National audience ; La territorialisation de l'agriculture désigne la construction d'un rapport étroit entre l'activité agricole et les caractéristiques du territoire, en lien avec les autres activités présentes. Ce processus de construction s'appuie sur un ensemble d'interactions locales d'ordre économique, social et politique. Cette territorialisation contribue à construire des ressources matérielles et immatérielles (telles que les connaissances) et des biens spécifiques au territoire ; elle contribue notamment à la définition de terroirs. La territorialisation de l'agriculture renvoie à des processus d'apprentissage collectif, de gouvernance et d'institutionnalisation qui permettent et légitiment cette production locale de biens et de ressources. L'échelle d'étude est variable, mais l'attention est généralement portée au caractère local, infra-régional, du processus.
Depuis quelques années, les références au territoire ou à ses dérivés dans les sciences sociales se révèlent d'un usage assez problématique en raison des incertitudes de sens qu'elles expriment. D'une part, le terme génère souvent des acceptions ambiguës dans les discours experts. Les invocations récurrentes et réversibles aux " projets de territoire " et aux " territoires de projet " en donnent une belle illustration. De même le qualificatif passe-partout de " territorial " est-il sur-utilisé pour donner des vertus aux termes de gouvernance, de légitimité, d'équité, de développement, de continuité, de leadership ou d'excellence. La " territorialisation " des politiques publiques devient aussi une sorte d'évidence dans l'action publique sans que l'on sache toujours s'il s'agit de déconcentration, de décentralisation ou de management organisationnel. Qui plus est, le terme ne favorise guère les confrontations dans la mesure où il s'accompagne d'exportations scientifiques pour le moins incertaines. Sans traduction vraiment satisfaisante (local, place, territory.), le territoire reste entaché d'une spécificité française qui rend difficile les passerelles avec les notions anglosaxonnes de local government, urban regime, urban governance, policy networks ou encore growth coalition. De fait, la notion de " territoire " possède un statut ambigu car elle est à la fois omniprésente dans les débats portant sur les questions de pouvoir ou d'institutions, mais quasiment jamais théorisée en tant que telle en France dans les sciences du politique. Dans sa thèse consacrée à " L'invention du territoire ", Paul Alliès situe les fondations de cette étrangeté à la Révolution française. La notion s'est imposée à partir d'une représentation " naturelle " des frontières politiques de la France, alors qu'elle se dessinait surtout sur une construction juridique singulièrement attachée aux rouages administratifs de l'État-nation en formation. Pendant deux siècles, cette imbrication politico-administrative initiale a toujours été décrite ...
Depuis quelques années, les références au territoire ou à ses dérivés dans les sciences sociales se révèlent d'un usage assez problématique en raison des incertitudes de sens qu'elles expriment. D'une part, le terme génère souvent des acceptions ambiguës dans les discours experts. Les invocations récurrentes et réversibles aux " projets de territoire " et aux " territoires de projet " en donnent une belle illustration. De même le qualificatif passe-partout de " territorial " est-il sur-utilisé pour donner des vertus aux termes de gouvernance, de légitimité, d'équité, de développement, de continuité, de leadership ou d'excellence. La " territorialisation " des politiques publiques devient aussi une sorte d'évidence dans l'action publique sans que l'on sache toujours s'il s'agit de déconcentration, de décentralisation ou de management organisationnel. Qui plus est, le terme ne favorise guère les confrontations dans la mesure où il s'accompagne d'exportations scientifiques pour le moins incertaines. Sans traduction vraiment satisfaisante (local, place, territory.), le territoire reste entaché d'une spécificité française qui rend difficile les passerelles avec les notions anglosaxonnes de local government, urban regime, urban governance, policy networks ou encore growth coalition. De fait, la notion de " territoire " possède un statut ambigu car elle est à la fois omniprésente dans les débats portant sur les questions de pouvoir ou d'institutions, mais quasiment jamais théorisée en tant que telle en France dans les sciences du politique. Dans sa thèse consacrée à " L'invention du territoire ", Paul Alliès situe les fondations de cette étrangeté à la Révolution française. La notion s'est imposée à partir d'une représentation " naturelle " des frontières politiques de la France, alors qu'elle se dessinait surtout sur une construction juridique singulièrement attachée aux rouages administratifs de l'État-nation en formation. Pendant deux siècles, cette imbrication politico-administrative initiale a toujours été décrite ...
Cet article aborde les modalités de déterritorialisation et de reterritorialisation des villes vivant un processus de métropolisation. Dans ces villes, l'évolution des différents espaces de la ville est moins en rapport avec des logiques de centralité liant la ville à son arrière-pays. Elle plus affectée par la compétition entre différentes centralités inscrites dans des réseaux locaux et internationaux d'acteurs et de lieux, menant à la déterritorialisation de la ville. Cette évolution constitue un défi politique considérable, tant pour les citadins que pour les institutions en charge de la régulation urbaine. Les principales réponses à ce défi cherchent à ramener de la cohérence par des efforts de reterritorialisation de l'urbain. Cette reterritorialisation s'appuie sur des stratégies de gouvernance territoriale qui peuvent se déployer sur trois échelles différentes : métropolitaine, régionale ou locale. En se fondant sur l'exemple de Beyrouth, cet article souligne le fait que, bien que de natures très différentes, voire opposées, ces trois formes de gouvernance peuvent opérer simultanément dans un même contexte urbain. L'article avance aussi l'idée qu'une focalisation sur le développement des controverses en lien avec l'organisation et l'usage de l'espace urbain, notamment les grands projets urbains, peut servir de grille pour saisir l'articulation, la tension et le développement mutuel de ces gouvernances. Les controverses poussent les acteurs à se positionner les uns par rapport aux autres, construire ou redéfinir des réseaux d'action, porter des projets de transformation urbaine, soit autant de modalités de reterritorialisation de la ville. ; This article deals with modalities of deterritorialisation and reterritorialisation in cities undergoing metropolisation processes. In these cities, territorial evolution is becoming less related to logics of centrality linking the city and its hinterlands. It is more affected by competition logics between different centralities anchored in different local and international actors and place networks, leading to the "deterritorialisation" of the city. This evolution represents a considerable political challenge for urban citizens as well as for institutions in charge of urban regulation. The main answers to this challenge usually aim to bring back coherence through efforts of "reterritorialisation". This reterritorialisation builds on territorial governance strategies that may deploy on three different scales : metropolitan, regional or local. Through the case of Beirut, this article stresses that, though of different or even opposing nature, these three forms of territorial governance may be simultaneously operating in the same urban context. The article also asserts that focusing on the development of controversies linked to the organization and use of urban space, and mainly to large urban projects, could serve as a framework for understanding the articulation, tension and mutual development of these governances. Controversies push actors to position themselves, build or redefine networks and engage in projects that would transform urban space, resulting in various modalities of reterritorialisation of the city. ; Peer reviewed
International audience ; This paper examines links between time and space and between history and geography by the ways in which real and perceived time – which we here call temporality - are central components in the construction of territories and can be used as tools by stakeholders. Two types of environmental event are taken as the starting points of our approach: the 'return' of the wolf to the French countryside and Morocco's country-wide 'drought'. Based on these dissimilar situations, a methodological grid is constructed and the epistemological bases of the approach are shown within the context of disagreement over the meaning and function of territory. Conflict between differing concepts of territory over time are at the heart of the problem. To overcome this, public action has more or less implicit recourse to the concept of temporality ; Explorant le lien indéfectible qui existe entre temps et espace, entre histoire et géographie, cet article s'intéresse aux manières dont le temps physique et le temps représenté – les temporalités – peuvent effectivement constituer des éléments-clés de la construction des territoires et devenir des outils utilisés par les acteurs. Deux types de crise environnementale servent de point de départ à cette réflexion : le « retour » du loup dans les espaces ruraux français et la « sécheresse » généralisée au Maroc. A partir de ces deux contextes radicalement différents, la construction d'une grille méthodologique permet de montrer les fondements épistémologiques des postures adoptées, au sein des conflits sur le sens et la fonction d'un territoire. Les divergences entre des conceptions du territoire dans le temps y sont centrales. Et pour y remédier, l'action publique se saisit plus ou moins implicitement de l'outil temporel.
International audience ; This paper examines links between time and space and between history and geography by the ways in which real and perceived time – which we here call temporality - are central components in the construction of territories and can be used as tools by stakeholders. Two types of environmental event are taken as the starting points of our approach: the 'return' of the wolf to the French countryside and Morocco's country-wide 'drought'. Based on these dissimilar situations, a methodological grid is constructed and the epistemological bases of the approach are shown within the context of disagreement over the meaning and function of territory. Conflict between differing concepts of territory over time are at the heart of the problem. To overcome this, public action has more or less implicit recourse to the concept of temporality ; Explorant le lien indéfectible qui existe entre temps et espace, entre histoire et géographie, cet article s'intéresse aux manières dont le temps physique et le temps représenté – les temporalités – peuvent effectivement constituer des éléments-clés de la construction des territoires et devenir des outils utilisés par les acteurs. Deux types de crise environnementale servent de point de départ à cette réflexion : le « retour » du loup dans les espaces ruraux français et la « sécheresse » généralisée au Maroc. A partir de ces deux contextes radicalement différents, la construction d'une grille méthodologique permet de montrer les fondements épistémologiques des postures adoptées, au sein des conflits sur le sens et la fonction d'un territoire. Les divergences entre des conceptions du territoire dans le temps y sont centrales. Et pour y remédier, l'action publique se saisit plus ou moins implicitement de l'outil temporel.
International audience ; This paper examines links between time and space and between history and geography by the ways in which real and perceived time – which we here call temporality - are central components in the construction of territories and can be used as tools by stakeholders. Two types of environmental event are taken as the starting points of our approach: the 'return' of the wolf to the French countryside and Morocco's country-wide 'drought'. Based on these dissimilar situations, a methodological grid is constructed and the epistemological bases of the approach are shown within the context of disagreement over the meaning and function of territory. Conflict between differing concepts of territory over time are at the heart of the problem. To overcome this, public action has more or less implicit recourse to the concept of temporality ; Explorant le lien indéfectible qui existe entre temps et espace, entre histoire et géographie, cet article s'intéresse aux manières dont le temps physique et le temps représenté – les temporalités – peuvent effectivement constituer des éléments-clés de la construction des territoires et devenir des outils utilisés par les acteurs. Deux types de crise environnementale servent de point de départ à cette réflexion : le « retour » du loup dans les espaces ruraux français et la « sécheresse » généralisée au Maroc. A partir de ces deux contextes radicalement différents, la construction d'une grille méthodologique permet de montrer les fondements épistémologiques des postures adoptées, au sein des conflits sur le sens et la fonction d'un territoire. Les divergences entre des conceptions du territoire dans le temps y sont centrales. Et pour y remédier, l'action publique se saisit plus ou moins implicitement de l'outil temporel.
Notre travail va s'intéresser à l'action publique en santé, qui expose les autorités politiques à "un risque d'impopularité". En effet, toutes les réformes depuis au moins 30 ans ont pour objectifs de freiner la croissance des dépenses, mieux dépenser,notamment pour rapprocher le système de santé du patient, et enfin, couvrir l'ensemble du territoire national. De nombreuses réformes ont tenté de répondre à ces objectifs. Nous verrons si elles ont permis d'adapter le système complexe de santé aux enjeux présents et à venir de service sanitaire. Pour cela, la politique publique de santé et sa territorialisation serviront de cadrethéorique.
Notre travail va s'intéresser à l'action publique en santé, qui expose les autorités politiques à "un risque d'impopularité". En effet, toutes les réformes depuis au moins 30 ans ont pour objectifs de freiner la croissance des dépenses, mieux dépenser,notamment pour rapprocher le système de santé du patient, et enfin, couvrir l'ensemble du territoire national. De nombreuses réformes ont tenté de répondre à ces objectifs. Nous verrons si elles ont permis d'adapter le système complexe de santé aux enjeux présents et à venir de service sanitaire. Pour cela, la politique publique de santé et sa territorialisation serviront de cadrethéorique.
International audience ; Logement cher, mobilité résidentielle en berne, accès au logement rendu de plus en plus compliqué par l'évolution des marchés du logement au niveau local, les symptômes des crises du logement qui traversent la France sont nombreux. La politique du logement, notamment au travers de son zonage, a pour objectif d'enrayer les divergences territoriales à l'œuvre. Une fois présentés les contours de celles-ci, nous tentons d'évaluer son efficience et sa capacité à capter les hétérogénéités au sein des territoires. En adoptant une vision territoriale originale de la politique du logement, notre étude met en lumière l'incapacité de celle-ci et son zonage à traiter convenablement les territoires selon leurs besoins. Pour des raisons multiples, la territorialisation actuelle de la politique du logement est un échec. À l'aide d'indicateurs socioéconomiques, nous proposons une nouvelle forme de zonage, non à l'échelle des communes mais à celle des zones d'emploi afin d'être au plus près des dynamiques économiques des territoires.
International audience ; Logement cher, mobilité résidentielle en berne, accès au logement rendu de plus en plus compliqué par l'évolution des marchés du logement au niveau local, les symptômes des crises du logement qui traversent la France sont nombreux. La politique du logement, notamment au travers de son zonage, a pour objectif d'enrayer les divergences territoriales à l'œuvre. Une fois présentés les contours de celles-ci, nous tentons d'évaluer son efficience et sa capacité à capter les hétérogénéités au sein des territoires. En adoptant une vision territoriale originale de la politique du logement, notre étude met en lumière l'incapacité de celle-ci et son zonage à traiter convenablement les territoires selon leurs besoins. Pour des raisons multiples, la territorialisation actuelle de la politique du logement est un échec. À l'aide d'indicateurs socioéconomiques, nous proposons une nouvelle forme de zonage, non à l'échelle des communes mais à celle des zones d'emploi afin d'être au plus près des dynamiques économiques des territoires.