Création d'une entreprise sociale visant à récupérer les sols dégradés au Burkina Faso à l'aide de techniques agroécologiques innovantes
Le nombre de terres disponibles pour l'agriculture diminue, alors que la population à nourrir ne cesse de croître. La FAO a déclaré que l'année 2015 serait l'année internationale des sols en vue de sensibiliser les décideurs politiques à cette problématique et d'encourager les projets de gestion durable des terres. La situation des producteurs burkinabés de coton dont nous avons analysé l'ensemble de la filière de production et de transformation apparaît particulièrement fragile en raison de l'épuisement des sols. Nous avons mené une mission exploratoire sur place et rencontré les parties prenantes de l'ensemble de la filière du producteur au transformateur ainsi que des autorités publiques et associations encadrant la filière. Nous avons également eu des contacts avec des acteurs du financement par microcrédit sur place et en Belgique pour étayer nos hypothèses de collaboration. Le biochar en tant que solution agroécologique a été testé avec succès en serre à l'UCL. En proposant la création d'une entreprise à finalité sociale, notre équipe pluridisciplinaire de mémoire propose une alternative valorisant le coton bio en s'appuyant sur une gestion agroécologique adaptée. Dans ce cadre, trois services sont proposés à des groupements de producteurs de coton biologique (ou en cours de conversion bio) : des formations aux notions de base en gestion ainsi qu'un accompagnement technique visant à l'implémentation de pratiques agroécologiques innovantes et un accès facilité aux services de microfinance. Koobo dispensera des formations en gestion et en agroécologie permettant de professionnaliser les producteurs. Ces formations proposeront notamment des solutions agroécologiques sur mesure et seront données à une fréquence régulière qui sera déterminée de commun accord entre l'agronome et son groupement. Un accompagnement technique par des agronomes expérimentés sera assuré permettant d'apporter des solutions techniques adaptées aux situations spéciques rencontrées. Le financement des investissements nécessaires pour que les producteurs puissent exploiter leurs terres (p. ex. production et l'épandage de biochar) sera facilité grâce à un partenariat entre Koobo et une société spécialisée dans le microcrédit. Le plan financier qui résulte du business modèle est établi sur base de plusieurs scénarios basés sur différents paramètres et hypothèses, dont l'évolution du rendement à la tonne, le nombre de producteurs intéressés, le nombre de microcrédits alloués et le taux de crédits irrécouvrables. Les recettes opérationnelles seront assurées par une cotisation forfaitaire modeste payée par chaque producteur formé et assisté, une commission négociée avec les sociétés textiles et de confection, une commission d'intermédiation payée par l'organisme financier rémunérant notamment la prise de risque de Koboo. Les besoins de financement privés et publics complémentaires à mobiliser avant d'atteindre le seuil de rentabilité opérationnel ont été chiffrés sur base du scénario neutre. Sur cette base le break-even point serait atteint dans la onzième année de fonctionnement de l'entreprise. Les risques principaux ont été identifés dont notamment les incertitudes pesant sur le prix du coton sur les marchés internationaux, les risques sanitaires et/ou politiques. Une équipe de huit personnes sera progressivement mise en place pour laquelle les coûts salariaux et de fonctionnement ont été estimés sur base des standards actuels. La mise en oeuvre du projet requiert toutefois des analyses complémentaires permettant de valider les hypothèses de coûts, les améliorations de rendement estimées reposant sur la solution agroécologique d'une part, mais également sur l'amélioration des connaissances de gestion apportées par les formations et l'accompagnement technique. L'apport de solutions financières permettant aux agriculteurs d'investir dans leur équipement devrait également contribuer à améliorer le rendement. L'intérêt apporté par les sociétés textiles pour le coton bio reste à confirmer et sera lié à l'évolution des comportements du consommateur occidental, demandeur de produits durables et équitables. Enfin en complément du plan financier, nous avons souhaité pointer la création de valeur sociale en proposant un cadre d'analyse qu'il conviendra également d'affiner et de compléter avant de lancer le projet. Après calcul du Social Return On Investment (SROI), il est conclu que 1 euro investi entraîne 9 euros d'impact social. Ceci nous permet de poser des jalons pour le lancement futur du projet et passer au terme d'une phase de développement pilote à une phase de déploiement avec la création de la SCRL Koobo. Le présent mémoire constitue donc la première étude exploratoire de faisabilité du projet. Avant la création de la SCRL Koobo prévue dans 3 ans, notre projet pilote aura pour objet de tester le biochar en conditions réelles afin de collecter plus de données. Cette période permettra également d'initier en douceur les premiers contacts avec les producteurs et les autres parties prenantes dans le but d'instaurer une relation basée sur la confiance et capable de perdurer pendant plusieurs dizaines d'années. Une nouvelle étude de faisabilité avec une adaptation du business modèle actuel devra être réalisée au terme du projet pilote. Aujourd'hui, Koobo a besoin de fonds disponibles sur une durée de 3 ans pour financer la recherche et le développement du projet pilote au Burkina Faso. Grâce à l'implication de l'Université Catholique de Louvain et de l'Université Polytechnique de Bobo, ces frais pourront être couverts au moyen d'une bourse destinée aux projets de coopération. ; Master [120] en sciences de gestion, Université catholique de Louvain, 2015