Piloter la cohésion sociale dans les anciens quartiers industriels en Wallonie – former un réseau intégré à partir d'une approche par les droits sociaux ?
La politique de cohésion sociale en région wallonne est influencée par la stratégie 2000 du Conseil de l'Union Européenne qui cherche à favoriser l'accessibilité à six droits fondamentaux (revenu, santé, logement, travail, éducation, épanouissement socioculturel) par le biais de stratégies locales. Le gouvernement wallon définit quatre axes d'intervention : intégration socioprofessionnelle, logement, santé et assuétudes, renforcement des liens sociaux, interculturels et intergénérationnels. La coordination des services publics et associatifs locaux est primordial dans cette optique. Basé sur une recherche qui a débuté en 2017, nous allons présenter comment les acteurs locaux adaptent leur fonctionnement à cette nouvelle politique et comment ces réseaux sociaux permettent un meilleur accès à ces droits fondamentaux. L'enquête se base sur une collaboration avec quatre municipalités situées dans les anciens quartiers industriels wallons et une ONG locale de recherche-intervention et questionne principalement quatre axes thématiques : intégration socio-professionnelle ; liens sociaux ; logement et des espaces de vie ; cohésion sociale. La recherche est basée sur une méthodologie de co-construction avec les municipalités et les acteurs de la politique de cohésion sociale. Différentes méthodes empiriques ont permis de reconstituer l'histoire de ces anciens territoires ouvriers (par le biais des groupes de discussion et des visites de terrain avec les acteurs locaux et les historiens), de comprendre les formes de coopération entre services(semi-directive 47 entrevues avec des professionnels) et de mieux saisir l'expérience des jeunes (25 entretiens semi-directifs). Les résultats montrent que même si le passé d'une région industrielle est toujours d'actualité, la société industrielle (Touraine) et les notions liées au plein-emploi ont perdu de leur prégnance depuis longtemps. Les principales préoccupations sont le manque de travail et la persistance du chômage, la pauvreté et l'isolement social. La plupart des citoyens préfèrent vivre dans des espaces de proximité. L'accès à la culture, les sports ou les arts est marquée par des fortes inégalités. La complexification des relations familiales et des liens sociaux font partie des raisons qui expliquent la présence de nombreuses situations d'isolement social. Même si, à un niveau formel, la coordination entre les services est très importante, dans la pratique, la plupart des acteurs sont submergées par la persistance de multiples situations précaires et leur manque de ressources pour résoudre ces problèmes de façon appropriée. Nous allons mettre en discussion comment cette politique de cohésion sociale reste un outil intéressant traitant des droits fondamentaux, mais aussi parler de ses limites qui renvoient à des moyens d'actions en termes de politiques socio-économique plus globale. Le débat sur la justice sociale marquée par la tension entre reconnaissance et redistribution (Fraser/Honneth) nous permet d'enjeux concernant les citoyens dans des conditions de vie précaires, fondée sur les droits sociaux travail social/politique et la nécessité pour davantage de recherches participative avec les citoyens, travail social et les acteurs politiques et chercheurs.