Cette contribution1examine l'impact des possibilités d'extension de la fertilité féminine ouvertes par le don d'ovocytes sur les significations de l'« âge limite de la maternité », dans le contexte suisse où cette technique est interdite. En me focalisant sur les expériences de femmes recourant au don d'ovocytes en cas d'infertilité liée à l'âge, je montrerai comment cette technique ouvre un espace de contestation et de négociation des limites biologiques de la fertilité. La première partie examine l'utilisation des normes biologiques et statistiques du déclin de la fertilité dans le cadre du diagnostic; la deuxième montre comment les significations des limites d'âge se transforment au fil du parcours de procréation médicalement assistée (PMA); la troisième met en lumière quelques stratégies utilisées pour reconfigurer l'« horloge biologique ».
L'article interroge, à travers une vignette clinique, le désir d'enfant et l'infertilité secondaire en étant à l'écoute des enjeux inconscients et des représentations socioculturelles gabonaises. Il repère comment le recours à l' amp n'exclut pas l'adhésion aux croyances traditionnelles de la malédiction. La recherche s'appuie sur une méthodologie qualitative et intègre la libre réalisation de l'arbre généalogique. L'utilisation de la médiation projective permet d'investiguer les liens familiaux, conjugaux et la place fantasmatique de l'enfant dans l'espace généalogique. L'analyse souligne, sur le plan intrapsychique, une conflictualité œdipienne non résolue. Elle pointe le passage obligé par la maternité pour accéder à un statut social valorisé soutien de l'identité féminine.
Is it possible to do something more meaningful than mothering? As a young Catholic girl who grew up in the American Midwest on white bread and Jesus, Erin S. Lane was given two options for a life well-lived: Mother or Mother Superior. She could marry a man and mother her own children, or she could marry God, so to speak, and mother the world's children. Both were good outcomes for someone else's life. Neither would fit the shape of hers. Interweaving Lane's story with those of other women--including singles and couples, stepparents and foster parents, the infertile and the ambivalent--Someone Other Than a Mother challenges the social scripts that put moms on an impossible pedestal and shame childless women and nontraditional families for not measuring up. With candor and verve, Someone Other Than a Mother tears up the shaming social scripts that are bad for moms and non-moms alike and rewrites the story of a life well-lived, one in which purpose is bigger than body parts, identity is fuller than offspring, and legacy is so much more than DNA. --
La maternité est un des plus grands rites de passage vers la féminité adulte chez les femmes. Cependant, toutes les femmes n'ont pas accès à cette maternité. Dans cet article, j'explore la communauté des personnes infertiles en ligne, dans lesquelles les femmes traient de leur exclusion et expriment leur incrédulité face à la perspective d'avoir un enfant biologique. Les femmes considèrent leur infertilité comme une injustice, ce qui les mène à revendiquer cette maternité. Je soutiens que la façon dont les femmes revendiquent la maternité change notre compréhension de la maternité comme norme du genre féminin. La maternité est plus que la poursuite d'une identité du genre féminin; c'est également un droit de la femme. Cette recherche pousse en avant les conceptualisations analytiques de la maternité, tout en enrichissant de façon empirique nos connaissances face à l'homosocialité des femmes.Motherhood is one of the most enduring rites of passage to adult femininity for women. However, not all women have access to motherhood. In this paper, I explore the online infertility community wherein women blog to process their exclusion, expressing incredulity about the prospect of never having a biological child of their own. Women understand their infertility as an injustice, leading them to lay claim to motherhood. I argue that how women lay claim to motherhood changes our understanding of motherhood as a gendered norm. Motherhood is more than a pursuit of a gender identity; it is also a gendered entitlement. This research pushes analytic conceptualizations of motherhood forward, while also empirically enriching our knowledge about women's homosociality.
Cadre de la recherche :Le recul de l'âge à la première maternité dans les sociétés euro-américaines conduit de plus en plus de femmes à se tourner vers l'assistance médicale à la procréation (AMP) en raison d'une infertilité liée à l'altération « naturelle » de leur réserve ovarienne. En France, elles sont prises en charge en insémination ou fécondationin vitrointraconjugale jusqu'à 43 ans, mais le recours à l'autoconservation ou au don d'ovocytes pour pallier cette infertilité considérée comme non « pathologique », ne leur est pas permis. De ce fait, dès lors que l'altération de leur réserve ovarienne est trop importante, leur prise en charge est arrêtée.Objectifs :Dans ce contexte, cet article propose de questionner les seuils de la temporalité procréative, de la fertilité et de l'infertilité féminine tels qu'envisagés par le modèle bioéthique français de l'AMP, en particulier la façon dont l'infertilité – en tant que phénomène biologique « normal » ou « pathologique » – est appréhendée pour penser le seuil du permis et de l'interdit en France.Méthodologie :Nous nous appuyons pour cela sur une étude des expériences et vécus de femmes quadragénaires en AMP à partir d'une enquête sociologique par entretiens qualitatifs réalisée auprès de 23 femmes âgées de plus de 40 ans, confrontées à une altération de leur réserve ovarienne et prises en charge au sein de deux centres d'AMP marseillais.Résultats :L'enquête permet de préciser les profils et trajectoires biographiques des femmes de plus de 40 ans en AMP, ainsi que leurs vécus de l'infertilité liée à l'âge. Une diversité de raisons expliquant la temporalité de leur projet parental apparaît, liée aux injonctions de la « norme procréative » comme aux évolutions sociodémographiques conduisant au rajeunissement des classes d'âge. Dans ce contexte, la découverte de leur infertilité attribuée au vieillissement fait l'objet d'une surprise, elle apparaît en écart profond avec leur « sentiment de jeunesse », tant sur le plan physiologique, psychologique que social.Conclusions :Nous montrons que les trajectoires et expériences de l'infertilité liée à l'âge dont témoignent les femmes interrogées mènent à appréhender autrement les seuils de la temporalité procréative par-delà la seule dimension biologique représentée en AMP par lacapacité ovarienne, et à prendre plus largement en compte le corps dans son ensemble, ainsi que les dimensions sociales, relationnelles et temporelles de l'infertilité.Contribution :La recherche présentée dans cet article permet de mettre à distance la façon dont la notion même d'infertilité est appréhendée par le cadre légal, médical et plus largement social. Loin d'apparaître comme un fait figé et strictement biologique, l'étude des pratiques dévoile ici la complexité de cette notion et remet en question les oppositions normal/pathologique et social/biologique dans la façon d'appréhender l'infertilité en France.