Monachisme féminin au pays de Liège à la fin du XVIIe siècle : une vie sub clausura perpetua ?
In: Histoire, économie & société: HES : époches moderne et contemporaine, Band 24, Heft 3, S. 387-398
ISSN: 1777-5906
Lorsque le prince-évêque de Liège Jean-Louis d'Elderen publie son édit en faveur du rétablissement d'une clôture stricte dans les monastères de femmes (1690), l'émotion est grande chez les cisterciennes, toujours installées dans les campagnes de son diocèse. Au cours des deux décennies suivantes, les moniales remuent ciel et terre pour faire entendre leur propre conception de la clôture, grâce aux interventions efficaces de divers réseaux, où relations familiales se conjuguent à l'habileté des canonistes pour incliner l'autorité épiscopale à se rendre à leurs arguments. Au même moment, d'autres religieuses proclament avec ferveur leur attachement à une stricte clôture, en dépit d'événements douloureux qui les contraignent parfois à quitter le cloître pour affronter le monde. La clôture la plus intransigeante y est revendiquée par les intéressées comme voie de salut et rempart protecteur de leur jardin clos. La confrontation de deux discours féminins contemporains, eux-mêmes mis en regard des avis souvent divergents des autorités masculines, révèle l'intensité des débats au sujet d'un article de discipline, présenté par les uns comme condition sine qua non du bon fonctionnement d'un couvent de femmes et de sa réputation aux yeux du monde, et ressenti par d'autres comme composante d'une règle monastique, certes utile, mais susceptible d'aménagements, en fonction des circonstances et des besoins individuels.