La régulation des usages des écosystèmes forestiers tropicaux fait l'objet de débats qui s'inscrivent dans un arbitrage environnement- développement. Les débats théoriques concernant cet arbitrage sont marqués par la prégnance du cadre d'analyse néoclassique qui aborde les conditions dans lesquelles une allocation optimale de ces ressources peut être réalisée. La suppression de l'accès libre aux ressources et l'instauration de mécanismes destinés à inciter les agents économiques à prendre en compte la valeur de ces ressources sont proposés sur la base d'une approche normative. Du point de vue des Politiques forestières mises en place dans les pays en voie de développement, se posent les questions de l'efficacité des instruments préconisés et de l'arbitrage entre des intérêts multiples. Le cas étudié dans ce mémoire est celui d'une politique mise en oeuvre au Niger depuis la fin des années 80 pour une gestion durable du bois-energie. Un modèle stylisé de la filière d'exploitation du bois énergie a été réalisé. Il est utilisé pour représenter le fonctionnement d'instruments de gestion de ces ressources et en simuler les effets. La modélisation réalisée utilise le formalisme des systèmes multiagents. A la différence des représentations classiques qui agrègent les comportements d'agents homogènes en un "agent représentatif " et ne modélisent pas les interactions entre acteurs, ce modèle tente de considérer le rôle de l'hétérogénéité des acteurs et du mode d'organisation des échanges sur l'efficacité des instruments mis en oeuvre à divers stades de la filière: quotas d'exploitation, taxes à la commercialisation, et zonage de l'espace.
Ce document a été élaboré pour le stage Tera/Ere qui s'est tenu en septembre 1998 sur la gestion des ressources naturelles renouvelables, appropriation et décision. Il s'agit d'une compilation de textes de référence sur : - les enjeux des ressources renouvelables, l'exploitation d'une ressource en accès libre, - les outils de gestion (instruments de gestion et politiques, modes d'appropriation des ressources, gestion patrimoniale), - les représentations, modélisation, simulation (méthodes d'aide à la décision), - l'évaluation économique et la décision
Following the trip to France by the 2009 Nobel Prizewinner in Economic Sciences, Elinor Ostrom, the authors of this work set out her teaching based on her direct interactions with the public. It is an entire critique of conventional economic theories that is expressed and a renewal of social sciences thinking that is taking place. Elinor Ostrom developed an alternative path to the State and the market in her work and experiences; this targeted desirable trajectories for the social and ecological systems.
International audience ; Because of its success, the concept of ecosystem services (ES) is increasingly taken for granted, without sufficient questioning of the strong uncertainties and controversies that surround it. In this paper, we consider this concept as socially constructed and we analyze the surrounding controversies in order to decipher the process through which it is constructed. From a literature review, we identify five main domains of controversies: (i) scientific uncertainties relating to causal relationships that underlie ES production, (ii) multiple understandings of the very concept of ES due to different representations of human–nature relationships, (iii) diverging opinions regarding the idea of valuing ES and the notion of value itself, (iv) conflicts of interests, power plays, and scale issues associated with the management of ES, and (v) controversies around the policy tools derived from the ES concept. In conclusion, we advocate for a greater engagement of human geographers in these debates. We emphasize in particular the need to study the complex social interdependences underlying ES dynamics, and to engage in participatory research exploring the potential of collaborative options for the management of ES.
International audience ; Because of its success, the concept of ecosystem services (ES) is increasingly taken for granted, without sufficient questioning of the strong uncertainties and controversies that surround it. In this paper, we consider this concept as socially constructed and we analyze the surrounding controversies in order to decipher the process through which it is constructed. From a literature review, we identify five main domains of controversies: (i) scientific uncertainties relating to causal relationships that underlie ES production, (ii) multiple understandings of the very concept of ES due to different representations of human–nature relationships, (iii) diverging opinions regarding the idea of valuing ES and the notion of value itself, (iv) conflicts of interests, power plays, and scale issues associated with the management of ES, and (v) controversies around the policy tools derived from the ES concept. In conclusion, we advocate for a greater engagement of human geographers in these debates. We emphasize in particular the need to study the complex social interdependences underlying ES dynamics, and to engage in participatory research exploring the potential of collaborative options for the management of ES.
L'évaluation des besoins en formation pour les partenaires du DMP a été faite par le biais d'un questionnaire et d'entretiens individuels avec les coordinateurs nationaux du DMP. Les thèmes et les pays choisis pour réaliser les formations sont les suivants: - Economie de l'environnement (Sénégal et Afrique du Sud). - Modèles bioéconomiques pour les politiques de GRN (Burkina Faso). - Interactions agriculture-élevage-environnement (Mali). - Comment contribuer au cycle des politiques (Afrique du Sud). Bien que chaque pays et chaque thème ait ses propres spécificités, des règles générales pour les modules de formation se dégagent: - Formations de deux semaines, 50% théorie, 50% pratique, avec une composante substantielle in-situ. - Doivent viser un public large (scientifiques, décideurs, ONGs, etc.). - Doivent stimuler la multidiciplinarité. - Les prérequis de la part des participants doivent être très faibles. Pour chaque module des termes de références spécifiques sont élaborés.
Cet article tente de caractériser les recherches relevant de la problématique de la gouvernance dans le cadre des politiques de gestion intégrée et concertée du littoral (GIZC). Ces politiques visent à appliquer les principes du développement durable aux espaces littoraux. A partir d'un cadre d'analyse distinguant la nature des questions et les types de méthodes mobilisées, les auteures effectuent une revue des travaux relatifs à la gouvernance à propos du littoral. Une attention particulière est portée aux travaux qui s'inscrivent dans une logique de gestion intégrée du littoral français. On note une partition des problématiques selon qu'elles appréhendent la gouvernance comme un " outil " pour l'efficacité des politiques publiques ou comme une finalité contribuant à un processus de démocratisation. Il apparaît aussi une focalisation des travaux sur les questions de mobilisation, participation et concertation et un besoin de dépasser des approches locales et souvent empiriques pour proposer des recommandations plus génériques sur la mise en oeuvre de la GIZC.
We explore the impact of forest policy reforms implemented in the early 1990s in Niger in the wake of the severe droughts that affected the Sahel in the 1970s and 1980s. We focus on Sahelian multiple-use forest ecosystems and set out to analyze policy-induced changes in the patterns of interactions between various uses, users, and dry-forest ecosystems, interactions that influence the effective management of rural forests. We put forward the hypothesis that the new forest policy reforms were designed according to a vulnerability diagnosis, highlighting two stressors: droughts and increased demand for firewood. This led to a single-issue policy focused on firewood provision and was implemented through the Household Energy Strategy (HES). The HES established new local management schemes for "rural forests" through "rural firewood markets" (RMs) to regulate firewood harvesting and trade. We studied one of the first rural forests to become an RM in Niger in 1993. We used the concept of social-ecological functions as processes emerging from the interactions between social and ecological systems (SES). We identified sixteen SES functions and specifically analyzed the changes in three of them, whether they were targeted by the policy reform (firewood provision) or not (gum provision and livestock production). The changes generated by the creation of the RM have had different impacts on SES functions, as well as on the social and ecological components that contribute to these functions, because of their interaction with firewood provision. Mutual benefits and competitions between SES functions have been identified. The analysis of mutual benefits and competitions reflects the ambiguous role of the policy reform on rural forest ecosystems in Niger. Our results show that the patterns of interactions between key SES functions have played a more important role in the SES trajectory than any single resource such as timber or firewood. This provides insight into strengthening potential feedback between rural forest functions for improved resilience and livelihoods.
Le concept de service écosystémique - idée de services fournis par les écosystèmes à l'humanité - connaît aujourd'hui un succès exponentiel, tant dans les sphères scientifiques que politiques. Mais du fait de ce succès, ce concept est de plus en plus considéré comme un acquis, sans que soient reconnues et prises en compte les fortes incertitudes qui lui sont associées. Cet article souligne d'abord les incertitudes scientifiques qui portent sur les dynamiques sous-jacentes à la production des services. En effet, dans de nombreuses situations, les scientifiques ne sont pas en mesure d'énoncer avec certitude des relations de cause à effet entre l'état d'un écosystème et la fourniture effective d'un service, soit parce que les connaissances sont insuffisantes, soit parce que les systèmes considérés sont par nature imprédictibles. L'article souligne ensuite l'importance des incertitudes sociétales associées à ce concept, c'est-à-dire l'existence de perceptions différenciées, voire contradictoires, avec des controverses d'une part autour du concept même de service et de la place de l'homme dans les écosystèmes, et d'autre part autour des dispositifs de gouvernance issus de ce concept, tels que les paiements pour services environnementaux. À partir d'une revue de la littérature, cet article montre que si les incertitudes scientifiques associées au concept de service écosystémique sont relativement reconnues et prises en compte, les incertitudes sociétales le sont beaucoup moins. Il semble nécessaire de développer des démarches fondées sur la confrontation et l'intégration des points de vue, des intérêts et des connaissances des différents acteurs sur les services et leurs dynamiques, pour que les arbitrages (trade-offs) entre services soient l'objet de choix collectifs explicitement négociés.
Première du genre, la Journée Biodiversité Sénégal 2005 a eu lieu le 17 janvier 2005 au centre IRD de Hann à Dakar. Elle avait pour objectif de catalyser des échanges de connaissances, l'apprentissage, et de promouvoir une meilleure articulation des points de vue entre les chercheurs, les acteurs politiques au niveau national et les intervenants locaux touchés de près par ce thème au Sénégal. Elle a été organisée par le CIRAD dans le cadre des activités de ce centre au sein du programme d'action dans les marges du désert (DMP), en collaboration avec le Centre International d'Agriculture Tropicale (CIAT), l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l'Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA). Elle a rassemblé une trentaine de professionnels activement impliqués dans divers aspects de la recherche et de la gestion de la biodiversité. Parmi les institutions participantes figuraient une bonne partie des partenaires du programme DMP au Sénégal, dont différents centres de l'ISRA, la Direction des Eaux, Forêts, Chasse et Conservation des Sols (DEFCCS), l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR), l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD), l'ONG Sahel 3000, le CIAT, l'IRD, le Laboratoire Commun de Microbiologie (LCM) de l'IRD, l'ISRA et l'UCAD, l'Association pour la Promotion de la Femme Sénégalaise (APROFES), et trois élus locaux de communautés rurales du bassin arachidier. Les participants provenaient aussi des représentants de la Direction des Parcs Nationaux (DPN), de l'École Supérieure Polytechnique (ESP), du Pôle Pastoral Zone Sèche (PPZS), du Girardel de l'Université Gaston Berger, du Programme Bassin Arachidier (PBA) de la GTZ, du Centre de Recherche en Développement International (CRDI) et du Bureau d'Appui à la Coopération Canadienne (BACDI). La Journée a été ouverte par des personnalités de la recherche et du paysage politique du Sénégal, et s'est poursuivie par une série de présentations formelles et informelles, de travaux en groupes de travail, d'une restitution et d'une synthèse. D'autres points de vue non-traditionnels sur la biodiversité ont pu être échangés par l'intermédiaire des pauses, avec des rafraîchissements et aliments "bio-divers", et un spectacle de danse théâtrale sur la biodiversité des sols. Pendant les travaux en groupe de travail, les intervenants se sont divisés selon leur domaine de compétence: politiques, recherche, et développement local. Chaque groupe devait d'abord faire une synthèse de ses contributions à la conservation de la biodiversité, ce qui représentait l'offre de ces groupes d'acteurs; puis chaque groupe devait formuler trois questions à l'adresse de chacun des deux autres groupes (ce qui représente leur demande), et nommer un porte-parole pour la restitution via un jeu de rôle. L'exercice de restitution, qui visait à présenter et à mettre en adéquation l'offre et la demande à l'aide d'un jeux de rôles mettant en scène les porte parole devant l'ensemble des participants, a été un franc succès si l'on en juge par la performance des porte parole ainsi que par le degré d'attention et d'intérêt des participants. De cette première Journée Biodiversité on peut conclure qu'il existe une panoplie de mécanismes politiques et de résultats de la recherche Sénégalaise mais que leur diffusion et leur application sur le terrain reste problématique. Si le problème du cloisonnement entre politiques et chercheurs semble solvable, les acteurs locaux restent aux prises avec des problèmes bien concrets. La gestion de l'environnement est une compétence transférée depuis l'état vers les communautés rurales dans le cadre de la décentralisation (sauf dans les parcs nationaux), mais le transfert de la responsabilité n'est pas accompagnée d'un transfert des ressources financières et humaines. Il se pose alors le problème du transfert des moyens et des connaissances nécessaires à la gestion de la biodiversité. Il ne s'agit pas d'effectuer un simple transfert mais d'articuler les efforts de
Agroforestry systems (AFS), presented by their supporters as systems able to reconcile multiple social and ecological functions, are potentially interesting for a diversity of sectoral policies such as forestry, environment or water policies. They are presently in a process of being institutionalized in Europe through the development of specific policy instruments. In this context, we investigated the policyscape of agroforestry, meaning the articulation between multiple policies impacting a diversity of AFS in two Mediterranean protected landscapes: the Ventoux biosphere reserve and the Verdon regional nature park. We conducted in depth interviews with 50 practitioners and institutional representatives from diverse policies directly concerned by AFS. We found that if some AFS such as silvopastures are highly intersectoral and concerned by a large diversity of instruments, others such as alley-cropping systems are confined in the agricultural sector (Figure 1). Presently, systems such as grazed pastures are largely ignored by policies. Our results indicated that instruments specific to agroforestry represent a minority in relation to the diversity of sectoral instruments impacting AFS at a landscape scale. Regarding this agroforestry policyscape, we discuss opportunities for agroforestry development with issues of policies coordination, lack of instruments or of involvment from environmental or land-use planning policies for certain types of AFS.
While global change is challenging our models of development, integrated approaches such as agroecology, multifunctional forest management or integrated conservation are ways to promote land-sharing. Among the diversity of agro-ecological practices that intend to reach both food production and environmental issues, agroforestry systems (AFS) have the specificity to integrate woody vegetation, crops and/or livestock on the same area of land. Here we identified the different types of AFS and social-ecological processes that explain their dynamics in two Mediterranean protected areas: Ventoux biosphere reserve and Verdon regional nature park. These two territories are characterized by a typical Mediterranean landscape gradient, from areas impacted by urbanization and industrialization of agriculture, to abandoned marginal lands. We conducted 50 semi-directive interviews with stakeholders concerned by AFS. We focused on: i) the main AFS present in the protected areas as well as their dynamics and; ii) the stakeholders, institutional arrangements and policies involved for each type of AFS. We identified two contrasted but inter-connected dynamics along the landscape gradient: i) in intensely used agricultural landscapes, AFS are promoted by environmental stakeholders to support more complex landscapes and soil, water and biodiversity preservation; and ii) in marginal mountainous areas, the main AFS, silvopasture, is affected by multiple issues such as fire prevention, forestry production and maintenance of open environments. In both cases, ongoing social-ecological changes (wolf resettlement, increased droughts, political changes…) call into question the arrangements implemented by stakeholders, inducing new coordination challenges.
Le Chantier sur les Communs initié par le Comité technique "Foncier & développement" a été le cadre de travaux qui ont permis de produire un rapport d'expertise "Opportunités et défis d'une approche par les communs de la terre et des ressources qu'elle porte". L'intérêt de mobiliser la Coopération française sur cette thématique s'impose de fait face aux défis induits par les changements globaux au Nord comme au Sud, notamment dans le domaine de la gestion des ressources naturelles renouvelables. Complétant les autres produits du chantier, cet article de synthèse des entretiens vise à valoriser les points de vue de la vingtaine de personnalités rencontrées.