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La présence des femmes en politique est loin d'être une évidence ; même avec l'instauration du principe de parité par la loi, prévoyant des pénalités financières, l'égalité femmes-hommes n'est pas effective. Ce sous-développement démocratique est propre au système de cooptation des partis politiques, qui favorise l'entre-soi masculin et rend les femmes invisibles. Des changements dans les rapports sociaux de sexe s'avèrent nécessaires car aucun individu ne doit être assigné à sa condition de sexe ou de naissance.

L'article montre le décalage entre la forte participation des femmes aux différentes étapes de la révolution tunisienne, d'une part, et leur éviction d'un certain nombre de débats publics, d'autre part. Il propose de nouveaux modèles pour comprendre les diverses formes de mobilisation et développe une nouvelle approche des mouvements sociaux dans les politiques du conflit. Partant de la critique du modèle habermassien de l'espace public par Nancy Frazer, l'article décrit quelques mouvements militants de femmes en Tunisie, « arènes subalternes », en s'appuyant sur des enquêtes menées en 2013-2014 et en montrant leurs particularités par rapport à d'autres formes d'engagement.

Si au XIXe siècle, Hannah More est citée avec enthousiasme pour avoir affirmé que « la charité est la vocation d'une dame », ce conservatisme épais favorise l'engagement féminin dans la vie politique. Il fera notamment l'admiration des « suffragettes » qui le perçoivent comme moyen de valoriser la position sociale et intellectuelle des femmes. Leurs premiers pas dans la sphère publique, au-delà du monde charitable, sont marqués par la violence, les rejets, les entraves, les oppositions et les heurts. Néanmoins, elles entrevoient une possibilité d'existence publique en se réunissant dans des « societies » et des « unions », assemblées qui deviennent des lieux d'apprentissages politiques. Deux femmes éminentes vont freiner leur élan et retarder leur avancée sur la scène politique.

Comprend : Autres auteurs : Essaieh, Donia ; Joutard, Claire ; Appartient à l'ensemble documentaire : BnSP000

Résumé Depuis 2002, la loi impose la présence d'un nombre égal de femmes et d'hommes sur les listes de candidats aux élections, et la Constitution oblige les divers gouvernements du pays à comporter des personnes des deux sexes. Incontestablement, ces mesures se sont traduites par une augmentation significative de la proportion de femmes parmi les représentants politiques. Cependant, aujourd'hui encore, rares sont les assemblées ou les exécutifs dans lesquels on compte un nombre équivalent de femmes et d'hommes, quel que soit le niveau de pouvoir. Ainsi, les femmes ne constituent en moyenne que 40 % des parlementaires et 30 % des ministres. Ce Courrier hebdomadaire retrace tout d'abord l'évolution de la législation visant à favoriser la représentation des femmes en politique, avant de dresser le panorama des règles en vigueur actuellement. Ensuite, Sophie van der Dussen étudie une double évolution : d'une part celle de la proportion de femmes élues lors des différents scrutins qui se sont tenus depuis 1994, d'autre part celle de la proportion de femmes présentes dans les divers organes législatifs et exécutifs du pays durant les vingt dernières années. Afin de parvenir à une vision fine de la situation, de multiples ventilations sont opérées : par parlement et par gouvernement aux différents niveaux de pouvoir (européen, fédéral, régional et communautaire, provincial, communal), par régime linguistique et par parti politique. Les statistiques sont présentées à l'aide d'une quarantaine de tableaux commentés. Enfin, l'auteure livre les résultats d'une enquête inédite, qu'elle a menée en juin-juillet 2013 auprès des 517 parlementaires qui siégeaient alors dans les assemblées directement élues du pays (Chambre des représentants, Sénat, Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, Parlement wallon, Parlement flamand et Parlement de la Communauté germanophone). Cette enquête dresse le profil-type des femmes parlementaires belges d'aujourd'hui et permet de le comparer avec celui de leurs homologues masculins.

Loin d'une conception de la politique limitée aux seuls aspects institutionnels et indépendante des autres sphères de la société, cet article montre que, si la participation politique des femmes est tributaire d'une démocratie qui les a longtemps exclues, elle ne se réduit pas à cela. Dans la sphère politique, les femmes développent des pratiques alternatives d'engagement marquées par l'enchevêtrement des temps sociaux. Dans la sphère privée, elles engagent une dynamique d'individuation concertée dans le couple qui met en cause la domination masculine. Elles contribuent ainsi à renouveler les définitions normatives du politique et du domestique comme elles introduisent de nouvelles articulations entre les deux.

Far from being limited only to institutional aspects of politics and independent from the other spheres of society, this article will show that even though women's political participation is dependent on democracies that have long excluded them, it goes beyond that. In the political sphere, women have developed alternative practices characterized by an interweaving of social agendas. In the private sphere, they activate dynamics of concerted individuation that question male domination. They thus contribute to the renewal of normalizing definitions of the political and the domestic spheres, just as they introduce new structures between the two. Adapted from the source document.