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Ce texte, inédit en français, est la transcription d'une communication prononcée par Jean-Pierre Pinel à Ischia, en 2018, lors des journée scientifiques de l'Association européenne pour l'analyse transculturelle de groupe. Adossé à une vignette clinique principale, l'auteur y déploie de manière originale le concept de répondant, tantôt indisponible, refusé, défaillant, et les effets psychiques mais aussi institutionnels, notamment de retournement, pour les adolescents comme pour les professionnels confrontés à une telle « déprivation du répondant ». À partir de ces conceptions, s'opère un renouvèlement des problématiques de la transmission entre générations au sein de cadres culturels complexes et invitent à comprendre les adolescents (et la clinique afférente) comme des « révélateurs et portes symptômes » susceptibles de nous permettre de nous « ressaisir des répercussions subjectives liées à l'empilement des catastrophes collectives qui ont jalonné le xx e et le xxi e siècle ».

Cet article présente, de manière synthétique, le parcours de Jean Claude Rouchy, analyste de sujet, de groupe et d'institution, pionnier dans le champ de la psychosociologie comme dans celui de la clinique des ensembles intersubjectifs et de l'interculturalité, qui a toujours articulé investissement clinique et recherche, engagement associatif et activités éditoriales. Le propos se poursuit, dans une deuxième partie, en dégageant quelques concepts et principes méthodologiques essentiels que nous lui devons. Il aborde notamment les concepts de groupe d'appartenance et d'incorporat et présente les dispositifs d'intervention et d'analyse d'institution établis par J.C. Rouchy. Il se clôt par une exploration du concept de dispositif et esquisse quelques prolongements ouverts par ses travaux.

Une revue de la littérature met en évidence que la question de l'échec est relativement marginalisée dans le champ de la clinique psychanalytique et plus encore dans celui de la clinique des interventions et supervisions institutionnelles. L'article se propose d'en ressaisir les raisons. Il propose l'hypothèse centrale selon laquelle l'échec constitue une forme princeps de négativité et, partant, se voit contre-investi, notamment en une période culturelle privilégiant la réussite et l'excellence. En appui sur différentes configurations cliniques issues d'interventions institutionnelles conduites dans des institutions soignantes, l'article montre que différentes modalités de négativité se logent dans ce qui est recouvert par le terme englobant d'« échec ». L'échec prenant ainsi, dans la clinique, les significations extrêmement différentes de symptôme, de moment transitionnel ou enfin de situation d'anéantissement.

Les adolescents en grandes difficultés génèrent une rupture itérative des liens et mettent à mal les espaces institutionnels qui leur sont offerts pour accueillir leur détresse. Dans cet article, l'auteur propose un système d'intelligibilité à cette compulsion à rompre. Il formule quelques hypothèses permettant d'ouvrir sur les conditions paradoxales de relance d'une rencontre intersubjective avec ces sujets souvent désespérants pour les professionnels et les équipes soignantes ou socio-éducatives.

À partir d'une expérience clinique d'intervenant en institutions spécialisées confrontées à des adolescents violents, je tente de proposer un système d'intelligibilité aux réverbérations et aux bouclages interactifs que ces sujets suscitent. Dans cette perspective, je développe les trois propositions suivantes : – ces sujets utilisent le site institutionnel pour déployer une scène archaïque de déliaison incorporée qui duplique la pathologie et l'effondrement du conteneur groupal primordial; – les violences et les matériaux psychiques déliés, hautement pathogènes, associés à cette catastrophe primordiale sont exportés et implantés dans la psyché des praticiens. Ils vont se loger électivement dans les failles personnelles et groupales de l'équipe institutionnelle, engendrant des mécanismes spéculaires et la formation d'alliances inconscientes pathologiques; – la relance d'un processus de symbolisation dépend des capacités des équipes à identifier, contenir, élaborer et transformer ces mouvements psychiques spécifiques.

À partir des répercussions culturelles induites par la surmodernité, l'auteur explore les transformations des système de liens intersubjectifs et sociaux. Il met plus particulièrement l'accent sur les répercussions du procès d'individualisation affectant les articulations entre le sujet psychique et le sujet social. Il tente de montrer que la poussée individualiste surmoderne atteint les valeurs fondatrices de l'Université et les liens institutionnels. Il en découle une mise en crise des rapports à la recherche et à l'enseignement. Il ressort cependant que les résistances aux changements, pointées par la plupart des études portant sur l'Université actuelle, ne constituent pas uniquement une forme de défense corporatiste, mais plus spécifiquement l'expression d'un mécanisme de défense collectif visant à préserver l'universalité et la transmission qui semblent former encore à ce jour pour nombre d'enseignants-chercheurs des valeurs princeps à soutenir.

Ce texte explore les processus psychiques mobilisés lorsque des équipes instituées ont à articuler une mission d'éducation spécialisée et d'enseignement adapté. L'instauration d'un dispositif « d'analyse clinique des pratiques d'équipe » permet de mieux comprendre les sources inconscientes des antagonismes surgissant en période de crise. Les incompatibilités résultent d'un téléscopage entre des identifications inconciliables et des antagonismes liés à des identités professionnelles immobilisées par les formations initiales. Les replis manifestés par chacune des professions sont surdéterminés par une faillite du pôle institutionnel. La crise de l'institution « Enfance inadaptée » se révèle dans son incapacité actuelle à offrir des conteneurs symboliques soutenant des significations communes se combinant avec une carence conjoncturelle du pôle organisationnel qui ne fournit plus les dispositifs permettant d'aménager les rapports entre les fonctions d'éducation et d'enseignement. Le groupe d'analyse clinique des pratiques d'équipe peut constituer un des dispositifs permettant de dépasser les clivages soutenus par les formations initiales.

Ce texte est la transcription d'un extrait des plus saillants d'un entretien de René Kaës mené par Jean-Pierre Pinel à l'occasion du colloque de la Fédération française des psychologues et de psychologie « Aux sources de la violence : de l'enfance à l'adolescence » qui s'est tenu à Paris en octobre 2009. À l'invitation de Jean-Pierre Pinel, René Kaës y développe quelques aspects d'une « théorie de la violence et de la négativité » et simultanément d'une « violence au service de la vie ». Soutenu par les apports de nombreux auteurs (Anzieu, Aulagnier, Bergeret, Zaltzman, Gibello, Puget…), René Kaës dresse progressivement les lignes de force d'un processus de symbolisation de la violence qui ne serait pas uniquement représentation de l'origine mais bien représentation de la violence des origines.

Après avoir rappelé quelques jalons de la modélisation des interventions institutionnelles proposée par Jean Claude Rouchy, l'article propose une analyse de ses concepts essentiels : la différenciation formation-intervention, la centralité de la notion de dispositif et la place de l'intervenant. Sont ensuite distingués les différents dispositifs d'intervention (analyse des pratiques, supervision, consultation, analyse d'institution), repérage princeps du modèle. Enfin dans une dernière partie, l'article montre les limites actuelles de la modélisation face aux bouleversements qui affectent le cadre et le métacadre des institutions. Le délitement des structures comme l'effacement des organisateurs d'équipes instituées exigent la construction de nouveaux cadres théorico-méthodo-logiques et la création de dispositifs pertinents. La question de l'intervention prend ainsi une très grande actualité et constitue un chantier interminable.