Résumé Guibert-Lantoine (Catherine de), Leridon (Henri).- La contraception en France : un bilan après 30 ans de libéralisation La contraception a été légalisée en France par une loi adoptée fin 1967. La diffusion des méthodes contraceptives, notamment la progression de la pilule, s'est ensuite faite rapidement. La dernière enquête réalisée en 1994 (Ined/Insee) permet de faire le point sur les pratiques contraceptives. La contraception est généralisée à tous les âges : moins de 5 % de femmes prennent le risque d'une grossesse non désirée. On observe une forte progression, dans les générations successives, de la pratique contraceptive lors des premiers rapports sexuels. La contraception est aujourd'hui essentiellement féminine et médicale : la pilule s'est imposée, en particulier chez les plus jeunes ; le stérilet apparaît comme la méthode relais après la constitution de la famille; la stérilisation contraceptive n'occupe qu'une place modeste, réservée à la fin de la vie féconde ; les méthodes traditionnelles sont maintenant marginales ; l'usage du préservatif masculin est en progression, surtout chez les jeunes et les personnes seules, souvent utilisé en complément de la pilule, car il est un moyen de contraception autant que de prévention des maladies sexuellement transmissibles.
Professeur à l'Université libre de Bruxelles et éminent dix-huitièmiste, fondateur en 1974, avec Roland Mortier, du Groupe d'Étude du XVIIIe siècle et de la présente collection, Hervé Hasquin a marqué de son empreinte près de quatre décennies d'étude du XVIIIe siècle belge et européen.À l'occasion de son départ à la retraite, le Groupe d'Etude du XVIIIe siècle lui rend ici hommage, en republiant ses principaux articles relatifs au siècle des Lumières – actualisés par l'auteur et accompagnés d'une bibliographie mise à jour – ainsi qu'un inédit, consacré au combat de quelques auteurs jésuites contre les Lumières et la Révolution. Au siècle des Lumières, de vifs débats opposèrent penseurs et « économistes », notamment physiocrates, sur la réalité d'un déclin démographique souvent présenté comme un fait acquis. Quelques esprits audacieux, comme Voltaire ou l'abbé Jean-Joseph Expilly, ont cependant mis en doute cette vulgate et cherché, dans le cadre du despotisme éclairé, les moyens d'assurer une croissance régulière et maîtrisée de la population. Ces débats, et leurs développements, notamment la promotion de la « moyenne culture », font l'objet de la première partie de ce volume. Le XVIIIe siècle a vu la naissance de la pensée libérale en économie. À travers les quatre chapitres suivants, Hervé Hasquin s'attache à mesurer le poids de structures traditionnelles encore bien présentes – interventionnisme, dîme ecclésiastique – dans le contexte économique parfois difficile qu'ont connu les Pays-Bas autrichiens. Il analyse également – à travers le cas du journaliste français Jacques Accarias de Serionne, qui mit sa plume au service du gouvernement – le pragmatisme des autorités bruxelloises, qui rejetaient mercantilisme comme physiocratie, leur préférant une politique de « libéralisme éclectique ». La question religieuse fut également au cœur de toutes les réflexions du siècle, et Hervé Hasquin y a naturellement consacré de nombreux écrits. Ceux republiés ici traitent notamment de la question centrale de la tolérance, et de celle du mariage des protestants – institué en contrat civil par l'édit de Joseph II du 28 septembre 1784, lequel prévoyait également le divorce –, des réalités de la religion populaire – à travers un cas d'exorcisme à Saint-Hubert – ou encore de cette « passion de l'universel » qui rapprocha certains savants des idéaux de la Révolution française. Une biographie intellectuelle d'Hervé Hasquin, composée par deux de ses anciens élèves et collaborateurs, introduit l'ouvrage, tandis qu'une bibliographie exhaustive de ses travaux scientifiques témoigne pleinement de l'étendue de ses divers centres d'intérêt.
Depuis 1983, la Mauritanie est engagee dans un processus de reforme fonciere. La vallee du fleuve Senegal a ete choisie comme zone experimentale. Apres avoir presente les lignes essentielles des regimes fonciers dans la vallee du fleuve, ses contraintes economiques, financieres, les auteurs analysent la situation: dans quelles mesures les populations traditionnelles se sentent-elles impliquees ou au contraire menacees par la reforme fonciere, quels sont les efforts qui ont ete entrepris par les autorites pour concilier pratiques locales et nouveaux textes, dans quelles mesures cette reforme favorise-t-elle la cohabitation paisible entre des communautes implantees dans la region. Actuellement, il est certain que l'impact aupres des populations locales n'est pas depourvu de conflits notamment dus aux problemes de l'attribution des terres et aux traditions differentes liees aux populations differentes. A ce niveau l'horizon semble bouche. (DÜI-Mfg)
La Mauritanie est restee longtemps l'un des pays africains le moins urbanise. La secheresse de 1974 conjugue a la crise du Sahara Occidental en 1975 ont declenche un processus de migration provocant une urbanisation acceleree des populations rurales et une spectaculaire augmentation du nombre des villes. Ce phenomene a entraine le developpement de considerables enjeux sur l'espace urbain. L'auteur presente tout d'abord l'impact de cette situation sur la societe mauritanienne, notamment celui de la sedentarisation des populations nomades, les consequences de l'extension demesuree des centres urbains et enfin les conflits provoques dans les populations traditionnelles par la reorganisation fonciere introduite en 1983 par le gouvernement. Devant la debacle le gouvernement s'interroge sur les alternatives pour assainir et reguler l'appropriation spatiale en milieu urbain. Cependant la democratisation balbutiante, les faibles moyens financiers des villes aggraves par les fraudes, les considerations tribales s'etendant au domaine politique, l'ineluctable progression de la population citadine constituent un formidable handicap. (DÜI-Mfg)
Résumé Le Bras Hervé et Tapinos Georges. — Les perspectives de la population française à long terme et leurs implications économiques. Ces nouvelles perspectives de la population française reprennent et approfondissent un ensemble de travaux effectués il y a cinq ans par le Conseil de Planification français. Par rapport aux projections traditionnelles, on y trouve quatre éléments nouveaux : — les hypothèses de fécondité. Au lieu d'une extrapolation des taux actuels de fécondité générale par âge vers une situation stable, elle aussi définie par ses taux de fécondité, un modèle de constitution de la famille a été choisi dont on a déduit les taux de fécondité à l'état stable. On peut ainsi relier la répartition des familles, l'âge des mères ou les intervalles entre naissances aux caractères globaux de la fécondité dans les quatre hypothèses retenues (de 1,4 à 2,6 enfants en moyenne par femme à long terme). — les oscillations à long terme. Traditionnellement, après une période de transition plus ou moins longue la fécondité est stabilisée. Ici, on a aussi envisagé l'hypothèse alternative de fluctuations entretenues sur la longue durée (avec une période variant de 33 à 100 années). — le long terme. L'horizon des perspectives de population dépasse rarement 20 années. Une certaine confusion s'instaure alors entre prévision et perspective. Ici, point d'ambiguïté. L'horizon est à 100 ans (en 2075) pour bien montrer que l'on se préoccupe d'analyser certaines conséquences à long terme des évolutions prochaines et pour mieux dégager ce qui peut obérer l'avenir de ce qui le trouble passagèrement. — les modifications de l'âge à la retraite et de l'activité des femmes. D'habitude, on maintient constantes, ou faiblement variables les structures d'activité par âge. L'analyse fait alors ressortir l'effet propre des évolutions démographiques sur l'activité. Ici, on a élargi le champ en comparant cet effet à celui que provoquerait une baisse plus ou moins ample de l'âge à la retraite et une augmentation plus ou moins rapide de l'activité féminine. Dans l'ensemble, les résultats font apparaître une grande stabilité de l'activité. La charge des actifs dépend à peine de la structure par âge, mais peut être considérablement modifiée par les deux facteurs institutionnels étudiés.
This thesis studies the components and phases of the socioeconomic and territorial evolution of the Jari river region, located at the north of the Brazilian Amazon, by identifying its different transformation processes and contemporary spatial structures. Longtime left aloof from national population and development dynamics, the region experiences a two-step economic and social evolution in the XX century: A first occupation, at the beginning of the century, that was conditioned by the exploitation of natural resources (rubber, Brazil nut) and led to the establishment of a " latifundium " covering about 2 million ha; and a second, more important occupation at the end of 1960ies by the an American businessman and multimillionaire D.K. Ludwig. The initiation, by the latter, of a huge agro-industrial enterprise, the " Jari project ", aiming at a large-scale production of cellulose, lead to the construction of first urban infrastructures and industrial facilities in a region until then covered with intact primary forest. The socio-cultural, economical and political development of the Jari River region has since been intrinsically linked to the evolution of the Jari project. The project itself, which is still active in the region, has itself known significant change since its building up in 1967: strongly criticized during the 1970ies and 1980ies due to the lack of economic viability of its agro-industrial activities, as well as its ecological impact and its waste of human resources, the project of the XXI century, revived by a new management (Orsa), presents itself as an innovative, lucrative and certified firm, henceforth conscious of its social and environmental responsibility and thus of its pioneer role for the socioeconomic development of the Jari River region where it operates. The territorial strategies developed in this context by the company, which are embedded in a discourse of social and environmental corporate responsibility, have indeed permitted the company not only to establish itself on the national and international pulp market, but also to mitigate the long-standing land conflict between the Jari firm, the government and the local populations, who had been partly displaced from their lands by the transformation of huge parts of the rainforest into eucalyptus plantations. The creation of a firm-interne social Foundation in 2000, commissioned to carry into action small socioeconomic projects in the region, has also allowed to accelerate a process of territorial integration, aiming at including the local communities and political actors into the management of the region and its use of its natural resources, until then monopolized by the company. Not yet fully achieved, this process of territorial integration constitutes today a solid basis for a sustainable transformation of the region in the future, from the old "enclave" of the American into an integrated region whose potential is commonly shared by its habitants. ; Ce travail étudie les composants de l'évolution territoriale et socio-économique de la région du Jari, située au nord de l'Amazonie brésilienne, en identifiant les différents processus de transformation ainsi que les structures spatiales actuelles. Longtemps à l'écart des dynamiques nationales du peuplement et du développement, celle-ci connait, au XXe siècle, un développement socioéconomique en deux étapes : Le premier, au début du siècle, à partir d'une occupation conditionnée par l'extractivisme (exploitation de ressources naturelles de la forêt, comme le caoutchouc ou la noix du Brésil), et organisée autour d'un latifundiaire sur environ 2 millions d'hectares. Le deuxième, plus important, à la fin des années 1960, à partir de l'installation, sur ce même territoire, d'une grande entreprise agro-industrielle, le " projet Jari ", par l'entrepreneur et multimillionnaire Américain D.K. Ludwig, qui visait à la production de la cellulose à grande échelle, et entraînait la construction d'une première infrastructure urbaine et industrielle dans une région de forêt primaire jusque-là intacte. Désormais indissociablement liées, les transformations socioéconomiques et territoriales de la région du Jari se sont depuis produites en tant qu'influence ou interaction directe avec l'évolution du projet Jari. Celui-ci, toujours en fonction dans la région aujourd'hui, a lui-même connu des transformations significatives depuis son installation en 1967: fortement polémiquée pour la non rentabilité économique, l'impact environnemental, et le gaspillage en ressources humaines de ses activités d'agrobusiness, le projet Jari du XXIe siècle émerge aujourd'hui, sous une nouvelle gestion (Orsa), comme une entreprise viable, certifiée, et pionnière en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises en contexte amazonien. Les nouvelles stratégies territoriales développées par celle-ci et basées dans un discours de responsabilité sociale et environnementale des entreprises, ont permis à la Jari non seulement de conquérir une place stable sur le marché national et international de la cellulose, mais aussi à atténuer une conflit foncier de long date dans la région du Jari, qui a durablement marqué les relations entre l'entreprise, le gouvernement et les populations locales, dont plusieurs ont été déplacées de leurs terres lors de la transformation de larges parties de forêt primaire en plantations d'eucalyptus. La création, par la " nouvelle " entreprise, d'une Fondation sociale, censée de mettre en œuvre des petits projets socio-économiques dans la région, a en outre permis d'avancer le processus d'intégration territoriale visant à inclure enfin les communautés locales et les acteurs politiques à la gestion régionale et à l'utilisation des ressources, jusque-là monopolisée par l'entreprise. Sans être achevé, ce processus forme aujourd'hui la base solide pour une transformation " durable " du Jari, d'une vieille "enclave " économique de l'Américain à une région intégrée dont le potentiel est partagé parmi ses habitants.
This thesis studies the components and phases of the socioeconomic and territorial evolution of the Jari river region, located at the north of the Brazilian Amazon, by identifying its different transformation processes and contemporary spatial structures. Longtime left aloof from national population and development dynamics, the region experiences a two-step economic and social evolution in the XX century: A first occupation, at the beginning of the century, that was conditioned by the exploitation of natural resources (rubber, Brazil nut) and led to the establishment of a " latifundium " covering about 2 million ha; and a second, more important occupation at the end of 1960ies by the an American businessman and multimillionaire D.K. Ludwig. The initiation, by the latter, of a huge agro-industrial enterprise, the " Jari project ", aiming at a large-scale production of cellulose, lead to the construction of first urban infrastructures and industrial facilities in a region until then covered with intact primary forest. The socio-cultural, economical and political development of the Jari River region has since been intrinsically linked to the evolution of the Jari project. The project itself, which is still active in the region, has itself known significant change since its building up in 1967: strongly criticized during the 1970ies and 1980ies due to the lack of economic viability of its agro-industrial activities, as well as its ecological impact and its waste of human resources, the project of the XXI century, revived by a new management (Orsa), presents itself as an innovative, lucrative and certified firm, henceforth conscious of its social and environmental responsibility and thus of its pioneer role for the socioeconomic development of the Jari River region where it operates. The territorial strategies developed in this context by the company, which are embedded in a discourse of social and environmental corporate responsibility, have indeed permitted the company not only to establish itself on the national ...
Dans la période de démocratisation qui suit la fin du gouvernement des militaires au Brésil, l'enracinement du Parti des travailleurs, particulièrement à São Paulo, incarne cette volonté populaire de faire de la politique autrement. Ce parti offre davantage d'espace politique aux femmes et celles-ci réussiront à se faire élire à des postes clés alors même que la Constitution de 1988 élargit les droits des travailleurs, des populations traditionnelles et des plus pauvres. L'ascension des femmes dans les instances politiques n'est cependant pas massive, elle reste le fait de quelques fortes personnalités dont la trajectoire souligne la relative plasticité de la société brésilienne, particulièrement dans sa plus grande ville où Erundina de Sousa (1988-1992), puis Marta Suplicy (2000-2004) seront élues maires. Ces victoires sont-elles le résultat d'une conjoncture exceptionnelle ou augurent-elles un réel changement durable ?
In contemporary Thailand, the relationship between "Highlanders" and the government mainly crystallizes on competion for natural resources. Throught the ethnography of a network of Karen villages unified around political claimings, the research highlight their involvement into alternative development action leading to the reasserting of territorial rights in protected forest areas. ; La thèse met en relief l'émergence récente d'un mouvement activiste parmi les montagnards nord-thaïlandais, soutenu par de nombreuses ONG environnementalistes locales et investi dans l'élaboration de modèles alternatifs de préservation des ressources forestières destinés à empêcher la délocalisation de villages implantés dans des « parcs nationaux ». Ce faisant, les montagnards karen créent de ce que j'ai nommé une « éco-tradition », soit une éthique indigène de préservation de l'environnement, inspirée de leurs « savoirs locaux » sur la nature et revisitée à l'aune du discours moderne sur l'écologie et le « développement durable ». L'analyse s'attache alors à détailler le processus de construction et de légitimation de cette éco-tradition sous l'angle des modalités d'articulation entre des logiques locales et transnationales de développement. Cette approche propose ainsi de dépasser la dialectique traditionnelle du rapport entre Etat et minorités pour mettre plutôt en scène la polyphonie des forces sociales et politiques hétérogènes qui interagissent au sein de l'ensemble national autour de l'enjeu crucial du contrôle des ressources naturelles du pays.
This thesis studies the components and phases of the socioeconomic and territorial evolution of the Jari river region, located at the north of the Brazilian Amazon, by identifying its different transformation processes and contemporary spatial structures. Longtime left aloof from national population and development dynamics, the region experiences a two-step economic and social evolution in the XX century: A first occupation, at the beginning of the century, that was conditioned by the exploitation of natural resources (rubber, Brazil nut) and led to the establishment of a "latifundium" covering about 2 million ha; and a second, more important occupation at the end of 1960ies by the an American businessman and multimillionaire D.K. Ludwig. The initiation, by the latter, of a huge agro-industrial enterprise, the "Jari project", aiming at a large-scale production of cellulose, lead to the construction of first urban infrastructures and industrial facilities in a region until then covered with intact primary forest. The socio-cultural, economical and political development of the Jari River region has since been intrinsically linked to the evolution of the Jari project. The project itself, which is still active in the region, has itself known significant change since its building up in 1967: strongly criticized during the 1970ies and 1980ies due to the lack of economic viability of its agro-industrial activities, as well as its ecological impact and its waste of human resources, the project of the XXI century, revived by a new management (Orsa), presents itself as an innovative, lucrative and certified firm, henceforth conscious of its social and environmental responsibility and thus of its pioneer role for the socioeconomic development of the Jari River region where it operates. The territorial strategies developed in this context by the company, which are embedded in a discourse of social and environmental corporate responsibility, have indeed permitted the company not only to establish itself on the national and international pulp market, but also to mitigate the long-standing land conflict between the Jari firm, the government and the local populations, who had been partly displaced from their lands by the transformation of huge parts of the rainforest into eucalyptus plantations. The creation of a firm-interne social Foundation in 2000, commissioned to carry into action small socioeconomic projects in the region, has also allowed to accelerate a process of territorial integration, aiming at including the local communities and political actors into the management of the region and its use of its natural resources, until then monopolized by the company. Not yet fully achieved, this process of territorial integration constitutes today a solid basis for a sustainable transformation of the region in the future, from the old "enclave" of the American into an integrated region whose potential is commonly shared by its habitants. ; Ce travail étudie les composants de l'évolution territoriale et socio-économique de la région du Jari, située au nord de l'Amazonie brésilienne, en identifiant les différents processus de transformation ainsi que les structures spatiales actuelles. Longtemps à l'écart des dynamiques nationales du peuplement et du développement, celle-ci connait, au XXe siècle, un développement socioéconomique en deux étapes : Le premier, au début du siècle, à partir d'une occupation conditionnée par l'extractivisme (exploitation de ressources naturelles de la forêt, comme le caoutchouc ou la noix du Brésil), et organisée autour d'un latifundiaire sur environ 2 millions d'hectares. Le deuxième, plus important, à la fin des années 1960, à partir de l'installation, sur ce même territoire, d'une grande entreprise agro-industrielle, le "projet Jari", par l'entrepreneur et multimillionnaire Américain D.K. Ludwig, qui visait à la production de la cellulose à grande échelle, et entraînait la construction d'une première infrastructure urbaine et industrielle dans une région de forêt primaire jusque-là intacte. Désormais indissociablement liées, les transformations socioéconomiques et territoriales de la région du Jari se sont depuis produites en tant qu'influence ou interaction directe avec l'évolution du projet Jari. Celui-ci, toujours en fonction dans la région aujourd'hui, a lui-même connu des transformations significatives depuis son installation en 1967: fortement polémiquée pour la non rentabilité économique, l'impact environnemental, et le gaspillage en ressources humaines de ses activités d'agrobusiness, le projet Jari du XXIe siècle émerge aujourd'hui, sous une nouvelle gestion (Orsa), comme une entreprise viable, certifiée, et pionnière en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises en contexte amazonien. Les nouvelles stratégies territoriales développées par celle-ci et basées dans un discours de responsabilité sociale et environnementale des entreprises, ont permis à la Jari non seulement de conquérir une place stable sur le marché national et international de la cellulose, mais aussi à atténuer une conflit foncier de long date dans la région du Jari, qui a durablement marqué les relations entre l'entreprise, le gouvernement et les populations locales, dont plusieurs ont été déplacées de leurs terres lors de la transformation de larges parties de forêt primaire en plantations d'eucalyptus. La création, par la "nouvelle" entreprise, d'une Fondation sociale, censée de mettre en œuvre des petits projets socio-économiques dans la région, a en outre permis d'avancer le processus d'intégration territoriale visant à inclure enfin les communautés locales et les acteurs politiques à la gestion régionale et à l'utilisation des ressources, jusque-là monopolisée par l'entreprise. Sans être achevé, ce processus forme aujourd'hui la base solide pour une transformation "durable" du Jari, d'une vieille "enclave" économique de l'Américain à une région intégrée dont le potentiel est partagé parmi ses habitants.
This thesis studies the components and phases of the socioeconomic and territorial evolution of the Jari river region, located at the north of the Brazilian Amazon, by identifying its different transformation processes and contemporary spatial structures. Longtime left aloof from national population and development dynamics, the region experiences a two-step economic and social evolution in the XX century: A first occupation, at the beginning of the century, that was conditioned by the exploitation of natural resources (rubber, Brazil nut) and led to the establishment of a "latifundium" covering about 2 million ha; and a second, more important occupation at the end of 1960ies by the an American businessman and multimillionaire D.K. Ludwig. The initiation, by the latter, of a huge agro-industrial enterprise, the "Jari project", aiming at a large-scale production of cellulose, lead to the construction of first urban infrastructures and industrial facilities in a region until then covered with intact primary forest. The socio-cultural, economical and political development of the Jari River region has since been intrinsically linked to the evolution of the Jari project. The project itself, which is still active in the region, has itself known significant change since its building up in 1967: strongly criticized during the 1970ies and 1980ies due to the lack of economic viability of its agro-industrial activities, as well as its ecological impact and its waste of human resources, the project of the XXI century, revived by a new management (Orsa), presents itself as an innovative, lucrative and certified firm, henceforth conscious of its social and environmental responsibility and thus of its pioneer role for the socioeconomic development of the Jari River region where it operates. The territorial strategies developed in this context by the company, which are embedded in a discourse of social and environmental corporate responsibility, have indeed permitted the company not only to establish itself on the national and ...
International audience ; Il y a encore quelques années, les savanes africaines, contrairement aux autres écosystèmes austères à l'occupation humaine, offraient des possibilités de vie facile. Elles constituaient un lieu d'échange entre les peuples nomades du Nord et sédentaires du Sud. Les pratiques culturales utilisées permettaient une symbiose entre les éléments constitutifs de l'écosystème dont l'homme. De nos jours, les changements intervenus dans les pratiques culturales avec l'introduction des cultures de rentes, la mécanisation de l'agriculture, les changements climatiques avec la diminution du volume des pluies, l'augmentation de la population par le fait de l'accroissement naturel et de l'émigration, et le transfert de l'élevage de la zone sahélienne vers les savanes, introduisent une mutation profonde dans un milieu relativement stable. Dans le cas de la savane au sud du Tchad et principalement dans le département au Logone Oriental, un autre défi se présente aux acteurs: il s'agit de l'exploitation du pétrole dans une zone vouée à l'agriculture. De fait, ces acteurs se trouvent contraints de se conformer aux nouvelles dispositions et d'adopter un changement de comportement. Des catégories nouvelles d'acteurs apparaissent: il s'agit des industriels du pétrole, des ouvriers et des demandeurs d'emplois. Pour faire face, les paysans de cette zone cherchent, soit à devenir ouvrier du projet, soit à abandonner leurs activités traditionnelles au profil de l'appât du gain. Certes des compensations financières leur ont été versées suite à une expropriation des terres ou des arbres, mais la mauvaise gestion de ces revenus engendre pour eux une situation de plus en plus précaire. De fait, ces paysans se retrouvent dépourvus de biens. Cette situation exige des acteurs en présence, un changement de mentalité et de gestion socio-économique et environnementale, sans lesquels leur mode de vie dans ce nouveau contexte risque d'être fortement perturbé. L'étude que nous menons ici, doit faciliter l'adaptation des ...
Dans le but d'étudier les modes formels de gestion des ressources forestières naturelles et les impacts que ces modes ont induit dans les pratiques des populations locales, une étude a été menée à travers des enquêtes qualitatives dans le village Nkolényeng, au sud du Cameroun. Il ressort de cette étude que le terroir villageois est composé des terres relevant du domaine forestier permanent de l'Etat et du domaine forestier non permanent. Le système foncier quant à lui est caractérisé par des modes de jouissance foncière complexes, allant de la propriété privée à la "Squattérisation" en passant par un métayage particulier. En outre, une combinaison des droits sur les ressources foncières agraires et forestières sous-tend l'accès au foncier et à la ressource forestière dans le village. Nous citerons entre autres, le droit généalogique, le droit productif ou "droit de hache" et le droit de succession. Á ces trois droits traditionnels coutumiers, se superposera le droit foncier moderne dit "positif". Dans la logique de sa politique de gestion participative des ressources naturelles (décentralisation), le pays a placé le villageois de Nkolényeng devant trois modes de gestion formels régissant désormais l'accès et le droit à la ressource, ce sont les unités forestière d'aménagement (UFA), les aires protégées (AP) et la foresterie communautaire (FC). Conscients des différentes formes d'aménagement qu'impliquent ces modes de gestion formels qui réglementent désormais l'accès à la ressource faunique et floristique, les villageois ont adapté des stratégies diverses suivant le statut spécifique du foncier et de la ressource à exploiter. Sur le plan socio-économique, la gestion des ressources naturelles est orientée vers la satisfaction des besoins individuels communs à tous (court terme) qui priment sur les besoins d'intérêt général (long terme). La petite agriculture familiale itinérante sur brûlis qui est la principale source alimentaire et de revenus des familles, s'est légèrement modifiée en un essartage caractérisé par un "abattis-brûlis réduit" exemptant les essences ligneuses à valeur commerciale. Cependant, bien que des adaptations soient perceptibles, la superposition des structures étatiques et juridiques sur cette structure traditionnelle n'a pas fondamentalement modifié son fonctionnement dans la communauté locale (forestière) de Nkolényeng à l'heure actuelle.
Artemisia annua ou armoise annuelle a fait couler ces dernières années beaucoup d'encre et animé bien des espoirs dans la lutte contre le paludisme entré en résistance contre les thérapies conventionnelles. Exhumée de la pharmacopée traditionnelle chinoise, cette plante vit dans les années 1970 une renaissance avec l'isolement de son principe actif, l'artémisinine, qui nourrit aujourd'hui la littérature scientifique et des volontés politiques nouvelles, des instances internationales qui n'ont pas su briser la spirale liant la pauvreté et la maladie, aux laboratoires qui se sont désintéressés de ce marché insolvable car africain. Les combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine et de ses dérivés représentent aujourd'hui des alternatives thérapeutiques à l'efficacité et à la rapidité d'action remarquables sur les plasmodies résistantes, avec une bonne tolérance. Cependant des zones d'ombre quant à leur toxicité chez la femme enceinte et l'enfant notamment demeurent. L'OMS les recommande à ce jour dans le traitement des cas de malaria non compliquée tout autour du globe, proscrivant les monothérapies à base d'artémisinine du fait de forts taux de recrudescences constatés dans les études et sur le terrain. Par ailleurs, l'artésunate administrée par voie intra-veineuse constitue une alternative équivalente ou supérieure à la quinine dans le paludisme grave. Mais le déploiement de ce nouvel arsenal se heurte à des réalités géopolitiques et financières chroniques dans la lutte contre le plasmodium. La plante elle-même, dont l'ethnopharmacologie a permis de révéler le mystère, fournit aux populations asiatiques depuis deux millénaires un remède bon marché et disponible dans leur environnement direct, mais curieusement les infusions d'armoise annuelle chères à la Médecine Traditionnelle Chinoise restent peu étudiées. Et déjà l'activité immunosuppressive, anticancéreuse, antivirale de la molécule suscite de nouveaux espoirs pour l'occident.