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La clinique dans le champ psycho-médicosocial nécessite un travail entre différentes professions qui doivent trouver un lieu de rencontre. À la suite d'une suggestion de J.-P. Pinel, l'article indique ce lieu dans le thème des représentations du sujet. La discussion sur les représentations suppose une analyse épistémologique non seulement des théories, mais plus particulièrement de la théorie de la technique. Une analyse de la psychologie en termes de projets est proposée, dans la lignée de G. Canguilhem, qui permet d'identifier trois représentations distinctes du sujet : passif, active, autonome. Ces représentations soutiennent des pratiques cliniques différentes qui définissent la position de l'usager et, complémentairement, celle du psychologue. Les mêmes caractéristiques d'autonomie se retrouvent dans les représentations de l'organisme en médecine, malgré la différence totale des substrats. Les analogies dans les représentations du sujet et de l'organisme ainsi que dans les positions du professionnel et de l'usager, indiquent la voie d'un possible dialogue convivial entre différentes professions.

Si la psychosociologie promue par Connexions est née et s'est développée sous le signe de l'interdisciplinarité, elle se révèle aussi d'emblée comme un projet beaucoup plus ambitieux. En effet, plutôt que de dialoguer avec d'autres disciplines autour d'une problématique déjà définie, la psychosociologie entend désigner un niveau précis de réalité doté de spécificités irréductibles à la connaissance produite par un savoir. L'irréductibilité du niveau psychosociologique est une hypothèse forte qui inscrit, de fait, la psychosociologie parmi les sciences de la complexité. Les systèmes complexes partagent des processus de construction et de fonctionnement tout à fait analogues, malgré la différence des matériaux qui les composent. L'exploration de deux thèmes fondamentaux de la complexité : les propriétés émergentes et la position de l'observateur/intervenant permettent non seulement de soutenir la « légitimité » de la psychosociologie mais aussi de cadrer les défis que la transdisciplinarité pose à la psychanalyse comme théorie et comme technique.

En reprenant certaines idées de Freud, l'article se propose de discuter le thème de la causalité dans une perspective psychanalytique à travers une confrontation analogique avec la biologie cellulaire et du développement. Les processus d'(auto) organisation biologique sont analogues aux processus d'organisation et de développement psychiques, sous réserve des spécificités propres à chacun des champs. L'organisation autour d'une norme propre permet de définir l'autonomie comme la caractéristique spécifique du sujet autant biologique que psychologique. L'auteur discute les caractéristiques de l'autonomie et les conséquences qui peuvent en être tirées par rapport à la causalité. Le concept d'autonomie déplace la question des causes du comportement (pathologique ou normal) à la compréhension de la norme du fonctionnement du sujet. Une conséquence majeure du point de vue centré sur l'autonomie, et concernant l'orientation précise donnée à toute forme d'intervention psychologique, est également discuté.

Dans la discussion des processus de prise de décision, l'article se propose d'analyser les effets de l'introduction d'éléments habituellement non suffisamment pris en considération : le contexte dans lequel se déroule la prise de décision et le rôle et la fonction d'un consultant. Étudier la décision comme un processus cognitif dont on peut définir les règles et dénoncer les erreurs risque d'ignorer la complexité qui dérive de la multiplicité des variables subjectives en jeu. L'autre élément de complexité est donné par la présence d'un consultant qui peut donner des informations au décideur : quelle est-elle la valeur des informations ? Quelle est-elle la place du consultant ? L'analyse de la relation patient/soignant permet d'explorer les deux éléments en question : le contexte de la santé, avec son cortège inévitable d'angoisses liées à la vie et à la mort, et la position du médecin consultant.

Résumé Dès son origine, la revue Connexions a été un lieu ouvert de débat et de réflexion autour de la psychosociologie. Dans l'analyse de deux articles parus dans les premiers numéros de 1972, on met en évidence la présence de deux thématiques : le positionnement épistémologique de la psychosociologie et la théorie de la technique de l'intervention. Ces deux thématiques sont toujours actuelles. Ce qui peut apparaître comme des questions non résolues constitue en réalité l'expression du caractère singulier de la psychosociologie : l'interrogation continue des catégories de construction du réel conduit inévitablement à l'interrogation de la psychosociologie sur ses propres fondements théoriques et techniques.

La psychosociologie, en tant que savoiret pratique, est souvent difficile à situerdu fait de la multiplicité des référencesthéoriques et des modèles d'intervention.L'article, à partir du concept de projetproposé par Georges Canguilhem, identifie la psychosociologie à une recherche/intervention sur les processus à traverslesquels se construit la réalité sociale dansses formes organisées. Est soulignée, enparticulier, l'autonomie qui caractériseprimairement ces processus. Un cas deformation dans un contexte sanitaire permet de montrer la combinaison complexed'éléments différents (objectifs organisationnels, fantasmes conscients et inconscients, savoirs, techniques...) à traverslesquels prend forme la vie de l'organisation.