Le Dr Wiesner, médecin de régiment en Autriche, se basant sur plus de 400 observations d'anesthésies au chlorure d'éthyle, conclut à l'utilité qu'il y aurait à adopter ce produit dans les services de santé en campagne.
L'année dernière, M. le Dr Port signalait, dans un article de la Deutsche Zeitschrift für Chirurgie, la nécessité d'introduire davantage que ci-devant dans la chirurgie de guerre les moyens propres à faire de la chirurgie conservatrice, et proposait à cet effet une méthode de pansement comportant un transport et un maniement faciles, en, même temps qu'il insistait surla nécessité de donner aux brancardiers une éducation plus complète dans le domaine des premiers soins en cas de fractures osseuses. Evidemment les choses se sont passées jusqu'ici trop sommairement à cet égard sur les champs de bataille, et non seulement l'on peut mais l'on doit faire mieux.
M. Matignon, médecin-major de 2me classe, a fail dans les Archives de médecine et de pharmacie militaires une intéressante relation du siège de Pékin, pendant lequel il a eu à s'occuper des blessés et malades de la légation de France.La petite armée de défense des légations ne se composait que de 400 soldats de nationalités diverses et de 50 volontaires ; 3 médecins seulement, un Français, un Japonais et un Américain, se trouvaient dans le quartier assiégé. Un petit hôpital fut organisé avec des ressources très limitées et presque sans objets de pansements.
Le Dr Romeyn, officier de santé de 1re classe, donne un court aperçu sur l'activité de l'ambulance qu'il a dirigée dans le Sud africain. Nous en extrayons les quelques notes ci-après:On sait que les Boers n'avaient pas préparé, avant la guerre, une organisation sanitaire. Chacune de leurs armées avait une ambulance placée sous la direction d'un médecin de village désigné à cet effet et assisté de quelques personnes dépourvues de toute instruction spéciale. A l'arrière, dans le voisinage d'une station de chemins de fer, il y avait quelques lazarets à caractère plus stable. Enfin des hôpitaux fixes, établis dans quelques grands centres de l'intérieur du pays, entre autres à Prétoria et à Harrismith, ont reçu les malades, tandis que les deux ambulances néerlandaises, installées dans les bâtiments d'école, ont soigné les blessés.
Nous extrayons d'une lettre adressée au Medical Record par son correspondant du Japon, les informations suivantes sur l'activité maritime de la Croix-Rouge japonaise:Le Japon, dil-il, à la date du 16 août, va se trouver dans des circonstances favorables pour mettre en activité ses deux beaux vaisseaux-hôpitaux de la Croix-Rouge, le Hakuaï Maru et le Kosaï Maru, tous deux affrétés en vue de la guerre avec la Chine. Le Hakuaï Maru est parti à l'avance et a déjà fait quelques voyages; le Dr Iwai, de l'hôpital de la Croix-Rouge de Tokio, en a le commandement; le Kosaï Maru est sous les ordres du Dr S. Suzuki. Ces deux vaisseaux sont équipés très complètement pour le but auquel il sont destinés et il n'y a pas de doute qu'il ne rendent de signalés services autant aux blessés des autres nations qu'à ceux du Japon. En mettant ces vaisseaux au service des flottes et des armées alliées, le vice-amiral Toya a constaté qu'ils sont placés sous le contrôle du Département de la guerre et de la marine, bien qu'équipés et entretenus entièrement par les soins de la Société de la Croix-Rouge japonaise; il a donné par le même acte la garantie que les décisions de la Convention de la Haye de juillet 1899 se rapportant à la Convention de Genève d'août 1864 seront observées, pour autant du moins que les circonstances le permettront. Cette mesure prise par le Japon a été fort appréciée de la part des différents amiraux. Pour le début, la base des opérations sanitaires, en vue de la campagne en Chine, a été fixée à Sascho sur la côte sud.
Le Ministère de la guerre français a fait procéder dans différents points de la zone saharienne à des recherches, dans le but d'étudier l'utilisation du chameau pour le transport et l'évacuation des malades et des blessés.
Si la guerre engagée par les nations civilisées contre la Chine doit se prolonger, il incombera aux gouvernements des différentes armées engagées dans ce pays, de prêter une attention toute spéciale à la question du nombre, de la composition et de l'organisation des ambulances envoyées sur le théàtre des hostilités. Si l'on négligeait ce rouage important du service sanitaire, on pourrait être certain d'en voir résulter des conséquences graves. Ce fait a été mis en évidence récemment et d'une manière tristement concluante dans l'armée anglaise au sud de l'Afrique.
Les lecteurs du Bulletin nous sauront gré de mentionner en quelques lignes une nouvelle publication du champion de « l'improvisation des moyens de secours sur les champs de bataille ». M. le médecin-général Dr Port, dans une petite brochure d'une quarantaine de pages, revient une fois de plus sur cet important sujet, et démontre dans un langage spirituel el persuasif, que la chirurgie de guerre ne saurait être assimilée à la chirurgie des salles d'opérations, mais qu'elle doit savoir se tirer d'affaire plus simplement tout en garantissant au malade des soins non moins sûrs, non moins parfaits, du moins quant à leur résultat final. La brochure de M. le Dr Port a pour titre: De la réforme dupansement de guerre. Nos lecteurs connaissent les idées de l'éminent médecin militaire sur l'importance du transport rapide et sur l'enseignement à donner à l'infirmier afin d'assurer dans chaque cas la sécurité absolue de ce transport en vue du traitement consécutif, on pourrait dire même pour éviter autant que possible d'avoir à recourir à un traitement consécutif. Il y a là une difficulté à résoudre entre différentes indications: la rapidité du pansement dont le premier objectif doit être le transport, la nécessité de se contenter d'un matériel de pansement dont la fourniture et le maniement soient faciles, enfin l'importance de ce premier pansement même qui, dans le plus grand nombre des cas, décidera du sort du malade. Il faut en un mot arriver à concilier les deux thèses longtemps opposées: le transport rapide prime le pansement ou le premier pansement prime toute autre préoccupation dans le traitement du blessé sur le champ de bataille.
La charge la plus lourde qui pèsera dans les guerres futures sur les services de santé sera celle de l'évacuation très rapide des blessés du champ de bataille aux hôpitaux de l'intérieur. Il importe, d'autre part, de rendre cette évacuation aussi confortable que possible. On sait dans quelle faible mesure on peut compter sur les véhicules réquisitionnés, sur les voitures d'ambulance et sur un matériel quelconque lorsque les routes sont défoncées et quand il y a à pourvoir au transport de plusieurs centaines de malades. De la rapidité de son transport dépend le sort du blessé; et combien d'entre eux néanmoins doivent attendre de longues heures avant que leur tour arrive! On a songé à l'établissement de convois de chemins de fer à voie étroite, mais l'expérience a prouvé que l'iustallation de ces lignes exige beaucoup trop de temps et de frais pour être pratique en cas de guerre.
L'infirmier de la Croix-Rouge ne doit ignorer aucune innovation en fait d'articles d'improvisation sanitaire. Qu'on nous permette a cet égard de signaler les applications que propose M. le Dr Carton, médecin-major de 2me classe, du tissu imperméable pour pansements, tel qu'il se trouve dans les approvision-nements sanitaires, pour l'obtention de cuvettes à pansement de fortune. La cuvette de pansement, d'un transport difficile, peut manquer dans bien des circonstances. Avec l'aide du tissu imperméable, le képi ou le shako de l'infirmier ou du blessé peuvent remplacer ce récipient. «Il suffit, dit l'auteur, de découper une pièce carrée de ce tissu, de 25 centimètres de côté pour le képi, de 45 centimètres pour le shako; on peut même adopter de moindres dimensions en ne la poussant pas jusqu'au fond de la coiffure. Il est préférable de mettre la couche d'enduit imperméable vers l'intérieur de la cuvette ainsi formée pour éviter de la souiller, ou, lorsqu'on voudra en chauffer le contenu, éviter l'action directe de la flamme sur lui.
L'expérience des dernières guerres et l'emploi des nouveaux projectiles a prouvé toute l'importance du premier pansement fait sur le champ de bataille et dans les postes de secours. On sait, d'autre part, que, parmi les blessures les plus fréquentes qui se présentent au médecin, lors du premier pansement, ce sont les blessures osseuses des extrémités qui attirent particulièrement son attention, puisque du pansement fait à ce moment, dépendra aussi bien la promptitude de la guérison, ainsi que sa qualité quant à l'utilisation subséquente du membre atteint, que, d'autre part, les facilités d'évacuation des blessés, point qui est fort important dans les conditions actuelles de la guerre. Mais l'immobilisation d'un os fracturé n'est pas chose très facile quand le temps presse, et plus d'un appareil enlevé après solidification de la cicatrice osseuse en a donné la triste conviction. Tout matériel donc, qui contribuera à améliorer ce premier pansement inamovible sera accueilli avec grande satisfaction par le chirurgien militaire, surtout si ce matériel est d'un emploi simple et se prête en même temps aux nombreuses indications résultant de la grande variété des cas. Les lames de fer blanc et le fil télégraphique, employés assez généralement à cet usage à l'armée, ont des inconvénients incontestables. Le fer blanc est peu flexible et malaisé à appliquer dans nombre de cas, il est difficile aussi à couper et se rouille dans les pansements. Le fil télégraphique, d'autre part, manque de solidité et les extrémités noyées dans les pansements plâtrés ne tardent pas à devenir mobiles. Enfin, les attelles préparées de matériels divers avec plâtre sont généralement peu pratiques, elles sont lourdes, difficiles à adapter à bien des formes de fractures, elles sèchent lentement, sont d'un transport malaisé, etc.
Nous trouvons la description de cet ingénieux système dans la Deutsche Militärärztliche Zeitschrift, d'après une communication, faite par M. le Dr Scholze, Oberstabsarzt à Mayence, au Congrès des naturalistes et médecins allemands en septembre dernier, à Munich.Le brancard roulant de M. le Dr Scholze n'a qu'une roue. On connaît les critiques adressées au système à deux roues: maniement difficile, secousses en terrain peu uni, difficulté de paquetage et de transport, etc. La roue unique de M. le Dr Scholze pare à ces inconvénients; elle facilite la tâche des porteurs en leur permettant d'aller beaucoup plus vite, avec moins de fatigue pour eux et moins de secousses pour le malade. On a reproché à la roue unique de donner au blessé la sensation du manque de stabilité; l'auteur pense que ce reproche s'adresse davantage à l'agencement défectueux de certains brancards roulants qu'au système en lui-même; il l'a du reste beaucoup perfectionné. Ajoutons que le brancard de M. le Dr Scholze ne nécessite que l'emploi de deux hommes au lieu de quatre, et qu'il leur permet d'effectuer le transport en une durée de temps qui, sur le terrain, s'est révélée de moitié moindre que par le transport à bras avec quatre porteurs.