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Partant de l'analyse de deux opérations agri-environnementales, qui associent l'élevage à la protection de la nature dans le sud de la France, l'auteur étudie la construction sociale des liens entre les fonctionnements naturels, tels qu'ils sont formalisés par les écologistes ou les experts des incendies, et les pratiques agricoles. Loin d'être une ligne droite allant du diagnostic environnemental à la mise en œuvre de solutions appropriées, ce processus réunit des faits, des modèles et des agents très hétérogènes au sein de réseaux sociotechniques constamment en expansion. La prise en compte de la nature donne lieu à des configurations sociales très différentes : elle réhabilite dans la Crau des techniques (et les éleveurs correspondants), naguère jugées « archaïques », tandis que, dans le Var, elle promeut de nouveaux agents sociaux se réclamant d'une ingénierie environnementale innovatrice.

National audience ; Cet article analyse le processus d'intégration croissante d'objectifs environnementaux (désigné comme « écologisation ») dans les politiques agricoles européennes, et propose un cadre d'évaluation de leurs effets sur les systèmes agro-alimentaires : ajustement à la marge du modèle industriel ou réorganisation de la production sur des bases écologiques ? Suivre le cheminement des dispositifs de l'agrienvironnement depuis les débats au sein des disciplines agronomiques jusqu'à leur mise à l'épreuve sur le terrain, en France et en Suisse, permet d'identifier les diverses modalités scientifiques, politiques et sociales d'introduction d'un dispositif de conservation de la nature à l'intérieur de l'espace de la production. La portée et les limites de l'écologisation sont évaluées à partir des cadres conceptuels contrastés des théories de la modernisation écologique et de l'engrenage de la production. En conclusion, nous insistons sur la nécessité pour cette évaluation de considérer avec attention l'articulation des échelles d'analyse, du local à l'international.

Cet article analyse le processus d'intégration croissante d'objectifs environnementaux (désigné comme « écologisation ») dans les politiques agricoles européennes, et propose un cadre d'évaluation de leurs effets sur les systèmes agro-alimentaires : ajustement à la marge du modèle industriel ou réorganisation de la production sur des bases écologiques ? Suivre le cheminement des dispositifs de l'agrienvironnement depuis les débats au sein des disciplines agronomiques jusqu'à leur mise à l'épreuve sur le terrain, en France et en Suisse, permet d'identifier les diverses modalités scientifiques, politiques et sociales d'introduction d'un dispositif de conservation de la nature à l'intérieur de l'espace de la production. La portée et les limites de l'écologisation sont évaluées à partir des cadres conceptuels contrastés des théories de la modernisation écologique et de l'engrenage de la production. En conclusion, nous insistons sur la nécessité pour cette évaluation de considérer avec attention l'articulation des échelles d'analyse, du local à l'international.

Dans cet article, nous retraçons dans une première partie le processus d'intégration d'objectifs environnementaux dans les politiques publiques en Europe et en France, cadre qui oriente les changements de pratiques et de modèles techniques des gestionnaires de l'espace rural. Nous identifions à cette occasion les forces motrices qui ont successivement pesé sur l'approfondissement de ce processus, forces parmi lesquelles la montée des préoccupations environnementales dans la société, bien que fondamentale, n'est pas toujours la plus structurante. Dans la deuxième partie, nous entrons dans le contenu des dispositifs Agri-environnementaux. Nous suivons le cheminement des dispositifs de l'agri-environnement depuis les débats au sein des disciplines agronomiques jusqu'à leur mise à l'épreuve sur le terrain, en France et en Suisse. Nous identifions les conditions d'existence d'un dispositif de protection, de conservation, voire de « développement » de la nature à l'intérieur de l'espace de la production, espace approprié par les agriculteurs et d'autres titulaires de droits d'usage. Le modèle d'écologisation généralisée de la Confédération helvétique, petit pays de 7 millions d'habitants à haut revenus, peut-il se diffuser à d'autres échelles ? Telle est la question que nous discuterons dans la troisième partie en confrontant les situations observées à certaines théories de sciences sociales traitant de la montée de l'environnementalisme dans les politiques publiques du point de vue des transformations des processus de production (Modernisation écologique et « Treadmill of Production »). En conclusion, nous revenons sur la portée et les limites de la montée en puissance des politiques de protection de la nature à l'heure de la globalisation. Nous insistons en particulier sur la nécessité de considérer avec attention l'articulation des échelles d'analyse, du local à l'international et les modalités de l'articulation des espaces à ces différents niveaux.

International audience ; "Ecologisation" is the word chosen by the Ecodevelopment, a French multi-disciplinary research unit, to qualify the current trend of European Union agricultural and rural policies and its effects on agricultural production systems. The first part of the presentation analyzes the process itself, the gradual extension of the sphere of agricultural and rural activities affected by environmentally oriented policies: from the periphery to the core of the agricultural sector, from limited agri-environmental rules to cross compliance. It examines also the alternative between the "greening" (or "green washing") of the dominant modernised agricultural systems or the process of designing new agricultural production models aimed at fulfilling these new obligations, the alternative between considering environmental demand as constraints or at the contrary opportunities for inventing ecologically based agricultural production, and the consequencies of these policies on social equity for farmers and consumers. The second part of the presentation intents to assess these processes at the light of two theoretical streams of environmental social sciences: Ecological Modernization and Treadmill of Production. The heuristic value and the limits of each of these theoretical approaches are identified. Ecological Modernization is valued for its assessment of innovations in the production and production/consumption systems, but can be questioned on the assertion of the capacity of the capitalist production system to internalize by itself ecologization demands. Treadmill of Production is valued for its interest for the leading part of social movements in building local and global alternative production and consumption systems, but is weaker when taking into account the development of ecologization in public policies. In conclusion, the relevance of choosing the world "ecologization" is discussed as compared with other terms which are propound to designate the trend of European Union agricultural policy: ...

"Ecologization" is the word chosen by the Ecodevelopment, a French multi-disciplinary research unit, to qualify the current trend of European Union agricultural and rural policies and its effects on agricultural production systems. Two main research programs have been identified. The first analyzes the process itself, the gradual extension of the sphere of agricultural and rural activities affected by environmentally oriented policies: from the periphery to the core of the agricultural sector, from limited agri-environmental rules to cross compliance. The second examines the process of designing new agricultural production models aimed at fulfilling these new obligations. In the first part of the presentation, examples of social science research are developed, focusing on biodiversity conservation, the alternative between considering environmental demands as constraints or at the contrary opportunities for inventing an ecologically based agricultural production, and the consequences of these policies on social equity for farmers and consumers. The second part of the presentation examines the empirical results at the light of three theoretical streams of environmental social sciences: Ecological Modernization, Treadmill of Production and Political Ecology. The heuristic value and the limits of each of these theoretical approaches are identified. Ecological Modernization is valued for its assessment of innovations in the production and production/consumption systems, but can be questioned on the assertion of the capacity of the capitalist production system to internalize by itself ecologization demands. Treadmill of Production is valued for its interest for the leading part of social movements in building local and global alternative production and consumption systems, but is weaker when taking into account the development of ecologization in public policies. Political Ecology is valued for its focus on the institutions that convey the policies of ecologization and on the nature of institutional changes that they generate, but is weaker in its analyses of the roots of ecological crises and on the assessment of the technical innovations promoted by these institutions. In conclusion, the relevance of choosing the world "ecologization" is discussed as compared with other terms which are propound to designate the trend of European Union agricultural policy: "greening", "multi-functionality", "sustainable agricultural development"…

"Ecologisation" is the word chosen by the Ecodevelopment, a French multi-disciplinary research unit, to qualify the current trend of European Union agricultural and rural policies and its effects on agricultural production systems. The first part of the presentation analyzes the process itself, the gradual extension of the sphere of agricultural and rural activities affected by environmentally oriented policies: from the periphery to the core of the agricultural sector, from limited agri-environmental rules to cross compliance. It examines also the alternative between the "greening" (or "green washing") of the dominant modernised agricultural systems or the process of designing new agricultural production models aimed at fulfilling these new obligations, the alternative between considering environmental demand as constraints or at the contrary opportunities for inventing ecologically based agricultural production, and the consequencies of these policies on social equity for farmers and consumers. The second part of the presentation intents to assess these processes at the light of two theoretical streams of environmental social sciences: Ecological Modernization and Treadmill of Production. The heuristic value and the limits of each of these theoretical approaches are identified. Ecological Modernization is valued for its assessment of innovations in the production and production/consumption systems, but can be questioned on the assertion of the capacity of the capitalist production system to internalize by itself ecologization demands. Treadmill of Production is valued for its interest for the leading part of social movements in building local and global alternative production and consumption systems, but is weaker when taking into account the development of ecologization in public policies. In conclusion, the relevance of choosing the world "ecologization" is discussed as compared with other terms which are propound to designate the trend of European Union agricultural policy: "greening", "multi-functionality", "sustainable agricultural development"…

National audience ; Dans cet article, nous retraçons dans une première partie le processus d'intégration d'objectifs environnementaux dans les politiques publiques en Europe et en France, cadre qui oriente les changements de pratiques et de modèles techniques des gestionnaires de l'espace rural. Nous identifions à cette occasion les forces motrices qui ont successivement pesé sur l'approfondissement de ce processus, forces parmi lesquelles la montée des préoccupations environnementales dans la société, bien que fondamentale, n'est pas toujours la plus structurante. Dans la deuxième partie, nous entrons dans le contenu des dispositifs Agri-environnementaux. Nous suivons le cheminement des dispositifs de l'agri-environnement depuis les débats au sein des disciplines agronomiques jusqu'à leur mise à l'épreuve sur le terrain, en France et en Suisse. Nous identifions les conditions d'existence d'un dispositif de protection, de conservation, voire de « développement » de la nature à l'intérieur de l'espace de la production, espace approprié par les agriculteurs et d'autres titulaires de droits d'usage. Le modèle d'écologisation généralisée de la Confédération helvétique, petit pays de 7 millions d'habitants à haut revenus, peut-il se diffuser à d'autres échelles ? Telle est la question que nous discuterons dans la troisième partie en confrontant les situations observées à certaines théories de sciences sociales traitant de la montée de l'environnementalisme dans les politiques publiques du point de vue des transformations des processus de production (Modernisation écologique et « Treadmill of Production »). En conclusion, nous revenons sur la portée et les limites de la montée en puissance des politiques de protection de la nature à l'heure de la globalisation. Nous insistons en particulier sur la nécessité de considérer avec attention l'articulation des échelles d'analyse, du local à l'international et les modalités de l'articulation des espaces à ces différents niveaux.