, la fixation du montant des pensions alimentaires constitue pour les juges d'appel un travail routinier relevant largement d'une gestion pragmatique des flux d'affaires qu'ils ont à réguler et à traiter. À partir d'une enquête ethnographique sur plusieurs années au sein d'une chambre familiale d'une cour d'appel, il s'agit de saisir les spécificités de la régulation judiciaire en appel au regard de celle proposée en première instance. Dès lors, en s'intéressant aux principes sur lesquels s'appuient les juges d'appel pour attribuer et, le cas échéant, calculer le montant de ces contributions, cette recherche révèle que les juridictions de second degré, par une politique judiciaire davantage restrictive, participent au renforcement des inégalités sociales et de genre.

La mobilisation des avoués près les cours d'appel fait suite à la mise en place, en juin 2007, des commissions Attali et Darrois chargées de préparer une « modernisation » des institutions judiciaires dans laquelle est envisagée la suppression de leur monopole devant les juridictions de seconde instance, entraînant ainsi la disparition de leur profession. En juin 2008, annonce est faite par la Garde des Sceaux du gouvernement Fillon d'un projet de loi qui avalise cette proposition en la présentant comme « progressiste » et allant dans le sens de l'intérêt des justiciables. Comme pour les précédentes lois visant d'autres officiers ministériels, ce projet de loi n'a pas suscité un important émoi médiatique et politique du fait d'un certain consensus politique entre des partis de gauche jugeant antidémocratique l'accès à cette profession très souvent « héritée » et conditionnée par un système de numerus clausus et une droite entrepreneuriale et libérale cherchant à ouvrir à la concurrence le marché des causes juridiques. Ce projet de loi a pourtant fait l'objet d'une mobilisation de la part de ces officiers ministériels durant près de deux années autour d'une principale revendication : le maintien de leur statut protecteur à l'écart des espaces plus concurrentiels du marché des services juridiques et judiciaires. Face à une cause qui paraît d'emblée désavouée, cet article vise à saisir les conditions sociales et politiques de possibilité de la mobilisation initiée par les avoués et de comprendre comment les modes d'action qu'ils ont utilisés ont permis, malgré les soubresauts qu'a pu connaître le mouvement de contestation, d'assurer le maintien du groupe professionnel en tant que tel et entretenir sa mobilisation... du moins jusqu'à la décision du Gouvernement de supprimer la profession.

The mobilization of solicitors around the appeal courts followed the establishment in June 2007, the Attali and Darrois commissions to prepare a 'modernization' of the judicial institutions in which envisaged the removal of their monopoly in the courts of second instance, causing the disappearance of their profession. In June 2008, announcement is made by the Attorney General of the Fillon government of a bill that endorses this proposal by presenting it as 'progressive' and in line with the interests of litigants. As in previous legislation to other officers, the bill has not generated significant media and political turmoil because of a political consensus among leftist parties holding anti-democratic access to this profession often 'inherited' and conditioned by a numerus clausus system and an entrepreneurial and liberal right seeking to open up to competition the market for legal cases. The bill has yet been a mobilization on the part of those public officers for nearly two years around a main demand: the maintenance of their protective status away from areas more competitive market legal and judicial services. Faced with a cause that seems immediately disavowed, this article aims to understand the social and political conditions of possibility of mobilization initiated by solicitors and understand how modes of action they used allowed, despite the turmoil has been able to know the protest movement, to maintain the occupation itself and maintain its mobilization ... at least until the decision of the Government to abolish the profession. Adapted from the source document.

Separation in all its aspects. Sociology of cinematic grammar in films about divorce
For over forty years, the marked increase in divorce has been accompanied by the emergence of an amicable separation model, both morally and legally. The article proposes to observe how recent French cinematography production is fictionalising divorce and its effect on family structure. Produced for '' general public'' popular cinema, films about divorce treat the ambivalences of this model and the difficulties in their implementation on a daily basis. A cinematic genre has thus been developed, for which the scriptwriting motivation is the construction of an aesthetic of conjugal intimacy confronted by the establishment of a new family spirit. Classed as '' romantic comedy'', the scriptwriting and staging of divorce thus fabricate a new standard of broadcasting medium centred on two thematic pillars : conjugal selfregulation and co-parenting.

Dans un contexte politique, militant et médiatique de disqualification du recours aux châtiments corporels, qu'en est-il des pratiques concrètes des familles ? Comment perçoivent-elles cette nouvelle norme éducative et dans quelle mesure l'appliquent-elles ou non ? Il s'agit, ici, d'interroger ce phénomène de normalisation éducative par une analyse des expériences et discours parentaux. À partir d'une campagne d'entretiens menés auprès de trente-huit parents d'enfants âgés de 2 à 15 ans, l'article met d'abord en évidence le profond discrédit qui entoure aujourd'hui le recours aux sanctions physiques éducatives, mais aussi la diversité des degrés d'adhésion à ce nouvel interdit éducatif qui, loin de s'expliquer par un facteur unique tel le genre ou la classe, engage bien d'autres dimensions des trajectoires individuelles. Cependant, tout discrédité qu'il soit, ce recours aux sanctions physiques éducatives perdure en pratique, dans certaines circonstances et en fonction d'arbitrages et de catégorisations des gestes parentaux et des comportements enfantins. Ces décalages entre les convictions morales et les pratiques éducatives quotidiennes génèrent un «travail de soi » dans différentes classes sociales dont l'article détaille les formes.

Les situations de rupture conjugale constituent un contexte favorable au dévoilement des sanctions physiques éducatives. Les séparations favorisent en effet la dénonciation des sanctions physiques éducatives soit parce que le contexte de rupture est propice à leur survenue, soit parce que le recours réel ou allégué à de telles sanctions physiques devient un argument dans le contexte de judiciarisation du conflit conjugal, notamment devant la justice familiale. Le rapport des juges à ces situations se trouve marqué par l'ambivalence et l'hésitation, entre prudence et méfiance.

Au moins un couple sur deux se sépare et le traitement judiciaire de ces séparations ne cesse de se diversifier. Analyser les inégalités face à ces procédures est essentiel pour questionner tant l'égalité de traitement dans les services publics que la différenciation des trajectoires sociales à l'issue de ces transitions familiales. Cet article mobilise une base inédite de 4 000 dossiers judiciaires en matière familiale, constituée dans sept tribunaux de grande instance, pour examiner les interdépendances entre les inégalités de classe, de genre et de territoire, au regard des délais de jugement, de la représentation par avocat·e et du recours à l'expertise. Les expériences de la justice familiale des hommes et des femmes qui se séparent sur le territoire français métropolitain varient significativement, tant en fonction de leurs propriétés sociales que de l'organisation des différents tribunaux et des marchés locaux du conseil juridique.