Loin d'être traumatisés par l'accident survenu en avril 1986 à Tchernobyl, les pays d'Europe centrale et orientale et de la CEI manifestent un intérêt croissant pour l'énergie nucléaire : ce choix s'explique à la fois par la croissance de la demande énergétique, la sécurisation des approvisionnements, l'efficacité énergétique, mais aussi par la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, les engagements pris en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (tout particulièrement pour les nouveaux Etats membres de l'UE) sont une contrainte d'autant plus sensible qu'elle intervient à un moment où ces pays renouent avec la croissance. Le nucléaire paraît donc un moyen partiel mais sûr de ne pas remettre en cause cette dernière, tout en adoptant des comportements plus respectueux de l'environnement. Ainsi, quels que soient les pays envisagés, on constate qu'ils se positionnement favorablement face à son usage civil : la Russie relance activement son programme nucléaire depuis quelques années ; les pays qui doivent fermer des centrales (Bulgarie, Slovaquie, Lituanie, Slovénie, Arménie), pour des raisons de vétusté ou de technologie soviétique ont des projets de construction de centrales nouvelles ; ceux déjà dotés en réacteurs (République tchèque, Hongrie, Roumanie, Ukraine) s'efforcent d'accroître leur potentiel ; enfin, ceux qui n'avaient jusqu'alors pas développé le nucléaire civil projettent de le faire (Biélorussie, Albanie) ou contribuent à des projets dans des pays voisins (Estonie, Lettonie, Pologne). Dans ce contexte, la voix des anti-nucléaire a bien du mal à se faire entendre à l'Est.
La prolifération nucléaire reste un enjeu majeur même si le débat a évolué depuis la fin de la guerre froide. La question du nucléaire iranien est ainsi centrale et de son issue, dépendront les évolutions futures, sachant que les enjeux s'appuient aussi sur des rapports de forces internes propres aux pays proliférants.
This thesis starts from the astonishment to see nuclear power plants stand over time. Indeed, despite the aging of power plants, despite the obsolescence of several components, despite the evolution of scientific and technical knowledge, despite accidents which have highlight the hopelessness to prevent risks definitely, French nuclear power plants are still standing, still in operation and, in 2020, their lifespan is close to be extended. This journey of a risk industry, which spans nearly a century, calls to apprehend the question of technological risks over a long period of time and to ask how safety was designed and then maintained for so long. This thesis proposes to tackle this subject by studying the robustness history of French nuclear power plants against earthquake. Through an embedded sociology and thanks to privileged access to nuclear safety archives, this work offers an immersion into the world of experts, scientists and engineers, who have worked for 60 years to establish the robustness of nuclear industry. This establishment is distributed into four steps which structure the analysis: the development of robustness around the Fessenheim nuclear site, the achievement of industrial-scale robustness based on the case of Tricastin, maintenance of robustness regarding evolution of knowledge and the repair of robustness after the Fukushima Daiichi accident. What this work shows is that robustness, far from being an objectifiable datum, intrinsic to objects, is actually a subjective quality based on a shared conviction within a specific arena. In our case, this conviction is entirely based on a series of equivalence conventions (Desrosieres, 1993) which link together different risk's modes of existence: as a political subject, as a scientific object and as a technical feature. Robustness then depends on the durability of these equivalence conventions and the work of experts can then be seen as maintenance of their validity. By studying the development and maintenance of conviction in the robust nature of nuclear power plants, this work invites to take a new look at risks while being attentive to both their history and their multiple modes of existence. ; Cette thèse prend comme point de départ l'étonnement de voir les centrales nucléaires tenir sur la durée. En effet, malgré le vieillissement des installations, malgré l'obsolescence de certains équipements, malgré l'immense évolution des connaissances scientifiques et techniques depuis l'époque où ces technologies ont été développées, malgré des accidents qui ont remis en cause la capacité de prévenir totalement les risques, les centrales nucléaires françaises sont encore débout, encore en fonctionnement et, en 2020, il est plus que jamais question d'étendre leur durée de vie au-delà de leur limite initiale. Ce parcours de vie d'ouvrages industriels dangereux, qui s'étend sur 70 ans, incite à poser la question des risques technologiques sur une temporalité longue et à examiner comment la sécurité de ces installations a pu être construite puis maintenue de sorte à pouvoir fonctionner aussi longtemps. Cette thèse propose d'aborder ce sujet en étudiant l'histoire de la robustesse des installations nucléaires françaises face à la menace sismique. Par une sociologie embarquée et grâce à un accès privilégié aux archives de la sûreté nucléaire en France, ce travail propose une plongée dans le monde des experts, scientifiques et ingénieurs, qui oeuvrent depuis 60 ans pour instaurer la robustesse des installations nucléaires en France. Cette instauration se décompose en quatre épisodes qui structurent l'analyse : l'élaboration de la robustesse autour du site nucléaire de Fessenheim, la réalisation de la robustesse à l'échelle industrielle à partir du cas du site de Tricastin, la maintenance de la robustesse face à l'évolution des connaissances et enfin la réparation de la robustesse après l'accident de Fukushima Daiichi. Ce que met en exergue ce travail c'est que la robustesse, loin d'être une donnée objectivable, intrinsèque aux objets, est en réalité une qualité subjective fondée sur une conviction partagée au sein d'une arène spécifique. Dans notre cas, cette conviction est entièrement fondée sur une série de conventions d'équivalence (Desrosieres, 1993) qui lie entre eux différents modes d'existence du risque : comme sujet politique, comme objet scientifique et comme propriété d'un objet technique. La robustesse dépend alors de la pérennité de ces conventions d'équivalence et le travail des experts peut alors être vu comme celui de mainteneur de leur validité. En étudiant l'élaboration et le maintien de la conviction dans le caractère robuste des installations nucléaires, ce travail invite à poser un regard nouveau sur les risques en étant attentif à la fois à leur histoire et à leurs multiples modes d'existence.
Entré en vigueur depuis 35 ans, le Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP) connaît des manquements et doit urgemment subir d'importantes réparations. Les trois piliers sur lesquels il s'était construit -désarmement nucléaire, non-prolifération, utilisation pacifique de l'énergie atomique -traversent une crise de confiance et d'application. Les cas coréen (du Nord) et iranien révèlent la place centrale qu'occupe Pékin pour surmonter les frictions. Mais sans conteste, le danger principal provient aujourd'hui du Pakistan, pays très proliférant.
Les politiques nucléaires nationales divergent fortement. Certains pays ont décidé hier, ou décident aujourd'hui, de développer l'énergie atomique, tandis que d'autres décident de renoncer à cette technologie. Ce document de travail1 s'interroge dans une première partie sur les motivations des pays qui ont choisi hier et choisissent aujourd'hui de développer cette technologie de production d'électricité. Elle montre qu'elles n'ont guère varié. La seconde partie porte sur la décision de sortie accélérée du nucléaire en Allemagne et sur le choix de fermeture anticipée de la centrale française de Fessenheim. Elle montre que les décisions politiques d'arrêt prématuré de réacteurs en bon état de marche, très coûteuses sur le plan économique, sont prises au doigt mouillé.
Les politiques nucléaires nationales divergent fortement. Certains pays ont décidé hier, ou décident aujourd'hui, de développer l'énergie atomique, tandis que d'autres décident de renoncer à cette technologie. Ce document de travail1 s'interroge dans une première partie sur les motivations des pays qui ont choisi hier et choisissent aujourd'hui de développer cette technologie de production d'électricité. Elle montre qu'elles n'ont guère varié. La seconde partie porte sur la décision de sortie accélérée du nucléaire en Allemagne et sur le choix de fermeture anticipée de la centrale française de Fessenheim. Elle montre que les décisions politiques d'arrêt prématuré de réacteurs en bon état de marche, très coûteuses sur le plan économique, sont prises au doigt mouillé.
This title is part of UC Press's Voices Revived program, which commemorates University of California Press's mission to seek out and cultivate the brightest minds and give them voice, reach, and impact. Drawing on a backlist dating to 1893, Voices Revived makes high-quality, peer-reviewed scholarship accessible once again using print-on-demand technology. This title was originally published in 1981
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Le rapport de la Commission des sages (1976), actualisé en 1982, a été revu pour tenir compte des leçons de la catastrophe de Tchernobyl. Le nouveau document traite en outre de problèmes non abordés antérieurement. Nous passons en revue les points suivants qu'il étudie en détail : — l'économie de la production d'énergie nucléaire aujourd'hui ; — les atteintes à l'environnement ; — les leçons à tirer des accidents quant aux aspects sanitaires de la sûreté nucléaire ; — la sécurité nucléaire et l'effet de l'hydrogène ; — le retraitement et le stockage des déchets radioactifs ; — le déclassement et le démantèlement des centrales nucléaires ; — les nouvelles technologies «propres » pour le charbon ; — la fusion nucléaire. L'examen approfondi qui a été effectué permet de confirmer sans modification les conclusions du rapport de 1982 et de les compléter : — l'énergie nucléaire peut continuer à être utilisée sans risques inacceptables moyennant le respect des recommandations énoncées ; — l'énergie nucléaire reste, dans les conditions belges, la plus économique et la moins polluante ; — le développement de nouvelles techniques (chaudières à lit fluidisé et gazéification) n'a pas modifié cette conclusion.
Au long de la décennie 1970, alors que l'Allemagne est séparée par le rideau de fer, des mouvements environnementalistes puissants se développent. En Allemagne de l'Ouest le refus de l'implantation des centrales nucléaires réunit agriculteurs, militants pacifistes et écologistes ; à l'Est ce sont les enjeux de qualité de vie face à aux pollutions industrielles qui sont déterminants. Le parti des Verts allemands (Grünen) créé en 1980, est issu de ces mouvements. Il a installé sa légitimité institutionnelle en confortant les mouvements environnementalistes par son action au pouvoir dans les Länder, à l'échelle fédérale ensuite. Autour d'épisodes emblématiques comme le renoncement à construire la centrale de Wyhl, ou l'action des rebelles de l'électricité de Schönau qui préfigurait la transition énergétique citoyenne ( Bürgerenergiewende ), les enjeux énergétiques sont devenus un sujet de débat démocratique. En 2023, la sortie du charbon, et particulièrement du lignite, se pose désormais avec acuité alors qu'un tiers de l'électricité allemande en est issue. De nouveaux mouvements, comme Ende Gelände, nourris par les mobilisations climatiques de la jeunesse dans le monde et en Europe, occupent mines et villages, dénonçant la mollesse des gouvernements et exigeant des engagements immédiats. Alors que les Grünen sont partie prenante du gouvernement depuis 2021, et que la guerre en Ukraine retarde la transition vers une économie décarbonée, ces mouvements déterminés, organisés et médiatiques annoncent une nouvelle étape de l'écologie politique allemande.
This thesis starts from the astonishment to see nuclear power plants stand over time. Indeed, despite the aging of power plants, despite the obsolescence of several components, despite the evolution of scientific and technical knowledge, despite accidents which have highlight the hopelessness to prevent risks definitely, French nuclear power plants are still standing, still in operation and, in 2020, their lifespan is close to be extended. This journey of a risk industry, which spans nearly a century, calls to apprehend the question of technological risks over a long period of time and to ask how safety was designed and then maintained for so long. This thesis proposes to tackle this subject by studying the robustness history of French nuclear power plants against earthquake. Through an embedded sociology and thanks to privileged access to nuclear safety archives, this work offers an immersion into the world of experts, scientists and engineers, who have worked for 60 years to establish the robustness of nuclear industry. This establishment is distributed into four steps which structure the analysis: the development of robustness around the Fessenheim nuclear site, the achievement of industrial-scale robustness based on the case of Tricastin, maintenance of robustness regarding evolution of knowledge and the repair of robustness after the Fukushima Daiichi accident. What this work shows is that robustness, far from being an objectifiable datum, intrinsic to objects, is actually a subjective quality based on a shared conviction within a specific arena. In our case, this conviction is entirely based on a series of equivalence conventions (Desrosieres, 1993) which link together different risk's modes of existence: as a political subject, as a scientific object and as a technical feature. Robustness then depends on the durability of these equivalence conventions and the work of experts can then be seen as maintenance of their validity. By studying the development and maintenance of conviction in the robust nature of ...