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Les opérations de développement local en milieu rural ont été à l'origine de la proposition de nouveaux territoires pour l'action. Venus après eux, les nouveaux dispositifs de gestion sociale territorialisée en milieu urbain semblent bien avoir repris la même problématique. L'article montre comment ces opérations sont indissociables de la construction de territoires qui se donnent à voir comme « exemplaires », « expérimentaux » et « exceptionnels », c'est-à-dire posés dans une extériorité fictive par rapport à la société. Ces formes originales montrent que les territoires nouveaux, plutôt que des unités sociales susceptibles d'atteindre à une existence politique, sont des moyens pour la parole technicienne de construire son espace.

Résumé À partir de deux motifs, celui de la «?figure locale?» et celui de «?l'utopie qui a lieu?», l'auteur saisit le lieu en tant qu'il procède d'un effort pour le construire comme inédit. S'appuyant sur deux exemples concrets qu'il lui a été donné d'étudier, à la ville et à la campagne, et qui tous les deux mobilisent la figure de l'«?établi?», il soutient la thèse selon laquelle, dans les initiatives «?locales?» se donnant à voir comme alternatives, il serait possible de déceler les assises théoriques de la légitimité in statu nascendi des nouveaux territoires en gestation.

Résumé Alors que les mondes peuvent changer rapidement, les catégories qui servent à les décrire sont souvent beaucoup plus visqueuses. Les qualificatifs de sauvage ou domestique appliqués aux animaux sont devenus de plus en plus problématiques. Pour remplacer cette polarité héritée d'un monde rural largement disparu, l'auteur en propose une autre – à des fins heuristiques – qui les distinguerait selon qu'ils sont plutôt du côté vivant-matière ou plutôt du côté vivant-personne . Superposée à la précédente, parce que tout ne change pas en même temps, cette catégorisation permettrait de rendre de compte de façon plus complète des rapports que nous entretenons avec tous les êtres vivants.

Résumé À partir de l'hypothèse d'une crise de la modernité et d'un changement du rapport social au temps, l'article démontre que le recours aux patrimoines dans les campagnes françaises n'est pas une simple mode. On tentera de répondre à la question politique de l'« identité des différents collectifs » humains dans la durée. Dans un contexte de mondialisation, fonder des territoires, c'est articuler local et global. L'écologie d'un côté, l'ethnologie de l'autre, ces deux versants du naturel et du culturel, apparaissent comme les moyens privilégiés pour réaliser cette articulation.

Les vaches existent ordinairement sous trois formes : celles des souvenirs enfantins, abondamment reprises dans la littérature ; celles dont les images envahissent les espaces publicitaires ; celles enfin, beaucoup plus discrètes, qui vivent leur vie réelle dans des exploitations agricoles. Une quatrième forme est apparue récemment sur les écrans de télévision : des carcasses poussées dans des charniers par des bulldozers après la destruction des troupeaux pour cause de contamination par un funeste et mystérieux prion. Ce sont ces dernières images qui, en ce qu'elles ont fait voir ce qui était devenu invisible, sont le motif de cet article. Après qu'il eut décrit dans le détail la vie ordinaire d'une vache réelle, et émit l'hypothèse qu'on pourrait la considérer comme un « être vivant technicisé », l'auteur propose de comprendre l'ampleur prise par le phénomène de la vache médiatisée comme étant le prolongement de cette « industrialisation ». Le réseau socio-technique comme condition de possibilité d'existence de la vache réelle doit être étendu au réseau socioculturel qui, en parallèle, tente de faire durer une représentation symbolique largement nostalgique et de plus en plus éloignée des pratiques coqncrètes. Jusqu'à ce que la folie de la vache interroge celle des hommes.

Intrigued by the new requirements to "save the nature", "preserve the environment", "save the natural patrimony of humanity", or also to "maintain biodiversity", the author wonders where this new concern for patrimonializing the living comes from. As if it weren't a part of life to perpetuate itself by its own reproduction. The thesis he develops is that rather than a concern about the future of life, it truly is a symptom caused by the project of mastering it in the future. The patrimonializing of the living would then be a process isolating all factors by which life reproduces itself, to master it as a resource without any influence by the period in evolution or the environment.

Natural Heritage of Humanity Perceived as a Symptom.
The making of Environmental Law is a favoured field for the rise of new notions. Some of them like the « Natural Heritage of Humanity » have already become obvious facts. This paper questions the form rather than the content of their expression and attempts to analyse them as rhetorical figures revealing any configurations forming between them. It is based on a major hypothesis : environmental law, while being a practical answer to what is referred to as « the environmental crisis », is currently witness to a broad reorganization of the symbolic representation of the world. So it is for the « natural heritage of humanity » figure, in which the gathering of three words transforms the meaning of each of them. Heritage contributes to the institution of a duration after death. In consequence, Nature is identified with the sum of living beings that are to be « kept safe ». Finally, humanity becomes thinkable only in terms of the succession of generations of a (particular) species.

La catégorie d'animaux "nuisibles" témoigne d'une représentation sociale de moins en moins partagée. Hier promis à la destruction à cause des dégâts qu'ils étaient accusés de commettre, ils ne peuvent plus aujourd'hui qu'être "régulés". L'auteur examine deux processus par lesquels ce changement de nature du sauvage a pu être entamé. Le travail de réhabilitation est celui qui consiste à changer l'image sociale de ces animaux. Celui de reproblématisation vise à donner les bases légitimes à la gestion des problèmes qu'ils peuvent continuer à poser. Mais comme le montre l'examen des péripéties juridiques au sujet du piégeage, cette "écologisation" du sauvage est encore l'objet de débats soutenus.

Développés dans le double contexte, national, d'un discours consensuel sur le nécessaire renouveau de la démocratie locale et régional, d'une victoire d'une liste de gauche aux élections municipales, l'expérience des comités de quartier permet de tester, sur le cas de la ville de Saint-Étienne, le contenu et le rôle de ces nouvelles formes de groupement établis sur une base résidentielle. L'étude distingue trois types de comités définis principalement par les modes de rapport à la population qu'ils sont censés représenter ainsi que par leurs codes implicites de fonctionnement.
En conclusion, les auteurs s'interrogent sur les modifications réelles introduites par l'existence de ces comités dans le système traditionnel de gestion-représentation des populations locales.