Michael Burgess a incontestablement marqué de son empreinte les réflexions sur le fédéralisme, vaste champ d'investigation s'il en est comme il aura pu le démontrer tout au long de sa carrière, depuis sa thèse défendue en décembre 1975 à Leicester, Royaume-Uni, avec pour titre The Imperial Federation Movement in Great Britain, 1869–1893. 40 ans plus tard, un Festschrift au nom évocateur pour celui qui a tant travaillé à la conceptualisation de la distinction entre fédéralisme et fédération, Understanding Federalism and Federation, offre sur son œuvre 15 réflexions d'anthologie, rassemblées à l'initiative de trois proches de Michael Burgess : Alain-G. Gagnon, un collègue devenu ami depuis leur première rencontre, apprend-on dans cet ouvrage, en 1985 à Paris lors d'un congrès de l'Association internationale de science politique, ainsi que Soeren Keil et Sean Mueller, deux de ses disciples, premiers docteurs formés au Centre for Federal Studies qu'il a fondé en 2005 à l'University of Kent, avec son épouse, Marie-Louise, et le soutien de la James Madison Trust.
Michael Burgess a incontestablement marqué de son empreinte les réflexions sur le fédéralisme, vaste champ d'investigation s'il en est comme il aura pu le démontrer tout au long de sa carrière, depuis sa thèse défendue en décembre 1975 à Leicester, Royaume-Uni, avec pour titre The Imperial Federation Movement in Great Britain, 1869–1893. 40 ans plus tard, un Festschrift au nom évocateur pour celui qui a tant travaillé à la conceptualisation de la distinction entre fédéralisme et fédération, Understanding Federalism and Federation, offre sur son œuvre 15 réflexions d'anthologie, rassemblées à l'initiative de trois proches de Michael Burgess : Alain-G. Gagnon, un collègue devenu ami depuis leur première rencontre, apprend-on dans cet ouvrage, en 1985 à Paris lors d'un congrès de l'Association internationale de science politique, ainsi que Soeren Keil et Sean Mueller, deux de ses disciples, premiers docteurs formés au Centre for Federal Studies qu'il a fondé en 2005 à l'University of Kent, avec son épouse, Marie-Louise, et le soutien de la James Madison Trust.
This chapter explains the sociolinguistic differences between the two regions are important and have led to significantly contrasting language policies a contrast that can be observed at the level of specific political measures set up in each case, and also at the level of principles underlying state action regarding linguistic matters. Conversely, in Belgium, French has never been a low-status language, predominant in low-paid jobs, socially stigmatised as a patois or as a mixture of English and French typical of uneducated people as it was in Quebec from the end of the eighteenth century onwards. Progressively, the Flemish movement demanded political autonomy for cultural political matters, while the Walloon regionalist movement was interested in obtaining more autonomy in economic matters in times when Wallonia was still the most prosperous region of the country. The importance of French in the website presentations of each region for foreigners is very indicative of the role language plays in Quebec and in Wallonia.
This chapter explains the sociolinguistic differences between the two regions are important and have led to significantly contrasting language policies a contrast that can be observed at the level of specific political measures set up in each case, and also at the level of principles underlying state action regarding linguistic matters. Conversely, in Belgium, French has never been a low-status language, predominant in low-paid jobs, socially stigmatised as a patois or as a mixture of English and French typical of uneducated people as it was in Quebec from the end of the eighteenth century onwards. Progressively, the Flemish movement demanded political autonomy for cultural political matters, while the Walloon regionalist movement was interested in obtaining more autonomy in economic matters in times when Wallonia was still the most prosperous region of the country. The importance of French in the website presentations of each region for foreigners is very indicative of the role language plays in Quebec and in Wallonia.
Multinational federations rest on the coexistence of two or more nations within a single polity. Within these federations, minority nations play a significant role as their character differs from the other building blocks of the federation. This edited volume offers a comprehensive comparison of two such minority nations - Quebec in Canada and Wallonia in Belgium - which exemplifies many dimensions, themes and issues highly resonant to the study of federalism and regionalism across the globe. Quebec and Wallonia have experienced several decades of federal dynamics where both regions have had to find their way as a minority nation in a multinational federation. For those studying federalism and regionalism their importance lies in a number of characteristics, but principally in the fact of these minority nations have transformed into mini-states with fully fledged legislative powers within their federation. This book seeks to study the specific dynamics within these small worlds and between them and the rest of the federation. This text will be of key interest to students and scholars of federalism, nationalism and regionalism, comparative politics and policies, political ideas and social movements.
Initially in English from Is Europe Listening to Us? Successes and Failures of EU Citizen Consultations (Ashgate, 2013), The New Voices of Europe: Analysis of citizens' consultations analyses various participatory and deliberative mechanisms that have developed in recent years at European level. Led by Raphaël Kies and Patrizia Nanz, this book brings together some 15 specialists among the most renowned experts in the growing field of deliberative democracy. These authors were asked two cross-cutting questions: on the one hand, "is the participatory turning point in European communication purely rhetorical or is there a real political will to institutionalise new ways of involving citizens?" and, on the other hand, "can these participatory procedures be seen as a step towards a more legitimate and democratic Europe?" (p. 26). ; Paru initialement en anglais sous le tire de Is Europe Listening to Us? Successes and Failures of EU Citizen Consultations (Ashgate, 2013), l'ouvrage collectif Les nouvelles voix de l'Europe : Analyse des consultations citoyennes analyse différents dispositifs participatifs et délibératifs qui se sont développés au cours des dernières années au niveau européen. Dirigé par Raphaël Kies et Patrizia Nanz, ce livre rassemble une quinzaine de spécialistes parmi les plus renommés du champ, en pleine croissance, de la démocratie délibérative. Deux questions transversales ont été posées à ces auteurs : d'une part, « est-ce que le tournant participatif dans la communication européenne est purement rhétorique ou y-a-t-il une volonté politique réelle d'institutionnaliser des nouveaux modes d'implication des citoyens ? » et, d'autre part, « est-ce que ces procédures participatives peuvent être considérées comme un pas en direction d'une Europe plus légitime et plus démocratique ? » (p. 26).
Le premier cas, celui du Luxembourg étudié par Núria Garcia, est marqué par un monolinguisme politique dans une société plurilingue. Le Luxembourg mérite d'être analysé en ce sens qu'il est l'exemple même d'une société plurilingue où la presque totalité de la population est multilingue et où aucun conflit ouvert entre les groupes linguistiques n'existe. Toutefois, l'auteure vise à comprendre l'instrumentalisation de la langue qui existe depuis plusieurs décennies dans une optique essentiellement défensive (dans un contexte marqué par un nombre croissant d'étrangers) menant à une réaffirmation du lien entre la maîtrise de cette langue et l'accès à des droits politiques. À travers le cas du Luxembourg, il s'agit plus largement d'analyser la prégnance d'une norme démocratique historiquement liée au modèle de l'État-nation monolingue sur les sociétés plurilingues contemporaines. 11La Moldavie, pays plurilingue à la recherche d'une langue symbole d'identité nationale, est souvent caractérisée comme étant moins pacifiée d'un point de vue linguistico-culturel qu'en Europe occidentale. Comme le démontre l'auteure de cet article, Angela Tacea, son passé soviétique n'y est pas étranger. Voguant entre le russe, le roumain et le moldave, la société moldave, lors de son indépendance, commence à peine à mener une politique linguistique faisant consensus. Ce que l'auteure souhaite comprendre est la manière avec laquelle les acteurs politiques moldaves tentent de renforcer un sentiment d'identité nationale et ce, aux moyens des outils linguistiques, afin de garantir un certain ordre politique dans cette société plurilingue. La question linguistique, ainsi, est passée du fait social à un réel problème public à résoudre. En ce sens, elle est devenue un objet de politique publique important en Moldavie. Le Haut-Adige/Tyrol du Sud, au nord de l'Italie, souvent cité comme modèle du plurilinguisme, mais qui repose sur une séparation quasi-étanche des groupes linguistiques – germanophone, italophone et ladin – et un traitement différencié des identités reconnues à travers l'ensemble du territoire, est présenté par Elisabeth Alber. À travers l'analyse du régime linguistique institutionnalisé et plus particulièrement du système scolaire, l'auteure met en évidence les enjeux linguistiques et les solutions dégagées visant à satisfaire l'ensemble de la société sud-tyrolienne, sans pour autant, au contraire, clore le débat une fois pour toute. 13Le cas suisse, traité par Sean Mueller et Paolo Dardanelli, est particulièrement intéressant et original en ce qu'il constitue un État fédéral (à trois niveaux) et plurilingue, mais pas plurinational comme l'est la Belgique, par exemple. L'article traite d'abord de la construction institutionnelle différente des pouvoirs locaux dans les cantons alémaniques et romands – héritage d'une histoire qui fut liée à celle de son voisin français – avant d'analyser les réponses aux référendums des électeurs de ces deux types de cantons sous l'angle de leur opposition entre l'attachement au principe de subsidiarité (Alémaniques) versus attachement au principe jacobin centralisateur des pouvoirs (Romands). 14Le dernier cas étudié, par les linguistes Alix Dassargues et Julien Perrez et le politiste Min Reuchamps, est la Belgique. Dans ce pays, malgré le caractère minoritaire du groupe linguistique francophone, on dénote un manque d'intérêt de leur part à l'égard du plurilinguisme. Ceux-ci se sont historiquement montrés moins enclins à apprendre la langue du groupe linguistique, néerlandophone, majoritaire que ce dernier d'apprendre la langue du groupe linguistique, francophone, minoritaire. Ce constat est atypique puisque c'est traditionnellement l'inverse qui est remarqué. Pour comprendre cette réalité, il convient de se plonger dans la nature même du conflit. Est-il de nature linguistique ou communautaire ? Après avoir distingué ces deux notions, c'est en étudiant les représentations mentales des citoyens ainsi que les métaphores auxquelles ces derniers recourent que les auteurs entendent comprendre la présence des dimensions linguistique et communautaire dans le chef des citoyens belges.
Cela fait plusieurs décennies que la Belgique est à la croisée des chemins et que d'aucuns se demandent – légitimement – où va ce pays. Ainsi, dans les années 1960, nul n'aurait pu prédire – y compris ceux qui l'espéraient – qu'en l'espace de quelque trente années la Belgique allait se transformer radicalement d'un État unitaire à un État – fortement, comparativement parlant – fédéral. Aujourd'hui, à peine vingt ans après que la Constitution, révisée en 1993, ait proclamé dès son premier article que la Belgique est un État fédéral, ce pays est à nouveau à la croisée des chemins. Les traditionnels compromis à la belge ne semblent plus pouvoir engendrer des réformes qui puissent être acceptées par toutes les parties autour de la table des négociations – les très longues périodes sans gouvernement fédéral attestent de ces difficultés chroniques. Où va la Belgique ? Telle est la question au cœur de ce chapitre qui tentera d'y répondre en évoquant le passé, le présent et le futur de ce que l'on peut qualifier de fédéralisme à la belge. Dans ce pays, le fédéralisme n'a jamais fait l'objet d'une définition unanime – et ne le fera peut-être jamais. Néanmoins, cette absence d'accord étymologique a justement permis de façonner des compromis puisque chaque partie pouvait donner sa propre interprétation de l'accord et des institutions engendrés, même si cet accord devenait rapidement la source de nouvelles tensions. D'une certaine façon, c'est cela le fédéralisme à la belge. Pour mieux comprendre ce processus assez chaotique et donc son avenir possible, ce chapitre revient sur l'évolution des différentes visions du vivre ensemble en Belgique en mettant en exergue les défis du fédéralisme belge. Trois défis principaux ont façonné le fédéralisme en Belgique : un défi linguistico-territorial, un défi socio-économique et un défi politique, c'est-à-dire le futur du pays lui-même. Afin d'explorer ces trois défis, trois dynamiques doivent être étudiées. La première dynamique oppose la vision territoriale à la vision linguistique des relations communautaires en Belgique. Cette opposition est intrinsèquement liée au premier défi. La deuxième dynamique est la dimension partisane, partant du rôle majeur que les partis politiques ont joué et jouent encore dans ce pays. La troisième dynamique renvoie aux Belges eux-mêmes, considérés individuellement comme des habitants, des citoyens ou des électeurs et collectivement comme des membres de différents groupes linguistiques ou communautés. Ces trois dynamiques qui s'entrechoquent et interagissent entre elles sont au cœur du passé, présent et futur du fédéralisme belge. Pour éclairer leurs interactions, l'histoire politique est conceptuellement divisée dans ce chapitre en trois périodes : avant le fédéralisme (1830-1960), le fédéralisme (1960-2007), après le fédéralisme (2007-présent). L'analyse de ces trois périodes, au regard de l'interaction entre les trois dynamiques principales du fédéralisme, permet d'appréhender les deux premiers défis et de mener à poser la question du troisième défi : la fin de la Belgique ?
Paru initialement en anglais sous le tire de Is Europe Listening to Us? Successes and Failures of EU Citizen Consultations (Ashgate, 2013), l'ouvrage collectif Les nouvelles voix de l'Europe : Analyse des consultations citoyennes analyse différents dispositifs participatifs et délibératifs qui se sont développés au cours des dernières années au niveau européen. Dirigé par Raphaël Kies et Patrizia Nanz, ce livre rassemble une quinzaine de spécialistes parmi les plus renommés du champ, en pleine croissance, de la démocratie délibérative. Deux questions transversales ont été posées à ces auteurs : d'une part, « est-ce que le tournant participatif dans la communication européenne est purement rhétorique ou y-a-t-il une volonté politique réelle d'institutionnaliser des nouveaux modes d'implication des citoyens ? » et, d'autre part, « est-ce que ces procédures participatives peuvent être considérées comme un pas en direction d'une Europe plus légitime et plus démocratique ? » (p. 26).
Cela fait plusieurs décennies que la Belgique est à la croisée des chemins et que d'aucuns se demandent – légitimement – où va ce pays. Ainsi, dans les années 1960, nul n'aurait pu prédire – y compris ceux qui l'espéraient – qu'en l'espace de quelque trente années la Belgique allait se transformer radicalement d'un État unitaire à un État – fortement, comparativement parlant – fédéral. Aujourd'hui, à peine vingt ans après que la Constitution, révisée en 1993, ait proclamé dès son premier article que la Belgique est un État fédéral, ce pays est à nouveau à la croisée des chemins. Les traditionnels compromis à la belge ne semblent plus pouvoir engendrer des réformes qui puissent être acceptées par toutes les parties autour de la table des négociations – les très longues périodes sans gouvernement fédéral attestent de ces difficultés chroniques. Où va la Belgique ? Telle est la question au cœur de ce chapitre qui tentera d'y répondre en évoquant le passé, le présent et le futur de ce que l'on peut qualifier de fédéralisme à la belge. Dans ce pays, le fédéralisme n'a jamais fait l'objet d'une définition unanime – et ne le fera peut-être jamais. Néanmoins, cette absence d'accord étymologique a justement permis de façonner des compromis puisque chaque partie pouvait donner sa propre interprétation de l'accord et des institutions engendrés, même si cet accord devenait rapidement la source de nouvelles tensions. D'une certaine façon, c'est cela le fédéralisme à la belge. Pour mieux comprendre ce processus assez chaotique et donc son avenir possible, ce chapitre revient sur l'évolution des différentes visions du vivre ensemble en Belgique en mettant en exergue les défis du fédéralisme belge. Trois défis principaux ont façonné le fédéralisme en Belgique : un défi linguistico-territorial, un défi socio-économique et un défi politique, c'est-à-dire le futur du pays lui-même. Afin d'explorer ces trois défis, trois dynamiques doivent être étudiées. La première dynamique oppose la vision territoriale à la vision linguistique des relations communautaires en Belgique. Cette opposition est intrinsèquement liée au premier défi. La deuxième dynamique est la dimension partisane, partant du rôle majeur que les partis politiques ont joué et jouent encore dans ce pays. La troisième dynamique renvoie aux Belges eux-mêmes, considérés individuellement comme des habitants, des citoyens ou des électeurs et collectivement comme des membres de différents groupes linguistiques ou communautés. Ces trois dynamiques qui s'entrechoquent et interagissent entre elles sont au cœur du passé, présent et futur du fédéralisme belge. Pour éclairer leurs interactions, l'histoire politique est conceptuellement divisée dans ce chapitre en trois périodes : avant le fédéralisme (1830-1960), le fédéralisme (1960-2007), après le fédéralisme (2007-présent). L'analyse de ces trois périodes, au regard de l'interaction entre les trois dynamiques principales du fédéralisme, permet d'appréhender les deux premiers défis et de mener à poser la question du troisième défi : la fin de la Belgique ?
Le premier cas, celui du Luxembourg étudié par Núria Garcia, est marqué par un monolinguisme politique dans une société plurilingue. Le Luxembourg mérite d'être analysé en ce sens qu'il est l'exemple même d'une société plurilingue où la presque totalité de la population est multilingue et où aucun conflit ouvert entre les groupes linguistiques n'existe. Toutefois, l'auteure vise à comprendre l'instrumentalisation de la langue qui existe depuis plusieurs décennies dans une optique essentiellement défensive (dans un contexte marqué par un nombre croissant d'étrangers) menant à une réaffirmation du lien entre la maîtrise de cette langue et l'accès à des droits politiques. À travers le cas du Luxembourg, il s'agit plus largement d'analyser la prégnance d'une norme démocratique historiquement liée au modèle de l'État-nation monolingue sur les sociétés plurilingues contemporaines. 11La Moldavie, pays plurilingue à la recherche d'une langue symbole d'identité nationale, est souvent caractérisée comme étant moins pacifiée d'un point de vue linguistico-culturel qu'en Europe occidentale. Comme le démontre l'auteure de cet article, Angela Tacea, son passé soviétique n'y est pas étranger. Voguant entre le russe, le roumain et le moldave, la société moldave, lors de son indépendance, commence à peine à mener une politique linguistique faisant consensus. Ce que l'auteure souhaite comprendre est la manière avec laquelle les acteurs politiques moldaves tentent de renforcer un sentiment d'identité nationale et ce, aux moyens des outils linguistiques, afin de garantir un certain ordre politique dans cette société plurilingue. La question linguistique, ainsi, est passée du fait social à un réel problème public à résoudre. En ce sens, elle est devenue un objet de politique publique important en Moldavie. Le Haut-Adige/Tyrol du Sud, au nord de l'Italie, souvent cité comme modèle du plurilinguisme, mais qui repose sur une séparation quasi-étanche des groupes linguistiques – germanophone, italophone et ladin – et un traitement différencié des identités reconnues à travers l'ensemble du territoire, est présenté par Elisabeth Alber. À travers l'analyse du régime linguistique institutionnalisé et plus particulièrement du système scolaire, l'auteure met en évidence les enjeux linguistiques et les solutions dégagées visant à satisfaire l'ensemble de la société sud-tyrolienne, sans pour autant, au contraire, clore le débat une fois pour toute. 13Le cas suisse, traité par Sean Mueller et Paolo Dardanelli, est particulièrement intéressant et original en ce qu'il constitue un État fédéral (à trois niveaux) et plurilingue, mais pas plurinational comme l'est la Belgique, par exemple. L'article traite d'abord de la construction institutionnelle différente des pouvoirs locaux dans les cantons alémaniques et romands – héritage d'une histoire qui fut liée à celle de son voisin français – avant d'analyser les réponses aux référendums des électeurs de ces deux types de cantons sous l'angle de leur opposition entre l'attachement au principe de subsidiarité (Alémaniques) versus attachement au principe jacobin centralisateur des pouvoirs (Romands). 14Le dernier cas étudié, par les linguistes Alix Dassargues et Julien Perrez et le politiste Min Reuchamps, est la Belgique. Dans ce pays, malgré le caractère minoritaire du groupe linguistique francophone, on dénote un manque d'intérêt de leur part à l'égard du plurilinguisme. Ceux-ci se sont historiquement montrés moins enclins à apprendre la langue du groupe linguistique, néerlandophone, majoritaire que ce dernier d'apprendre la langue du groupe linguistique, francophone, minoritaire. Ce constat est atypique puisque c'est traditionnellement l'inverse qui est remarqué. Pour comprendre cette réalité, il convient de se plonger dans la nature même du conflit. Est-il de nature linguistique ou communautaire ? Après avoir distingué ces deux notions, c'est en étudiant les représentations mentales des citoyens ainsi que les métaphores auxquelles ces derniers recourent que les auteurs entendent comprendre la présence des dimensions linguistique et communautaire dans le chef des citoyens belges.
Paru initialement en anglais sous le tire de Is Europe Listening to Us? Successes and Failures of EU Citizen Consultations (Ashgate, 2013), l'ouvrage collectif Les nouvelles voix de l'Europe : Analyse des consultations citoyennes analyse différents dispositifs participatifs et délibératifs qui se sont développés au cours des dernières années au niveau européen. Dirigé par Raphaël Kies et Patrizia Nanz, ce livre rassemble une quinzaine de spécialistes parmi les plus renommés du champ, en pleine croissance, de la démocratie délibérative. Deux questions transversales ont été posées à ces auteurs : d'une part, « est-ce que le tournant participatif dans la communication européenne est purement rhétorique ou y-a-t-il une volonté politique réelle d'institutionnaliser des nouveaux modes d'implication des citoyens ? » et, d'autre part, « est-ce que ces procédures participatives peuvent être considérées comme un pas en direction d'une Europe plus légitime et plus démocratique ? » (p. 26).
En Belgique, les structures institutionnelles du fédéralisme ont été construites, et ensuite modifiées, étape par étape, réforme après réforme au gré des négociations politiques entre des représentants du nord et du sud du pays. Au cours des quatre dernières décennies, les réformes de l'État ont transformé un État unitaire en un État fédéral. Ainsi, conçu comme un modèle de pacification communautaire entre deux grandes communautés linguistiques et culturelles, le fédéralisme belge a engendré des structures institutionnelles spécifiques. Ce chapitre explore les spécificités et les enjeux politiques de ces structures institutionnelles. Sous cette appellation sont étudiées les institutions au sens strict comme les parlements, les gouvernements, les organes de gestion des conflits, mais également les mécanismes et outils de pacification communautaire tels les lois spéciales, les accords de coopération ou encore l'autonomie constitutive. Afin de comprendre les dynamiques à l'œuvre et les différents usages des structures fédérales par les acteurs, les systèmes électoraux et les relations intergouvernementales seront également analysés. Au cœur de cette analyse se trouve l'interaction entre les concepts de fédéralisme et de fédération, c'est-à-dire entre la nature multidimensionelle du fédéralisme belge et la structure fédérale qui en découle – et qui l'engendre, le façonne, en retour. Ainsi, un fédéralisme dualiste, centrifuge et dynamique renvoie à une fédération bipolaire, asymétrique et évolutive. Suivant cette approche, les structures institutionnelles du fédéralisme belge apparaissent comme étant à la fois des enjeux politiques et des aires de jeux politiques.
En Belgique, les structures institutionnelles du fédéralisme ont été construites, et ensuite modifiées, étape par étape, réforme après réforme au gré des négociations politiques entre des représentants du nord et du sud du pays. Au cours des quatre dernières décennies, les réformes de l'État ont transformé un État unitaire en un État fédéral. Ainsi, conçu comme un modèle de pacification communautaire entre deux grandes communautés linguistiques et culturelles, le fédéralisme belge a engendré des structures institutionnelles spécifiques. Ce chapitre explore les spécificités et les enjeux politiques de ces structures institutionnelles. Sous cette appellation sont étudiées les institutions au sens strict comme les parlements, les gouvernements, les organes de gestion des conflits, mais également les mécanismes et outils de pacification communautaire tels les lois spéciales, les accords de coopération ou encore l'autonomie constitutive. Afin de comprendre les dynamiques à l'œuvre et les différents usages des structures fédérales par les acteurs, les systèmes électoraux et les relations intergouvernementales seront également analysés. Au cœur de cette analyse se trouve l'interaction entre les concepts de fédéralisme et de fédération, c'est-à-dire entre la nature multidimensionelle du fédéralisme belge et la structure fédérale qui en découle – et qui l'engendre, le façonne, en retour. Ainsi, un fédéralisme dualiste, centrifuge et dynamique renvoie à une fédération bipolaire, asymétrique et évolutive. Suivant cette approche, les structures institutionnelles du fédéralisme belge apparaissent comme étant à la fois des enjeux politiques et des aires de jeux politiques.
Since 1993, Belgium is officially a federal state, composed of three communities and three regions, as the first—new at the time—article of the Constitution proclaims. The history of federalism in Belgium is therefore quite recent. Nevertheless, the story is—much—longer since it starts with the independence of Belgium from the United Kingdom of the Netherlands in 1830. The inception of a state and the underlying causes of its creation, as well as its place on the map, the timing of its creation and the characteristics of the elites who take the lead and define the new state's nature are of crucial importance and these elements shape the country's political development for centuries. Nonetheless, although the beginning of any state sets up a path of dependency, there are also critical junctures along its political development that in turn influences the course of history. This is especially true for Belgium. Here, history and politics are intrinsically interrelated. Indeed, the current challenges on the Belgian federalism find their roots in the country's history.