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La 4e de couv. indique : "Sommes-nous en crise parce que nous avons trop de marché ? Ou pas assez ? Autrement dit, le marché est-il le problème ou la solution ? Cet ouvrage propose de dépasser l'opposition entre État et marché. Il montre, par de nombreux exemples, que le principe de concurrence et la propriété privée, fondements d'une économie de marché, ne peuvent s'exercer qu'en s'associant avec d'autres logiques de redistribution, d'autosuffisance et de réciprocité. De ce fait, il existe une grande diversité de types de marchés, qu'il est impossible de réduire à un modèle unique qui jouerait un rôle libérateur. Pour y parvenir, il est essentiel, à de multiples niveaux, de reconnaître des communs et d'inventer les modes démocratiques de leur appropriation et de leur gestion

Inheriting peasant struggles, agroecology has emerged in Brazil from the criticism of the social-environmental invalidity of agricultural modernization and the affirmation of practices allowing a more autonomous and sustainable organization of work and life. Rural women's movements and feminist organizations are occupying this political field. To understand the meaning of "feminist agroecology" in Brazil and to evaluate its potential for social transformation requires us to return to the conflicts, related to the relations of production and gender, by which it was constituted and to analyse by which practices autonomy is (or not) built. In this article, I develop this analysis from a field research with the network of agroecological women farmers of Barra do Turvo, in the south-east of the country. On a theoretical level, I am using a relational approach to autonomy, recognizing the need for interdependencies in the different spheres of social life. To this end, I rely on a substantive and feminist conception of the economy, drawing attention to all forms of work, particularly care work. ; Heredera de las luchas campesinas, la agroecología surgió en Brasil a partir de la crítica de la inviabilidad socioambiental de la modernización agrícola y de la afirmación de una organización más autónoma y sostenible del trabajo y de la vida. Movimientos de mujeres rurales y organizaciones feministas ocupan este campo político. Comprender el significado de la "agroecología feminista" en Brasil y evaluar su potencial de transformación social requiere volver a los conflictos sobre las relaciones de producción y de género por los cuales se constituyó, y analizar mediante qué prácticas la autonomía se construye (o no). En este artículo, desarrollo este análisis a partir de una investigación de campo con la red de agricultoras agroecológicas de Barra do Turvo, en el sureste del país. A nivel teórico, me apoyo en un enfoque relacional de la autonomía, reconociendo la necesidad de interdependencias en las diferentes esferas de la vida social. Para ello, me baso en una concepción sustantiva y feminista de la economía, haciendo hincapié en todas las formas de trabajo, en particular, las del cuidado.

ABSTRACTThis article critically assesses the relationship between the solidarity economy (SE) and women's emancipation through a case study of SE groups in El Alto, Bolivia. It highlights the fact that the failure to harness the potential of SE as a development alternative and as a means for the emancipation of women can partly be attributed to the neglect of gender‐related issues in the study of SE. Following an examination of SE in the Bolivian context of class and ethnicity, the article deepens the analysis by focusing on gender. It shows that the significant participation of women in SE is a response to the double imperative imposed by the current processes of monetization of production and home‐based reproduction. Compared with their insertion into the market individually, participation in SE allows women to increase and smooth their income. In general, however, their income remains lower than that of men and also below the poverty line. This reflects a continuing gender asymmetry and points to the limitations to what solidarity among poor women can achieve. The article concludes with an assessment of the possibilities as well as the difficulties inherent in a new pathway to women's emancipation through SE, a pathway which would necessitate a reorganization of the social sphere of reproduction.

Résumé Cette contribution s'intéresse au rôle des solidarités dans les sociétés fondées sur un double ordre, marchand et démocratique. L'examen de telles sociétés, situées notamment en Europe occidentale et en Amérique latine, montre qu'elles ne peuvent se stabiliser sans des solidarités assurant un degré minimal d'égalité et de lien social. Cette contribution précise ces liens à partir de l'exemple de la Bolivie. Après une revue des réformes ayant mené à l'établissement d'un double modèle de marché et de démocratie dans ce pays, elle se concentre sur les solidarités présentes dans certaines organisations de l'économie populaire urbaine. Notre analyse révèle l'entremêlement et les tensions entre formes de solidarités horizontales et réciprocitaires ou, au contraire, verticales et redistributives. Elle montre de plus que la pérennité de ces organisations dépend d'une articulation adéquate entre principes marchands et démocratiques dans les régulations économiques. Parallèlement, elle met en évidence le rôle de l'économie solidaire comme médiation des tensions entre démocratie et marché.

In Latin America solidarity-based economy is readily presented as a model of development alternative to "neoliberalism". An institutionalist approach based on the forms of integration of the economy and on the systems of justification allows discussing this claim. The case of Bolivia suggests that the institutionalization of solidarity-based economy is incomplete and must be extended to the political sphere in order to avoid homogenization in market logics. ; En Amérique latine, l'économie solidaire est volontiers présentée comme un modèle de développement alternatif au « néolibéralisme ». Une approche institutionnaliste basée sur les formes d'intégration de l'économie et les régimes de justification permet de discuter cette affirmation. Le cas bolivien suggère que l'institutionnalisation de l'économie solidaire est incomplète et doit être élargie à la sphère politique pour éviter une banalisation dans la logique marchande.

Dans ce texte, nous analysons les formes de conflictualité et de violence dans les territoires soumis à l'extractivisme agricole et minier, les impacts sur le groupe paysan et la manière dont les résistances basées sur l'agroécologie sont redéfinies par ces processus. Nous attirons l'attention sur le genre dans les rapports de pouvoir imbriqués en montrant, d'une part, comment il sert la pénétration des projets extractivistes, en suscitant l'adhésion des paysans (hommes) aux projets ou en attaquant leurs résistances. D'autre part, nous mettons en évidence les résistances autour de l'agroécologie, le réinvestissement du travail de care socialement assigné aux paysannes, les oppositions et les négociations au sein des familles et les processus de politisation.

Cet article propose une analyse féministe des économies solidaires brésiliennes, comprenant par ce terme les champs de l'économie solidaire et de l'agroécologie. Nous examinons leur construction politique, à partir de la composition des mouvements sociaux et de leur rapport à l'État, puis présentons une analyse socio-économique de deux initiatives locales féminines. Cette approche montre la place du care dans l'institutionnalisation de chacun de ces deux champs et dans la critique en actes portée par ces initiatives. Elle éclaire la situation des initiatives solidaires confrontées à la crise du care au Brésil, face à la politique néolibérale autoritaire du gouvernement Bolsonaro et à la pandémie de Covid-19.

«Le marché» n'existe pas en dehors des modélisations de la théorie économique standard et de leurs applications idéologiques. Les marchés réels sont très divers, et la coordination qui s'y produit est toujours le fruit d'un contexte politique, social et moral spécifique. Pour émanciper plutôt qu'opprimer, leur organisation effective doit reconnaître cette profonde immersion dans le social et le politique, et y faire une place aux principes de réciprocité, de redistribution et d'autosuffisance à côté de celui de concurrence. C'est ce que montrent Isabelle Hillenkamp et Jean-Michel Servet à travers six objets souvent étudiés en économie du développement : l'endettement, le rôle de la sphère domestique, la micro-finance, les réseaux sociaux, l'évaluation des biens et services, enfin la gestion des ressources en commun.

Cet article vise à situer l'économie communautaire et solidaire en Bolivie dans le contexte actuel, marqué par une transformation épistémologique profonde et des changements politiques significatifs, tandis que la continuité l'emporte dans l'orientation des politiques économiques et sociales. Dans ce but, il retrace quatre trajectoires historiques. La première se réfère au syndicalisme agraire et indigène ; la deuxième, au mouvement d'économie solidaire et de commerce équitable ; la troisième, à l'interprétation par l'Eglise catholique du message de charité et de solidarité ; et la quatrième, à l'organisation des femmes des secteurs populaires. L'analyse fait ressortir les points de convergence comme de tension, voire d'incompréhension entre ces trajectoires, identifiant ainsi les éléments favorables ou contraires à la construction d'une autre économie en Bolivie.

International audience ; During the last two decades, Latin America has experienced a renewed debate on social protection; nevertheless, it has been focused on the national protection systems and on the instruments of public policies. Though qualitative field work in the cities of El Alto in Bolivia and Rosario in Argentina, we show the relevance and diversity of the practices of protection within popular economy, based on different types of solidarity at the local level. We propose a critical theoretical interpretation of these practices, based on a re-reading of the Polanyian concept of principle of economic integration taking into account the vulnerabilities created by both the market and social structures and the possibility of oppressive forms of protection. ; L'Amérique latine connaît depuis deux décennies un débat renouvelé sur la protection sociale, qui se concentre toutefois sur les systèmes nationaux de protection et sur les instruments de politiques publiques. Au travers d'enquêtes qualitatives dans les villes d'El Alto en Bolivie et de Rosario en Argentine, nous montrons l'importance et la diversité des pratiques de protection dans l'économie populaire, fondées sur différents types de solidarité au niveau local. Nous en proposons une interprétation théorique critique, à partir d'une relecture du concept polanyien de principe d'intégration économique tenant compte des vulnérabilités engendrées à la fois par le marché et par certaines structures sociales et de la possibilité de formes oppressives de protection.