Elegant Tombstones: A Note on Friedman's Freedom
In: Canadian journal of political science: CJPS = Revue canadienne de science politique, Band 1, Heft 1, S. 95-106
ISSN: 1744-9324
En guise d'épitaphe : la liberté selon Milton FriedmanLes politologues n'ont pas porté suffisamment d'attention à l'affirmation de Milton Friedman selon laquelle la liberté politique dépend du capitalisme. Ils n'en ont pas identifié les faussetés ni les lacunes. Son affirmation, que le capitalisme de compétition coordonne l'activité économique de l'homme sans recours à la coercition, repose sur une simple erreur logique. Friedman prétend que le capitalisme est un prérequis à l'exercice de la liberté politique, sans réussir à montrer la relation historique ou nécessaire qu'il établit entre ces deux phénomènes; il néglige lews rapports réciproques. Il affirme, sans le démontrer, que le socialisme est incompatible avec la liberté politique, par suite de l'absence de certains marchés; il en élude le problème central. La critique qu'il fait aux socialistes occidentaux de n'avoir pas défini les garanties institutionnelles de la liberté en régime socialiste manque done son but : les socialistes occidentaux qui attachent du prix à la liberté politique devraient scruter de plus près et chercher à réaliser les conditions qui permettraient de l'instaurer. Le plaidoyer de Friedman en faveur de caractère « moral » des principes capitalistes est vicié par la fausse identité qu'il établit entre la rétribution propre au produit et celle qui est due au travail. Ce plaidoyer repose sur une mauvaise interprétation de Marx et ne s'explique que par une conception rétrograde du libéralisme.