International audience ; The goal of this article is to highlight the consequences that tax evasion could impact on schooling duration and expenditures in education. We don't make any specific assumptions as regards the origin of the tax evasion. We simply consider a society made up of two categories of heterogeneous agents, the rich and the poor. Among the rich people, some declare their total income whereas the others declare the same income as the poor. While the government is unable to control this factor, it can't distinguish the wealthy tax evaders from the poor ones either. Moreover, in the human capital accumulation function, we have introduced complementarities between personal tax contributions. Our model is declined in two cases, each corresponding to different education policies characterized by different ways of education funding. In the public education regime, the government collects income tax. Tax revenues are used to finance education. In the mixed education regime (public and private), the government finances education by collecting income tax whereas the richest parents can complete this education privately. We show that taxation depends positively on how large the tax evasion is but we also show that, in the mixed education regime, this sub optimality can be corrected by a longer compulsory length of schooling. ; L'objectif de cet article est de mettre en évidence les conséquences que peut avoir l'évasion fiscale sur la durée de la scolarisation et les dépenses allouées à l'éducation. Nous ne faisons pas d'hypothèse particulière sur l'origine de l'évasion fiscale. Nous supposons simplement une société composée de deux catégories d'agents hétérogènes, les riches et les pauvres. Parmi les riches, certains déclarent l'intégralité de leur revenu alors que d'autres déclarent percevoir le revenu des pauvres. Faute de moyens de contrôle, l'État n'est pas apte à différencier les riches fraudeurs et les pauvres. De plus, nous introduisons des complémentarités dans la fonction d'accumulation de capital humain en termes de financement de l'éducation. Notre modèle est décliné en deux cas correspondant chacun à des politiques éducatives différentes c'est-à-dire des modes différents de financement de l'éducation. Dans un régime public, l'État collecte des impôts pour financer l'éducation et, dans un régime mixte (privé-public), l'État finance l'éducation par l'impôt tandis que les parents les plus riches peuvent compléter ce financement de manière privée. Nous montrons que la taxation dépend positivement de l'ampleur de l'évasion fiscale mais que cette sous-optimalité peut être compensée, dans le régime mixte, par une durée de scolarisation obligatoire plus importante.
The aim of this Ph.D. thesis is to show that technological change is a determinant of long run growth and the dynamics of inter-country inequalities. Specifically, we try to show that technological change represents a channel through which the effects of education, capital market imperfections and institutions affect economic growth and long run convergence. We show that the distribution of human capital determines occupational choices of agents whose source of heterogeneity is the level of human capital, economic growth and convergence of a technologically backward economy. The rate of growth of a developed country depends positively on the amount of agents investing in R&D activities. The positive effect of human capital on economic growth is transmitted through technological change. We show that capital market imperfections imply a credit rationing of high-skilled agents and hence reduce economic growth. The effects of credits on economic growth is positive and realized through the technological change channel. We show that, in a democratic economy with high income inequalities, political corruption reduces the rate of taxation and the mean level of human capital, but increases the level of accumulation and the rate of economic growth when the contribution of human capital in the product is small. ; L'objet de cette thèse est de montrer que le changement technologique constitue un facteur déterminant de la croissance économique et de la dynamique des inégalités entre pays. Il s'agit plus précisément de montrer que le changement technologique représente un canal par lequel les effets de l'éducation, des imperfections des marchés de capitaux et des institutions influencent la croissance économique et la convergence à long terme. Nous montrons que la distribution du capital humain détermine les choix d'occupation des agents hétérogènes de par leurs niveaux de capital humain, la croissance économique et la convergence d'une économie technologiquement en retard. Pour un pays développé, la croissance économique dépend positivement du nombre d'agents investissant dans la R&D. L'effet positif du capital humain est transmis à la croissance via le changement technologique. Nous montrons que les imperfections des marchés de capitaux impliquent un rationnement des crédits des agents qualifiés et réduisent, par conséquent, la croissance économique. L'effet des crédits sur la croissance économique est positif mais transite par le changement technologique. Nous montrons que, pour une économie démocratique à fortes inégalités de revenus, la corruption politique réduit le taux de taxation et le niveau moyen du capital humain, mais accroît le niveau l'accumulation et élève le taux de croissance lorsque la contribution du capital humain dans le produit est faible.
The works compiled in this thesis are concrete examples of how methods, insights and evidence from behavioural science and economics could enlighten policy makers wishing to understand and reinforce pro-environmentalism. The 1st part is an application of methods and insights from psychology to environmental public policy and is the product of a collaboration with policy makers in the French Parisian region, to tackle two polluting behaviours: littering and household combustion. The 1st chapter shows how laboratory experiments using psychometric methods from vision research could be crucial to inform policy makers on how to maximise the effectiveness of littering interventions, by quantifying the increase in visual salience following a change in the colour of trash bins in an urban setting. The 2nd chapter, using a field experimental setting, shows that while information provision is not enough to change household combustion behaviour, increasing the salience of indoor pollution by combining feedback provision and social comparison is effective in changing behaviour and decreasing indoor air pollution. The 2nd part of this thesis examines the relationship between socioeconomic status and the psychological mechanisms underlying pro-environmentalism and behavioural interventions. The 3rd chapter shows that the positive association between socioeconomic status and pro-environmental attitudes is partially mediated by individual time preferences. Chapter 4 is a short review suggesting that socioeconomic backgrounds could moderate the effectiveness of popular environmental behavioural interventions that leverage on biases likely to be heterogeneous across income groups. ; Les travaux compilés dans cette thèse représentent des exemples de la manière dont les méthodes, connaissances et résultats des sciences comportementales et économiques pourraient informer les décideurs publics souhaitant comprendre et renforcer les politiques environnementales. La 1ère partie est une application des méthodes de la psychologie aux politiques publiques environnementales, et le produit d'une collaboration avec des décideurs publics de la région parisienne, abordant deux comportements polluants : les déchets et la combustion domestique. Le premier chapitre illustre comment les expérimentations en laboratoire utilisant des méthodes psychométriques peuvent informer les décideurs sur la manière de maximiser l'efficacité des interventions contre les ordures dans la rue. Le 2ème chapitre, utilisant un cadre expérimental sur le terrain, montre qu'une combinaison de feedback personnalisé et des éléments de comparaison sociale est efficace pour modifier le comportement de combustion domestique et réduire la pollution de l'air intérieur. La 2ème partie de cette thèse examine la relation entre le statut socioéconomique et les mécanismes psychologiques qui sous-tendent le pro-environnementalisme et les interventions comportementales. Le chapitre 3 montre que l'association positive entre le statut socio-économique et les attitudes pro-environnementales est partiellement médiée par les préférences temporelles. Le chapitre 4 suggère que les antécédents socioéconomiques peuvent modérer l'efficacité des interventions comportementales environnementales couramment employées qui s'appuient sur des biais susceptibles d'être hétérogènes entre les différents niveaux de revenus.
International audience ; La crise des gilets jaunes, pour exceptionnelle qu'elle soit, interpelle à plusieurs titres. D'une part, par son ampleur, sa régularité et son espace géographique, elle exige un champ analytique vaste et profond que les chercheurs en sciences humaines et autres théoriciens du social, mettront longtemps à comprendre. D'autre part, cette crise des gilets jaunes est aussi la résultante d'une crise sociétale, d'une crise politique et démocratique évidente voire même selon certains, une crise de régime ou civilisationnelle. Un tel mouvement social est aussi difficile à comprendre car il est la résultante d'un ressentiment, d'une colère et de frustrations provenant de nombreux milieux sociaux : salariés du privés à faibles revenus, de fonctionnaires d'exécution de la fonction publique, d'artisans et de petits commerçants se sentant écrasés par les impôts et les taxes, de retraités parfois en dessous du seuil de pauvreté, de travailleurs précarisés, d'agriculteurs et du monde rural en général… C'est donc l'identité même d'un tel mouvement social qui semble problématique mais comme le disent conjointement les philosophes Judith Butler, Slavoj Zizek et Ernesto Laclau, : « Les nouveaux mouvements sociaux reposent souvent sur des revendications identitaires, mais « l'identité » elle-même n'est jamais complètement constituée en réalité, puisque l'identification n'est pas réductible à l'identité. (…) Il ne s'ensuit pas que l'échec de l'identité à accéder à une détermination complète ruine les mouvements sociaux en question. (…) Aucun mouvement social ne peut avoir le statut d'une articulation politique ouverte et démocratique sans présupposer et rendre opératoire la négativité au coeur de l'identité ». Ce mouvement surprend aussi car la France est habituée à traiter les revendications sectorielles avec parfois l'aide des revendications syndicales et des partis politiques. Le mouvement des gilets jaune à ceci de particulier qu'il ne correspond en rien à ce séquençage classique des mouvements sociaux français provenant de mais 68. Depuis mai 68 en effet, un certain séquençage consubstantiel à la société française se perçoit avec une lisibilité politique limpide : les mouvements sociaux sont déclenchés soit par les syndicats, accompagnés par la suite par les partis politiques, soit ils sont le fruit d'actions catégorielles spontanées rapidement encadrés par les syndicats et les partis politiques. Les syndicats s'occupent des intérêts des travailleurs et les partis politiques sont chargés d'articuler et de donner sens aux revendications catégorielles en propositions politiques concrètes via le parlement ou le gouvernement. Le mouvement des gilets jaune à ceci de particulier qu'il ne correspond en rien à ce séquençage classique des mouvements sociaux français. Au-delà des événements chronologiques précis et des actions plurielles qui ont conduit à cette crise majeure, peut-on trouver un élément implicite, un facteur déclencheur à l'origine de ce mouvement ? Autrement dit, à partir d'un mouvement ayant des conséquences hétérogènes parfois même contradictoires, la question du sens profond d'un tel mouvement se pose avec acuité.
International audience ; Le caractère inédit de la transformation agraire en Europe centrale depuis l'effondrement du système socialiste a modifié brutalement et en profondeur l'organisation des sociétés locales. La privatisation des structures économiques a bouleversé les rapports au travail et l'accès à l'emploi. Elle a introduit le chômage et a accentué la différenciation des revenus et des niveaux de vie. La décollectivisation a déconcentré les activités économiques qui ont changé de nature et surtout de mode de fonctionnement, ce qui a imposé aux acteurs sociaux des choix décisifs pour eux-mêmes et leurs familles : sortir de la coopérative ou postuler comme salarié agricole, rester au village ou émigrer en ville ou à l'étranger, reprendre l'exploitation familiale ou quitter l'agriculture, prendre le risque de créer son entreprise ou prospecter l'embauche sur un marché du travail aléatoire. Dans le même temps, l'évolution des politiques d'intervention a engagé les individus dans la prise en charge du développement local. Des dispositifs plus ou moins opérationnels selon les pays ou les régions sollicitent les initiatives endogènes en faveur de la diversification des activités économiques en milieu rural : développer le tourisme vert, organiser des filières de transformation agro-alimentaire, valoriser les produits de l'artisanat ou des petites industries locales, exploiter des énergies renouvelables, etc. Ils mobilisent des réseaux d'acteurs plus ou moins achevés et plus ou moins efficaces, plus ou moins affranchis également à l'égard des tutelles politiques, plus ou moins émancipés enfin par rapport à l'emprise de certaines structures économiques héritées comme les grandes exploitations agricoles qui ont pris la succession des coopératives socialistes. En outre, l'ampleur de la crise rurale accuse souvent les situations de dépendance à l'égard des impulsions économiques externes dans une logique de sous-traitance industrielle ou de tertiarisation par défaut des emplois locaux. L'émergence de nouveaux rapports sociaux dans les espaces ruraux prend cependant des formes très diverses dans un ensemble territorial post-socialiste finalement très composite, en tout cas bien moins monolithique que ne le laissaient supposer l'héritage socialiste et les caractères du collectivisme agricole en particulier. Ces nouveaux rapports sociaux contribuent à transformer et à différencier la structuration des territoires locaux. En effet, ils modifient ou confortent le profil des activités et des fonctions rurales en faisant varier la part de l'emploi dans les différents secteurs économiques. Par ailleurs, ils accusent ou atténuent les effets sociaux de la crise économique, qui s'expriment notamment par le niveau du chômage, mais qui sont aussi perceptibles à l'évolution des comportements démographiques, migratoires en particulier. Enfin, ils déterminent les dynamiques territoriales en cours, en favorisant ou en paralysant l'intégration socio-économique des espaces ruraux : l'essor ou au contraire la déprise des activités génératrices de revenus et d'emplois sont liés à l'orientation des choix individuels et des démarches collectives, que ce soit pour ces dernières dans un cadre institutionnel ou associatif ; ils dépendent également de décisions politiques et d'interventions économiques externes au milieu rural, et révèlent ainsi le degré d'insertion des territoires ruraux dans l'économie globale. Parce qu'il est sélectif, ce processus d'intégration tend à produire une trame territoriale très hétérogène. Les nouveaux rapports sociaux dessinent donc des territorialités multiples. Quelles sont alors les logiques socio-économiques qui fondent cette structure territoriale « en mosaïque » ? Comment se distinguent-elles les unes des autres, et permettent-elles d'identifier des types de ruralité ? En quoi ces derniers procèdent-ils des héritages territoriaux et en quoi sont-ils le reflet des trajectoires différenciées de la transformation post-socialiste ? Le poids des contextes nationaux autorise-t-il la comparaison à l'échelle centre-européenne ? Afin d'exprimer et de caractériser la diversité de la ruralité centre-européenne, l'analyse recourt à un ultime traitement statistique multivarié. Ici, le choix des variables répond au souci de leur convergence, mais dépend également de leur caractère discriminant pour chacun des pays concernés. En outre, le manque de fiabilité de certains modes de recensement a parfois exclu la prise en compte de certaines données, comme dans le cas du taux de chômage par exemple. C'est pourquoi la sélection des variables diffère légèrement d'un pays à l'autre. Néanmoins, l'intention de l'analyse est tout d'abord de dégager le profil d'activités dominant des territoires ruraux, en distinguant notamment la part des actifs du secteur primaire et du secteur secondaire. Elle est ensuite d'évaluer le niveau de la crise rurale, en [.]
International audience ; Le caractère inédit de la transformation agraire en Europe centrale depuis l'effondrement du système socialiste a modifié brutalement et en profondeur l'organisation des sociétés locales. La privatisation des structures économiques a bouleversé les rapports au travail et l'accès à l'emploi. Elle a introduit le chômage et a accentué la différenciation des revenus et des niveaux de vie. La décollectivisation a déconcentré les activités économiques qui ont changé de nature et surtout de mode de fonctionnement, ce qui a imposé aux acteurs sociaux des choix décisifs pour eux-mêmes et leurs familles : sortir de la coopérative ou postuler comme salarié agricole, rester au village ou émigrer en ville ou à l'étranger, reprendre l'exploitation familiale ou quitter l'agriculture, prendre le risque de créer son entreprise ou prospecter l'embauche sur un marché du travail aléatoire. Dans le même temps, l'évolution des politiques d'intervention a engagé les individus dans la prise en charge du développement local. Des dispositifs plus ou moins opérationnels selon les pays ou les régions sollicitent les initiatives endogènes en faveur de la diversification des activités économiques en milieu rural : développer le tourisme vert, organiser des filières de transformation agro-alimentaire, valoriser les produits de l'artisanat ou des petites industries locales, exploiter des énergies renouvelables, etc. Ils mobilisent des réseaux d'acteurs plus ou moins achevés et plus ou moins efficaces, plus ou moins affranchis également à l'égard des tutelles politiques, plus ou moins émancipés enfin par rapport à l'emprise de certaines structures économiques héritées comme les grandes exploitations agricoles qui ont pris la succession des coopératives socialistes. En outre, l'ampleur de la crise rurale accuse souvent les situations de dépendance à l'égard des impulsions économiques externes dans une logique de sous-traitance industrielle ou de tertiarisation par défaut des emplois locaux. L'émergence de nouveaux rapports sociaux dans les espaces ruraux prend cependant des formes très diverses dans un ensemble territorial post-socialiste finalement très composite, en tout cas bien moins monolithique que ne le laissaient supposer l'héritage socialiste et les caractères du collectivisme agricole en particulier. Ces nouveaux rapports sociaux contribuent à transformer et à différencier la structuration des territoires locaux. En effet, ils modifient ou confortent le profil des activités et des fonctions rurales en faisant varier la part de l'emploi dans les différents secteurs économiques. Par ailleurs, ils accusent ou atténuent les effets sociaux de la crise économique, qui s'expriment notamment par le niveau du chômage, mais qui sont aussi perceptibles à l'évolution des comportements démographiques, migratoires en particulier. Enfin, ils déterminent les dynamiques territoriales en cours, en favorisant ou en paralysant l'intégration socio-économique des espaces ruraux : l'essor ou au contraire la déprise des activités génératrices de revenus et d'emplois sont liés à l'orientation des choix individuels et des démarches collectives, que ce soit pour ces dernières dans un cadre institutionnel ou associatif ; ils dépendent également de décisions politiques et d'interventions économiques externes au milieu rural, et révèlent ainsi le degré d'insertion des territoires ruraux dans l'économie globale. Parce qu'il est sélectif, ce processus d'intégration tend à produire une trame territoriale très hétérogène. Les nouveaux rapports sociaux dessinent donc des territorialités multiples. Quelles sont alors les logiques socio-économiques qui fondent cette structure territoriale « en mosaïque » ? Comment se distinguent-elles les unes des autres, et permettent-elles d'identifier des types de ruralité ? En quoi ces derniers procèdent-ils des héritages territoriaux et en quoi sont-ils le reflet des trajectoires différenciées de la transformation post-socialiste ? Le poids des contextes nationaux autorise-t-il la comparaison à l'échelle centre-européenne ? Afin d'exprimer et de caractériser la diversité de la ruralité centre-européenne, l'analyse recourt à un ultime traitement statistique multivarié. Ici, le choix des variables répond au souci de leur convergence, mais dépend également de leur caractère discriminant pour chacun des pays concernés. En outre, le manque de fiabilité de certains modes de recensement a parfois exclu la prise en compte de certaines données, comme dans le cas du taux de chômage par exemple. C'est pourquoi la sélection des variables diffère légèrement d'un pays à l'autre. Néanmoins, l'intention de l'analyse est tout d'abord de dégager le profil d'activités dominant des territoires ruraux, en distinguant notamment la part des actifs du secteur primaire et du secteur secondaire. Elle est ensuite d'évaluer le niveau de la crise rurale, en [.]
International audience ; Le caractère inédit de la transformation agraire en Europe centrale depuis l'effondrement du système socialiste a modifié brutalement et en profondeur l'organisation des sociétés locales. La privatisation des structures économiques a bouleversé les rapports au travail et l'accès à l'emploi. Elle a introduit le chômage et a accentué la différenciation des revenus et des niveaux de vie. La décollectivisation a déconcentré les activités économiques qui ont changé de nature et surtout de mode de fonctionnement, ce qui a imposé aux acteurs sociaux des choix décisifs pour eux-mêmes et leurs familles : sortir de la coopérative ou postuler comme salarié agricole, rester au village ou émigrer en ville ou à l'étranger, reprendre l'exploitation familiale ou quitter l'agriculture, prendre le risque de créer son entreprise ou prospecter l'embauche sur un marché du travail aléatoire. Dans le même temps, l'évolution des politiques d'intervention a engagé les individus dans la prise en charge du développement local. Des dispositifs plus ou moins opérationnels selon les pays ou les régions sollicitent les initiatives endogènes en faveur de la diversification des activités économiques en milieu rural : développer le tourisme vert, organiser des filières de transformation agro-alimentaire, valoriser les produits de l'artisanat ou des petites industries locales, exploiter des énergies renouvelables, etc. Ils mobilisent des réseaux d'acteurs plus ou moins achevés et plus ou moins efficaces, plus ou moins affranchis également à l'égard des tutelles politiques, plus ou moins émancipés enfin par rapport à l'emprise de certaines structures économiques héritées comme les grandes exploitations agricoles qui ont pris la succession des coopératives socialistes. En outre, l'ampleur de la crise rurale accuse souvent les situations de dépendance à l'égard des impulsions économiques externes dans une logique de sous-traitance industrielle ou de tertiarisation par défaut des emplois locaux. L'émergence de nouveaux rapports sociaux dans les espaces ruraux prend cependant des formes très diverses dans un ensemble territorial post-socialiste finalement très composite, en tout cas bien moins monolithique que ne le laissaient supposer l'héritage socialiste et les caractères du collectivisme agricole en particulier. Ces nouveaux rapports sociaux contribuent à transformer et à différencier la structuration des territoires locaux. En effet, ils modifient ou confortent le profil des activités et des fonctions rurales en faisant varier la part de l'emploi dans les différents secteurs économiques. Par ailleurs, ils accusent ou atténuent les effets sociaux de la crise économique, qui s'expriment notamment par le niveau du chômage, mais qui sont aussi perceptibles à l'évolution des comportements démographiques, migratoires en particulier. Enfin, ils déterminent les dynamiques territoriales en cours, en favorisant ou en paralysant l'intégration socio-économique des espaces ruraux : l'essor ou au contraire la déprise des activités génératrices de revenus et d'emplois sont liés à l'orientation des choix individuels et des démarches collectives, que ce soit pour ces dernières dans un cadre institutionnel ou associatif ; ils dépendent également de décisions politiques et d'interventions économiques externes au milieu rural, et révèlent ainsi le degré d'insertion des territoires ruraux dans l'économie globale. Parce qu'il est sélectif, ce processus d'intégration tend à produire une trame territoriale très hétérogène. Les nouveaux rapports sociaux dessinent donc des territorialités multiples. Quelles sont alors les logiques socio-économiques qui fondent cette structure territoriale « en mosaïque » ? Comment se distinguent-elles les unes des autres, et permettent-elles d'identifier des types de ruralité ? En quoi ces derniers procèdent-ils des héritages territoriaux et en quoi sont-ils le reflet des trajectoires différenciées de la transformation post-socialiste ? Le poids des contextes nationaux autorise-t-il la comparaison à l'échelle centre-européenne ? Afin d'exprimer et de caractériser la diversité de la ruralité centre-européenne, l'analyse recourt à un ultime traitement statistique multivarié. Ici, le choix des variables répond au souci de leur convergence, mais dépend également de leur caractère discriminant pour chacun des pays concernés. En outre, le manque de fiabilité de certains modes de recensement a parfois exclu la prise en compte de certaines données, comme dans le cas du taux de chômage par exemple. C'est pourquoi la sélection des variables diffère légèrement d'un pays à l'autre. Néanmoins, l'intention de l'analyse est tout d'abord de dégager le profil d'activités dominant des territoires ruraux, en distinguant notamment la part des actifs du secteur primaire et du secteur secondaire. Elle est ensuite d'évaluer le niveau de la crise rurale, en [.]
International audience ; Le caractère inédit de la transformation agraire en Europe centrale depuis l'effondrement du système socialiste a modifié brutalement et en profondeur l'organisation des sociétés locales. La privatisation des structures économiques a bouleversé les rapports au travail et l'accès à l'emploi. Elle a introduit le chômage et a accentué la différenciation des revenus et des niveaux de vie. La décollectivisation a déconcentré les activités économiques qui ont changé de nature et surtout de mode de fonctionnement, ce qui a imposé aux acteurs sociaux des choix décisifs pour eux-mêmes et leurs familles : sortir de la coopérative ou postuler comme salarié agricole, rester au village ou émigrer en ville ou à l'étranger, reprendre l'exploitation familiale ou quitter l'agriculture, prendre le risque de créer son entreprise ou prospecter l'embauche sur un marché du travail aléatoire. Dans le même temps, l'évolution des politiques d'intervention a engagé les individus dans la prise en charge du développement local. Des dispositifs plus ou moins opérationnels selon les pays ou les régions sollicitent les initiatives endogènes en faveur de la diversification des activités économiques en milieu rural : développer le tourisme vert, organiser des filières de transformation agro-alimentaire, valoriser les produits de l'artisanat ou des petites industries locales, exploiter des énergies renouvelables, etc. Ils mobilisent des réseaux d'acteurs plus ou moins achevés et plus ou moins efficaces, plus ou moins affranchis également à l'égard des tutelles politiques, plus ou moins émancipés enfin par rapport à l'emprise de certaines structures économiques héritées comme les grandes exploitations agricoles qui ont pris la succession des coopératives socialistes. En outre, l'ampleur de la crise rurale accuse souvent les situations de dépendance à l'égard des impulsions économiques externes dans une logique de sous-traitance industrielle ou de tertiarisation par défaut des emplois locaux. L'émergence de nouveaux rapports sociaux dans les espaces ruraux prend cependant des formes très diverses dans un ensemble territorial post-socialiste finalement très composite, en tout cas bien moins monolithique que ne le laissaient supposer l'héritage socialiste et les caractères du collectivisme agricole en particulier. Ces nouveaux rapports sociaux contribuent à transformer et à différencier la structuration des territoires locaux. En effet, ils modifient ou confortent le profil des activités et des fonctions rurales en faisant varier la part de l'emploi dans les différents secteurs économiques. Par ailleurs, ils accusent ou atténuent les effets sociaux de la crise économique, qui s'expriment notamment par le niveau du chômage, mais qui sont aussi perceptibles à l'évolution des comportements démographiques, migratoires en particulier. Enfin, ils déterminent les dynamiques territoriales en cours, en favorisant ou en paralysant l'intégration socio-économique des espaces ruraux : l'essor ou au contraire la déprise des activités génératrices de revenus et d'emplois sont liés à l'orientation des choix individuels et des démarches collectives, que ce soit pour ces dernières dans un cadre institutionnel ou associatif ; ils dépendent également de décisions politiques et d'interventions économiques externes au milieu rural, et révèlent ainsi le degré d'insertion des territoires ruraux dans l'économie globale. Parce qu'il est sélectif, ce processus d'intégration tend à produire une trame territoriale très hétérogène. Les nouveaux rapports sociaux dessinent donc des territorialités multiples. Quelles sont alors les logiques socio-économiques qui fondent cette structure territoriale « en mosaïque » ? Comment se distinguent-elles les unes des autres, et permettent-elles d'identifier des types de ruralité ? En quoi ces derniers procèdent-ils des héritages territoriaux et en quoi sont-ils le reflet des trajectoires différenciées de la transformation post-socialiste ? Le poids des contextes nationaux autorise-t-il la comparaison à l'échelle centre-européenne ? Afin d'exprimer et de caractériser la diversité de la ruralité centre-européenne, l'analyse recourt à un ultime traitement statistique multivarié. Ici, le choix des variables répond au souci de leur convergence, mais dépend également de leur caractère discriminant pour chacun des pays concernés. En outre, le manque de fiabilité de certains modes de recensement a parfois exclu la prise en compte de certaines données, comme dans le cas du taux de chômage par exemple. C'est pourquoi la sélection des variables diffère légèrement d'un pays à l'autre. Néanmoins, l'intention de l'analyse est tout d'abord de dégager le profil d'activités dominant des territoires ruraux, en distinguant notamment la part des actifs du secteur primaire et du secteur secondaire. Elle est ensuite d'évaluer le niveau de la crise rurale, en [.]
International audience ; Das Livre rouge der Pariser Chambre des comptes wurde 1737 mit anderen Registerbüchern zerstört. Eine erste detaillierte Rekonstruktion unternahm 1916 Charles-Victor Langlois, gestützt auf verschiedene Auszüge und Inhaltsverzeichnisse. Das ihm unbekannte Ms. nouv. acq. fr. 20506 der B.N.F. liefert nun zahlreiche neue Hinweise. Es erlaubt eine kodikologische Rekonstruktion des Registerbuchs und präzisiert seinen heterogenen Inhalt : Innerhalb des Gesamtzeitraums von 1204-1348 konzentrieren sich die Dokumente in zwei parallelen Serien auf die Jahre 1297-1321 sowie 1301-1315. Die eine Reihe erfaßt erbliche Schenkungen des französischen Königs, die andere Schenkungen auf Lebenszeit und zum Nießbrauch. Das Livre rouge enthält neben den königlichen Dokumenten auch Privaturkunden und solche königlicher Pröpste, die thematisch gebündelt die Wege der vom König verteilten Einkunfte nachzeichnen. Die Zusammenstellung der Dokumente folgt dem Prinzip der Urkundeninventare, wie sie in der königlichen Kanzlei seit Philippe-Auguste gängig waren. Eine Innovation des Livre rouge ist die chronologische Ordnung, die eine effizientere Nutzung ermöglicht. Eine Wertminderung des Büches bedeutet dagegen die mangelnde Systematizität der Einträge, die vom Willen der Urkundennutznießer abhingen. Durch die systematische Urkundenverzeichnung in der königlichen Kanzlei ab 1307 wurde das Livre rouge daher bald hinfällig. ; The 'Livre rouge' was one of the registers of the Chambre des Comptes of Paris that were destroyed by fire in 1737. By using varions surviving excerpts and indexes, Charles-Victor Langlois acheived a detailed reconstruction of this document in 1916 ; but a manuscript that escaped his notice, Bibliothèque nationale de France, nouv. acq. fr. 20506, bas now brought ample fresh evidence to light. A new codicological reconstruction of the book may thus be attempted ; moreover, the remarkable diversity of its contents is now more apparent. It spans the years 1204-1338, but the main nucleus of the collection consists of two parallel series, one registering gifts of heritable estates made by the kings of France from 1297 to 1321, and the other gifts for life and revocable gifts from 1301 to 1315. The volume also contains various documents from other origins, especially private deeds and deeds from royal provosts, put together as dossiers documenting the history of various incomes granted by the king. This type of structure originated mainly in the 'register-cartularies' used by the royal government since the reign of Philip Augustus, yet the 'Livre rouge' was innovative in its use of chronological registration : this made it a more effective tool, even though there were many gaps in the process, depending on the goodwill of the recipients of deeds. After the royal chancery adopted more systematic registration in 1307, the 'Livre rouge' soon became obsolete. ; Le Livre rouge est au nombre des registres de la Chambre des comptes de Paris détruits en 1737. A l'aide de divers extraits et tables, Charles-Victor Langlois avait pu, en 1916, en proposer une reconstitution détaillée ; mais le manuscrit nouv. acq. fr. 20506 de la Bibliothèque nationale de France, qui lui était resté inconnu, apporte nombre de nouveaux éléments à l'enquête. Il est ainsi possible de tenter une reconstitution codicologique du registre, et surtout d'en mieux appréhender le contenu, très hétérogène. Au total, les pièces s'étendent de 1204 à 1338, mais le cœur de la compilation est constitué par deux séries parallèles : l'une enregistre des dons à héritage accordés par le roi de France de 1297 à 1321, l'autre des dons à vie et à volonté de 1301 à 1315. Le volume contient également des pièces n'émanant pas du roi, notamment des actes privés et des actes de prévôts royaux, qui constituent de véritables dossiers sur le sort de divers revenus distribués par le roi. Une telle composition s'inspire largement de celle des registres-cartulaires, utilisés dans l'administration royale depuis Philippe Auguste ; mais le Livre rouge innove par l'introduction de l'enregistrement chronologique, qui en fait un instrument de travail plus efficace, même si l'enregistrement demeure très lacunaire, car laissé au bon vouloir des bénéficiaires des actes. La mise en place d'un enregistrement plus systématique à la chancellerie royale dès 1307 rendit rapidement le Livre rouge caduc.
AbstractCan part time farming help provide security to rural communities? Or is it mainly an obstacle to the development of a rational farm structure? These types of questions arc often raised now that it is obvious that part time farming is not a transitory phenomenon in Sweden. Every second farm requires less than one man year of labour; 57 per cent of farm families' incomes originate from off farm jobs. Part time farms arc heterogeneous. In this article a classification system is suggested that takes into account both the size of farm in terms of labour requirement and the family's off farm employment. Surveys in different Swedish regions show that the importance of part time farming in the production system is far less than the number of farms implies. Model simulations show that the number of farmers occupying full time off farm jobs is likely to increase in the future. Even in peripheral regions part time farming represents an opportunity for a new generation to take over small farms. Though part time farming is shown to contribute little to local employment, it plays a role in rural‐urban economic integration. Least conflict between regional and food policy goals seems to arise in peripheral rural areas, where part timers generally make ‐ or could make ‐ intensive use of land resources to the benefit of local employment, while additions to food surpluses could be neglected.ResumeL'agriculture à temps partiel peut‐elle aider à assurer l'avenir des communautés rurales? Ou bien est‐elle un obstacle au développement d'une agriculture organisée rationnellemcnt? Ces questions se poscnt souvent, maintenant qu'il apparaît clairement que l'agriculture à temps partiel n'cst pas, en Suède, un phénomène transitoire. Les exploitations de ce type exigent moms d'un homme/année de travail, et 57% des revenus de ccs families viennent d'un travail extra‐agricole Mais ccs exploitations son très hétérogènes: l'anicle propose un système de classement en fonction de la dimension de l'exploitation, celle‐ci étant définie par la quantité de travail tequis, et en fonction du travail extra‐agricole.Les enquêtes dans diverses régions suédoises confirment que l'importance de l'agriculturc à temps partiel est bien moindrc en termes de production qu'en termes de nombre d'ex‐ploitations. Des modeles de simulation indiquent que le nombre d'agriculteurs occupant un poste de travail extra agricole à temps plcin va probablement s'accroître. Dans les régions périphériques aussi, l'agriculture à temps partiel offre une chance aux jcunes de reprendre de petites exploitations. Même si elle contribue peu à l'emploi local, elle joue un rôle dans l'intégration économique des villcs et des campagnes: il y a moins de conflit entre la politique alimentaire et la politique régionale dans les régions périphériques qui sont celles oü les agricultcurs à temps partiel ont ou pourraient avoir des pratiques d'usage intensif du sol au profit de l'emploi local, tandis que les apports de produits alimentaires sont négligeables.KurzfassungKann Nebenerwerbslandwirtschaft dazu beitragen, ländlichen Gemeinden Sicherheit zu gewähren? Oder ist sie in erster Lime ein Hindernis für die Entwicklung einer rationellen Agrarstruktur? Dicsc Art von Fragcn wird jetzt oft gestellt, wo offensichtlich ist, daβ Nebenerwerbslandwirtschaft kein Übergangsphänomen in Schweden ist. Jeder zweite Betrieb erfordert weniger als cine Vollarbeitskraft; 57% des Einkommens der landwirtschaftlichen Familien stammt aus auβerbetrieblichen Tätigkciten. Ncbcnerwerbsbe‐triebe sind heterogen. In diesem Artikel wird ein Klassifikationsschema vorgeschlagen, das sowohl die Gröβc des Bctriebes, ausgedrückt durch den Arbeitsbedarf, wie auch die auβerbctriebliche Erwerbstätigkeit der Familie berücksichtigt. Erhebungen in verschiedenen schwedischen Regionen zeigen, daβ die Bcdcutung der Nebenerwerbslandwirtschaft für die Agrarproduktion wesentlich geringer ist als die Zahl der Betriebe vermuten läβt. Modellsimulationen zeigen, daβ die Zahl der Betriebsleiter, die einen auβerlandwirtschaftlichen Hauptberuf innehaben, in Zukunft vermutlich ansteigen wird. Sogar in peripheren Regionen bietet Nebenerwerbslandwirtschaft für die nachwachsende Generation eine Möglichkeit zur Übernahmc klcinerer Betriebe. Obwohl gezeigt wird, daβ Nebenerwerbslandwirtschaft wenig zur Beschäftigung in den Dörfern beiträgt, spielt sie doch eine Rolle für die ökonomischen Intcgrationen von Stadt und Land. Am wenigsten scheinen Konflikte zwischen regional‐ und ernährungspolitischen Ziele in peripheren ländlichen Gebieten zu entstehen, wo Nebenerwerbslandwirte generell das verfügbare Land zur Verbesserung der Beschäftigungssituation intensiv nutzen ‐ oder nutzen könnten, weil die Beiträge zur Vergröβerung der Nahrungsmittelüberschüsse vernachlässigt werden können.
(Tirole J., 2016. Économie du bien commun, Paris, PUF, p. 138). Article publié par EDP Sciences ; International audience ; La parution en septembre dernier du pamphlet de Pierre Cahuc et André Zylberberg, Le négationnisme éco-nomique 1 , a défrayé la chronique et scandalisé une partie de la communauté des économistes. Si on laisse de côté le caractère insultant des termes utilisés, le propos de ces économistes orthodoxes est, sur le fond, assez simpl(ist)e : eux font de la science, à la différence de bon nombre d'économistes critiques, ces soi-disant « hétéro-doxes » qui obscurcissent le débat public en confondant sciemment leur engagement politique avec la connais-sance scientifique. L'air est connu et la caisse sur laquelle il est joué est particulièrement grosse. En effet, cet appel à la censure – voire à l'éradication – n'est que le dernier fait d'armes d'une guerre à laquelle se livrent en coulisse différents courants de pensée économique au sein de l'ensemble des institutions qui permettent à la science d'exister socialement. La discipline économique est, historiquement, le théâtre de profonds clivages théoriques qui ont donné naissance à des courants de pensée fort hétérogènes quant à leurs fondements épistémologiques, méthodes et rapports aux autres disciplines. La théorie écono-mique dominante – l'orthodoxie, dit-on parfois – se caractérise par l'idée que, pour comprendre les phéno-mènes économiques et sociaux, il faut saisir la rationalité des individus qui s'exprime, par-delà toute attache et caractérisation sociale, par la volonté de maximiser leur bien-être sous la contrainte de leurs ressources (revenu et information). L'économie, identifiée ici à une science du choix rationnel, vise à porter un discours de nature universelle en édictant des lois qui pourraient être confirmées ou infirmées par les faits, en recourant éven-tuellement à des expérimentations. Une telle conception, contrairement aux affirmations de Cahuc et Zylberberg 1 Cahuc P., Zylberberg A., 2016. Le négationnisme économique. Et comment s'en débarrasser, Paris, Flammarion. Voir aussi « Les économistes ne sont pas des militants », la tribune publiée dans Le Monde du 21 septembre 2016 par ces deux auteurs. et d'autres 2 , ne fait pas consensus. Ainsi, d'autres écono-mistes ont la volonté de comprendre le capitalisme, sa dynamique, ce qui permet ou ce qui freine l'accumula-tion du capital, les institutions (normes, règles, instru-ments…) qui le régulent ou qui le mettent en crise. La discipline se conçoit alors comme une économie poli-tique, qui étudie des compromis institutionnalisés entre groupes sociaux qui s'expriment dans les rapports de production, la répartition des revenus, les normes de consommation, etc. L'économique étant pensé ici comme un fait social, la discipline qui l'étudie s'insère dans un ensemble de savoirs beaucoup plus large, les sciences sociales, avec lesquelles elle entretient des liens étroits, et l'interdisciplinarité qu'elle revendique permet d'appréhender les phénomènes complexes de manière multidimensionnelle. L'économie ne peut raisonnablement être comparée aux sciences expérimentales, dans la mesure où elle ne répond pas aux mêmes protocoles et qu'il est difficile d'isoler un phénomène économique pour étudier des relations de causalité. En outre, certaines expériences en économie sont délicates à réaliser. On imagine mal un gouvernement tenter une nouvelle mesure de politique économique – par exemple, diminuer drastiquement le salaire minimum – pour voir les conséquences sur le niveau d'emploi… C'est la raison pour laquelle, en éco-nomie, l'expérience historique est souvent mobilisée pour comprendre les phénomènes étudiés. Or, comme chacun sait, l'histoire ne se répète jamais vraiment dans les mêmes conditions, ce qui oblige à être prudent sur les enseignements que l'on peut en tirer. 2 Jean Tirole affirme aussi qu'il y a « un consensus sur la façon de faire de la recherche : accord sur la nécessité d'une approche quantitative (théorie formalisée et tests empiriques de ces théories), accord sur l'importance de la causalité et insis-tance concomitante sur l'aspect normatif de l'économie, desti-née à servir à la prise de décision »
(Tirole J., 2016. Économie du bien commun, Paris, PUF, p. 138). Article publié par EDP Sciences ; International audience ; La parution en septembre dernier du pamphlet de Pierre Cahuc et André Zylberberg, Le négationnisme éco-nomique 1 , a défrayé la chronique et scandalisé une partie de la communauté des économistes. Si on laisse de côté le caractère insultant des termes utilisés, le propos de ces économistes orthodoxes est, sur le fond, assez simpl(ist)e : eux font de la science, à la différence de bon nombre d'économistes critiques, ces soi-disant « hétéro-doxes » qui obscurcissent le débat public en confondant sciemment leur engagement politique avec la connais-sance scientifique. L'air est connu et la caisse sur laquelle il est joué est particulièrement grosse. En effet, cet appel à la censure – voire à l'éradication – n'est que le dernier fait d'armes d'une guerre à laquelle se livrent en coulisse différents courants de pensée économique au sein de l'ensemble des institutions qui permettent à la science d'exister socialement. La discipline économique est, historiquement, le théâtre de profonds clivages théoriques qui ont donné naissance à des courants de pensée fort hétérogènes quant à leurs fondements épistémologiques, méthodes et rapports aux autres disciplines. La théorie écono-mique dominante – l'orthodoxie, dit-on parfois – se caractérise par l'idée que, pour comprendre les phéno-mènes économiques et sociaux, il faut saisir la rationalité des individus qui s'exprime, par-delà toute attache et caractérisation sociale, par la volonté de maximiser leur bien-être sous la contrainte de leurs ressources (revenu et information). L'économie, identifiée ici à une science du choix rationnel, vise à porter un discours de nature universelle en édictant des lois qui pourraient être confirmées ou infirmées par les faits, en recourant éven-tuellement à des expérimentations. Une telle conception, contrairement aux affirmations de Cahuc et Zylberberg 1 Cahuc P., Zylberberg A., 2016. Le négationnisme économique. Et comment s'en débarrasser, Paris, Flammarion. Voir aussi « Les économistes ne sont pas des militants », la tribune publiée dans Le Monde du 21 septembre 2016 par ces deux auteurs. et d'autres 2 , ne fait pas consensus. Ainsi, d'autres écono-mistes ont la volonté de comprendre le capitalisme, sa dynamique, ce qui permet ou ce qui freine l'accumula-tion du capital, les institutions (normes, règles, instru-ments…) qui le régulent ou qui le mettent en crise. La discipline se conçoit alors comme une économie poli-tique, qui étudie des compromis institutionnalisés entre groupes sociaux qui s'expriment dans les rapports de production, la répartition des revenus, les normes de consommation, etc. L'économique étant pensé ici comme un fait social, la discipline qui l'étudie s'insère dans un ensemble de savoirs beaucoup plus large, les sciences sociales, avec lesquelles elle entretient des liens étroits, et l'interdisciplinarité qu'elle revendique permet d'appréhender les phénomènes complexes de manière multidimensionnelle. L'économie ne peut raisonnablement être comparée aux sciences expérimentales, dans la mesure où elle ne répond pas aux mêmes protocoles et qu'il est difficile d'isoler un phénomène économique pour étudier des relations de causalité. En outre, certaines expériences en économie sont délicates à réaliser. On imagine mal un gouvernement tenter une nouvelle mesure de politique économique – par exemple, diminuer drastiquement le salaire minimum – pour voir les conséquences sur le niveau d'emploi… C'est la raison pour laquelle, en éco-nomie, l'expérience historique est souvent mobilisée pour comprendre les phénomènes étudiés. Or, comme chacun sait, l'histoire ne se répète jamais vraiment dans les mêmes conditions, ce qui oblige à être prudent sur les enseignements que l'on peut en tirer. 2 Jean Tirole affirme aussi qu'il y a « un consensus sur la façon de faire de la recherche : accord sur la nécessité d'une approche quantitative (théorie formalisée et tests empiriques de ces théories), accord sur l'importance de la causalité et insis-tance concomitante sur l'aspect normatif de l'économie, desti-née à servir à la prise de décision »
(Tirole J., 2016. Économie du bien commun, Paris, PUF, p. 138). Article publié par EDP Sciences ; International audience ; La parution en septembre dernier du pamphlet de Pierre Cahuc et André Zylberberg, Le négationnisme éco-nomique 1 , a défrayé la chronique et scandalisé une partie de la communauté des économistes. Si on laisse de côté le caractère insultant des termes utilisés, le propos de ces économistes orthodoxes est, sur le fond, assez simpl(ist)e : eux font de la science, à la différence de bon nombre d'économistes critiques, ces soi-disant « hétéro-doxes » qui obscurcissent le débat public en confondant sciemment leur engagement politique avec la connais-sance scientifique. L'air est connu et la caisse sur laquelle il est joué est particulièrement grosse. En effet, cet appel à la censure – voire à l'éradication – n'est que le dernier fait d'armes d'une guerre à laquelle se livrent en coulisse différents courants de pensée économique au sein de l'ensemble des institutions qui permettent à la science d'exister socialement. La discipline économique est, historiquement, le théâtre de profonds clivages théoriques qui ont donné naissance à des courants de pensée fort hétérogènes quant à leurs fondements épistémologiques, méthodes et rapports aux autres disciplines. La théorie écono-mique dominante – l'orthodoxie, dit-on parfois – se caractérise par l'idée que, pour comprendre les phéno-mènes économiques et sociaux, il faut saisir la rationalité des individus qui s'exprime, par-delà toute attache et caractérisation sociale, par la volonté de maximiser leur bien-être sous la contrainte de leurs ressources (revenu et information). L'économie, identifiée ici à une science du choix rationnel, vise à porter un discours de nature universelle en édictant des lois qui pourraient être confirmées ou infirmées par les faits, en recourant éven-tuellement à des expérimentations. Une telle conception, contrairement aux affirmations de Cahuc et Zylberberg 1 Cahuc P., Zylberberg A., 2016. Le négationnisme économique. Et comment s'en débarrasser, Paris, Flammarion. Voir aussi « Les économistes ne sont pas des militants », la tribune publiée dans Le Monde du 21 septembre 2016 par ces deux auteurs. et d'autres 2 , ne fait pas consensus. Ainsi, d'autres écono-mistes ont la volonté de comprendre le capitalisme, sa dynamique, ce qui permet ou ce qui freine l'accumula-tion du capital, les institutions (normes, règles, instru-ments…) qui le régulent ou qui le mettent en crise. La discipline se conçoit alors comme une économie poli-tique, qui étudie des compromis institutionnalisés entre groupes sociaux qui s'expriment dans les rapports de production, la répartition des revenus, les normes de consommation, etc. L'économique étant pensé ici comme un fait social, la discipline qui l'étudie s'insère dans un ensemble de savoirs beaucoup plus large, les sciences sociales, avec lesquelles elle entretient des liens étroits, et l'interdisciplinarité qu'elle revendique permet d'appréhender les phénomènes complexes de manière multidimensionnelle. L'économie ne peut raisonnablement être comparée aux sciences expérimentales, dans la mesure où elle ne répond pas aux mêmes protocoles et qu'il est difficile d'isoler un phénomène économique pour étudier des relations de causalité. En outre, certaines expériences en économie sont délicates à réaliser. On imagine mal un gouvernement tenter une nouvelle mesure de politique économique – par exemple, diminuer drastiquement le salaire minimum – pour voir les conséquences sur le niveau d'emploi… C'est la raison pour laquelle, en éco-nomie, l'expérience historique est souvent mobilisée pour comprendre les phénomènes étudiés. Or, comme chacun sait, l'histoire ne se répète jamais vraiment dans les mêmes conditions, ce qui oblige à être prudent sur les enseignements que l'on peut en tirer. 2 Jean Tirole affirme aussi qu'il y a « un consensus sur la façon de faire de la recherche : accord sur la nécessité d'une approche quantitative (théorie formalisée et tests empiriques de ces théories), accord sur l'importance de la causalité et insis-tance concomitante sur l'aspect normatif de l'économie, desti-née à servir à la prise de décision »
Cette thèse comporte trois essais traitant des problématiques relatives aux effets des accords commerciaux régionaux et des effets frontières sur les flux commerciaux et le bien-être des populations des pays membres et non membres. Elle adapte et développe des méthodes écnométriques de dernières générations pour analyser empiriquement des hypothèses relatives à la distribution hétérogènedes gains de création de commerce et les effets frontières. Le premier chapitre analyse l'asymétrie des effets de création de commerce en considérant tant à l'intérieur d'accord spécifique qu'entre les types des accords d'une part et d'autre part en décomposant les facteurs explicatifs contribuant à l'hétérogénéité. Le deuxième chapitre s'intéresse à l'analyse en équilibre général de la pertinence de la dynamique d'intégration profonde dans une perspective hypothétique en étudiant le cas de la Zone de libre-échange continentale africaine. Le troisième chapitre porte sur l'hétérogénéité des effets frontières en regardant les effets selon les types d'accords commerciaux regionaux. Dans le chapitre 1, nous partons du constat que le niveau d'intégration et la taille des ACRs peuvent ne pas convenir à tous les membres de la même manière et on pourrait s'attendre à ce que les avantages de l'intégration soient répartis de manière asymétrique entre les pays membres. Les petits pays profitent généralement davantage de la libéralisation des échanges parce qu'ils bénéficient d'une amélioration plus importante des termes de l'échange et de la réduction des coûts du commerce parce que leurs consommateurs consacrent une part plus importante de leurs revenus aux biens importés. Les ACRs éliminent l'incertitude concernant l'accès aux marchés en rendant plus difficile pour les grands pays d'adopter un comportement opportuniste. Outre la taille des pays, les avantages des ACRs sont susceptibles de varier d'un pays à l'autre en raison des politiques commerciales initiales, des institutions, des infrastructures et des déterminants géographiques. Étant donné qu'une intégration plus profonde entraîne des pertes plus importantes en termes de flexibilité politique, on pourrait s'attendre à ce que la sélection des membres soit plus stricte pour les ACRs plus profonds et à ce que les gains commerciaux soient distribués de manière plus symétrique entre les membres de ces ACRs. Nous nous s'inspirons de l'approche écnométrique à deux étapes de Baier et al. (2019). Nos résultats montrent qu'il existe une grande hétérogénéité dans la distribution des gains commerciaux au sein des ACRs, certains pays subissant même des pertes, ce qui met en évidence la nature de second choix des ACRs. Plus précisément, nous obtenons que les effets directionnels par paire d'une ZLE sont plus hétérogènes que les effets directionnels par paire de l'UD qui, à leur tour, sont moins hétérogènes que ceux pour les MCs et les UMs. Cela signifie que les pays membres d'ACRs plus profonds ont tendance à bénéficier d'un effet de création de commerce similaire. Notre conclusion est conforme à nos attentes théoriques. Par ailleurs, nous constatons que de nombreux facteurs contribuent positivement ou négativement à l'hétérogénéïté dans la création de commerce entre une paire de pays appartenant à un type d'ACR avec des différences en termes d'ampleur. Dans le deuxième chapitre, nous utilisons un modèle de gravité structurel en équilibre général pour générer dans une perspective hypothétique quatre scénarios pour la mise en œuvre de la ZLECAf. Le premier scénario concerne les effets de la ZLECAf en tant qu'une ZLE. Dans le deuxième scénario, nous supposons que la ZLECAf devient une UD avec un tarif extérieur commun. Le troisième scénario concerne le statut de MC et la quatrième expérience concerne le statut UM de la ZLECAf en lien avec le premier objectif général de l'article 3 des textes de la ZLECAf. Dans les quatre scénarios, nous sommes en mesure de stimuler l'incidence des quatre types d'ACRs sur les pays membres et leurs principaux partenaires commerciaux sur les flux commerciaux, les indices de résistance multilatérale, les prix à l'usine et le bien-être des populations. Nos résultats indiquent que les pays gagnent différemment selon le niveau d'intégration. Certains pays atteignent leur niveau optimal d'intégration dans l'UD. D'autres pays maximisent leurs gains commerciaux lorsque la ZLECAf est un MC. Nos résultats montrent également une situation non monotone pour un groupe de pays, notamment la majorité des pays d'Afrique de l'Ouest. Nous avons utilisé des produits manufacturés et considéré que la production est à élasticité nulle. Des recherches plus approfondies pourraient mener des analyses avec plusieurs secteurs en considérant une endogénéité de la production. Dans le chapitre 3, nous faisons une extension de l'approche économétique de Larch et al (2019)pour investiguer empiriquement sur les incitations des gouvernements à procéder à des ajustements des tarifs extérieurs après la conclusion de différents types d'accords commerciaux. L'économie du régionalisme fournit des explications sur les baisses et les hausses des tarifs extérieurs induites par la participation à un accord commercial. Les UD et les formes d'intégration plus poussées amènent les membres à fixer des tarifs extérieurs communs. C'est certainement vrai pour les membres de l'Union européenne, mais des écarts par rapport à cette règle sont observés dans d'autres cas. En faisant abstraction de la possibilité de déviations, la coordination a des implications importantes qui distinguent clairement les UD, les MC et les UM des ZLE. Les membres des ZLE peuvent fixer des tarifs extérieurs différents en raison des règles d'origine. Une application faible et/ou un contenu national faible encourageraient les membres de la ZLE à fixer des tarifs extérieurs assez similaires. Dans le cas contraire, les pays dont les tarifs extérieurs sont les plus élevés perdraient des recettes tarifaires sur le commerce extérieur au profit des membres de la ZLE dont les tarifs extérieurs sont les plus bas, lorsque les coûts de transport entre les membres de la ZLE sont faibles. Ainsi, la manière dont l'épaisseur de la frontière s'ajuste après la mise en œuvre de différents types d'ACR est une question empirique. Nos résultats montrent qu'en moyenne, les importateurs d'une ZLE imposent 19,52% de barrières supplémentaires aux non-membres, tandis que ceux d'une UD imposent 56,54% de barrières supplémentaires. Ce résultat semble refléter une certaine réalité puisque les membres de l'UD ont tendance à imposer davantage de barrières (tarifs extérieurs et mesures non tarifaires) aux non-membres. Les importateurs d'un MC ont tendance à faciliter environ 27,63% de barrières en moins pour les pays non-membres. Ce résultat pourrait s'expliquer par l'effet de taille dû à la présence des 26 pays membres de l'UE. Lorsque le nombre de membres augmente, le tarif commun a tendance à diminuer. Les pays importateurs membres de l'UM ont tendance à imposer 26,41% de barrières en plus aux pays non-membres. ; This thesis consists of three essays dealing with issues related to the effects of regional trade agreements and border effects on trade flows and welfare in member and non-member countries. It adapts and develops econometric methods to empirically analyse hypotheses on the heterogeneous distribution of trade creation gains, welfare and border effects. The first chapter analyses the asymmetry of trade creation effects by considering both within-agreement and between-agreement types on the one hand and by decomposing the explanatory factors contributing to the heterogeneity on the other. The second chapter focuses on the general equilibrium analysis of the relevance of deep integration dynamics in a hypothetical perspective by studying the case of the African Continental Free Trade Area. The third chapter focuses on the heterogeneity of border effects by looking at the effects of different types of regional trade agreements. In Chapter 1, we start from the observation that the level of integration and the size of RTAs may not suit all members equally and one would expect the benefits of integration to be distributed asymmetrically across member countries. Smaller countries generally benefit more from trade liberalisation because they enjoy a greater improvement in the terms of trade and lower trade costs because their consumers spend a greater share of their income on imported goods. RTAs remove uncertainty about market access by making it more difficult for large countries to engage in opportunistic behaviour. In addition to country size, the benefits of RTAs are likely to vary from country to country due to initial trade policies, institutions, infrastructure and geographical determinants. Given that deeper integration entails greater losses in policy flexibility, one would expect membership selection to be stricter for deeper RTAs and trade gains to be distributed more symmetrically among the members of these RTAs. We draw on the two-stage econometric approach of Baier et al. (2019). Our results show that there is considerable heterogeneity in the distribution of trade gains within RTAs, with some countries even experiencing losses, highlighting the second-best nature of RTAs. Specifically, we find that the pairwise directional effects of an FTA are more heterogeneous than the pairwise directional effects of CUs, which in turn are less heterogeneous than those for MCs and MUs. This means that countries in deeper RTAs tend to experience more similar trade creation effects. Our conclusion is consistent with our theoretical expectations. Furthermore, we find that many factors explains heterogeneity in trade creation between pairs of countries belonging to a given RTA. In the second chapter, we use a general equilibrium structural gravity model to generate four scenarios for the implementation of the AfCFTA from a hypothetical perspective. The first scenario concerns the effects of the AfCFTA as an FTA. In the second scenario, we assume that the AfCFTA becomes a CU with a common external tariff. The third scenario concerns the CM status and the fourth experiment is about of MU status of AfCFTA in relation to the first general objective of Article 3 of the AfCFTA texts. In all four scenarios, we are able to stimulate the impact of the four types of RTAs on member countries and their main trading partners on trade flows, multilateral resistance indices, factory prices and welfare. Our findings indicate that countries gain differently depending on the level of integration. Some countries reach their optimal level of integration in CU. Other countries maximise their trade gains when AfCFTA is a CM. Our results also show a non-monotonic situation for a group of countries, notably the majority of West African countries. We have used manufactured goods and considered that production has zero elasticity. Further research could carry out analyses with several sectors considering endogeneity of output. In Chapter 3, we extend the econometric approach of Larch et al. (2019) to investigate empirically the incentives of governments to make adjustments in external tariffs after different types of trade agreements. The economics of regionalism provides explanations for the decreases and increases in external tariffs induced by participation in a trade agreement. DUs and deeper forms of integration lead members to set common external tariffs. This is certainly true for EU members, but deviations from this rule are observed in other cases. Leaving aside the possibility of deviations, coordination has important implications that clearly distinguish CUs, CMs and MUs from FTAs. FTA members may set different external tariffs due to rules of origin. Weak enforcement and/or low domestic content would encourage FTA members to set fairly similar external tariffs. Otherwise, countries with higher external tariffs would lose tariff revenues on external trade to FTA members with lower external tariffs, when transport costs between FTA members are low. Thus, how the thickness of the border adjusts after the implementation of different types of RTAs is an empirical question. Our results show that, on average, importers in an FTA impose 19.52% additional barriers on non-members, while those in a DU impose 56.54% additional barriers. This result seems to reflect a certain reality since DU members tend to impose more barriers (external tariffs and non-tariff measures) on non-members. Importers from a MC tend to facilitate about 27.63% worth of barriers for non-members. This result could be explained by the size effect due to the presence of the 26 EU member countries. As the number of members increases, the common tariff tends to decrease. Importing countries that are members of the CU tend to impose 26.41%more barriers on non-members.
Covering one-third of the world's land, forests provide many essential resources and services on which more than 25% of the world's population directly depend for their livelihoods. Moreover, because of their importance in the carbon and water cycle and in the production of renewable materials, forests are one of the main means of mitigating the consequences of current and future global climate change. The need to balance ecological, economic and social roles to achieve sustainable management of forest resources is therefore evident from the local to the global scale. Accurate and up-to-date information on forests dynamics is essential to design and implement sustainable forest management plans. In particular, the development of customized management scenarios based on forest stand characteristics require accurate growth and yield estimates that can only be derived from permanent forest inventory data. This thesis focuses on the relevance of forest modelling from permanent forest inventory data to improve knowledge on current forest resource stocks and dynamics and help design sustainable forest management policies. The study concerns the forests of Wallonia, the southern Region of Belgium. Wallonia forests represent an interesting case study as they are intensively managed, highly fragmented, heterogeneous in structure and composition and undergoing fast change to adapt to new environmental and economic conditions. The first part of this thesis concerns the research for an appropriate modelling methodology to assess the level of productivity and species-station suitability of forest plantations. We developed an easily replicable methodology relying on stem analysis data to fit robust site index (SI) models which make it possible to estimate the level of productivity of plantations according to their top-height and age. New SI models were calibrated for the three main plantation species in Wallonia: Norway spruce, douglas-fir and Larches. These new models make it possible to account for the significant changes observed in the SI distribution over time which caused biases in previous ones. Our work suggests that these changes are mainly due to later harvesting and lower replanting rate of softwood plantations located on less productive sites, practices that are not exclusive to Wallonia. The second part of this work concerns the development of forest models able to accurately estimate the effect of original management scenarios on the development of forest resources. Using our new SI models and thousands of field experiment data allowed us to develop new harmonized growth models for even-aged pure stands of Norway spruce, douglas-fir and larches that have a wider validity than is possible with regional data. They highlight the very significant effect of stand density and social status on individual tree growth and demonstrate a lasting effect of early selective thinning on growth which does not decline as rapidly with age as previously thought. We also found that under similar growing conditions, douglas-fir yields are one-third higher than Norway spruce and larches. An economic analysis of the evolution of harvest revenues in Norway spruce and douglas-fir plantations also shows that although the actualized value of final harvests peaks at around 60 years, selective thinning can provide significant regular income until much later. The final part of this thesis concerns the design of a forest modelling methodology that A) provides detailed estimates about stock, growth, yield and harvested volumes, B) allows a direct use of permanent forest inventory data for calibration and initiation of the simulation, and C) can be applied at the regional level. It resulted in the development of the individual-tree distance-independent forest model SIMREG which is based on permanent data from the Permanent Forest Inventory of Wallonia (IPRFW). The tree-level approach made it possible to identify several inconsistencies in previous estimates from the IPRFW. In particular, we conclude that the net growing stock increase between the first and the second IPRFW cycle was previously overestimated by several million m³ while the total yield was underestimated by about 25%. These differences result from SIMREG's consideration of previously unmeasured forest resources and significant methodological changes between the two IPRFW cycles. Our simulations also confirm the rapid decline of spruce in favour of douglas-fir and various hardwood species but suggest that the higher yield of douglas-fir and the renewal of aging/low productive Norway spruce plantations could mostly compensate for the net decline in softwood forest area. We conclude that the standing stock of Walloon forests is managed sustainably overall but not at the species level. The decline of the Norway spruce plantations is arguably justified by numerous relevant reasons such as its presence in unsuitable stations, its sensitivity to drought, bark beetles and windfall damage, the higher yield of douglas-fir, etc. Nevertheless, Norway spruce is still the main production species in Wallonia and our work has resulted in several new recommendations to improve its management and that of its main substitute species: douglas-fir. Forest modelling and simulation is a timely issue and similar work is currently being done worldwide. Although our study has focused on Wallonia, our modelling methods were designed to only use data collected by most permanent NFI. For example, SIMREG was successfully adapted to the Flemish and Brussels forests in order to develop the national forest accounting plan of Belgium. We are thus confident that our modelling framework is generalizable to other countries. ; Couvrant un tiers des terres de la planète, les forêts fournissent de nombreuses ressources et services essentiels dont plus de 25% de la population mondiale dépend directement pour sa subsistance. En raison de leur importance dans le cycle du carbone et de l'eau et dans la production de matériaux renouvelables, les forêts sont également l'un des principaux moyens d'atténuer les conséquences du changement climatique mondial actuel et futur. La nécessité d'équilibrer les rôles écologiques, économiques et sociaux pour parvenir à une gestion durable des ressources forestières à toutes les échelles est donc évidente. Des informations précises et actualisées sur la dynamique des forêts sont essentielles pour concevoir et mettre en œuvre des plans de gestion durable. En particulier, l'élaboration de scénarios de gestion personnalisés tenant compte des caractéristiques des peuplements forestiers nécessite des estimations précises de la croissance et de la production qui ne peuvent être obtenues qu'à partir de données d'inventaire forestier permanentes. Cette thèse se concentre sur la pertinence de la modélisation à partir des données d'inventaire forestier permanent pour améliorer l'évaluation des ressources existantes et de leur évolution et aider à concevoir une politique de gestion durable des forêts. La zone d'étude est la Wallonie, la région qui occupe la moitié sud de la Belgique. Les forêts de Wallonie représentent un cas d'étude intéressant car elles sont très fragmentées, hétérogènes dans leur structure et leur composition, soumises à une gestion intensive et subissent des changements rapides pour s'adapter aux nouvelles conditions environnementales et économiques. La première partie de cette thèse qui concerne ainsi la recherche d'une méthodologie de modélisation appropriée pour évaluer le niveau de productivité et l'adéquation essence-station des plantations résineuses. Une méthodologie facilement reproductible s'appuyant sur des données d'analyse de tiges a ainsi été développée pour ajuster des modèles robustes permettant d'estimer le niveau de productivité des plantations en fonction de leur hauteur de sommet et de leur âge. De nouveaux modèles de productivité ont ainsi été calibrés pour les trois principales essences résineuses de plantations de Wallonie : épicéa, douglas et mélèzes. Ils permettent de tenir compte de l'évolution récente de la productivité qui entrainait des biais dans les modèles précédents. Nos travaux suggèrent que cette évolution est due à une récolte plus tardive et à un taux de replantation plus faible des plantations résineuses situées sur des sites moins productifs, des pratiques qui ne sont certainement pas exclusives à la Wallonie. La seconde partie de ce travail concerne le développement de modèles permettant d'estimer avec précision l'effet de scénarios de gestion originaux sur l'évolution des ressources forestières. Des modèles de croissance harmonisés pour les peuplements purs équiennes d'épicéas, de douglas et de mélèzes ont ainsi été développés sur base de nos nouveaux modèles de productivité et de milliers de données issues de dispositifs expérimentaux. Ces nouveaux modèles ont une validité plus large que ce qui est possible avec des données régionales. Ils mettent en évidence l'effet très significatif de la densité et du statut social sur la croissance des arbres individuels et démontrent un effet durable des éclaircies sélectives précoces sur la croissance qui ne décline pas aussi rapidement avec l'âge qu'on le pensait auparavant. Nous avons également constaté que dans des conditions de croissance similaires, la production du douglas est supérieure d'un tiers à celle de l'épicéa et du mélèze. Une analyse économique de l'évolution des revenus issus des prélèvements dans les plantations d'épicéas de Norvège et de douglas montre également que, bien que la valeur actualisée des récoltes finales culmine à environ 60 ans, les éclaircies sélectives peuvent longtemps continuer à fournir un revenu régulier. La partie finale de cette thèse concerne la conception d'une méthodologie de modélisation forestière pour A) fournir des estimations détaillées sur le stock, la croissance, la production et les volumes récoltés, B) permettre une utilisation directe des données d'inventaire forestier permanent pour le calibrage et le lancement de la simulation, et C) être compatible avec une application à l'échelle régionale. Elle a abouti à l'élaboration de SIMREG, un simulateur « arbre » indépendant des distances basé sur les données permanentes de l'Inventaire forestier permanent de Wallonie (IPRFW). Cette approche a permis d'identifier plusieurs incohérences dans les estimations précédentes de l'IPRFW. En particulier, nous concluons que la capitalisation du stock sur pied entre le premier et le deuxième cycle de l'IPRFW était auparavant surestimée de plusieurs millions de m³ alors que la production totale était sous-estimée d'environ 25%. Ces différences résultent de la prise en compte par SIMREG de ressources forestières jusqu'alors non mesurées et de changements méthodologiques importants entre les deux cycles de l'IPRFW. Nos simulations confirment également le déclin rapide de l'épicéa au profit du douglas et de diverses essences feuillues. Elles suggèrent néanmoins que la production plus élevée du douglas et le renouvellement des pessières vieillissantes et peu productives pourraient en grande partie compenser le déclin net des surfaces enrésinées. Nous concluons que, dans l'ensemble, le stock sur pied des forêts wallonnes est géré durablement, mais pas pour chaque espèce. Le déclin des plantations d'épicéas est certainement justifié par de nombreuses raisons pertinentes telles que sa présence dans des stations inadaptées, sa sensibilité à la sécheresse, aux dommages causés par les scolytes et les chablis, la production plus élevée du douglas, etc. L'épicéa reste néanmoins toujours la principale essence de production en Wallonie et nos travaux ont abouti à plusieurs nouvelles recommandations pour améliorer sa gestion et celle du douglas qui est sa principale essence de substitution. La modélisation et la simulation forestière est une question d'actualité et des travaux similaires sont actuellement menés dans le monde entier. Bien que notre étude se soit concentrée sur la Wallonie, nos méthodes de modélisation ont été conçues pour ne nécessiter que des données collectées par la plupart des inventaires forestiers nationaux permanents. Par exemple, SIMREG a été adapté avec succès aux inventaires flamands et bruxellois afin d'élaborer le National Forest Accounting Plan de la Belgique. Nous sommes donc convaincus que nos méthodes et nos modèles sont généralisables à d'autres pays.