Résumé Les pratiques de conservation et de consommation de produits du terroir au Québec accomplissent une double opération de patrimonialisation des territoires. D'une part, l'acte de manger met en scène l'intégration du monde extérieur au corps et l'appropriation du territoire de l'aliment. En effet, la consommation alimentaire renvoie à un déplacement du lieu d'origine au lieu de transformation et d'incorporation du produit et, par extension, à une trajectoire de domestication qui conduit du lointain au proche, de l'étranger au familier. D'autre part, manger des produits du terroir exprime une production et une consommation du temps, par la conservation matérielle du produit, par son vieillissement même et, plus encore, par la transmission de ses éléments immatériels (savoir-faire, recettes, conservation du même goût). Le produit du terroir produit du patrimoine, avec d'autant plus d'efficacité et de force qu'il est immatériel.
Résumé Dans le débat contemporain sur les productions agricoles et alimentaires locales et traditionnelles, l'ethnologue et le géographe sont fortement sollicités. Leurs thématiques sont souvent communes – qu'il s'agisse de patrimoine, de localité, de frontières culturelles par exemple – et leurs regards se complètent. Les deux disciplines se retrouvent mobilisées lors d'expertises menées pour aider à délimiter des zones d'« appellation d'origine contrôlée ». Sillonner ensemble le terrain révèle des rapprochements, des différences, mais aussi des nuances, en particulier méthodologiques, dans les appréciations et les interprétations. Mais leurs avis viennent aussi souvent se renforcer mutuellement, face à ceux d'autres disciplines (sciences de la terre ou sciences de la vie), convoquées pour l'étude des « produits de terroir ».
In: La valorisation des aménités environnementales via les produits de terroir : le cas de la tome des Bauges, Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l'Environnement(2007)
Alors qu'« aménité » était jusqu'ici désuet, ce terme a trouvé ces dernières années un renouveau au sein des discours portant sur le développement durable et la multifonctionnalité, et va de pair avec les préoccupations grandissantes relatives au paysage et au patrimoine. Par leurs activités mêmes, et en interaction avec le milieu naturel, les agriculteurs et les populations rurales ont été et sont toujours à l'origine d'une large gamme d'aménités environnementales, qui participent au bien-être de la collectivité. On constate une demande croissante d'aménités de la part de la société, comme en témoignent l'essor du tourisme rural depuis les années quatre-vingt-dix, l'explosion du périurbain et l'augmentation du nombre de « néoruraux » qui ont repeuplé le rural profond, parallèlement à la diminution de la population d'un grand nombre de métropoles. Cette demande constitue un potentiel de développement économique considérable pour les territoires ruraux. C'est pour cette raison que la recherche et les politiques publiques s'intéressent aujourd'hui aux possibilités de valorisation non marchande et marchande des aménités environnementales. Avant de s'intéresser à ces modes de valorisation, il était nécessaire clarifier cette notion d' « aménités » qui traduit un concept et des préoccupations encore assez flous. De par leurs caractéristiques d'externalités naissant conjointement du patrimoine naturel et de l'action humaine, et parce que, spécifiques du territoire, elles sont une source de différenciation d'un territoire par rapport à un autre, les aménités environnementales sont assimilables à ce qu'on peut nommer des « externalités territoriales ». Toutefois, ces deux termes ne font que se recouper du fait de la dimension par nature subjective des aménités environnementales, dont l'existence dépend de la perception de l'usager. Les produits de qualité du terroir nous ont semblé être un vecteur intéressant de valorisation des aménités environnementales. Selon la théorie lancastérienne de la consommation et le modèle des biens complexes territorialisés, les aménités environnementales constitueraient un attribut du produit générant un surplus du consommateur plus élevé que pour un produit similaire, surplus qui détermine une rente de qualité territoriale à capter par le producteur. Nous avons travaillé sur le territoire du Massif des Bauges, dans les Préalpes du Nord et sur un produit spécifique de ce territoire : la Tome des Bauges, fromage qui a obtenu une AOC en novembre 2002. Par une étude conjointe de l'offre et de la demande, nous avons mis en évidence les conditions qui nous semblaient nécessaires pour qu'un produit soit un bon vecteur de valorisation des aménités environnementales. Le territoire de production doit être reconnu par les consommateurs comme support de nombreuses aménités environnementales, qui participent alors à l'image positive qu'ils se font du produit. Il est également nécessaire qu'il y ait un double lien affectif au territoire et au produit. Par ailleurs, il est important que les acteurs aient une stratégie collective de valorisation par des circuits courts qui permettent de distribuer le produit sur son territoire. Enfin, s'agissant d'un produit alimentaire, il est indispensable de porter un intérêt tout particulier à la qualité intrinsèque, premier critère d'évaluation du produit par le consommateur. Mais finalement, alors qu'il est aisé d'internaliser les externalités lorsqu'elles sont identifiées, la valorisation des aménités est beaucoup plus délicate du fait même de leur caractère subjectif et de la relation personnelle et complexe que les usagers ont au territoire.
International audience ; Cet ouvrage recueille les actes du séminaire international sur les produits de terroir, les indications géographiques et le développement local durable des pays méditerranéens qui s'est tenu à Antalya du 24 au 26 avril 2008. Il a réuni des scientifiques, des experts et des décideurs du secteur public, des entreprises et du mouvement associatif, et ainsi a formulé les premières réponses aux questions primordiales pour le développement local des pays soucieux de sauvegarder leur patrimoine alimentaire et culinaire et qui se sont portés volontaires pour relever le défi lancé par la densification et la globalisation de la concurrence. Le séminaire a contribué, par une synthèse de ses travaux prenant la forme d'une «déclaration d'Antalya», à la construction d'un concept distinctif pour la valorisation des produits alimentaires issus des terroirs méditerranéens.
International audience ; Cet ouvrage recueille les actes du séminaire international sur les produits de terroir, les indications géographiques et le développement local durable des pays méditerranéens qui s'est tenu à Antalya du 24 au 26 avril 2008. Il a réuni des scientifiques, des experts et des décideurs du secteur public, des entreprises et du mouvement associatif, et ainsi a formulé les premières réponses aux questions primordiales pour le développement local des pays soucieux de sauvegarder leur patrimoine alimentaire et culinaire et qui se sont portés volontaires pour relever le défi lancé par la densification et la globalisation de la concurrence. Le séminaire a contribué, par une synthèse de ses travaux prenant la forme d'une «déclaration d'Antalya», à la construction d'un concept distinctif pour la valorisation des produits alimentaires issus des terroirs méditerranéens.
International audience ; Cet ouvrage recueille les actes du séminaire international sur les produits de terroir, les indications géographiques et le développement local durable des pays méditerranéens qui s'est tenu à Antalya du 24 au 26 avril 2008. Il a réuni des scientifiques, des experts et des décideurs du secteur public, des entreprises et du mouvement associatif, et ainsi a formulé les premières réponses aux questions primordiales pour le développement local des pays soucieux de sauvegarder leur patrimoine alimentaire et culinaire et qui se sont portés volontaires pour relever le défi lancé par la densification et la globalisation de la concurrence. Le séminaire a contribué, par une synthèse de ses travaux prenant la forme d'une «déclaration d'Antalya», à la construction d'un concept distinctif pour la valorisation des produits alimentaires issus des terroirs méditerranéens.
International audience ; Cet ouvrage recueille les actes du séminaire international sur les produits de terroir, les indications géographiques et le développement local durable des pays méditerranéens qui s'est tenu à Antalya du 24 au 26 avril 2008. Il a réuni des scientifiques, des experts et des décideurs du secteur public, des entreprises et du mouvement associatif, et ainsi a formulé les premières réponses aux questions primordiales pour le développement local des pays soucieux de sauvegarder leur patrimoine alimentaire et culinaire et qui se sont portés volontaires pour relever le défi lancé par la densification et la globalisation de la concurrence. Le séminaire a contribué, par une synthèse de ses travaux prenant la forme d'une «déclaration d'Antalya», à la construction d'un concept distinctif pour la valorisation des produits alimentaires issus des terroirs méditerranéens.
International audience ; The work carried out within the framework of the research project 'Mediterranean terroir products: conditions of emergence, effectiveness and modes of governance' has made it possible to compare six official qualification procedures for products that are characteristics of the Mediterranean zone. It is shown in all these examples how collective action makes it possible to react to a specific threat by ensuring the fair sharing of the value-added resulting from the qualification of the product. These procedures also make a significant contribution to the maintaining of traditional practices and the conservation of the environmental heritage of the region. ; Les travaux conduits dans le cadre du projet de recherche « Produits du terroir méditerranéen : conditions d'émergence, d'efficacité et modes de gouvernance » ont permis de comparer six démarches de qualification officielle de produits caractéristiques de la zone méditerranéenne. Dans tous ces exemples, on a pu mettre en évidence comment l'action collective permet de réagir à une menace précise, en assurant un partage équitable de la plus value résultant de la qualification du produit. Dans le même temps, ces démarches apportent une contribution significative au maintien de pratiques traditionnelles et à la préservation du patrimoine environnemental de la région.
International audience ; The work carried out within the framework of the research project 'Mediterranean terroir products: conditions of emergence, effectiveness and modes of governance' has made it possible to compare six official qualification procedures for products that are characteristics of the Mediterranean zone. It is shown in all these examples how collective action makes it possible to react to a specific threat by ensuring the fair sharing of the value-added resulting from the qualification of the product. These procedures also make a significant contribution to the maintaining of traditional practices and the conservation of the environmental heritage of the region. ; Les travaux conduits dans le cadre du projet de recherche « Produits du terroir méditerranéen : conditions d'émergence, d'efficacité et modes de gouvernance » ont permis de comparer six démarches de qualification officielle de produits caractéristiques de la zone méditerranéenne. Dans tous ces exemples, on a pu mettre en évidence comment l'action collective permet de réagir à une menace précise, en assurant un partage équitable de la plus value résultant de la qualification du produit. Dans le même temps, ces démarches apportent une contribution significative au maintien de pratiques traditionnelles et à la préservation du patrimoine environnemental de la région.
Diplôme : Diplôme d'Ingénieur Agronome ; Alors qu'« aménité » était jusqu'ici désuet, ce terme a trouvé ces dernières années un renouveau au sein des discours portant sur le développement durable et la multifonctionnalité, et va de pair avec les préoccupations grandissantes relatives au paysage et au patrimoine. Par leurs activités mêmes, et en interaction avec le milieu naturel, les agriculteurs et les populations rurales ont été et sont toujours à l'origine d'une large gamme d'aménités environnementales, qui participent au bien-être de la collectivité. On constate une demande croissante d'aménités de la part de la société, comme en témoignent l'essor du tourisme rural depuis les années quatre-vingt-dix, l'explosion du périurbain et l'augmentation du nombre de « néoruraux » qui ont repeuplé le rural profond, parallèlement à la diminution de la population d'un grand nombre de métropoles. Cette demande constitue un potentiel de développement économique considérable pour les territoires ruraux. C'est pour cette raison que la recherche et les politiques publiques s'intéressent aujourd'hui aux possibilités de valorisation non marchande et marchande des aménités environnementales. Avant de s'intéresser à ces modes de valorisation, il était nécessaire clarifier cette notion d' « aménités » qui traduit un concept et des préoccupations encore assez flous. De par leurs caractéristiques d'externalités naissant conjointement du patrimoine naturel et de l'action humaine, et parce que, spécifiques du territoire, elles sont une source de différenciation d'un territoire par rapport à un autre, les aménités environnementales sont assimilables à ce qu'on peut nommer des « externalités territoriales ». Toutefois, ces deux termes ne font que se recouper du fait de la dimension par nature subjective des aménités environnementales, dont l'existence dépend de la perception de l'usager. Les produits de qualité du terroir nous ont semblé être un vecteur intéressant de valorisation des aménités environnementales. Selon la théorie lancastérienne de la consommation et le modèle des biens complexes territorialisés, les aménités environnementales constitueraient un attribut du produit générant un surplus du consommateur plus élevé que pour un produit similaire, surplus qui détermine une rente de qualité territoriale à capter par le producteur. Nous avons travaillé sur le territoire du Massif des Bauges, dans les Préalpes du Nord et sur un produit spécifique de ce territoire : la Tome des Bauges, fromage qui a obtenu une AOC en novembre 2002. Par une étude conjointe de l'offre et de la demande, nous avons mis en évidence les conditions qui nous semblaient nécessaires pour qu'un produit soit un bon vecteur de valorisation des aménités environnementales. Le territoire de production doit être reconnu par les consommateurs comme support de nombreuses aménités environnementales, qui participent alors à l'image positive qu'ils se font du produit. Il est également nécessaire qu'il y ait un double lien affectif au territoire et au produit. Par ailleurs, il est important que les acteurs aient une stratégie collective de valorisation par des circuits courts qui permettent de distribuer le produit sur son territoire. Enfin, s'agissant d'un produit alimentaire, il est indispensable de porter un intérêt tout particulier à la qualité intrinsèque, premier critère d'évaluation du produit par le consommateur. Mais finalement, alors qu'il est aisé d'internaliser les externalités lorsqu'elles sont identifiées, la valorisation des aménités est beaucoup plus délicate du fait même de leur caractère subjectif et de la relation personnelle et complexe que les usagers ont au territoire.
Cette étude analyse le processus de spécification de la figue sèche des At Maouche. Les résultats montrent que les figuiculteurs adoptent une stratégie intégrée de valorisation patrimoniale et marchande de la ressource. En s'ouvrant à l'extérieur, ils s'insèrent dans des réseaux d'acteurs qui leur permettent d'articuler leurs savoirs de proximité aux savoirs réflexifs exogènes et aux savoirs managériaux d'organisation. Cependant, la durabilité de ce processus semble difficilement généralisable du fait qu'il est essentiellement porté par des acteurs exogènes et qu'il n'est pas véritablement approprié par les figuiculteurs.