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Résumé Les liens psyché-soma retiennent toute l'attention au cours des premiers mois de la vie. Le bébé, placé sous la dépendance étroite de ses parents, bénéficie de soins et d'une attention la plupart du temps adaptés, mais il faut pouvoir prendre en compte le travail psychique que réalisent les parents pour parer à ses états de tension et d'excitation. Ainsi, pour le bébé dont l'organisation psychique est en cours de développement, le système pare-excitation maternel et plus largement parental joue un rôle central dans le développement psychosomatique. La présentation d'une situation clinique permet d'illustrer les propos de l'auteur, de mesurer l'importance du système pare-excitation parental durant les premiers mois de la vie et ses effets, au sein des régulations précoces, en cas de défaillance.

Dans les pays occidentaux, de nombreux nouveaux parents se sentent seuls et parfois impuissants avec leur nouveau-né. Ce sentiment peut être lié à un défaut d'étayage familial dans l'immédiat post-partum. Cet article présente, à partir d'une recherche universitaire plus large, un cas clinique approfondi dans lequel la distance familiale et géographique a été un facteur de vulnérabilité majeur. Ce cas montre les incidences multiples et intriquées d'un défaut d'étayage familial sur les processus intrapsychiques et intersubjectifs : dépression du post-partum chez la mère qui persiste dans le temps, relations conjugales et parentales qui se dégradent progressivement, et sur les interactions précoces difficiles. Révéler l'existence de ce risque améliorera la compréhension des besoins des parents et des bébés après la naissance et permettrait d'envisager une adaptation plus fine des pratiques professionnelles et des programmes de santé publique et, à plus grande échelle, des politiques familiales.

L'accès à la grand-parentalité engage des remaniements identitaires profonds du fait notamment de l'inscription dans une nouvelle forme de filiation et de la découverte d'un rôle social et familial inédit. L'ensemble de ces mouvements psychiques reconvoque des liens conscients et inconscients du sujet à lui-même, à ses enfants mais aussi à ses propres parents et grands-parents. Cet article propose d'exposer le cas de Catherine, rencontrée dans le cadre d'une recherche longitudinale auprès de patients migraineux, ceci à titre d'illustration du parcours individuel d'un sujet devenu grand-parent pendant la période de ladite recherche. L'épreuve projective Rorschach lui a été proposée à deux temps différents, au début de la prise en charge de sa symptomatologie migraineuse et huit mois plus tard. Entre temps, la symptomatologie s'est très nettement améliorée et les protocoles Rorschach ont révélé des remaniements psychiques denses sous-tendus par l'accès à la grand-parentalité.

Alors que l'anthropologie montre que la naissance est d'abord un événement communautaire, actuellement des parents se retrouvent de plus en plus profondément seuls et démunis devant leur bébé. Ce phénomène est l'objet d'une recherche en cours qui essaie d'évaluer après la naissance les effets de l'isolement familial des parents sur la vie psychique du bébé lors de sa première année. Dans le cas clinique qui illustre ici cette « nouvelle solitude » des parents, les forums d'internet tentent de relayer la faiblesse du soutien familial alors que les anxiétés, bien légitimes autour de la naissance, perdurent quand le bébé grandit. Au-delà des problèmes de la dépression maternelle du postpartum, l'accent est mis sur la place réelle que prend l'entourage comme soutien des processus plus intrapsychiques propres à la construction de la parentalité.