Mental health care delivery systems are attempting to strengthen the care supply within users' social environment (community care) and simultaneously to reduce the fragmentation of care delivery (care integration). Fragmentation particularly affects severely and chronically mentally ill patients with multiple and complex needs. These two aims may, however, appear to be in conflict, as fragmentation has been shown to be greater in community-based models of care. Mental health service networks have often been identified as an effective way of overcoming the issue of care fragmentation in community-based care systems. However, it remains unclear how networks should be designed and governed to address this specific issue. Our approach assumes that the structure of relations within service networks influences processes of collective action and outcomes at the user, service, and whole network levels. In three studies, we examined patterns of clinical and organisational relations between services, a tool for integrating care at the user level, and policy expectations in relation to care delivery networks. The research indicates that community care and integrated care require different patterns of relations between services, and in particular a model that favours density of ties or a model that favours the centrality of a specific agent. Moreover, there may be a conflict between clinical and organisational relationships, as well as between the needs of users and of the health system. Understanding these key factors may help to improve the organisation of mental health care delivery. They also suggest new perspectives in mental health service research and suggest tools that managers and policy-makers could use to monitor the implementation of service networks. ; Les systèmes de soins de santé mentale essaient de favoriser une offre de soins qui maintient le patient dans son environnement social (soins communautaires) tout en réduisant les problèmes de fragmentation de l'offre de soins (soins intégrés). La fragmentation des soins affecte plus particulièrement les patients psychiatriques chroniques et sévères qui ont des besoins multiples et complexes. Ces deux objectifs peuvent toutefois sembler en conflit, car la fragmentation des soins est plus importante dans les modèles de délivrance basés sur les soins communautaires. Les réseaux de services en santé mentale sont souvent désignés comme un moyen de faire face à la question de la fragmentation des soins communautaires. Cependant, on ne sait toujours pas de quelle manière de tels réseaux devraient être structurés et gouvernés pour effectivement atteindre cet objectif. Notre approche postule que la structure des relations existantes au sein d'un réseau de services influence les processus d'action collective et les résultats de ce réseau, au niveau des usagers, des services et du réseau dans son ensemble. Au travers de trois études, nous examinons les modèles de relations cliniques et organisationnelles existant entre des services, un outil visant une meilleure intégration des soins au niveau du patient, et les objectifs politiques d'une réforme de l'organisation des soins de santé mentale qui s'appuie sur de tels réseaux. Notre recherche montre que les soins communautaires et les soins intégrés requièrent des structurations de relations différentes, notamment un modèle qui favorise la densité des liens ou un modèle qui s'appuie sur la centralité d'un agent spécifique. En outre, il peut y avoir un conflit entre les relations cliniques, d'une part, et les relations organisationnelles, d'autre part ; ainsi qu'un conflit entre les besoins des patients et les besoins du système de soins. Une meilleure compréhension de ces facteurs structurels peut contribuer à une meilleure organisation de la délivrance de soins de santé mentale. Ces facteurs suggèrent également de nouvelles perspectives de recherche au niveau de l'organisation des services de santé mentale, ainsi que des outils pour les gestionnaires de réseau et les décideurs politiques afin d'évaluer la mise en oeuvre des soins en réseau. ; (ESP 3) -- UCL, 2013
Mental health care delivery systems are attempting to strengthen the care supply within users' social environment (community care) and simultaneously to reduce the fragmentation of care delivery (care integration). Fragmentation particularly affects severely and chronically mentally ill patients with multiple and complex needs. These two aims may, however, appear to be in conflict, as fragmentation has been shown to be greater in community-based models of care. Mental health service networks have often been identified as an effective way of overcoming the issue of care fragmentation in community-based care systems. However, it remains unclear how networks should be designed and governed to address this specific issue. Our approach assumes that the structure of relations within service networks influences processes of collective action and outcomes at the user, service, and whole network levels. In three studies, we examined patterns of clinical and organisational relations between services, a tool for integrating care at the user level, and policy expectations in relation to care delivery networks. The research indicates that community care and integrated care require different patterns of relations between services, and in particular a model that favours density of ties or a model that favours the centrality of a specific agent. Moreover, there may be a conflict between clinical and organisational relationships, as well as between the needs of users and of the health system. Understanding these key factors may help to improve the organisation of mental health care delivery. They also suggest new perspectives in mental health service research and suggest tools that managers and policy-makers could use to monitor the implementation of service networks. ; Les systèmes de soins de santé mentale essaient de favoriser une offre de soins qui maintient le patient dans son environnement social (soins communautaires) tout en réduisant les problèmes de fragmentation de l'offre de soins (soins intégrés). La fragmentation des soins affecte plus particulièrement les patients psychiatriques chroniques et sévères qui ont des besoins multiples et complexes. Ces deux objectifs peuvent toutefois sembler en conflit, car la fragmentation des soins est plus importante dans les modèles de délivrance basés sur les soins communautaires. Les réseaux de services en santé mentale sont souvent désignés comme un moyen de faire face à la question de la fragmentation des soins communautaires. Cependant, on ne sait toujours pas de quelle manière de tels réseaux devraient être structurés et gouvernés pour effectivement atteindre cet objectif. Notre approche postule que la structure des relations existantes au sein d'un réseau de services influence les processus d'action collective et les résultats de ce réseau, au niveau des usagers, des services et du réseau dans son ensemble. Au travers de trois études, nous examinons les modèles de relations cliniques et organisationnelles existant entre des services, un outil visant une meilleure intégration des soins au niveau du patient, et les objectifs politiques d'une réforme de l'organisation des soins de santé mentale qui s'appuie sur de tels réseaux. Notre recherche montre que les soins communautaires et les soins intégrés requièrent des structurations de relations différentes, notamment un modèle qui favorise la densité des liens ou un modèle qui s'appuie sur la centralité d'un agent spécifique. En outre, il peut y avoir un conflit entre les relations cliniques, d'une part, et les relations organisationnelles, d'autre part ; ainsi qu'un conflit entre les besoins des patients et les besoins du système de soins. Une meilleure compréhension de ces facteurs structurels peut contribuer à une meilleure organisation de la délivrance de soins de santé mentale. Ces facteurs suggèrent également de nouvelles perspectives de recherche au niveau de l'organisation des services de santé mentale, ainsi que des outils pour les gestionnaires de réseau et les décideurs politiques afin d'évaluer la mise en oeuvre des soins en réseau. ; (ESP 3) -- UCL, 2013
L'Union Européenne a demandé à l'ensemble de ses Etats membres de réaliser des évaluations de leur politique en matière de drogues. En Belgique, ce travail a été longtemps repoussé de par la complexité institutionnelle du pays. En 2001 et en 2010, le gouvernement fédéral puis la Conférence Interministérielle Santé Publique ont doté la Belgique de documents-cadre en vue d'une politique intégrée et intégrale en matière de drogues. L'évaluation réalisée montre que, si la plupart des intentions politiques mentionnées dans ces documents ont bien été abordées dans des actions politiques menées au Fédéral ou dans les entités fédérées, leur réalisation a souvent été incomplète, ne résultant pas d'une action concertée et cohérente, et donc que les politiques en matière de drogues sont toujours fragmentées. En outre, ces documents sont le plus souvent dépassés et l'approche qu'ils défendent n'est pas à même de faire face aux réalités changeantes dans ce domaine. L'étude aboutit à une dizaine de recommandations pour repenser l'architecture politique derrière la prise de décision en matière de drogues.
L'Union Européenne a demandé à l'ensemble de ses Etats membres de réaliser des évaluations de leur politique en matière de drogues. En Belgique, ce travail a été longtemps repoussé de par la complexité institutionnelle du pays. En 2001 et en 2010, le gouvernement fédéral puis la Conférence Interministérielle Santé Publique ont doté la Belgique de documents-cadre en vue d'une politique intégrée et intégrale en matière de drogues. L'évaluation réalisée montre que, si la plupart des intentions politiques mentionnées dans ces documents ont bien été abordées dans des actions politiques menées au Fédéral ou dans les entités fédérées, leur réalisation a souvent été incomplète, ne résultant pas d'une action concertée et cohérente, et donc que les politiques en matière de drogues sont toujours fragmentées. En outre, ces documents sont le plus souvent dépassés et l'approche qu'ils défendent n'est pas à même de faire face aux réalités changeantes dans ce domaine. L'étude aboutit à une dizaine de recommandations pour repenser l'architecture politique derrière la prise de décision en matière de drogues.
Depuis 2011, la réforme de l'organisation des soins psychiatriques « Vers de meilleurs soins en santé mentale » (dite « article 107 ») est mise en oeuvre. En 2014, 19 projets de réseaux de services ont été développés dans les trois régions du pays. Des données ont été collectées à propos de 1199 usagers psychiatriques chroniques et complexes au sein de ces réseaux, ainsi qu'auprès de 542 services. Cet article résume les principaux résultats de cette première phase d'évaluation. Ils témoignent à la fois de l'effectivité de sa mise en oeuvre et des domaines à prendre en compte pour son développement ultérieur, notamment en matière de développement des soins dans le milieu de vie des patients, de formalisation de la collaboration et de la continuité des soins, et de soutien à la réhabilitation sociale des usagers. Ils témoignent aussi de la grande variété de dispositifs locaux issus d'une politique commune. ; Since 2011, Belgium has been implementing a nation-wide reform of its mental health care delivery organisation (known as « Title 107 »). In 2014, 19 projects of service networks were established across the three regions of the country. Data were collected on 1,199 chronic and complex psychiatric users within these networks, as well as on 542 services. This article summarises the main findings of the first phase of the evaluation process. These findings show the effectivity of the implementation process and the domains to address in its subsequent development. In particular, results illustrate topics such as the development of community-based services, the need of formalisation tools for collaboration and continuity of care, and support for social recovery of users. Findings also show the wide variety of local settings from a common policy programme.
Depuis 2011, la réforme de l'organisation des soins psychiatriques « Vers de meilleurs soins en santé mentale » (dite « article 107 ») est mise en oeuvre. En 2014, 19 projets de réseaux de services ont été développés dans les trois régions du pays. Des données ont été collectées à propos de 1199 usagers psychiatriques chroniques et complexes au sein de ces réseaux, ainsi qu'auprès de 542 services. Cet article résume les principaux résultats de cette première phase d'évaluation. Ils témoignent à la fois de l'effectivité de sa mise en oeuvre et des domaines à prendre en compte pour son développement ultérieur, notamment en matière de développement des soins dans le milieu de vie des patients, de formalisation de la collaboration et de la continuité des soins, et de soutien à la réhabilitation sociale des usagers. Ils témoignent aussi de la grande variété de dispositifs locaux issus d'une politique commune. ; Since 2011, Belgium has been implementing a nation-wide reform of its mental health care delivery organisation (known as « Title 107 »). In 2014, 19 projects of service networks were established across the three regions of the country. Data were collected on 1,199 chronic and complex psychiatric users within these networks, as well as on 542 services. This article summarises the main findings of the first phase of the evaluation process. These findings show the effectivity of the implementation process and the domains to address in its subsequent development. In particular, results illustrate topics such as the development of community-based services, the need of formalisation tools for collaboration and continuity of care, and support for social recovery of users. Findings also show the wide variety of local settings from a common policy programme.
Background: Patients with severe mental illnesses (SMI) have low levels of social integration, which could be improved if they used social services. To our knowledge, however, the extent to which they use generic social services remains unknown. Aims: We assessed the extent to which patients with SMI use generic social services and the factors that may drive that usage. Method: In 2014, we carried out a multi-setting clustered survey of patients with severe mental disorders ( n = 1,019, participation rate = 71%) and of services ( n = 517, participation rate = 53%) in 19 networks of services, covering most of Belgium. On the one hand, we asked patients, amongst other, about their health condition, their social integration in the community, and their use of social services of different types. On the other hand, we asked each service to report on its relationships with other services in the services networks. Results: On average, patients' use of generic social services within the previous 6 months was low (6%–16%), with the exception of administrative services. There were few differences in usage according to the severity of patients' symptoms, but some differences according to gender and age were observed. Social integration was improved when generic social services were more central in the networks. Conclusions: We suggest that generic social services should be more central in mental health services networks.
In: Social psychiatry and psychiatric epidemiology: SPPE ; the international journal for research in social and genetic epidemiology and mental health services, Band 54, Heft 6, S. 725-735
Background: For more than 30 years, drug consumption rooms (DCRs) have been implemented in Western countries. DCRs are supported by a large body of evidence about public safety and public health effectiveness. However, a political consensus has never been achieved in Belgium on amending the existing law that explicitly penalises the supply of a room for facilitating drug use. Despite this adverse legal and policy framework, a DCR opened in the city of Liège in 2018. In this case report, we applied the theoretical framework proposed by Shiffman and Smith for policy agenda setting, in order to describe and assess how political and legal barriers were overcome in the process of opening the DCR. Case presentation: For some years, fieldworkers and some city policymakers argued for DCR implementation in Belgium, but without gaining the support of the national authorities, mainly for ideological reasons. In order to address this debate, a feasibility study of DCR implementation in Belgian cities was commissioned. At the national level, an institutional debate took place about the political responsibility for DCRs as a public health intervention, as health care is mainly a matter of regional policy. The lack of consensus led to a situation of political deadlock. Meanwhile, the publication of the study report and the context of local elections offered an opportunity for Liège authorities to reignite the local debate on DCRs. At the local level, law enforcement, care professionals, residents, users, and the press were all involved in the implementation process. Therefore, a local consensus was formed and despite the absence of any national legal change, the DCR opened 1 month before the local elections. It has been working without major medical or legal incident since then. Incidentally, the mayor of Liège was re-elected. Conclusions: Although the lack of a legal framework may engender instability and affect longer-term effectiveness, the DCR implementation in Liège was successful and was based on a local consensus and effective communication rather than on an appropriate legal framework. The experience provides lessons for other cities that are considering opening a DCR despite an adverse legal and political context.
Background: For more than 30 years, drug consumption rooms (DCRs) have been implemented in Western countries. DCRs are supported by a large body of evidence about public safety and public health effectiveness. However, a political consensus has never been achieved in Belgium on amending the existing law that explicitly penalises the supply of a room for facilitating drug use. Despite this adverse legal and policy framework, a DCR opened in the city of Liège in 2018. In this case report, we applied the theoretical framework proposed by Shiffman and Smith for policy agenda setting, in order to describe and assess how political and legal barriers were overcome in the process of opening the DCR. Case presentation: For some years, fieldworkers and some city policymakers argued for DCR implementation in Belgium, but without gaining the support of the national authorities, mainly for ideological reasons. In order to address this debate, a feasibility study of DCR implementation in Belgian cities was commissioned. At the national level, an institutional debate took place about the political responsibility for DCRs as a public health intervention, as health care is mainly a matter of regional policy. The lack of consensus led to a situation of political deadlock. Meanwhile, the publication of the study report and the context of local elections offered an opportunity for Liège authorities to reignite the local debate on DCRs. At the local level, law enforcement, care professionals, residents, users, and the press were all involved in the implementation process. Therefore, a local consensus was formed and despite the absence of any national legal change, the DCR opened 1 month before the local elections. It has been working without major medical or legal incident since then. Incidentally, the mayor of Liège was re-elected. Conclusions: Although the lack of a legal framework may engender instability and affect longer-term effectiveness, the DCR implementation in Liège was successful and was based on a local consensus and effective communication rather than on an appropriate legal framework. The experience provides lessons for other cities that are considering opening a DCR despite an adverse legal and political context.
L'analyse des réseaux personnels étudie les relations sociales des individus et utilise de plus en plus la visualisation de ces réseaux en situation d'enquête. Cependant, le fait de voir son réseau objectivé dans une image ne laisse pas une personne inchangée. S'appuyant sur deux protocoles de recherche différents, cet article présente quelques réactions que suscite la co-construction du réseau personnel à l'aide de visualisations et examine l'impact de l'interaction entre personnes enquêtrices et enquêtées dans l'appropriation des résultats finaux. Les enjeux sont éthiques, dans la mesure où ils concernent le sort d'autrui au sens large, au-delà du respect des règles formelles. Nous mobilisons la réflexivité comme un moyen d'apprendre de nos propres expériences de recherche dans les domaines de l'entrepreneuriat et de la santé mentale respectivement. L'article contribue ainsi à un débat plus large sur l'éthique de la recherche en sociologie, qui englobe les impacts et qui, nous croyons, nécessite la participation active des chercheurs et chercheuses de terrain.
In: Social psychiatry and psychiatric epidemiology: SPPE ; the international journal for research in social and genetic epidemiology and mental health services, Band 56, Heft 3, S. 363-373
In: Alcohol and alcoholism: the international journal of the Medical Council on Alcoholism (MCA) and the journal of the European Society for Biomedical Research on Alcoholism (ESBRA), Band 54, Heft 3, S. 279-286
Background: Social support is a key dimension of personal recovery for patients with severe mental disorders. Although clinicians and health professionals should monitor the social support resources of patients in order to provide effective treatment, no specific tool or intervention exist for that purpose. Egonet is a computer-assisted intervention for health and social services that enables the mapping, assessment and fostering of patients' social support networks. Aims: This paper describes the intervention and evaluates the appropriateness and acceptability of its implementation in a clinical setting. Method: We described the computer-assisted intervention. We used a questionnaire to assess how appropriate and acceptable clinicians found a preliminary version to be. We also collected patients' level of satisfaction with their social support networks before and after the intervention and carried out qualitative interviews. Results: Egonet is made up of four components: (1) a computer-assisted interview for mapping social networks, (2) a remote data server, (3) a data-mining module and (4) a customisable reporting tool. Egonet was implemented for 232 patients by 91 clinicians from five services. The intervention was perceived by clinicians as appropriate and useful for clinical practice, although it was noted that considerable effort was required to obtain its benefits. Patients were slightly more satisfied with their social support after the intervention than before, and expressed the opinion that more attention should be paid to the social support network. Conclusions: EGONET is appropriate and acceptable for use in work related to the social support networks of patients with psychiatric disorders.
[English version below] Les usagers de drogues illicites (UDI) font l'expérience d'un vaste ensemble de dommages liés à cette consommation de drogues. Dans le monde entier, les Etats ont, depuis de nombreuses années, développé diverses options politiques en matière de drogues qui visent à réduire de tels dommages, lesdites politiques de Réduction des risques (Csete et al., 2016; Strang et al., 2012). Cette composante désigne les politiques, les programmes et les pratiques visant principalement la réduction des conséquences négatives connexes à l'usage de drogues psychoactives, légales ou illégales, sur les plans sanitaire, social et économique, sans pour autant viser la réduction de la consommation elle-même. La Réduction des Risques est basée sur un modèle de santé publique dont l'objectif premier est d'améliorer l'état de santé et de bien-être des usagers de drogues tout en réduisant les dommages pour la population et la société. Il s'agit donc d'un complément aux approches qui visent la prévention et la réduction de l'usage de drogues en général (EMCDDA, 2010). Des organisations internationales considèrent les interventions de Réduction des risques comme des good practices. Celles-ci incluent les traitements de substitution aux opiacés, les programmes d'échange et d'accès aux seringues et aux aiguilles, ou les traitements par délivrance d'héroïne contrôlée. L'une des interventions spécifiques de Réduction des Risques sont les salles de consommation à moindre risque (SMCR), que l'on définit comme des lieux reconnus légalement, offrant un environnement hygiéniquement sûr, où des individus peuvent consommer les drogues qu'ils ont obtenues préalablement, sans jugement moral, et sous la supervision d'un personnel qualifié. Bien que les SMCR peuvent varient quant à leurs procédures opérationnelles et leurs modèles de fonctionnement, leurs objectifs sont similaires. La finalité générale des SMCR est d'entrer en contact avec les populations d'UDI les plus à risque et de répondre à leurs problèmes, principalement les usagers injecteurs et ceux qui consomment en public. Pour cette population, les SMCR visent à réduire les risques de transmission d'infections, ainsi qu'à diminuer les problèmes de morbidité et de mortalité liés aux overdoses et aux autres dommages associés à l'usage de drogues en milieu non-hygiénique ou peu sûr. En plus de ces objectifs sanitaires, les SMCR visent également à réduire les nuisances liées à l'usage de drogues dans des lieux publics et de diminuer la présence de seringues et d'aiguilles usagées sur la voie publique, ainsi que d'autres problèmes d'ordre public en relation avec les scènes ouvertes de consommation de drogues. Ainsi, les SMCR visent à diminuer les conséquences négatives de l'usage de drogues illicites, tant au plan individuel que social. DRUGROOM │ 4 De tels services de Réduction des Risques sont opérationnels depuis 1986. En 2017, l'Europe compte 90 SMCR officielles dans huit pays: au Danemark, en Norvège, en Espagne, en Suisse, et dans les quatre pays voisins de la Belgique: en France, en Allemagne, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Des preuves scientifiques substantielles ont été obtenues au cours des trente dernières années à propos de l'efficacité des SMCR. Malgré des différences opérationnelles, on a montré des effets positifs des SMCR tant pour les UDI que pour la population générale, en particulier lorsqu'elles sont intégrées dans le tissu des autres services d'assistance locale. En outre, la fréquentation et l'utilisation des SMCR ont été associées à une réduction significative des accidents par overdose et des problèmes liés à l'échange de seringues usagées, des blessures par injection, sans pour autant engendrer une augmentation du nombre d'UDI et sans affecter les taux de rechute. Les SMCR constituent aussi un point d'entrée important vers les services de soins et autres services sociaux pour usagers de drogues. Sur le plan social, la mise en place de SMCR a permis d'améliorer l'ordre public en réduisant la présence de déchets liés à l'injection sans pour autant avoir augmenté la criminalité associée à l'usage de drogues. Ainsi, les SMCR ont été évaluées comme ayant atteint leurs objectifs de santé et de sécurité publique, et trouvent donc leur place dans l'ensemble des services destinés aux UDI (Kennedy, Karamouzian, & Kerr, 2017; Potier et al., 2014). Cependant, malgré l'abondance de preuves scientifiques, la mise en place de SMCR reste un sujet très controversé, bien que ce soit à l'agenda politique d'un grand nombre de pays dans le monde (par ex. en Irlande, en Ecosse, ou aux Etats-Unis). Pourtant, à ce jour, il n'existe pas de SMCR en Belgique. La Cellule Générale de Politique Drogues a publié un document de travail en 2016 à ce sujet (CGPD, 2016). Ce document s'interroge sur la faisabilité et les conditions préalables à remplir pour la mise en place de SMCR en Belgique, avec une attention spécifique aux besoins et aux aspects organisationnels, budgétaires et légaux. Une des sept conclusions finales du document était qu'une étude de faisabilité était nécessaire si l'on voulait mettre en place de telles SMCR. C'est donc dans ce contexte que la Politique Scientifique Fédérale (BELSPO) a commandité, pour la première fois, une recherche évaluant cette faisabilité en Belgique. --- People who use illicit drugs (PWUD) experience a wide range of drug-related harms. Worldwide, countries have been converging on a core of drug policy options aimed at reducing these drug-related harms for many years, including harm reduction (Csete et al., 2016; Strang et al., 2012). This latter component, harm reduction, refers to policies, programmes and practices that aim primarily to reduce the adverse health, social and economic consequences of the use of legal and illegal psychoactive drugs, without necessarily reducing drug consumption. Harm reduction is grounded within a public health model, which primarily aims to improve the health and well-being of drug users alongside reducing community and societal level harms, and complements approaches that seek to prevent or reduce the overall level of drug use (EMCDDA, 2010). International bodies identify harm reduction interventions as good practices, including opioid substitution treatment, needle and syringe (exchange) programmes, and heroin-assisted treatment (EMCDDA, 2010). One specific intervention includes drug consumption rooms1 (DCRs), defined as legally sanctioned facilities offering a hygienic environment where individuals can use pre-obtained drugs in a non-judgemental environment and under supervision of trained staff. Although DCRs vary in operational procedures and design, the aims of DCRs are similar across sites. The overall rationale for DCRs is reach out to, and address the problems of, specific high-risk populations of PWUD, especially injectors and those who consume in public. For this group, DCRs aim to reduce the risk of transmission of blood-borne infections, to reduce the likelihood of morbidity and mortality resulting from overdose, and to help people who use drugs avoid other harms associated with drug consumption under unhygienic or unsafe conditions. In addition to these health-oriented goals, DCRs also aim to contribute to a reduction in drug use in public places and the presence of discarded needles and other related public order problems linked with open drug scenes. In sum, DCRs aim to reduce both individual-level and public-level harms associated with illicit drug use. These harm reduction facilities have been operating since 1986; anno 2017, Europe counted 90 official DCRs in eight countries: Denmark, Norway, Spain, Switzerland, and Belgium's four neighbouring countries: France, Germany, Luxembourg, and the Netherlands (EMCDDA, 2017). A substantial body of scientific evidence has accumulated over the past three decades to support the effectiveness of DCRs; although heterogeneous in design and operation, DCRs have demonstrated that they can 1 The term 'drug consumption room' is often used interchangeably with supervised injection facility (SIF), safe injection site (SIS), and medically supervised injection centre (MSIC). DRUGROOM │ 4 produce beneficial effects, both for PWUD and for the community, particularly when they are part of a wider continuum of local interventions. Moreover, (frequent) DCR use has been associated with reductions in overdose-related harms, syringe sharing and injection-related injuries, without increasing either the number of local PWUD or rates of relapse. DCRs also serve as important entry points to external drug treatment and other health and social services for PWUD. At the community level, the establishment of DCRs has contributed to improvements in public order through reductions in public drug use and publicly-discarded injection-related litter, and has not been associated with increases in drug-related crime. Collectively, the available evidence suggests that DCRs are effectively meeting their primary public health and order objectives and therefore supports their role within a continuum of services for PWUD (Kennedy, Karamouzian, & Kerr, 2017; Potier et al., 2014). Despite this abundance of evidence, implementation of DCRs remains highly controversial. Yet, the debate about implementing new DCRs remains high on the political agenda in a number of countries worldwide (e.g., Ireland, Scotland, United States). To date, Belgium does not offer a DCR to its drug using population. The General Drugs Policy Cell published a working paper in 2016 devoted to the topic of DCRs in Belgium (ACD, 2016). They sought to investigate the feasibility and preconditions for the implementation of DCRs in Belgium, with specific attention to needs, and organisational, budgetary and legal aspects. One of the seven final conclusions was that, if one wishes to implement a DCR, a prior feasibility study is essential. Against this background, the Belgian Science Policy Office (BELSPO) commissioned a first-ever study to assess the feasibility of DCRs in Belgium.