Nous étudions l'impact de la transparence des banques sur l'évolution des spreads de leurs credit default swaps (CDS) pendant la crise de la dette souveraine au sein de l'Union européenne. La transparence aide les investisseurs à fonder leurs anticipations et peut réduire la prime de risque informationnelle ainsi que les spreads de CDS. Nous calculons la variation anormale cumulée du spread (VACS) lors de seize annonces de dégradation de notation souveraine, de 2011 à mi-2013. Nous construisons deux indices de transparence : l'un mesure la transparence globale de la banque, l'autre mesure sa transparence vis-à-vis de l'exposition au risque souverain. Nous montrons que l'exposition au risque souverain accroît la VACS, alors que la transparence de la banque vis-à-vis de ce risque réduit la VACS ; l'information tend donc à réduire la prime de risque. Cependant, la transparence globale augmente la VACS ; les investisseurs semblent désapprouver une communication trop large et trop abondante.
Après le rejet de la proposition de "loi de faillite pour les Etats" avancée par le Fonds monétaire international, le principe d'une restructuration des émissions obligataires souveraines par l'appel aux clauses d'action collective, de nature contractuelle, semble devoir se généraliser. Souples et peu contraignantes, ces dernières laissent toutefois en suspens les enjeux les plus larges de la gestion de crise : la coordination avec les porteurs d'autres créances publiques, l'articulation entre les créanciers et le Fonds, puis entre la négociation financière et les engagements de politique économique pris par le pays. Inévitablement, ces enjeux feront surface à travers la question du moratoire unilatéral sur la dette extérieure et du contrôle à la sortie des capitaux. De telles décisions unilatérales placeront à nouveau le FMI face à cette question stratégique : une règle multilatérale peut-elle définir les conditions dans lesquelles une autorité publique serait autorisée à intervenir dans des contrats privés, échangés sur les marchés de capitaux globalisés ? (.).
Après le rejet de la proposition de "loi de faillite pour les Etats" avancée par le Fonds monétaire international, le principe d'une restructuration des émissions obligataires souveraines par l'appel aux clauses d'action collective, de nature contractuelle, semble devoir se généraliser. Souples et peu contraignantes, ces dernières laissent toutefois en suspens les enjeux les plus larges de la gestion de crise : la coordination avec les porteurs d'autres créances publiques, l'articulation entre les créanciers et le Fonds, puis entre la négociation financière et les engagements de politique économique pris par le pays. Inévitablement, ces enjeux feront surface à travers la question du moratoire unilatéral sur la dette extérieure et du contrôle à la sortie des capitaux. De telles décisions unilatérales placeront à nouveau le FMI face à cette question stratégique : une règle multilatérale peut-elle définir les conditions dans lesquelles une autorité publique serait autorisée à intervenir dans des contrats privés, échangés sur les marchés de capitaux globalisés ? (.).
The aim of this dissertation is to know whether the decentralized approach, officially put forward in the management of sovereign debt crises since their origin, is not only feasible but also efficient in terms of equity of the debt burden sharing. We define indeed an efficient restructuring process as a procedure of short duration (less than one year) and that meets the needs of both parties. If, in the side of creditors, the discount should not be abusive, towards the debtor, the debt must become sustainable, in both economic and social terms. Field analysis process of renegotiating debt focuses exclusively on Latin American economies, insofar as they represent debtors who historically recorded the highest number of defaults. Through a multidisciplinary approach, we finally defend the thesis that the failure of the various restructuring process is directly subordinate to the iniquity of sharing the debt burden, which is due to an imbalance of bargaining power, as an inherent part of decentralized management. Our macroeconomic and inductive approaches built the framework for socio-economic analysis, which uses history, political economy, but also a study based on social psychology. This dissertation is structured in two parts, themselves divided into two chapters. The first part focuses on understanding the origins of crises, their prevention and crisis management, and then their failures. It combines empirical observation and theoretical underpinnings of the decentralization. Specifically, the first chapter outlines, given the dual responsibility in the onset and sinking into the crisis, the failure of the decentralized approach in the long term. It concludes that not only decentralization is inapplicable, since a third party is always forced to intervene, but nor it does allow an fair sharing of the crisis costs. The second chapter consecutively seeks to understand why such a restructuring process is still maintained. The political economy of decentralization then shows that the choice between regulation and "laissez-faire" is not so much linked to economic efficiency criteria, but rather to ideological and political considerations. The second part of this work symmetrically proposes lines of thought to overcome the main obstacles identified in most cases of defaults and restructurings. Thus, if the third chapter addresses the second, fourth echoes the first. Indeed, the third chapter shows that decentralization can't be efficient, not only because of its technical pitfalls, but also because of the nature of the both contractual parties. Sovereign immunity having been put into perspective in the first two chapters, the point here is to analyze the functioning of financial markets in an alternative way, compared with the efficiency hypothesis. That is why we go into the Keynes psychosocial analysis (1936) in depth with the behavioral finance. Such a study reveals the inability of creditors to organize themselves in good faith, while it is the sine qua non condition of the decentralized approach implementation and efficiency. Therefore, the final chapter concludes on the need for a shift towards a more centralized approach, which includes a neutral, competent and institutionalized third party. Here, if multilateralism must prevail as a model of collaborative thinking, in regard to the management of the current debt crisis in Europe, such a possibility remains unlikely in the short term. This is why debtor countries may have to take some unilateral decisions, including potentially legitimate and transparent debt repudiation in case of sinking into the crisis, in order to compel the international community to make that needed shift. Keywords: Sovereign debt, Restructuration, Decentralized approach, Dependency theories, Political Economy, Behavioral Finance. ; Cette thèse cherche à savoir si la méthode décentralisée, officiellement mise en avant dans la gestion des crises de la dette souveraine depuis leur origine, est non seulement réalisable, mais également efficace en termes de répartition équitable du fardeau de la dette. Nous définissons en effet un processus de restructuration efficace comme une procédure de courte durée (inférieure à un an) et qui respecte les besoins des deux parties prenantes au contrat. Si du côté des créanciers, la décote ne doit pas être abusive, du côté du débiteur, la dette doit redevenir soutenable, au sens à la fois économique et social du terme. Le terrain d'analyse des processus de renégociation de la dette se concentre exclusivement sur les économies d'Amérique Latine, dans la mesure où elles représentent les débiteurs ayant enregistré le plus grand nombre de défauts au cours de l'histoire. À travers une méthode pluridisciplinaire, nous défendons finalement la thèse selon laquelle l'échec des différents processus de restructuration est directement subordonné à l'iniquité du partage du fardeau de la dette, laquelle fait suite à un déséquilibre des pouvoirs de négociation inhérente au cadre de gestion décentralisée. Notre posture macroéconomique et notre démarche inductive induisent un cadre d'analyse socio-économique, lequel fait appel à un approfondissement historique, en termes d'économie politique, mais également à une étude basée sur la psychologie sociale. La thèse est structurée autour de deux parties, elles-mêmes subdivisées en deux chapitres. La première partie s'attache à comprendre les origines et les modalités de prévention et de gestion des crises, ainsi que leurs échecs. Elle conjugue de fait l'observation empirique et les soubassements théoriques de la décentralisation. De fait, le premier chapitre fait état, au vu de la double responsabilité à l'œuvre dans le déclenchement et l'enlisement dans la crise, de l'échec de la méthode décentralisée sur le long terme. En effet, non seulement la décentralisation apparaît inapplicable, puisqu'une tierce partie est systématiquement contrainte d'intervenir, mais elle ne permet pas non de plus de répartir équitablement les coûts de la crise. Le second chapitre cherche consécutivement à comprendre pourquoi ce processus de restructuration est néanmoins maintenu. L'économie politique de la décentralisation montre alors que le choix entre la régulation et le « laissez-faire » ne tient pas tant à des critères d'efficacité économique qu'à des considérations idéologiques et politiques. La deuxième partie de cette thèse propose symétriquement des pistes de réflexion afin de pallier les principaux écueils relevés lors des différents épisodes de défaut et de restructuration. Ainsi, si le troisième chapitre répond au second, le quatrième fait écho au premier. En effet, le troisième chapitre montre que la décentralisation ne peut aboutir en raison non seulement de ses écueils techniques, mais surtout de la nature des deux parties au contrat. L'immunité souveraine ayant été relativisée dans les deux premiers chapitres, il s'agit ici d'analyser le fonctionnement des marchés selon une méthode alternative au concept d'efficience. C'est la raison pour laquelle nous faisons appel aux préceptes de Keynes (1936) et de son analyse en termes psychosociaux, que nous approfondissons au travers du courant de la finance comportementale. Une telle étude révèle ainsi l'incapacité des créanciers à s'organiser de bonne foi, laquelle représente pourtant la condition sine qua non de la réalisation et de l'efficacité de la méthode décentralisée. Par conséquent, le dernier chapitre de ce travail conclue sur la nécessité d'un revirement en faveur d'une approche plus centralisée, laquelle inclut une tierce partie neutre, compétente et institutionnalisée.
The aim of this dissertation is to know whether the decentralized approach, officially put forward in the management of sovereign debt crises since their origin, is not only feasible but also efficient in terms of equity of the debt burden sharing. We define indeed an efficient restructuring process as a procedure of short duration (less than one year) and that meets the needs of both parties. If, in the side of creditors, the discount should not be abusive, towards the debtor, the debt must become sustainable, in both economic and social terms. Field analysis process of renegotiating debt focuses exclusively on Latin American economies, insofar as they represent debtors who historically recorded the highest number of defaults. Through a multidisciplinary approach, we finally defend the thesis that the failure of the various restructuring process is directly subordinate to the iniquity of sharing the debt burden, which is due to an imbalance of bargaining power, as an inherent part of decentralized management. Our macroeconomic and inductive approaches built the framework for socio-economic analysis, which uses history, political economy, but also a study based on social psychology. This dissertation is structured in two parts, themselves divided into two chapters. The first part focuses on understanding the origins of crises, their prevention and crisis management, and then their failures. It combines empirical observation and theoretical underpinnings of the decentralization. Specifically, the first chapter outlines, given the dual responsibility in the onset and sinking into the crisis, the failure of the decentralized approach in the long term. It concludes that not only decentralization is inapplicable, since a third party is always forced to intervene, but nor it does allow an fair sharing of the crisis costs. The second chapter consecutively seeks to understand why such a restructuring process is still maintained. The political economy of decentralization then shows that the choice between regulation and ...
Four successive crises have shaken the euro following the discovery of the scale of Greek deficits. From agreements to summits, Europe's leaders are trying to save the euro area. Yet the future of the euro and hence Europe can only be sketched out by taking into account: financial excesses, political incompetence, institutional failures, lags between political and economic time horizons, as well as competing pressures from markets and public opinion. Adapted from the source document.
Quatre crises successives de l'euro ont suivi la découverte de l'ampleur des déficits grecs. De sommets en accords, les dirigeants européens tentent de sauver la zone euro. Dérives de la finance, incompétence des politiques, défaillances institutionnelles, divergence des temps politique et économique, pressions concurrentes des marchés et des opinions: c'est en prenant en compte ces éléments des discours explicatifs que peuvent être ébauchés les avenirs de l'euro et donc de l'Europe.
This thesis attempts to identify the factors behind the sovereign default risk, as measured by sovereign CDS spreads, during the sovereign debt crisis in Europe. By analyzing monthly data from January 2007 to September 2015 using vector error correction model with panel data, we find that European sovereign default risk is partly a response to a macroeconomic environment characterized by poor fiscal policies and deteriorating economic factors. Specifically, higher unemployment rate, debt levels and lower current account balances have increased the sovereign CDS spreads. These results do not allow us to reject the hypothesis that the sovereign default was driven by weak economic fundamentals. But the relative importance of these factors changes over time and group of countries. The presence and absence of Greece have played a key role in the developments of the spreads in the euro area countries. The rating downgrades in Greece and the higher European risk aversion had contributed to a significant rise in the CDS spreads of euro and non-euro area countries. Our VECM analysis does suggest direct spillovers from Greece to Euro area periphery via non-fundamental channels. Finally, our results suggest that the emergence of the debt crisis was caused by weak fundamentals but has also a self-fulfilling character. ; Cette thèse porte sur l'étude des facteurs sous-jacents au risque du défaut souverain, tel que mesuré par les spreads des CDS souverains, au cours de la crise de la dette souveraine en Europe. En analysant les données mensuelles de janvier 2007 à septembre 2015 en utilisant un modèle à correction d'erreur (VECM), nous constatons que le risque de défaut souverain européen répond en partie à un environnement macroéconomique caractérisé par de mauvaises politiques budgétaires et une détérioration des facteurs économiques. Plus précisément, la hausse du taux de chômage, le niveau d'endettement et la réduction des soldes de la balance courante ont accru les spreads des CDS souverains. Ces résultats ne permettent ...
This thesis attempts to identify the factors behind the sovereign default risk, as measured by sovereign CDS spreads, during the sovereign debt crisis in Europe. By analyzing monthly data from January 2007 to September 2015 using vector error correction model with panel data, we find that European sovereign default risk is partly a response to a macroeconomic environment characterized by poor fiscal policies and deteriorating economic factors. Specifically, higher unemployment rate, debt levels and lower current account balances have increased the sovereign CDS spreads. These results do not allow us to reject the hypothesis that the sovereign default was driven by weak economic fundamentals. But the relative importance of these factors changes over time and group of countries. The presence and absence of Greece have played a key role in the developments of the spreads in the euro area countries. The rating downgrades in Greece and the higher European risk aversion had contributed to a significant rise in the CDS spreads of euro and non-euro area countries. Our VECM analysis does suggest direct spillovers from Greece to Euro area periphery via non-fundamental channels. Finally, our results suggest that the emergence of the debt crisis was caused by weak fundamentals but has also a self-fulfilling character. ; Cette thèse porte sur l'étude des facteurs sous-jacents au risque du défaut souverain, tel que mesuré par les spreads des CDS souverains, au cours de la crise de la dette souveraine en Europe. En analysant les données mensuelles de janvier 2007 à septembre 2015 en utilisant un modèle à correction d'erreur (VECM), nous constatons que le risque de défaut souverain européen répond en partie à un environnement macroéconomique caractérisé par de mauvaises politiques budgétaires et une détérioration des facteurs économiques. Plus précisément, la hausse du taux de chômage, le niveau d'endettement et la réduction des soldes de la balance courante ont accru les spreads des CDS souverains. Ces résultats ne permettent ...