La suréducation ou le déclassement d'une main-d'œuvre de plus en plus instruite constitue une question sociale d'actualité transformée en question de recherche par les différentes sciences sociales. L'article tente de faire le point sur le problème, en investissant une littérature économique dense et très ouverte aux débats contradictoires aussi bien sur les faits que sur les interprétations. Un balayage des outils méthodologiques spécifiques proposés et des principaux résultats enregistrés par les nombreuses études nationales et internationales sur la question est effectué. Ce dernier pointe les divers aspects de cet appariement imparfait enregistré entre le niveau d'éducation des travailleurs et le niveau d'éducation « requis » des emplois dont l'ampleur reste encore entachée de beaucoup d'incertitude. Au plan théorique, l'objet d'analyse s'avère aussi particulièrement rétif à toute tentative d'interprétation générale. L'article présente ensuite en les discutant les différents corpus théoriques, avancés par l'économie du travail et l'économie de l'éducation, susceptibles de fournir des interprétations plausibles mais souvent très partielles des causes et des conséquences de la suréducation.