Les effets structurels des politiques de stabilisation macroéconomique
In: Revue d'études comparatives est-ouest: RECEO, Band 25, Heft 2, S. 57-81
ISSN: 2259-6100
Dans les pays de l'Est, la transformation des structures économiques résulte de trois forces distinctes : les mesures de privatisation, la libération des prix et des échanges et, indirectement, des politiques de lutte contre l'hyperinflation et contre la demande excédentaire. Il est toutefois difficile de distinguer dans la réalité ce qui est imputable à chacune de ces trois forces même si les délais d'ajustement de chacune sont vraisemblablement différents. Autrement dit, même sans mouvement de privatisation forcené, il y a des effets structurels sur l'activité du fait de la réduction de la demande globale. Ceci contribue à expliquer l'ampleur de la chute de la production industrielle en Europe de l'Est lors du passage de l'inflation réprimée à l'inflation ouverte. Il existe un processus d'ajustement, de « destruction créatrice », qui explique l'opportunité de « redescendre » vers les réactions des entreprises aux réformes structurelles ainsi qu'aux politiques de stabilisation. De ce point de vue, on peut penser que les restructurations dans les différents pays sont en partie le résultat automatique mais souvent involontaire des politiques de stabilisation macroéconomique et pas seulement celui des politiques de démonopolisation et de privatisation. En effet, dans le contexte actuel, les politiques anti-inflationnistes induisent des comportements très différents de ceux qui existent dans une économie de marché. L'objectif essentiel des entreprises est la stabilisation des débouchés et des fournitures indépendamment de tout paiement et de tout profit. En Russie notamment, les dirigeants d'entreprises constituent un groupe de pression particulièrement puissant et bien représenté à tous les niveaux : central, régional ou local. En l'absence d'un État central fort, ce lobby est en mesure d'imposer certaines de ses vues. Dès lors, la mission de la Banque centrale n'est plus de minimiser le taux d'inflation ou de stabiliser le cours du rouble, mais de permettre la survie de certaines entreprises en accordant des crédits massifs y compris à celles qui éprouvent les plus grandes difficultés à écouler leur production.