Quand on prend en compte les études sur le comportement des animaux, on doit se demander, au regard des performances dont ils apparaissent capables, pourquoi nous refusons de les voir ? Il convient donc d'inverser notre interrogation. Non pas se demander si les animaux peuvent faire aussi bien que nous mais pourquoi il nous est si difficile d'accepter de reconnaître leurs facultés pour ce qu'elles sont ?
Résumé Comment aborder la question de « l'animal modèle pour l'homme » en évitant à la fois de donner du crédit à l'idée de l'exception humaine comme à celle selon laquelle l'homme ne serait qu'un animal comme les autres ? Trois voies, fondées sur le travail de quelques scientifiques, sont explorées. La première redistribue tout autrement la question de l'exception, ce sont les animaux qui sont exceptionnels, ce qui limite fortement la possibilité du modèle. La deuxième envisage, d'un point de vue critique, la question de savoir de qui l'on parle dans les recherches focalisées sur la construction de modèles de compréhension : de l'animal ou de l'homme ? La troisième propose d'en revenir à une autre conception du modèle, fondé sur la mètis , en invitant à le redéfinir sur le régime de l'invention.
Résumé La hiérarchie de dominance a constitué un modèle d?organisation majeure dans l'étude des primates. Elle s?imposait avec une telle évidence qu?elle était devenue synonyme d?organisation sociale. Au début des années soixante-dix, la primatologue Thelma Rowell remet le concept en question. Elle lui opposera de très nombreuses critiques, allant jusqu?à suspecter le fait que la hiérarchie n?aurait finalement été qu?un artefact des recherches. Quelques années plus tard, la primatologue Shirley Strum reprend le débat : la hiérarchie est un mythe. La contestation sera relayée dans une controverse plus vaste concernant de multiples questions : le genre des observateurs, l'influence de l'idéologie des rapports de force, la non-neutralité des théories biosociales, les méthodes de terrain, voire l'influence de l'observateur sur ce qu?il étudie.
English The temptation to seek in primates our own origin is still found in ethology. More broadly speaking, we see that the animal kingdom is often used as an anthropological operator of identity, using either similitude or inversion or contrast. The observation data most often reflect values, or even preferences, concerning modes of social organization. However, this observation should not lead to relativism. On the contrary, it invites us to envisage ethological knowledge as constructing humans and animals at the same time, together. This article sets out to explore the concrete conditions in which this kind of knowledge can be constructed. French La tentation d'interroger les primates en leur posant la question de notre origine reste présente dans le domaine de l'éthologie. Plus largement, on peut remarquer que l'animal se constitue souvent comme un opérateur anthropologique d'identité, soit par similitude, soit par inversion ou contraste. Or, les faits issus des observations traduisent le plus souvent des valeurs, voire reflètent des préférences quant aux modes d'organisation sociale. Ce constat ne doit pas nous conduire au relativisme. Il nous invite au contraire à envisager le savoir de l'éthologie comme un savoir qui construit simultanément l'identité de l'homme et de l'animal, ensemble. Cet article se propose d'explorer les conditions concrètes dans lesquelles ce type de savoir peut se constituer.
Clever Hans, the famous horse who was believed to be able to count, is generally cited as the paradigm of the influence of the observer. Psychologist Rosenthal has illustrated this phenomenon with his well-known experiment about 'bright' and 'dull' maze rats. Hans, however, achieved something much more interesting. Hecould not only read human minds through their bodies: he could also influence his questioners to produce gestures he could read as cues for finding the answer. Hans could make human bodies be moved and be affected, and move and affect other beings and perform things without their owners' knowledge. The question of 'influence' when we read this case becomes therefore far more complicated and interesting. It involves the question of the way bodies can attune, affect and transformeach other. We may follow carefully how scientists of ethological practices create access to the creatures they study, how they are moved by their subjects of interest, and how they give them a chance to be interesting andto articulate other responses. Doing so, we notice that the signs that define subject and object, what talks and what is talked about, subjectivity and objectivity, are redistributed in a new manner. These practices offer a new and pragmatic definition of the body, close to James's theory of emotions: to have a body is to learn how to feel.
The difference between man and animal is one of the major differences of our anthropology. Nevertheless, this difference has been continuously controversial. We suggest that, in the scientific practices, the question of the dramatic difference versus the total lack of it is embedded in multiple stakes. Surprisingly, one of these stakes appears to be common to both opponents. In both cases, the animal is at the core of the same will : to create a reserve of universality. At the opposite, one may notice than when practices about animals seek for the relevant differences, and do not constraint the subjects they question to be a good instance of universality, these practices show interesting transformations. These transformations are themselves articulated to some other differences : one between a feminine way of making science (versus the masculine one) ; and an other between science and politic. ; Peer reviewed
In: Bě'āyôt bênlě'ûmmiyyôt: society & politics ; the journal of Israel Association of Graduates in the Social Sciences and Humanities, Band 33, Heft 3-4, S. 45-60
Taking care of the dead -- Allowing yourself to be instructed -- The ties that keep the living and the dead together -- Watching over the things that matter -- Extending the work : the generosity of the dead -- Uncertain thoughts -- Putting our trust in spirits : how to call on them -- Protecting voices.