Il n'est pas très utile d'utiliser le concept de prévention de façon générique pour désigner la panoplie d'interventions cliniques, programmatiques et populationnelles à la disposition de la santé publique. Aussi, vaut-il mieux distinguer la prévention de la promotion de la santé et des approches populationnelles. En prenant la fragilité chez les personnes âgées comme exemple et en simulant des distributions différentes de la fragilité à différents âges dans une population imaginaire, nous illustrons comment le choix d'approches préventives, par groupes vulnérables ou populationnelles dépend des objectifs des politiques de santé, des formes caractéristiques des distributions des risques dans une population et des parcours de vie qui les gênèrent.
Le modèle de Système Intégré pour Personnes Agées fragiles (SIPA) entendait offrir la gamme entière de services médicaux et socio-sanitaires à une population âgée fragile d'un territoire défini. SIPA vise à assurer aux organisations locales responsables de la santé et de la prestation des services sociaux toute la flexibilité requise pour répondre aux besoins d'une population âgée fragile d'un territoire. Les SIPA locaux reçoivent les sommes nécessaires à l'ensemble des prestations. Ils assument la responsabilité de la gestion financière et clinique de la prestation des services, mettent sur pied les équipes multidisciplinaires pour la prestation de services de proximité et s'entendent sur une base contractuelle, pour les autres types de services, avec des établissements hospitaliers, d'hébergement médicalisé et autres. La capacité de gestion des SIPA doit être suffisante pour identifier les besoins des personnes âgées du territoire, assurer le fonctionnement en multidisciplinarité des équipes de prestataires, gérer les relations contractuelles avec les établissements et administrer les fonds dont ils sont fiduciaires. Ces responsabilités exigent des équipes locales fortes et compétentes, capables d'affronter les risques financiers et cliniques inhérents aux services qu'ils procurent. Il n'y aura pas de territorialisation possible si ces exigences fonctionnelles ne sont pas intégralement respectées.
Les données analysées proviennent de trois échantillons représentatifs de personnes âgées résidant à domicile, dans les villes de Hull et Trois-Rivières et dans le quartier de Hochelaga-Maisonneuve. Un premier modèle associe une à une un ensemble de variables hypothétiquement reliées au désir d'hébergement en institution, en contrôlant les modalités de cohabitation. Une analyse de régression multiple permet d'isoler l'interaction du mode de cohabitation avec les maladies chroniques et avec le nombre d'années de résidence dans la même demeure. Dans une perspective d'intervention, l'auteur conclut en faveur de programmes publics axés sur le réseau d'aide disponible à l'intérieur du domicile.
Les acteurs issus de classes culturelles différentes établissent-ils des stratégies scolaires différentes? Dans la seconde partie d'un article publié récemment dans Recherches sociographiques, Alain MASSOT examine les relations entre la classe culturelle des familles des acteurs, leurs résultats scolaires en secondaire V et leurs taux de passage au cégep, en considérant tour à tour deux échantillons d'étudiants tirés des secteurs francophone et anglophone du système scolaire de l'île de Montréal. La question posée par Massot sera reprise ici en élaborant un modèle formel qui peut être soumis à l'épreuve d'un test statistique. Cette façon de procéder permettra de corriger et de préciser certaines de ses conclusions.
Dans la perspective des études de strates sociales, l'auteur procède à une analyse factorielle des données de recensement pour cinq villes du Québec, découpées en cinq types d'aires urbaines : Montréal, Québec, Montréal suburbain, Québec suburbain et le groupe Hull/ Sherbrooke/Trois-Rivières.:Trois questions sont traitées : Est-ce qu'un seul ensemble de variables est suffisant pour expliquer les variations de la distribution des caractéristiques selon le type d'aire urbaine? Sinon, est-il possible d'identifier un sous-ensemble de variables communes à toutes les villes? Est-il possible de résumer à un seul score la place d'une aire urbaine dans une échelle de stratification socio-spatiale?
Souvenons-nous des étudiants de 1968. Dès janvier, ils ébranlent les fondements des organisations syndicales qui les représentent et des administrations scolaires ou universitaires qui gèrent leurs artivités académiques. Les nouvelles revendications s'expriment hors des cadres traditionnels : l'A.G.E.U.M. est exclue de la grève des étudiants de la Faculté des sciences sociales de l'Université de Montréal. Les revendications des « nouveaux » étudiants sont inconnues des « anciens » militants syndicaux : méthodes pédagogiques libertaires, refus de toute hiérarchie universitaire ou scolaire et responsabilité de l'étudiant envers le savoir qu'on lui enseigne. Pendant l'été, les associations étudiantes collégiales et universitaires engagent des animateurs syndicaux étudiants. L'U.G.E.Q. abandonne le rôle d'encadrement idéologique et organisationnel que lui avaient légué ses fondateurs. Elle refuse toute mission représentative, elle s'en remet au « milieu » étudiant, lieu de spontanéité et de créativité culturelle et politique, tandis que les plus militants de ses membres font un « tour du Québec », rencontrent les permanents syndicaux étudiants et les leaders locaux des institutions d'enseignement. Un cahier de revendications et un nouveau mode d'action revendicative émergent lors d'une session d'étude organisée par l'U.G.E.Q. : la semaine syndicale d'août. Militants, animateurs, leaders locaux sont présents à cette véritable préfiguration d'octobre, réunion d'un combat nouveau, comme le congrès de février 1969 allait en marquer la fin apocalyptique. Éclatent les événements d'octobre (1968). Logique, l'U.G.E.Q. informe, prête assistance technique, mais ne dirige pas. Les centres d'action sont les unités locales, plus ou moins militantes, qui se transforment en communautés libertaires révolutionnaires. L'unité du mouvement est donnée par quelques revendications, par l'intention libertaire commune et par les expressions idéologiques raffinées de leaders locaux dont l'audience s'élargit grâce aux média d'information. Après les événements d'octobre, les directions des cégeps prennent les mesures disciplinaires que l'on sait : exclusion de leaders, interdiction d'assemblées, renvoi d'étudiants, suspension de professeurs, saisies de journaux étudiants, contrôle des présences étrangères sur les campus, etc. L'U.G.E.Q. se révèle impuissante à organiser la résistance des étudiants et à empêcher l'application de ces mesures. En fait, ce n'est déjà plus son rôle : coordonner, informer n'est pas organiser. Donc, contestée de l'intérieur, incapable de réagir aux actions les plus vexatoires des administrations scolaires, asphyxiée par une grave crise financière, l'U.G.E.Q. disparaît en juin 1969 de l'horizon politique et syndical du Québec à la suite d'un congrès en parfaite continuité historique avec les événements qui l'avaient précédé depuis presque un an et demi. Il nous semble en effet que le congrès de février 1969 doit se comprendre comme la dernière manifestation d'un cycle commencé en janvier 1968. Le syndicalisme étudiant que le Québec avait connu pendant la révolution tranquille, disparaît avec la conjoncture politique qui avait favorisé ce mode d'organisation. Des revendications nouvelles, des actions nouvelles, le fractionnement des organisations syndicales en groupuscules politiques ne sont pas des événements indépendants les uns des autres, ils se présenteront en une même et courte période historique, contemporaine d'événements similaires en d'autres pays. Ce sera une période d'interrogation radicale de la pensée occidentale, du capitalisme qui la soutient, de la techno-structure qui en profite, du contenu de l'enseignement, de la hiérarchie des savoirs, des titres universitaires qui la cristallisent ; cette interrogation est pourtant inconditionnellement liée à chacune des formations sociales dont elle manifeste les contradictions. Le congrès de février reprend l'ensemble des débats, questions et affrontements caractéristiques de cette période troublée. Les groupuscules, survivants de la dislocation des organisations syndicales, le domineront. Tellement que ce qui demeure de syndicats étudiants verront leurs représentants s'organiser spontanément en groupuscules à l'intérieur du congrès même. Le congrès est le lieu de leur rencontre ultime. C'est d'eux qu'il sera question ici,) des thèmes de leur discours, homonymiques de par leur condition commune d'étudiant ; à la fois opposition à la « rigidité de l'intelligence contemporaine », exorcisme de la parole et copie fidèle de l'académisme.
Parsons a mené deux analyses parallèles du système d'action qu'est le rapport médecin/patient. La plus connue, celle qui a donné lieu à des études psychosociales empiriques, enumere les orientations normatives des rôles de patient et de médecin. La moins connue étudie le rapport clinique lui-même, plutôt que les orientations normatives des acteurs, qui le constituent selon le schéma ÁGIL. Parsons n'a pas abandonné l'une de ces analyses au profit de l'autre au cours de sa longue carrière. Lorsque sa définition des rôles de patient et de médecin est attaquée, il ne renvoie pas le critique à ses travaux les plus récents, comme dans plusieurs de ses réponses à ses nombreux détracteurs, il préfère défendre ses propositions premières. Dans ce texte, nous cherchons à unir dans un seul ensemble conceptuel les analyses parsoniennes des rôles de médecin et de patient et du rapport clinique. Puisque les orientations normatives de ces rôles sont définies par les variables structurelles, tandis que le rapport clinique est analysé selon le schéma ÁGIL, deux grandes périodes du développement de la pensée de Parsons sont invoquées. Leur unité passe cependant par une conception unique de l'action sociale comme une dynamique que l'on retrouve à l'origine des travaux théoriques de Parsons.
Établir des relations causales entre variables a été l'une des opérations les plus courantes en sociologie. Mais après qu'il fût devenu évident que l'analyse transversale ne permettait pas de valider les relations causales, le recours à l'analyse longitudinale est apparu comme une voie de salut à plusieurs. Là encore, il a été établi que l'analyse longitudinale permettait de restreindre en partie les limites à notre capacité de prouver des relations causales, sans cependant les éliminer. Ici, trois modèles de relations entre variables sont définis et leur capacité à générer des données observées par sondage, vérifiée. 11 est clair que malgré qu'une procédure formelle d'examen de ces modèles soit utilisée, le choix d'un, parmi ces trois modèles qui se contredisent, reste difficile. L'utilisation de données longitudinales n'est pas ici discrédité, ce texte entend souligner quelques-unes des difficultés d'application des méthodes d'analyse de ces types de données.
The policy makers usually assume that the nuclear family model is almost universally favoured in our industrial and urban society. Governmental agencies are thus left with the responsibility taken over in the past by the extended family. Gerontological literature studied the family support available to the elderly. In general, research results have supported the modified extended family model. Here, the multigenerational household is defined as a living arrangement in contradiction with the nuclear family model, but able to provide support to the disabled elderly. With three random samples of non‐institutionalized francophone elderly, it was possible to estimate the number of elderly people living in multigenerational households. It was observed that the elderly in such households are older and more functionally impaired than the elderly living in other kinds of households. Thus, the multigenerational household offers a potential for support neglected by policy makers. Governmental agencies should see themselves as supporters of family involvement with elderly members rather than as surrogates for the family.Les planificateurs assument que la famille nucléaire est le modèle presqu'unique adopte par les families de sociétés industrielles et urbaines. Les agences gouvernementales doivent done prendre la reléve de la famille ètendue. Les recherches en gérontologie ont pourtant démontrv que l'aide familiale est disponible aux personnes âgées. En fait, la famille contemporaine assure la plus grande part de l'aide aux personnes âgées. Le ménage multi‐générationel se pose en source importante de support pour la personne âgée qui en est membre. L'observation de trois échantillons aléatoires de personnes âgées urbaines et francophones permet une estimation du nombre de personnes âgées habitant dans un ménage multigénérationel. En plus, ces personnes sont plus âgées et ont plus d'incapacités fonctionnelles que les personnes âgées seules ou vivant avec leur conjoint seulement. En conséquence, la famille nucléaire n'est pas un modèle empiriquement adéquat. Les recherches ont plutôt proposé le modèle de la famille étendue modifiée. Les agences gouvernementales devraient concevoir leur rôle en fonction du support qu'offre la famille â ses membres âgés plutôt que de se définir comme substituts familiaux.
Is structural mobility stable in the Province of Québec? There is no unique answer to that question as many structural mobility models can be designed to fit the pattern of occupational distributions in the 1954, 1964, and 1974 occupational mobility tables in Québec. Each of these models drives the researcher to different conclusions concerning the stability of the intergenerational mobility structure. A secondary analysis of mobility data shows how difficult it is to conclude in this case on the basis of a statistical analysis only. Theoretical efforts are needed to disentangle the empirical snare.La structure de mobilité sociale inter‐générationnelle du Québec est‐elle stable depuis les années 50? Il n'y a pas de réponse unique à cette question puisque plusieurs modèles de mobilité peuvent expliquer les distributions d'occupations des fils selon les occupations des pères à chacune des périodes observées. Certains de ces modèles permettent de conclure à une certaine stabilité, d'autres indiquent plutôt le changement. Seule une théorie de la mobilité sociale et de son histoire contemporaine pourrait permettre de choisir entre ces modèles.
Factorial analysis has been widely employed in the study of the socioecological, urban stratification structure. Historically, the principal component has been the most used method even if it is not the most appropriate, considering the nature of the data available from censuses for this kind of study. A study of the socioecological stratification structure of five cities in Quebec, with data from the 1971 Canadian census, serves to illustrate the consequences of using the principal component and principal axes, ALPHA and IMAGE factoring with oblique and orthogonal rotation. No significant differences were found between the factorial solutions, but given the implicit and explicit hypotheses of the study, the ALPHA method of factoring the correlational matrix seems to be the more acceptable choice. Generally, the researcher should choose the method of factoring which is most appropriate to the hypothesis.L'analyse factorielle est une méthode couramment utilisée dans les études de stratification socioécologique des territoires urbains. La méthode par composantes principales a été historiquement la plus employée sans qu'elle soit pour autant la plus appropriée aux types de données utilisées. A partir des résultats d'une étude de la stratification socio‐écologique de cinq villes du Québec, depuis dix variables prises dans le recensement du Canada de 1971, les conséquences de l'utilisation des méthodes de factorisation par composantes principales, par axes principaux, ALPHA et IMAGE avec rotation oblique et orthogonale sont étudiées. Dans le cas en espèce, aucune différence notable n'apparaît dans l'interprétation des solutions factorielles. Cependant, étant donné les hypothèses explicites et implicites de l'étude, la méthode ALPHA apparaît la plus acceptable. De façon générale, le chercheur doit baser son choix d'une méthode de factorisation en fonction de ses hypothèses.